♣_______ Page mise à jour le 25 janvier 2020 vers 08h30 TUC |
Le Manuscrit Voynich ou les ambigrammes disposent de sites francophones pouvant servir de référence et permettant de se limiter ici à Quelques réflexions à propos de… Il n'en va pas de même pour James Hampton, qui semble ignoré (y compris dans la version en français de Wikipédia, où il n'est mentionné que comme homonyme de l'acteur).
C'est pourquoi il a paru bon de faire précéder la partie consacrée à son Carnet (qui est la raison d'être de cette page) de deux autres, consacrées l'une à la vie de son auteur, l'autre à sa sculpture . Toutefois, pour éviter la dispersion et l'à-peu-près, chacune de ces deux parties est formée par la traduction d'un document unique ; ainsi peut-on espérer gagner en cohérence et en clarté ce qui sera perdu en esprit encyclopédique. Seule la troisième partie répond au programme habituel de Quelques réflexions sur le Carnet ST JAMES .
Sommaire | Une vie, d'Elloree à Washington, D.C. | |
Un chef d'œuvre sans Compagnons | ||
Les écrits de ST JAMES |
Traduction d'un article de Greg Bottoms publié dans le numéro 17 de la revue Creative Nonfiction en mars-avril 2002, et repris sur le site UTNE dans cette page [⇒] et les suivantes, sous le titre de The Gospel According to James
(L'Évangile selon Jacques ).
NB1- Quelques précisions sur |
|
Dans les deux cas, le texte original est indiqué en note.
NB3- Dans l'ensemble du texte (comme dans le suivant), Amérique et américain font référence aux (seuls) États-Unis.
1- St. James ne se considérait pas comme un artiste. Son but se situait bien au-delà de l'art. Il ne se considérait pas comme un artiste « populaire (1) » ou « marginal » ou « primitif » ou « visionnaire ». Il ne se considérait comme rien de ce dont les érudits l'ont qualifié depuis sa mort en 1964. Il ne savait même pas ce que ces noms signifiaient, pas dans le sens où ils les employaient, en tous cas. Un art des « petites gens (1) » ? C'est ainsi qu'il appelait les siens, là-bas à Elloree, en Caroline du Sud, où sa sœur s'asseyait sur une terrasse délabrée, remerciant Jésus pour la lumière du jour, où les champs s'étendaitent jusqu'à la bordure du ciel, où « le meilleur Porc de Bar-B-Que au monde » venait de derrière le Stop-N-Go (2). Et « marginal » ? Mon gars, ça, c'était facile : n'importe quel Noir en Amérique. Quand il a commencé le Trône du Troisième Ciel de l'Assemblée générale du Millenium des Nations, une sculpture de 180 pièces faite des déchets d'un monde à l'agonie, dans ce vieux garage loué dans le nord-ouest de Washington, D.C. (3), où la misère pouvait battre votre âme jusqu'à la transformer, où un homme avait plus de chances de vous mettre une balle dans le corps que de vous serrer la main, il n'aurait jamais imaginé qu'un jour, le Trône serait exposé dans un musée, sous un éclairage recherché, sur un fond de pourpre majestueuse, où un gardien (son semblable) viendrait la nuit pour tout épousseter. Il a construit Le Trône pour préparer le monde pour les Temps de la Fin, la Seconde Venue de Jésus-Christ, notre Sauveur, comme il est annoncé dans l'Apocalypse . Il travaillait la nuit comme gardien dans divers bâtiments publics dans le District, balayant le plancher et chantant des cantiques venus de son enfance à Elloree, là où il a vu pour la première fois le visage de Dieu quand il était encore enfant – pas une ombre qui tombe dans un coin ou quelque chose qui couve à la limite du champ de vision, pas un sentiment qui lui aurait chatouillé l'épine dorsale ou l'aurait enveloppé dans la chaleur de l'Esprit, mais le vrai visage de Dieu – brillant là devant lui, une nuit, comme une explosion sur l'écran d'un cinéma en plein air. C'est à ce moment qu'il a su qu'il avait été choisi, qu'il a su qu'il était un saint, qu'il a su qu'il avait reçu la vie, cette vie terrible, et admirable, pour servir Dieu. 2- James Hampton fils est arrivé dans la cuisine familiale à Elloree en 1909, avec le satiné et le brillant de la naissance, le visage tourné vers le ciel, criant comme un vrai Baptiste du Sud. Il fut appelé comme son père, un chanteur de gospel et prêcheur baptiste auto-proclamé qui abandonnerait plus tard sa famille (une épouse et quatre enfants, dont James), au début des années 20, pour voyager à travers les campagnes du Sud et prêcher. En 1928, à l'âge de dix-neuf ans, après une enfance vouée aux travaux agricoles, à la famille et à une religion stricte, James partit pour Washington, D.C., pour y rejoindre son frère aîné, Lee. La ville était un monde nouveau – plus grand, pourtant (pour un plus ou moins claustrophobe) plus rude, mais beau, aussi, avec les grands monuments d'Amérique se dressant dans le ciel, presque comme s'ils s'élevaient du ghetto où vivaient James et son frère. Pendant plus de dix ans, James travailla comme cuisinier dans divers établissements de restauration rapide à travers tout la ville, sans se confier, entendant des voix qui chuchotaient, prenant des pauses pour prier au lieu de pauses pour fumer {[…]} (4). À la fin d'une journée de douze ou quatorze heures, il rentrait chez lui, {[…]} (5) épuisé, passant devant des hommes qui dormaient dans les allées et des garçons qui s'accrochaient aux coins des rues comme des bandes de jeunes loups ; devant des prostituées qui disaient : « Hé ! jeune homme, hé ! Jésus, ce que j'ai te fait voir les anges, bébé. » Il gardait les yeux rivés sur l'herbe qui poussait dans les fissures, sur des cigarettes, des capsules, une balle de révolver. Il rapportait chez lui sa journée dans un nuage d'odeurs fortes : vieux légumes, café, viande, graisse, déchets. Et il pouvait encore entendre l'écho des plats qui s'entrechoquent et des cloches qui vous appellent, même dans la demi-tranquillité de la nuit ; et quelque part au-dessous de tout le bruit du monde résonnant dans sa tête – résonnant sans cesse dans sa tête – il entendait le chuchotement de Dieu comme le bruit de ses propres dents, comme son propre pouls. Il se douchait dans l'appartement que Lee et lui avaient loué, lisait ses passages préférés de la Bible – la Genèse, l'Évangile de Jean, et l'Apocalypse – et dormait, du sommeil que donne un travail rude. Ensuite, il se levait et refaisait tout, une fois encore. Jour après jour. Mois après mois. Année après année. Le monde plein de bruit dans sa tête. Et au-dessous du bruit, juste au-dessous, Dieu. 3- De 1942 à 1945, James servit dans l'armée, au 385ème Escadron aérien (non combattant), au Texas puis à Seatle, Hawaii, Saipan et Guam. Son unité était spécialisée dans la charpenterie et l'entretien, et James fit (supposent les exégètes) la première pièce de son Trône, un petit objet en forme d'aile richement décoré avec des feuilles métalliques, en 1945, sur l'île de Guam. Il retourna à Washington en 1946, après avoir reçu une Étoile de Bronze et un état de services honorable. Il loua une chambre dans une pension non loin de l'appartement de son frère. Il trouva alors un emploi dans l'Administration des Services généraux, comme gardien. Après une brève maladie, Lee mourut subitement en 1948. Lee n'était pas seulement le frère de James ; il était son meilleur ami, peut-être son seul ami, et désormais, James (seul mais pas isolé parce qu'il savait que toute chose fait partie de Son plan) se mit à consacrer tout son temps à l'élaboration du Trône. Certains jours, le ciel bas et gris emplissait son crâne comme du coton, et il oubliait tout sauf Dieu, oubliait qui et où il était, et c'était beau, cette espèce d'oubli, mais alors, il sortait dans la rue, marchant droit comme toujours, sa frêle silhouette serrée dans le bel uniforme de l'Administration des Services généraux, et il avait soudain cette illumination, il pouvait voir le désespoir comme recouvrant la vie, respirant le brouillard à travers les rues. C'était tout ce qu'il pouvait faire pour ne pas s'écrouler quand il partait travailler ces jours-là, quand il allait nettoyer le plancher et les toilettes des gens qui dirigent le monde. 4- En 1950, sur une injonction de Dieu reçue dans un rêve, James loua un garage abandonné (sur N Street NO) à un commerçant des environs, lui disant qu'il travaillait sur quelque chose qui demandait plus d'espace qu'il n'en avait. Le garage était au bout d'une allée, hors de vue des passants, dans un quartier encore plus dangereux que le sien. C'était sombre et poussiéreux, avec des murs de brique, un sol cimenté, et des lampes pendant au bout de fils électriques qui, au plafond, reliaient les poutrelles grinçantes. Les rats filaient dans l'allée, revenant précipitamment derrière les poubelles. Les toiles d'araignées formaient des voiles brumeux dans les coins. C'était affreux. C'était parfait. C'était juste là que Dieu voulait que soit Le Trône. Pendant les quatorze années suivantes, James trouva son rythme. Il exerçait son métier jusqu'à minuit, balayant les sols et ramassant les ordures dans les bâtiments publics ; puis il venait au garage pour faire son vrai travail durant cinq ou six heures, suivant de près ce que Dieu lui disait, rentrant dormir chez lui quand la lumière rosée de l'aube atteignait le Monument de Washington. Parfois l'après-midi et souvent en fin de semaine, il rendait visite aux magasins locaux de meubles d'occasion, s'enquérant des prix avec une voix proche du murmure. S'il aimait quelque chose, il revenait plus tard, avec un chariot pour enfant et une pochette de billets d'un dollar pliés, souples et usés comme du papier de soie. Il emportait des choses qui laissaient les marchands perplexes : tables sans pieds, bureaux sans tiroirs, maisons de poupées à moitié écrasées, tabourets bancals. Plus tard, vous auriez pu le voir sortir d'un bâtiment officiel avec un sac-poubelle plein d'ampoules grillées ; ou peut-être le croiser dans la rue avec un sac de jute, demandant aux clochards de lui vendre le papier métallique de leurs bouteilles de vin. Il fouillait les poubelles pour trouver du verre de couleur, des emballages de sandwich, du carton. Et, bien sûr, le plus gros avantage de travailler pour le gouvernement américain tenait dans sa propension au gaspillage, jetant du matériel en excellent état parce que quelqu'un n'aimait pas son aspect. Ce qu'il y avait de meilleur, quand on passait nettoyer derrière les gens qui dirigeaient le monde, c'est qu'ils ne voyaient pas la valeur réelle au cœur des choses. 5- Parfois, après de longues heures de travail, {[passées à]} (6) nettoyer des produits chimiques et de solvants toxiques, son esprit ressemblait à de la Jell-O (7) cognant contre son crâne, et des lambeaux de temps disparaissaient comme de vieux sous. Mais les autres jours, tout était plein d'acuité et de sens. Durant ces jours de clairvoyance, James, Saint James, se fit le paratonnerre de Dieu, un message chiffré pour la Parole. Quand il avait ces jours de clairvoyance, de vision, il savait que le monde ignorait Dieu et Ses commandements, il savait que le Temps de la Fin était proche. Six millions de Juifs, le peuple élu de Dieu, exterminés. Il pouvait difficilement se faire une raison. Et, dans son propre voisinage, un meurtre presque chaque jour. Voler. Mentir. Convoiter la femme d'un autre homme comme si c'était un jeu. Il faudrait un million de vies pour réciter la liste des cruautés humaines. Ainsi, St James écrivit dix nouveaux commandements pour le monde. Mais il les écrivit dans son propre langage inventé, une série de boucles et de formes à l'apparence cursive qui, à l'occasion, ressemblent à des lettres. 6- Il avait construit une estrade au fond du garage sur laquelle placer quelques-unes des pièces. Sur les objets les plus gros, il mit des roulettes métalliques rouillées pour pouvoir les déplacer jusqu'au bon endroit. Tout était parfaitement symétrique, il le fallait puisque St. James recréait le temps. C'est bien cela : recréer le temps. Pas seulement représenter le temps comme il est dit dans la Bible, il le reproduisait avec des ordures. Vous pouvez le voir si vous regardez. Sur la droite, l'histoire de l'Ancien Testament, de Moïse et de la Loi ; sur la gauche, l'histoire de Jésus et de la Grâce, le chemin du salut. St. James comprit que le temps de Dieu, le seul temps, était cyclique, revenant encore et encore. Aucune chose, aucun événement n'était fortuit. La vie se répétait. C'était justement là, dans l'Ecclésiaste : « Le soleil se lève, le soleil se couche ; il aspire au lieu d'où il se lève (...) Ce qui a été, c'est ce qui sera ; ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera. » (8) La mort signifiait seulement une renaissance et une nouvelle vie dans le Ciel, plus glorieuse, où vous seriez réunis avec tout ce qui avait été perdu, avec Lee et votre père et certains des hommes du 385ème qui étaient morts depuis la guerre. Si vous placiez votre foi en Jésus, si vous croyiez vraiment, vous n'étiez pas qu'un pauvre homme seul dans la ville parmi les pauvres, trimant dans un garage mal éclairé, causant à un mur de brique ; vous n'étiez pas qu'un gardien, un vétéran oublié ayant du mal à joindre les deux bouts. Votre vie comptait maintenant et pour toujours. Vous comptiez réellement. Il travaillait. Il enveloppait des bouteilles et des pots de gelée et des lampes avec du papier doré ou argenté, qu'il prenait à des bouteilles de vin ou de bière d'importation et des cartons de cigarettes et des boîtes à l'emballage d'aluminium. Il utilisa des couvercles de boîtes de café comme bases. Il monta des tiroirs renversés sur des vases de verre bon marché, les enveloppa dans du papier métallique. Il décora les bords d'une table sciée en son milieu avec le cable électrique de l'État, avant de couvrir le tout de papier doré. Il utilisa du papier kraft et du carton pour les ailes des anges, utilisa des rouleaux à tapis pour soutenir les parties les plus lourdes. Il utilisa de la colle et des clous et des épingles, et quelquefois il enveloppa un objet dans des couches de papier métallique jusqu'à lui donner exactement la taille et la forme voulues. Et puis, il y avait le trône lui-même, la pièce centrale de la structure, une vieille chaise rouge, en peluche, achetée d'occasion. Il lui donna des ailes en or et la plaça en haut, un siège pour le Sauveur qui allait venir. Il lui donna un haut dossier – un mètre vingt ? un mètre cinquante ? – avec des formes en bois et des ailes en carton plus petites et des ampoules d'argent et d'or. Il mit des noms à des objets pour des saints, et couvrit ses murs avec des citations de la Bible et une image de Lee, qui était maintenant (Dieu le lui avait dit) un ange vivant à l'intérieur de son corps. Au sommet de tout cela, qui s'étendait en remplissant tout le fond d'un garage froid et humide au bout d'une sombre allée dans l'un des pires quartiers de Washington, D.C., il y avait les mots Ne crains pas. 7- St. James a quitté la terre avant d'être prêt, avant d'avoir fini, bien qu'il ait dit une fois au commerçant propriétaire du garage : « [Le Trône ] est ma vie. Je le terminerai avant de mourir. » Il y avait travaillé dans le garage quatorze ans durant, y pensant peut-être sans cesse, et il n'avait pas fini. Il souffrait d'un cancer de l'estomac depuis quelque temps, bien que la maladie n'ait été diagnostiquée que tardivement dans une clinique gratuite pour vétérans de la deuxième guerre mondiale. Il refusait de croire qu'il était en train de mourir. Ce n'était pas déjà son heure. Il a travaillé au Trône jusque dans ses tout derniers moments, et le travail adoucissait la douleur dans ses entrailles. La mort a épargné à St. James de savoir tant de choses à propos de son Trône. Par exemple, juste après sa mort, quand le commerçant a amené un journaliste nommé Ramon Geremia, du Washington Post, pour voir la sculpture dans le garage, où il y a touché et a emporté des choses et ne les a probablement jamais remises au bon endroit, altérant ainsi toute l'histoire du temps. Et il ne lui a jamais été donné de lire l'histoire qui a couru sous le titre de « Le Clinquant, le Mystère sont les seuls Héritages de l'Étrange Vision de l'Homme Solitaire », le 15 décembre 1964. Et il ne lui a pas été donné non plus de voir le cinéaste là-bas, le gars avec la coupe de cheveux des Beatles, disant à tout le monde dans la communauté artistique locale quelle chose étrange était Le Trône et comment un petit gardien de nuit nègre, sans aucun ami ni histoire connue, l'avait réalisé en tant d'années. Il ne lui a pas été donné de savoir que des critiques écriraient sur sa vie et son travail, le comparant à des gens et des mouvements dont il n'avait jamais entendu parler. Mais, par-dessus tout, il ne lui a jamais été donné de voir Le Trône resplendissant au milieu d'un champ de pourpre dans le Smithsonian American Art Museum, jamais donné de se tenir sur ces sols de marbre dans son plus beau costume du dimanche, sa couronne de St. James étincelant sur sa tête, ni d'être fier de ce qu'il avait fait sans autre ressource que la foi et des choses mises au rebut. Greg Bottoms est l'auteur d'un recueil de nouvelles, Sentimental, Heartbroken Rednecks (9) (Context, 2001) et du mémoire Angelhead: My Brother's Descent Into Madness (Three Rivers, 2000). Il vit en Virginie. Tiré de Creative Nonfiction (n° 17). Souscriptions: $29.29/an. (4 numéros) au 5501 Walnut St., Suite 202, Pittsburgh, PA 15232. |
S'il joue bien sûr sur les mots, le sous-titre indique deux voies qui ne sont pas dénuées de toute pertinence :
Traduction d'une page du site americanart.si.edu (dont on peut trouver l'original à cette adresse [⇒] ). Ce site dépend du Smithsonian American Art Museum , où est maintenant conservé et exposé le Trône.
Le Trône du Troisième Ciel de l'Assemblée générale du Millenium des Nations est une œuvre d'art complexe, réalisée par James Hampton sur une période de quatorze ans. Hampton en a fait le plan fondé sur diverses visions religieuses qui l'engageaient à préparer le retour du Christ sur Terre. Sa référence au « troisième ciel » est fondée sur les Écritures qui l'appellent « le ciel des cieux » – le royaume de Dieu. Hampton a réalisé son grand œuvre dans un garage loué, transformant cet espace terne en un monde de splendeur. Il a façonné à la main nombre d'éléments avec du carton et du plastique, mais y a ajouté une structure faite d'objets trouvés dans son voisinage, tels que vieux meubles et pots de gelée, et des rebuts comme des ampoules venues de bâtiments fédéraux dans lesquels il travaillait. Hampton a choisi des papiers métalliques chatoyants, du papier pourpre (maintenant décoloré), et d'autres matériaux, pour évoquer la crainte spirituelle et la splendeur. Le Trône renferme un mélange complexe de christianisme et de pratiques spirituelles afro-américaines qui entrecroisent les thèmes de la délivrance et de la liberté ; il est tout à la fois d'une splendeur étonnante et d'une humilité profonde. Le Trône tire sa cohérence de strates parallèles d'éléments répartis sur deux niveaux. Un trône rembourré, à l'arrière, est le foyer d'un ensemble fortement symétrique. Les objets à droite se rapportent au Nouveau Testament et à Jésus ; ceux de gauche, à l'Ancien Testament et à Moïse. Hampton a aussi laissé, rédigés dans une écriture mystérieuse, des textes qu'il pouvait avoir compris comme la Parole de Dieu telle qu'il l'avait reçue. Salué comme l'œuvre la plus importante de l'art visionnaire américain, le Trône de James. Hampton traduit la foi en Dieu d'un homme aussi bien que son espoir de salut. Quoique Hampton n'ait jamais exercé au dehors de ministère religieux, son injonction – Ne crains pas – résume le message fort de son entreprise. […] (*) Smithsonian American Art Museum : Guide commémoratif. Nashville, Tennessee : Beckon Books, 2015. |
Et alors, où sont les images ? Celles que l'on rencontre ici ou là sont affichées « avec l'autorisation du Smithsonian American Art Museum ». Le plus simple est donc d'aller voir sur un site du musée. La page du site americanart dont l'adresse figure plus haut offre l'une des vues les plus détaillées (à condition de cliquer suffisamment sur l'image pour l'agrandir au maximum) ; en outre, cette adresse [⇒] permet d'accéder à deux vues du Trône et deux de la couronne.
Un an après la mise en ligne de cette page, quelques ajouts ou modifications ont paru nécessaires à la suite du travail mené sur un extrait de Livre de vie [⇒] (qui sera désigné par l'acronyme LdV ) puis de la publication par Klaus Schmeh de photographies qu'il avait prises au Smithsonian Museum ; l'idée première était de mettre ces variantes en gris pour en faciliter le répérage ; mais les additions se sont multipliées, entraînant des changements dans le plan – et rendant le patchwork indigeste. Les principaux ajouts portent sur
• la mise en page du Carnet (pagination, lignes/page, direction de l'écriture),
• divers textes en anglais hors du Carnet,
• le texte hamptonien en dehors du Carnet,
• la substitution homophonique,
• dernière comparaison et nouvelle conclusion (Annexe II).
Cliquer sur le lien (cc) placé à la fin de chacun de ces ajouts pour revenir ici.
Par souci de commodité et de clarté,
Le Smithsonian Museum a produit un microfilm présentant les différents objets et textes laissés par James Hampton ; c'est lui que DS a utilisé pour ses travaux, de même (vraisemblablement) que S&L ; mais ce microfilm ne semble pas accessible au tout-venant ; les ressources mentionnées ici correspondent donc aux documents rendus publics par le musée ou publiés par S&L et DS sur leurs sites respectifs.
Les écrits que James Hampton a laissés se trouvent
Un petit livre (sans doute prévu pour tenir ses comptes) d'environ vingt centimètres de haut sur quatorze de large.
Comme le montrent les photographies que l'on peut voir à cette adresse [⇒] , les faces extérieures des deux couvertures sont décorées ; il sera question plus loin du texte ajouté sur l'une et sur l'autre, mais on peut observer dès maintenant que toutes les deux comportent
En outre, la première couverture contient dans sa partie inférieure un dessin accompagné de quelques lettres (sans doute M iiii d :, soit M 14 d2 dans la transcription de S&L) ; comme on retrouve l'ensemble en plusieurs endroits de la production de James Hampton, il sera désigné ici comme son blason_______aaa |
ⓑ Les feuilets intérieurs Ils comportent d'origine la grille que l'on peut voir ci-contre______aaa Elles n'ont pas de numéro imprimé, et plusieurs d'entre elles ont été détachées (ou arrachées). Celles qui restent forment une suite continue de cent pages (cinquante feuillets recto-verso) sur chacune desquelles James Hampton a écrit ST JAMES dans l'en-tête et, en bas, REVELATION (qui désigne, en anglais, le livre de l'Apocalypse ); c'est cet ensemble qui sera appelé ici le Carnet et fera l'objet d'une étude plus détaillée. Ces pages sont disponibles sur le site [⇒] créé par Mark Stamp soit en jpg dont les fichiers peuvent être affichés ou téléchargés individuellement ou bien téléchargés sous forme d'une archive .gz soit au format tiff , plus volumineux mais de meilleure qualité graphique (disponible seulement comme archive .gz ) ; dans tous les cas, il s'agit de reproductions en noir et blanc. |
La transcription du carnet par S&L est disponible dans une autre page [⇒] du même site.
On peut enfin voir les photographies de trois pages (la première et celles auxquelles James Hampton a donné les numéros 23 et 24) sur le site du musée, à cette adresse [⇒] ; les images sont de définition moyenne, mais en couleur.
Il existe en fait deux paginations différentes, qui ne sont totalement cohérentes ni l'une avec l'autre ni avec elles-mêmes ; on a en effet
2 | p65 + p75 | Quelques observations ⓐ aucune page ne reste sans numéro ; ⓑ par contre, aucune page ne porte le numéro 5 ; ⓒ certaines pages portent deux numéros, tantôt l'un à droite et l'autre à gauche, tantôt les deux à droite ; si l'on essaie de reconstituer des séries en ne gardant que le numéro convenant le mieux, ⓓ on trouve une série de 11 à 16 dans les p77 à 82 (ce qui est cohérent avec la suite p83-p167 de 17 à 97) ; ⓔ une partie des p70 à p75 semble avoir été renumérotée à l'envers de 10 à 2 (à l'exception de 3 et 8) ; ⓕ cela dit, entre 1 et 11 (et quel qu'en soit l'ordre), il y a place pour neuf pages ; or, entre p64 et p77, on trouve douze fichiers ; de ce fait (dont on a la confirmation sur les photos), la page 1 est une page de droite du livre (p64) mais la page 11 (p 77) est une page de gauche, ce qui n'est pas sans conséquence quand on doit s'intéresser aux bavures d'une feuille sur l'autre ; ⓖ au total, dans l'édition dont on dispose, le Carnet occupe exactement cent pages réparties sur cinquante feuillets recto-verso. Difficulté collatérale Indépendamment de sa mise en œuvre, le principe même de ce changement de numéro a de quoi surprendre ; s'il laisse à penser (comme mentionné ailleurs) que le texte avait un sens pour son auteur, il suppose aussi que les pages forment une unité (à l'image d'un paragraphe ou d'un chapitre) ; or jamais la dernière ligne n'est sensiblement plus courte que les autres (*). | |
3 | p66 | ||
4 | p74 | ||
5 | |||
6 | p73 | ||
7 | p72 | ||
8 | p76 | ||
9 | p71 | ||
10 | p70 | ||
11 | p77 | ||
12 | p69 + p78 | ||
13 | p68 | p79 | |
14 | p67 + p80 | ||
15 | p66 | p81 | |
16 | p65 | p82 |
Pour résumer, encore un peu de nomenclature :
Le texte… | des pages ST JAMES … REVELATION | des couvertures et des autres pages | des étiquettes collées sur le Trône ou les Couronnes |
sera désigné par | le carnet | les inscriptions | |
le Carnet | en dehors du Carnet |
Les textes pourront être référencés | par le numéro du fichier S&L | par le[s] numéro[s] de James Hampton | |
p167 | h97 | ||
Cas particuliers | première couverture | hC | |
fichier hptp9 | p9 | hT (Tables de la Loi ) | |
fichier hptp10 | p10 | hM (patronage de Moïse ) |
Pages | p64 ~p70 | p71 | p72 ~p90 | p91 | p92 | p93 | p94 | p95 | p96 | p97 ~p98 | p99 | p100 ~p110 | p111 | p112 ~p140 | p141 ~p146 | p147 ~p167 |
lignes/page | (**) | |||||||||||||||
1ère ligne (*) | ||||||||||||||||
REVELATION |
Ainsi, parmi les cent pages qui composent le Carnet , un peu moins de deux tiers comportent 26 lignes – majoritairement dans les deux derniers tiers du livre ; pour le premier tiers, ce sont des pages de 25 lignes qui dominent.
Une exception : la page p71-h9, qui mérite qu'on s'y arrête, puisque c'est la seule du Carnet à compter moins de vingt-cinq lignes, et la première où REVELATION est en ligne 25 au lieu de 26. Au premier abord, l'explication semble simple : la ligne 26 étant marquée par la bavure du nom REVELATION de la page d'en face, James Hampton a reporté le nom au-dessus ; logique qui paraît confirmée par la page p91-h25, deuxième fois où REVALATION se trouve en ligne 25 et où, là encore, la ligne 26 est tachée par la bavure de la page voisine ; mais p91-h25 est aussi la première page où James Hampton commence son texte au-dessus du trait qui isole l'en-tête ; on peut donc penser que, cette fois-ci, l'auteur choisit de partir de plus haut pour ne pas avoir une page amputée de sa dernière ligne. Malheureusement (du moins pour la logique de cette hypothèse), dans les deux cas, il s'agit de pages de gauche sur lesquelles la page de droite correspondante a bavé ; il faudrait donc que, les deux fois, James Hampton ait rempli d'abord la page de droite (p72-h7 et p92-h26), fermé le carnet puis, ultérieurement, complété les deux pages manquantes. Ce n'est pas impossible, si on suppose que chaque page forme une entité ; et encore moins quand on observe que la page de gauche p71 est numérotée 9 par Hampton alors que la suivante porte le numéro 7 ; mais ce n'est plus le cas des p91 et p92 (numérotées respectivement 25 et 26). Et c'est l'ensemble de l'explication qui vacille dans les p141 à p146, où les deux pages en vis-à-vis ont REVELATION en ligne 25.
Si l'on considère la première ligne de texte par rapport au trait sous l'en-tête, les chiffres vont dans le même sens, sans être identiques : 32 premières lignes sont en dessous (surtout dans le premier tiers du Carnet ), 68 au-dessus.
Mais on se trouve alors face à (au moins) trois paradoxes :
dans l'espace libre en rouge à la deuxième ligne, il y a la place pour le uL de la ligne suivante et même pour la lettre K î qui suit ; alors pourquoi un saut de ligne à tel endroit plutôt qu'à tel autre ? |
Ceux auxquels on peut avoir accès se trouvent
Il convient de distinguer entre
ⓐ les mots insérés dans le corps du texte :___• p64 - l. 16 - ST JAMES ; ___• p78 - l. 14 - JAMES ; ___• p88 - l. 5 - JAMES ; ___• p94 - l. 19 - JESOS ; ___• p95 - l. 2 - JAMES _________(lettres écrasées peu lisibles) ; ___• p104 - l. 7 - JAMES (J et S déformés) ; ___• p112 - l. 21 - JESUS (U déformé) ; | • p115 - l. 7, 8 et 10 - NRNR ; ______ - l. 11 - CHRIST ; ______ - l. 13 - NRNR puis JOHN ; ______ - l. 15 et 17 - NRNR ; ______ - l. 22 - NRNR puis CHIRST ; • p116 - l. 2 - NRNR (N initial sur ou sous un arc de cercle en haut) ; ______ - l. 3 - CHRSIS (S final sur ou sous un trait vertical à gauche) ; • p158 - l. 15 - REVELATION ; • p166 - l. 16 - REVELATION |
La présence de ces mots est surprenante. Difficile d'imaginer que le hamptonien n'ait pas de mot ou de signes pour désigner le Christ ou James lui-même. Quelle valeur Hampton donnait-il à cette [absence de] transcription ? La réponse nous permettrait certainement de mieux comprendre son monde.
Et faut-il s'étonner que, sur cinq apparitions des noms JESUS et CHRIST , trois soient déformées ? Mais peut-être cela ne gênait-il pas vraiment Hampton ; on peut en effet penser que, pour lui, ce qui comptait, c'était d'une part la foi (l'intention, le cœur) et de l'autre, l'acte (la réalisation du Trône) ; entre les deux, la parole (pas la Parole de Dieu mais celle de James Hampton et même celle de ST James) importait sans doute moins (voir plus bas les observations sur le style [matériel] d'écriture du carnet).
À la relecture, je suis un peu moins convaincu qu'il faille jouer les barbiers d'Occam ; S&L transcrivent [JESOS] et [JES?S] par [Jesus], [CHIRST] par [Christ] ; et c'est bien l'explication la plus simple que d'y voir de banals lapsus calami ; on peut d'ailleurs rappeler que le mot REVELATION récurrent en bas de page est lui-même maltraité à huit reprises ; mais l'argument est à double tranchant (ô Occam…), car six fois sur les huit, l'auteur a justement pris la peine de corriger l'erreur, si bien qu'il ne reste que deux formes anormales sur cent deux (le mot apparaît aussi en deux endroits - sans erreur ni rature - dans le texte lui même) ; et le nom (propre) du Fils de Dieu mérite certainement plus de soin que le nom (commun) d'un livre ; or sur cinq occurrences de Jésus ou Christ en lettres latines dans le texte du Carnet , quatre s'écartent de l'orthographe normale ; de plus, pour Christ , les trois graphies (la première correcte et les deux suivantes anormales) se trouvent concentrées en une vingtaine de lignes ; on pourrait donc supposer que ces variations orthographiques sont volontaires, que CHIRST est (exemple purement imaginaire) une réflexion sur le nom quand les lettres sont remises dans l'ordre alphabétique ; mais pourquoi ne pas garder l'écriture hamptonienne ? Une hypothèse serait qu'elle permet évidemment de désigner Jésus ou Christ mais de façon synthétique, par exemple par un signe unique ou une abréviation rendant impossible d'accéder aux lettres qui le constituent dans l'alphabet latin ; au demeurant, les différences entre les trois versions du texte hamptonien de la nouvelle Alliance (cf. plus bas) vont aussi dans ce sens.
Autre cas troublant : les huit occurrences de NRNR , concentrées sur à peine plus d'une page. Que désignent ces quatre lettres ? Acronyme ? symbole ? Il est intéressant de noter qu'elles ont le même motif répété que certains passages du texte hamptonien comme v v Y r v v Y r ; par simple intuition, on serait tenté d'y voir une image du mot REVELATION.
NB- Nouvel espoir déçu : si l'on observe les caractères qui encadrent ces mots en clair (les trois lettres hamptoniennes qui précèdent chaque mot et les trois qui les suivent), on ne constate aucun motif particulier - pas de caractère récurrent qui jouerait le rôle de guillemets, pas d'expression figée avant ou après James ou NRNR .___• p64 - RA… avec A surchargé par E puis __________REVELAI… avec I surchargé par T ; ___• p69 - REVELATA… avec A surchargé par I ; ___• p72 - V anormal (la barre de gauche est une courbe __________dépassant, en bas, la barre de droite) ; | ___• p105 et 126 - REVELATIN… avec N surchargé par O ; ___• p122 - REVELATIOO avec O surchargé par N ; ___• p133 - REVELATIN (non corrigé) ; ___• p144 - REVEATION (non corrigé) ; ___• p153 - REVELATO… avec O surchargé par I. |
___________________Par St. James Au commencement de l'histoire du monde, l'humanité fut placée dans le jardin d'Eden, et reçut le privilège de manger de l'arbre de la vie. C'était le projet de Dieu pour l'homme qu'il demeure à jamais dans ce paradis et possède une vie éternelle. Ce plan fut contrarié par le péché, mais Dieu a gardé dans l'esprit ce projet pour l'homme, à travers tous les âges qui se sont succédé depuis lors, et, à travers Christ, toutes choses Seront restaurées pour ceux qui acceptent le plan du salut. Ceci a été prédit par beaucoup des prophètes, et Pierre en parle de cette façon :Au commencement de l'histoire du monde, l'humanité fut placée dans le jardin d'Eden, et reçut le privilège de manger de l'arbre de la vie. C'était le projet de Dieu pour l'homme qu'il demeure à jamais dans ce paradis et possède une vie éternelle. Ce plan fut contrarié par le péché, mais Dieu a gardé dans l'esprit ce projet pour l'homme, à travers tous les âges qui se sont succédé depuis lors, et, à travers Christ, toutes choses Seront restaurées pour ceux qui acceptent le plan du salut. Ceci a été prédit par beaucoup des prophètes, et Pierre en parle de cette façon : Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit ; lui-même subsistera éternellement. On lui donna la domination, la gloire et le règne; et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit. L'Éternel régnera sur eux, à la montagne de Sion, Dès lors et pour toujours. Son règne n'aura point de fin. |
Quelques observations :
___________________Par St. JAMES Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon ce qu'est son œuvre. Apoc. 22:12 C'est alors que les justes seront récompensés pour leur fidélité. C'est alors qu'Il assemblera Ses joyaux. Il enverra Ses Anges, et ils rassembleront Ses élus. Des couronnes seront placées sur les fronts qui le méritent ; les rachetés deviendront immortels, parés de blanc, et entreront joyeusement dans leur existence heureuse au royaume éternel de Dieu, où rien ne peut jamais arriver qui importune ou effraie, apporte ennui ou malheur. L'épreuve de leur foi aura pour résultat la louange, la gloire et l'honneur lorsque Jésus Christ apparaîtra. 1-Pierre 1:7. C'est quand le souverain pasteur paraîtra que son peuple obtiendra la couronne incorruptible de la gloire. ___C'était à la seconde venue de Christ que Paul s'attendait à recevoir sa récompense pour sa fidélité ;___________________Par St. JAMES Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon ce qu'est son œuvre. Apoc. 22:12 C'est alors que les justes seront récompensés pour leur fidélité. C'est alors qu'Il assemblera Ses joyaux. Il enverra Ses Anges, et ils rassembleront Ses élus. Des couronnes seront placées sur les fronts qui le méritent ; les rachetés deviendront immortels, parés de blanc, et entreront joyeusement dans leur existence heureuse au royaume éternel de Dieu, où rien ne peut jamais arriver qui importune ou effraie, apporte ennui ou malheur. L'épreuve de leur foi aura pour résultat la louange, la gloire et l'honneur lorsque Jésus Christ apparaîtra. 1-Pierre 1:7. C'est quand le souverain pasteur paraîtra que son peuple obtiendra la couronne incorruptible de la gloire. ___C'était à la seconde venue de Christ que Paul s'attendait à recevoir sa récompense pour sa fidélité ; |
Là où les deux pages précédentes ont Par STJames, l'en-tête de celle-ci indique ISAÏE, 53. Et le texte est effectivement la copie des douze versets de ce chapitre ; il paraît donc inutile d'en afficher ici la traduction, que l'on peut trouver à cette adresse [⇒] ; cette page occupe une place particulière dans la tradition chrétienne, qui y voit l'annonce de la Passion de Jésus.
Quelques particularités de la citation :
[8] Il a été enlevé de l'oppression et du jugement ; et qui racontera sa génération ? car il a été retranché , arraché à la terre des vivants ; à cause des péchés de mon peuple, il a été frappé. […] [10] Il a plu au SEIGNEUR de le meurtrir ; il l'a fait souffrir : quand tu auras fait de sa vie un sacrifice pour le péché, il verra sa postérité, il prolongera ses jours ; et le désir du SEIGNEUR prospérera dans sa main. [11] Il verra le labeur de son âme, et il sera rassasié ; par sa connaissance, mon serviteur vertueux justifiera beaucoup d'hommes ; car il se chargera de leurs torts. |
NB1- | La mise en page (longueur des lignes), la ponctuation et les majuscules ont été conservées ; la traduction essaie de rendre les erreurs de frappe. |
NB2- | Placer le curseur de la souris sur une ligne ou un paragraphe pour afficher les commentaires correspondants. |
Le premier fait notable est la double discordance entre les paragraphes 2-3 et le reste du texte :
paragraphes | 1, 4 à 7 | 2 et 3 |
style | hamptonien (This By Pope Pius IX Is True, ___this event taken place, our nations capital ___This is also true that… ) | journalistique (They had gathered from all…, ___the 74-year-Pope , ___the largest hall of the Vatican palace ) |
sujets | • Pie IX, • 4 avril 1950, 21 octobre 1946, • étoile de Bethléem, Moïse et Élie | • Pie XII, Assomption de Marie • le 1er novembre 1950, proclamation du dogme ; • le 2, audience dans la salle des Bénédictions. |
Comme pour la page C, une partie du début du texte est cachée par le montant d'un objet s'appuyant sur la feuille ; comme pour la page C, il s'agit de la copie d'un chapitre du livre d'Isaïe, en l'occurrence le trente-cinquième ; il paraît donc inutile de traduire le texte.
• Pour l'ensemble, on remarque que James Hampton suit comme d'habitude la KJV, à trois exceptions près :Texte de quatre lignes sur un petit morceau de feuille agrafée sous la page E. Traduction :
Les deux premières lignes sont l'écho attendu du dispensationalisme ; la seule interrogation vient du début de la deuxième ligne où James Hampton a écrit apart of the Kingdom , qui voudrait plutôt dire en dehors du Royaume ; il faut sans doute lire a part of the Kingdom , mais on peut alors se demander si part a un sens plutôt spatial (un morceau) ou temporel (une époque).
Pour les deux dernières lignes, l'expression council committee n'a rien d'anormal (dans une ville, council peut désigner l'équivalent du conseil municipal et committee une commission, un sous-ensemble de ce conseil chargé d'un domaine particulier) ; mais aucun des deux termes n'est usuel dans la KJV : council n'apparaît qu'une fois dans la partie prototestamentaire, et la plupart des autres occurrences (dans les évangiles selon Matthieu et selon Marc, ainsi que dans les Actes des Apôtres ) renvoie au Sanhédrin ou à des instances du Temple de Jérusalem ; quant à committee , il est totalement absent ; peut-être l'expression se trouve-t-elle dans des commentaires millénaristes ou dispensationalistes – mais la définition donnée ici peut laisser un peu perplexe :
| THE OLD AND THE NEW COVENANT RECORDED BY ST JAMES | ||
|
| |||
| ThE SECOND RECORDED OF ThE TEN COMMANDMENT |
Dans les textes en clair dont il vient d'être question, même si tout n'est pas toujours simple, les choses sont nettes : les deux caractères soulignés en rouge dans sont à coup sûr la même lettre que le d final de , bien que leur forme soit beaucoup plus proche du O souligné en bleu ; de même, dans , il ne fait pas de doute que la lettre soulignée en rouge n'est qu'une variante du N souligné en bleu. Il n'y a malheureusement rien de comparable en hamptonien, où chaque choix est un pari : faut-il distinguer de ou , ou bien de ?
C'est pourquoi le simple compte des signes (la taille de l'alphabet) peut aller d'une trentaine de lettres (ce qui sera appelé ici alphabase , obtenu en unifiant les signes qui se ressemblent et en ne tenant pas compte des particularités d'emploi) jusqu'à plus du double (en dissociant les variantes et distinguant certains signes simples des mêmes répétés) ; mais dans tous les cas, l'impression première est identique : celle d'un alphabet qui ne ressemble à rien de connu.
Pourtant, en y regardant de plus près, on peut distinguer quatre catégories :
pourcentage des caractères par rapport au texte de la transcription | |||||
pourcentage des signes par rapport à l'alphabet de la transcription | |||||
pourcentage des signes par rapport à l'alphabet de l'alphabase | |||||
source | exemples | ||||
1a | signes usuels identiques à ce que l'auteur emploie dans les parties en clair (c'est notamment le cas de certains chiffres) | 26 | 9 | 6 | |
1b | signes évoquant une lettre banale mais sous une forme inhabituelle | 37 | 33 | 19 | |
2 | signes de forme géométrique | o i v M | 16 | 9 | 30 |
3 | signes originaux | 21 | 49 | 45 |
Le plus caractéristique est sans doute la comparaison entre pourcentage des signes semblables ou ressemblant aux caractères usuels et pourcentage des signes originaux : la proportion (du simple au double) s'inverse quasiment entre alphabase et texte de la transcription ; intéressante également la proportion des signes de forme géométrique dans la transcription : peu de signes dans l'alphabet (moins de 10 %) mais plus du triple pour ces mêmes caractères dans le texte.
Mais pour pouvoir aller plus loin, il faut fixer plus précisément cet alphabet, ce qui revient à déterminer les principes de transcription ; et qui dit transcription dit…
Transcrire P par P, par Q ou par 2§Z est affaire de choix personnel ; l'important est que tous les P du texte soient représentés par le même signe (ou groupe de signes) et que ce signe (ou ce groupe) ne représente que cette lettre. Et c'est là que les difficultés commencent, sur fond d'incertitudes.
Difficulté triviale face à un texte manuscrit (et déjà évoquée plus haut) : on peut voir deux signes différents dans
et ; mais rencontrer au fil des pages fait hésiter. Même chose pour . Ici, S&L se sont montrés variantistes en réduisant l'ensemble respectivement à 2 et P.
Le texte contient un nombre non négligeable de caractères 5, 6, 7 et 9, en tous points identiques aux chiffres utilisés pour numéroter les pages ; mais ces chiffres n'apparaissent que dans trois groupes : 95, 96 et 76 – jamais autrement (2) ; faut-il alors considérer quatre lettres 5, 6, 7 et 9 (dont l'emploi serait fortement contraint, comme q devant u ou ç devant a , o ou u – c'est le principe suivi pour alphabase ) ou bien trois lettres 95, 96 et 76 ? S&L aussi bien que DS ont opté pour la deuxième solution ; mais on se trouve alors face à un nouveau choix : ou bien transcrire la lettre par un caractère unique (mais arbitraire, par exemple w pour 95), ou bien la transcrire par un ensemble de caractères qui en rappellera la nature (en conservant 95 mais en lui donnant le statut de lettre unique) ; là encore, S&L ont choisi la deuxième solution, qui facilite grandement l'usage de la transcription, mais présente deux inconvénients :
DS avait entrepris une transcription du premier type, où chaque lettre hamptonienne se trouvait encodée par un caractère unique - mais il ne semble pas avoir mené l'opération à son terme, si bien que sa liste des lettres est partielle (du moins à ce qu'on peut en juger d'après son site).
Il ne s'agit évidemment pas de remettre en cause les choix faits mais seulement de se rappeler que ce sont des choix, et que la transcription finale, quelles que soient la rigueur et la compétence mises en œuvre, reste une hypothèse de travail ; or tout se passe comme si, une fois tous les arbitrages rendus, elle devenait un objet scientifique ne varietur ; le cas le plus surprenant me paraît être celui de DS à propos du chamorro : ayant constaté la même fréquence anormalement élevée de certaines lettres en chamorro et en hamptonien (In Chamorro one sees the same skewing toward the most frequent letters that one sees in Hamptonese ; cf. plus bas), il abandonne l'hypothèse de cette langue en expliquant qu'il y a trop de lettres dans l'alphabet hamptonien par rapport au chamorro (but there are not enough vowels and consonants to match Hamptonese ) ; mais, pour dire les choses un peu cavalièrement, qui a fixé le nombre de voyelles et de consonnes en hamptonien, sinon DS lui-même en choisissant telle et telle hypothèse pour sa transcription ?
Mais ce n'est là que granum salis et, dans la suite, les statistiques figurant sous la seule mention hamptonien renverront à la transcription originale de S&L ; celles qui correspondent à un autre type de transcription seront signalées par une mention supplémentaire (par exemple hamptonien alphabase ), et une note précisera les principes de cette autre transcription (3).
Il suffit de parcourir du regard quelques pages du carnet pour remarquer que certains signes se répètent ; le fait n'est pas extraordinaire en lui-même : en anglais, on trouve fréquemment des lettres redoublées, comme dans fallen ou loop ; mais elles coexistent avec des emplois (nettement plus nombreux) où la même lettre est seule ; dans le carnet, plusieurs signes ne se rencontrent jamais seuls (comme G) ou presque jamais seuls (comme é ) ; bien plus, certains signes vont systématiquement par trois (ooo et qqq ), ou même par quatre (iiii).
Pour permettre une comparaison plus précise, voici un tableau des fréquences des lettres répétées, en anglais et en hamptonien.
Lettres | toujours seules | tantôt seules tantôt doublées [pourcentage d'occurrences de la lettre employée seule] | _________toujours ____x 2________x 3___x 4 | ||
anglais | ahijkquvwxy [42% de l'alphabet] | b c d e f g l m n o p r s t z 99 96 98 95 89 98 75 95 98 94 87 95 88 96 95 | |||
____glyphes hamptonien ____lettres | 010 13 2 3 44 A d2 d4 F g g7 HH I J1 J2 P M N o3 P1 P2 q3 qL4 S T uL Y2 [52% de l'alphabet] | 4 E J 3 4 2 | e G H L n v 0 0 0 0 0 0[*] | o3 q3 0 0 | 14 0 |
14 4L 76 95 96 A- d3 dc EE ee GG Gi JJ Ki 99 94 95 99 94 95 99 99 98 99 96 90 96 37 LL nn PL qL2 qL3 vv Y3 Y4 99 93 93 98 94 98 97 97 |
On se trouve donc face à un dilemme :
Nous utiliserons donc la transcription de S&L, qui réduit bien l'éventail des signes à prendre en compte, sans toutefois le fermer totalement puisque la liste publiée par Mark Stamp dans la page Hamptonese.html comporte cinquante-cinq signes (mais cinq sont mentionnés comme variantes ) ; par contre, dans leur étude sur les modèles cachés de Markov (Hamptonese and Hidden Markov Models ), S&L ne listent que quarante-deux signes, excluant 010, d2, HH, J, J2, KiKi, LLL et O1 (sans doute fusionnés avec un autre caractère). Reste la transcription elle-même, qui distingue 63 signes différents (hors incertains et indécidables) – ajoutant aux listes précédentes soit des glyphes simples face aux signes doubles (par exemple, v en plus de vv) soit des variantes (comme qL ou qL0 à qL2 en plus des habituels qL3 et qL4).
Les principes de l'alphabet étant définis, il est possible de faire quelques comparaisons. Et d'observer…
Il peut être intéressant ici d'évoquer quelques autres textes utilisant eux aussi des alphabets qui leur sont propres :
|
Les systèmes sont donc différents, voire opposés – mais chacun a sa cohérence ; ce qui frappe dans l'alphabet du Carnet , c'est son caractère composite, empruntant aux trois sources, comme on l'a vu précédemment ; de ce point de vue, l'alphabet de James Hampton est plus proche de celui du Codex Rohonczi , dont les signes sont aussi de nature variée, comme dans cet extrait : ; mais l'incertitude qui plane sur l'auteur comme sur l'origine et la nature du Codex fait que le rapprochement n'est pas vraiment éclairant ; d'autant que ce partage des sources d'inspiration ne va pas au-delà : le seul glyphe commun est le trait oblique, qui n'a rien de significatif.
Élargissons la comparaison à tous les types d'alphabets – naturels aussi bien qu'inventés, en comparant le nombre de traits nécessaires pour tracer un signe dans un échantillon assez varié d'entre eux.
Ainsi, dans l'alphabet latin en minuscules manuscrites, un trait suffit pour tracer un l (la boucle) ; il en faut deux pour i (le corps et le point) ou n (deux jambages), trois pour k (boucle verticale, boucle intermédiaire et jambage), etc. ; toujours pas d'ambition scientifique (les données peuvent varier assez largement, par exemple pour g ou z ) mais le résultat, même limité, n'est pas dépourvu d'intérêt :
Écriture | Nb | M | Nombre moyen de traits par signe | |
alphabet latin (µ) | 26 | 3 | 2,1 | |
voynichéen (EVA) | 26 | 4 | 2,2 | |
latin (MAJ/script) | 26 | 4 | 2,3 | |
alphabet bassa (µ) | 30 | 3 | 2,3 | |
Livre de vie | 53 | 5 | 2,4 | |
voynichéen (D'Imperio) | 30 | 6 | 2,4 | |
Z408 (*) | 53 | 7 | 2,7 | |
langage de J. Ọṣitelu | 48 | 5 | 2,8 | |
hamptonien (alphabase) | 43 | 5 | 2,9 | |
medefaidrin | 67 | 5 | 2,9 | |
syllabaire kpelle | 78 | 8 | 3,1 | |
toki pona sitelen (**) | 120 | 9 | 3,3 | |
syllabaire chéroki | 88 | 5 | 3,8 | |
hamptonien (S&L) | 58 | 8 | 4,3 |
Malgré les approximations, ce tableau confirme le dilemme du hamptonien (déjà rencontré dans les problèmes de transcription ) :
La comparaison avec LdV est ici parlante : les signes les plus fréquents sont formés d'un trait (le point de e) ou deux (deux barres pour t ou une barre et un point pour €, m, a) ; et ses cinquante-trois signes (l'alphabet sans les lettres pointées) demandent 124 traits de plume ; pour le Carnet , les cinquante-trois signes principaux relevés par S&L requièrent 229 traits. On peut aussi comparer avec Z408 (est-il besoin de rappeler que ces rapprochements ne portent que sur la forme des signes créés pour le chiffrement ?) ; pour un même total de cinquante-trois signes, il faut 141 traits. Et même s'ils totalisent 394 traits de plume (avec un maximum de neuf pour pu ), les cent vingt signes du Toki Pona demandent en moyenne 3,3 traits, contre 4,3 pour le Carnet .
Ajoutons une autre spécificité : même quand ils demandent cinq, sept ou neuf traits de plume, les signes de Ldv , de Z408 ou même du Tiki Pona restent assez faciles à décrire : le B de LdV est un losange avec une barre horizontale, l'un des I du Zodiaque est un carré dont la moitié sud-est est pleine et pu du Tiki Pona est un carré dans lequel figure un cercle surmonté de trois traits en éventail et incluant lui-même un demi-cercle inférieur ; il est plus délicat de décrire exactement c%î ou même GG.
Pour compléter le spatial par le temporel, une expérience simple (à prendre pour ce qu'elle vaut) ; soit les deux premières lignes du texte en anglais de p10 : ANDGODSPAKETHESEWORDSSAY || INGIAMTHELORDTHYGODWHICH ;
chacune comprend vingt-quatre lettres ; il m'a fallu 40 secondes pour en copier le texte ; l'encodage de ce texte en hamptonien (en prenant pour chaque lettre le premier signe me venant à l'esprit) a demandé 2 minutes et 20 secondes ; James Hampton aurait sans doute mis un peu moins de temps, deux minutes paraît raisonnable ; il faut donc approximativement le triple de temps pour écrire en hamptonien ; les pages du Carnet comprenant en moyenne 293 signes, on peut estimer à une douzaine de minutes le temps nécessaire à l'écriture d'une page.
Ces comparaisons conduisent à s'interroger sur l'origine de cet alphabet. Non pas qu'on puisse penser James Hampton incapable de le créer : comme le notent S&L à la fin de leur étude, There is an obvious risk of underestimating James Hampton , et l'inventivité artistique du Trône prouve assez ses capacités en la matière ; mais justement, le soin apporté au Trône ou aux Couronnes rend encore plus frappant l'état assez médiocre du Carnet :
taches | bavures page sur page | ratures | caractères maltraités | |
par exemple | p. 72 | page 91 bb=aa page 92 | p. 98 l. 17 | début de la l. 7 p. 99 : que S&L lisent comme {?} ee P - v v K î |
Et cet état mène à une double perplexité :
• ou bien James Hampton a décidé librement de son alphabet, mais pourquoi a-t-il choisi des signes tellement complexes et redondants qu'il doit les déformer (voire les rendre informes) pour arriver à la vitesse d'écriture dont il a besoin ? Pour dire les choses naïvement, pourquoi tracer deux G confus au lieu d'un seul plus net ? On peut même se demander si les occurrences de , que S&L transcrivent par HH, ne sont pas des simplifications de GG : .
Et en effet, certaines similitudes retiennent l'attention, notamment avec trois systèmes d'écriture :
la langue bassa est parlée au Libéria et (un peu) en Sierra Léone ; son alphabet (trente lettres, sous forme majuscule et minuscule) a été créé au début du XXème siècle mais s'est répandu à partir des années 1940 ; quelques-uns figurent ici aaa . À propos des deux premiers signes reproduits ci-contre (respectivement K et k ), on peut noter (au moins à titre de curiosité) que | |
| |
Le kpelle est parlé sous deux formes différentes, en Guinée (où il porte le nom de guerzé en français) et au Libéria (kpellewoo ). Son syllabaire (de soixante-dix-huit signes) a été créé vers 1930 par le chef Gbili et a connu une certaine expansion durant les deux décennies suivantes. | |
Le dernier ensemble est le syllabaire chéroki de quatre-vingt-huit signes, créé vers 1825 par le chef Séquoyah ; à l'origine, il s'agit de caractères d'imprimerie (en grande partie dérivés de l'alphabet latin), mais il en existe aussi une version manuscrite, dont certains éléments sont assez proches de lettres hamptoniennes aaa | |
NB- Si l'on se rappelle qu'au XIXème siècle, les Chérokis avaient été établis dans l'est et le sud-est des États-Unis, notamment en Géorgie (donc voisins de la Caroline du Sud), on ne peut pas exclure que James Hampton ait vu un document utilisant ce syllabaire et s'en soit inspiré pour certains de ses signes. | |
Pas d'identité remarquable, donc ; on peut attribuer au hasard ou à la nécessité la présence de quelques signes plus ou moins semblables sur plusieurs dizaines, mais un air de famille indéniable, surtout quand on compare avec les autres ensembles que l'on peut trouver sur le site Omniglot [⇒] ou aux alphabets que cite DS : nsibidi (du Nigéria) et adinkra (du Ghana) aaa |
Á titre de comparaison, le ruban de QQ , dont la fréquence est très proche :
Également (quoique la comparaison soit plus acrobatique), celui de la lettre k dans le début de l'Apocalypse (texte de la KJV – cette lettre a une fréquence assez voisine de celle de 3 ).
Pour afficher le ruban, placer le curseur de la souris sur le ruban précédent cc .
Ainsi, la distibution de 3 s'écarte de celles que l'on trouve habituellement pour une lettre, même peu employée, et ferait plutôt penser à un emploi thématique.
α) est-il dépourvu de sens ? (texte aléatoire, bouillie) | β) s'agit-il d'un jeu esthétique ? (suite de petits dessins) | γ) est-il porteur d'un message ? |
Deux voies sont possibles pour tenter de répondre à la question, deux méthodes, peut-être deux styles : une approche psychologique , en essayant de se mettre dans les pas et dans la tête de James Hampton pour refaire son chemin (comme celle qui a conduit à écarter l'idée d'un simple gribouillage) ; et une approche technique où l'on soumet le texte aux outils linguistiques et informatiques. Cette dernière a l'avantage de permettre à chacune de refaire (donc de vérifier) l'analyse menée ; c'est donc vers elle qu'il semble raisonnable de se tourner d'abord.
Question de méthode (sans grande conséquence, à première vue) : que faire des textes hors Carnet (qui ne figurent pas dans la transcription de S&L) ? Faut-il les ajouter au corpus transcrit ou bien les traiter à part ? On serait tenté de suivre la première voie puisque les signes des deux ensembles sont les mêmes ; mais nous avons vu que les textes en anglais étaient de nature différente (citations de livres bibliques d'un côté, mots isolés de l'autre) ; si les textes en hamptonien sont aussi hétérogènes mais qu'on les regroupe dans une seule entité, les caractéristiques propres aux textes hors Carnet seront diluées par effet d'échelle – le Carnet représentant plus de 99 % du tout.
Il semble donc raisonnable d'analyser les deux groupes séparément.
Pour une raison que je n'ai pas pu retrouver, cette partie avait été totalement ignorée dans la version initiale de cette page ; oubli d'autant plus fâcheux que ces textes présentent un intérêt tout particulier.
Pour plus de commodité, nous appellerons T le texte de la page p9 (celle où sont représentées les Tables de la Loi), M la page p10 (placée sous le patronage de Moïse) et C la deuxième couverture.
Le blog de Klaus Schmeh reproduit les pages 9 et 10, avec des explications ici en allemand [⇒] et là en anglais [⇒]. Les reproductions et le contenu des explications sont évidemment identiques, mais pas les commentaires des visiteurs ; dans la version germanophone, Johann écrit : Bei dem dritten Bild von oben sieht man ganz klar die 10 Gebote, wahrscheinlich 1-5 linksstehend und 6-10 rechts! Sollte doch nicht so schwer sein die unlösbaren Buchstaben die er sich ausgedacht hat umzuwandeln wenn man den Text sowieso kennt! […]
Ce que DeepL Translator traduit par La troisième image d'en haut [p9] montre clairement les 10 commandements, probablement 1-5 à gauche debout [en colonne] et 6-10 à droite ! Cela ne devrait pas être si difficile de convertir les lettres insolubles qu'il a inventées si vous connaissez le texte de toute façon ! […]
Idée que l'on peut juger tour-à-tour fort judicieuse et un peu farfelue, selon le point de vue :
• | au premier abord, l'approche la plus naturelle pour décrypter un texte est bien de chercher l'incontournable pierre de Rosette, et l'évocation des Dix Commandements est patente (6) ; | |
• | mais un peu de réflexion conduit à douter de cette explication : chiffrer le texte des Dix Commandements, c'est à la fois inutile (pourquoi cacher un texte que des centaines de millions de personnes connaissent plus ou moins par cœur ?) et contre-productif (on scie la branche sur laquelle on a fait tant d'effort pour s'asseoir) ; | |
• | à cela Johann pourrait répondre que rien ne permet de savoir si James Hampton voulait cacher quoi que ce soit ; peut-être son langage est-il pour lui une langue sacrée (cf. plus haut l'écriture révélée et plus bas à propos de Josiah Ọṣitelu), dans laquelle il faut alors traduire les Dix Commandements, tout comme ils l'ont été successivement en grec, en latin, en français ou en anglais et même en chamorro ou en ponapéen ; | |
• | nouveau mouvement de balancier (le dernier, tout a une fin) : l'hypothèse que le texte T serait la traduction du Décalogue en hamptonien se heurte à deux obstacles sérieux : |
Pour fixer les idées, il faut d'abord se rappeler que la Bible contient deux récits de l'épisode du Mont Sinaï, et donc deux Décalogues : un premier dans le Livre de l'Exode (au chapitre 20, versets 1 à 17) et un autre dans le Deutéronome (au chapitre 5, versets 6 à 21) ; comme indiqué plus haut, James Hampton a placé en p10 une partie du texte de l'Exode (du verset 1 au début du verset 7, sans espaces ni ponctuation). Le tableau ci-dessous permet de comparer ces passages en anglais avec le texte en hamptonien de T :
Deutéronome (KJV ) | Exode 20:1-17 (KJV ) | Exode p10 | T en hamptonien | |
Longueur totale | > 2000 caractères | > 1700 caractères | (728 car.) | 88 signes |
Longueur tamisée (*) | > 1530 lettres | > 1350 lettres | 536 lettres | |
Occurrences de… | … l'expression the Lord, thy God | … divers digrammes | ||
5 | 8 | 3 | 2 | |
Coefficient de divergence (7) (pourcentage) | KJV ↔p10 2,7 | _C↔M__C↔T__M↔T 40,6____8____44,3 |
On peut voir que le texte en hamptonien est de dix à vingt fois plus court que le Décalogue (selon le type de mesure) et représente à peine le sixième de l'extrait copié en p10, où ne sont pourtant reproduits que les deux premiers Commandements et le début du troisième, alors que la couverture mentionne bien les Dix Commandements (18); par ailleurs, le texte est dépourvu de la répétition qui est comme la signature de Dieu dans le Décalogue.
Il ne fait pas de doute que, comme l'a noté Johann, les chiffres romains de I à X placés sur les Tables de la Loi représentent les Dix Commandements, c'est-à-dire l'ancienne Alliance (The Old Covenant ) ; mais il est presque aussi sûr que le texte en hamptonien contient, lui, la nouvelle Alliance (The New Covenant ), celle qui a précisément été révélée à James Hampton ; il est bon de garder à l'esprit que cette notion d'alliance est à la base du dispensationalisme (1) et que la couverture du Carnet porte l'inscription The Book of the 7 Dispensation.
On peut donc penser qu'il s'agit là, pour James Hampton, d'un texte primordial (à tous les sens du terme) ; et c'est sans doute ce qui explique que le texte figure trois fois : en T mais aussi en M et en C, sous des formes très proches mais pas totalement identiques, qu'il semble intéressant de comparer.
__• une ligne 1x a été ajoutée, puisque seuls T et C ont une ligne entre 10 et 11 ; __• dans C (où il n'y a pas de ligne 4), la ligne 5 est aboutée à la ligne 3, pour former un ensemble nettement plus long que le reste ; NB3- les différences sont indiquées par un jeu de couleurs______a a a _____(ce jeu vaut pour chaque ligne prise isolément, pas d'une ligne à l'autre) ; NB4- l'absence d'un élément est marquée par une barre (verticale pour un signe, _____horizontale pour une ligne). |
_____C__________T__________M | _____C__________T__________M | |
Les différences sont donc relativement limitées mais se laissent mal cataloguer :
Les lignes : à part l'aboutage de 3 et 5, T et C sont identiques et se distinguent de M, qui n'a pas la ligne 1x (répétition exacte de la ligne 5) et, inversement, contient deux lignes 20 et 21 absentes de la couverture et placées ailleurs dans T :
quasiment certain | qu'il s'agit d'un texte fondateur aux yeux de James Hampton ; |
fort vraisemblable | que l'auteur ne considérait pas comme sacrée la forme sous laquelle il se présente ; comment ne pas penser ici au début de l'Aventure ambiguë où le Maître de l'école coranique frappe Samba Diallo en lui criant : Sois précis en répétant la Parole de ton Seigneur… |
possible | que les signes (ou au moins une partie d'entre eux) soient des idéogrammes, du fait que les différences portent soit sur un signe isolé soit sur une ligne entière mais presque jamais sur un n-gramme (qui serait l'équivalent d'un mot ou d'une expression), et que le texte est très bref ; d'ailleurs, ce qui a été observé plus haut à propos des graphies [JESOS] et [CHRSIS] dans le Carnet va dans le même sens (biais de confirmation ?) (cc) |
S'il n'a pas été possible de traduire le texte des pages hors Carnet , on a pu au moins se faire une idée de son contenu ainsi que de sa nature. Malheureusement, l'équivalent de la Table des Lois et du parallèle avec le livre de l'Exode ne semble pas exister pour le Carnet lui-même. Si les paragraphes qui précèdent renforcent l'hypothèse que son contenu doit être porteur de sens, ils n'éclairent pas ce sens. On est donc conduit à chercher quel système James Hampton a employé dans la rédaction de son carnet.
Hypothèse renforcée par l'exemple de LdV : avec un peu d'habitude, l'écriture en encodé devient aussi naturelle que l'écriture en français ou en anglais (à défaut d'être aussi rapide, complexité graphique des signes hamptoniens oblige).
Mais si ce moyen est le plus simple à mettre en œuvre, c'est aussi le plus simple à décrypter puisque la fréquence des lettres de la langue source doit se retrouver dans celle des signes servant à l'encoder (8). Il suffit donc de comparer les résultats pour l'anglais et le hamptonien :
habituellement, une fréquence de 15 % (par exemple le e en français tamisé) est considérée comme élevée ; les 21 % de vv vont bien au-delà, et n'ont de comparable que la fréquence de l'espace (placer le curseur de la souris sur la colonne anglais pour afficher les valeurs incluant les espaces). NB1- Pour le hamptonien, les lettres dont la fréquence est inférieure à 0,1 % (soit moins de douze occurrences) n'ont pas été affichées. NB2- Les mises en vis-à-vis sont de simples approximations et ne signifient en rien que telle lettre hamptonienne correspondrait à telle lettre latine. L'interprétation de vv comme séparateur est tentante, puisque le texte hamptonien est dépourvu des espaces habituelles, et que les fréquences sont du même ordre ; cette hypothèse se heurte toutefois à un obstacle de taille (aux deux sens de l'expression) : la taille des « mots » que vv délimiterait ; le graphique ci-dessous représente la fréquence des mots en fonction de leur longueur, en hamptonien (rouge) et en anglais (bleu). NB- La partie au-delà de trente-cinq lettres n'est pas affichée. NB- La partie au-delà de treize lettres n'est pas affichée. Les deux courbes sont nettement différentes, surtout à leurs extrémités :
On voit donc qu'aucun des deux emplois de vv (ni comme lettre ni comme espace) n'a d'équivalent en anglais. Cette incompatibilité se confirme si l'on étudie les comportements respectifs de vv d'une part, de l'espace et de e de l'autre, d'une page à l'autre d'un texte :
On voit que les valeurs obtenues pour vv traduisent un comportement beaucoup plus irrégulier que celui de e et plus éloigné encore de la relative constance de l'espace. Avant d'écarter un codage de l'anglais par simple substitution, on peut imaginer une transcription reposant sur des principes différents, comme l'alphabase qui réduit l'alphabet à une trentaine de signes (9). On a alors en tête trois lettres de fréquences très voisines, mais
En double contrepoint,
|
|
Les deux répartitions apparaissent donc comme trop différentes pour qu'on puisse essayer d'établir un parallèle.
Restent donc trois variantes de la substitution simple :
L'exemple de LdV montre qu'il est possible de compliquer le chiffrement en utilisant deux (ou plusieurs) alphabets (soit selon certaines règles soit aléatoirement) – sans devoir renoncer à une écriture à la volée.
Or on peut trouver plusieurs points communs aux deux auteurs ou à leurs textes. Du plus extérieur (d'un point de vue cryptographique) au plus technique :
• les deux hommes sont marqués par la religion chrétienne (protestantisme dispensationaliste pour l'un,
____catholicisme romain pour l'autre) ;
• ce ne sont pas des professionnels de la cryptographie ;
• ils ont travaillé seuls et le chiffrement doit faire qu'eux seuls puissent lire leur texte ;
• les deux textes utilisent des alphabets originaux créés par leur auteur,
____et comptant un nombre voisin de signes (entre 53 et 67 selon les choix de transcription) ;
• le texte chiffré ne comporte pas d'espaces matérialisant la séparation des mots ;
• les deux textes donnent l'impression d'avoir été rédigés (au moins par endroits) à la va vite ; on est loin de la régularité et du soin (même relatifs) dont ont fait preuve les rédacteurs de MsV ou des messages du Zodiaque.
D'après l'article que Le Monde lui a consacré, l'auteur de LdV aurait déclaré « Il n'y a aucun alphabet écrit. Nulle part. Il est dans ma tête. » Il suffit de travailler quelques jours sur son texte pour se convaincre que c'est tout-à-fait possible, puisqu'on a à faire à une soixantaine de signes (deux alphabets complémentaires plus une dizaine de signes divers) – et que maîtriser l'alphabet arabe en plus de l'alphabet latin ne fait pas entrer dans le Livre des Records.
Mais l'analyse des fréquences empêche d'aller plus loin : la substitution homophonique s'accompagne mécaniquement (c'est d'ailleurs son but premier) d'un lissage des fréquences, et l'extrait de LdV en donne l'illustration avec une fréquence maximale inférieure à 7 % ; or ce qui caractérise le Carnet , ce sont au contraire les 21,6 % de v v , totalement incompatibles avec une substitution homophonique. Différence corroborée par celle des écarts-types______aaa | |
TM = texte sans espaces ni ponctuation | Aléa = texte aléatoire |
Y3 15,4 Ki 09,3 GG 05,9 14 05,6 qL3 04,6 LL 04,4 Gi 03,9 76 03,8 P 03,3 dc 03,1 | e 12,6 t 09,2 a 08,1 o 07,5 n 07,4 i 07,2 s 06,6 r 06,4 h 05,3 l 04,0 |
Le raisonnement est imparable, mais sa première prémisse demande quelques explications ; a fairly weak encryption fait référence à un encodage par substitution (et toutes les mesures ont montré que cette hypothèse ne tenait pas) par opposition à ce qu'ils nomment ailleurs a good cipher , qui renvoie à un chiffrement de type Vigenère. Mais peut-on exclure la possibilité de ce dernier (Hamptonese is probably not a good cipher ), d'autant plus que les mêmes auteurs conseillent (dans une note déjà citée à propos de l'alphabet) de ne pas sous-estimer les capacités de l'auteur ?
En fait, deux choses semblent pareillement sûres :
Et deux indices suffisamment sûrs nous permettent de l'affirmer.
Et encore, comme mentionné, l'expérience a été menée avec un carré destiné à un alphabet de vingt-six lettres ; pour la soixantaine de signes du hamptonien, il faudrait prévoir (dans le meilleur des cas) ou bien deux carrés distincts ou bien deux signes différents par case, ce qui ralentirait encore le processus.
Assurément, un tel travail n'a rien d'extraordinaire pour un agent d'ambassade, formé et payé pour chiffrer des dépêches ; mais pour un gardien de nuit (et, comme on dirait aujourd'hui, technicien de surface ) d'une usine de produits chimiques, qui consacrait l'essentiel de son temps libre à la réalisation du siège où Jésus prendrait place lors de son retour pour le millenium, consacrer soixante-dix heures à rédiger un carnet paraît d'autant moins raisonnable que, comme on l'a déjà observé à plusieurs reprises, le Carnet privilégie souvent la vitesse d'écriture sur la calligraphie et même la simple clarté.
texte tamisé [26 lettres] - Fréquences texte non tamisé [60 signes] - Fréquences | Carnet | Apocalypse [26 lettres] | Apocalypse [60 signes] | ||||
KJV | Vig.STJ | Vig.SoI | KJV | Vig.STJ | Vig.SoI | ||
vv 21,6 Y3 12,1 Ki 07,3 GG 04,6 14 04,4 qL3 03,6 LL 03,4 Gi 03,0 76 03,0 P 02,6 dc 02,4 P2 02,3 | e 13,1 t 10,2 a 09,2 h 09,1 n 07,6 o 07,1 i 05,7 s 05,6 d 05,4 r 05,3 l 03,3 w 02,5 | f 05,6 m 05,2 b 05,2 j 05,1 x 05,1 n 04,9 y 04,7 t 04,7 w 04,5 s 04,5 u 04,2 i 04,1 | w 05,2 f 04,8 j 04,6 s 04,6 m 04,6 t 04,6 x 04,6 i 04,6 b 04,3 h 04,3 g 04,0 u 03,9 | d 19,4 e 10,2 t 07,8 h 07,0 a 06,6 n 05,8 o 05,6 s 04,3 d 04,2 r 04,1 i 04,0 l 02,5 | ! 04,7 F 04,5 B 03,4 ) 03,4 ( 03,2 , 03,2 03,1 t 02,9 ’ 02,9 : 02,9 ; 02,7 p 02,7 | f 04,8 b 03,1 V 03,1 j 03,1 ! 03,0 e 03,0 o 03,0 u 02,8 i 02,7 R 02,7 W 02,6 d 02,5 | |
7,7 | 6,9 | 3,7 | 3,5 | 7,5 | 1,9 | 1,8 | |
7,8 | 3,7 | 1,1 | 0,7 | 6,2 | 1,1 | 1,0 |
On peut observer
Petit bilan d'étape : de tout ce qui précède, on peut raisonnablement conclure que le texte en hamptonien
La logique demande donc qu'on suive à présent la piste de l'encodage simple d'une langue autre que l'anglais. DS en a examiné les principaux aspects dans les pages Ideas de son site [⇒] (dont il a déjà été question à propos des comparaisons avec l'anglais) .
Nous les reprendrons ici :
Le tableau reprend les valeurs des dix lettres les plus fréquentes. a a a Pour le chamorro, les valeurs sont la moyenne entre les résultats obtenus pour des extraits du Nouveau Testament et ceux de divers autres textes (essentiellement le corpus rassemblé par DS et le début de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ). Pour le hamptonien, une colonne centrale titrée ? indique la nature de la lettre (voyelle, consonne ou incertaine) (12). Les trois premières lettres ne posent pas de problème : vv ba a, Y3 ba n, Ki ba i. Même chose pour les quatre dernières. Restent les trois lettres pour lesquelles le chamorro présente deux voyelles suivies d'une consonne, à l'inverse du hamptonien ; il faut donc prévoir plusieurs modèles, l'un suivant les pourcentages, les autres avec 14 ba o et 14 ba e. On obtient ainsi un document de travail où les dix lettres hamptoniennes du tableau sont remplacées par leur équivalent (hypothétique) en chamorro, les autres lettres étant figurées par un simple point. | chamorro (moyenne) | hamptonien alpharéd | ||||
# | % | # | ? | % | ||
a n i o e s t u g y | 19,2 10,3 9,4 7,9 7,1 5,2 5,2 4,6 4,1 3,7 | vv Y3 Ki P GG 14 qL LL Gi 76 | v c ≠ c c v c v c v | 21,6 15,3 7,3 6,3 4,7 4,5 4,1 3,9 3,6 3,0 |
Des différentes hypothèses envisagées, la plus intéressante semble être celle où 14 ba e, GG ba o et P ba s.
Les premières lignes du carnet ne présentent alors comme indiqué dans la colonne de gauche, tandis que la partie de droite comprend quelques extraits particuliers :
ieai•s•••tosa isai•e•••toea •••it••••••• •a•at••nna• •ny•••t•••ou ••a•e••nean isa•e••tato •ea•••un•un •ea••aiain•e •ea•••••u•a ••a•••iiii• | p86 - l. 10 ___tatianas•giina p89 - l. 7 ___satatnanatanaea même ligne mais en conservant _l'ordre initial des correspondances : ___oatatnanatanasa | p129 - extrait des l. 5 à 12 ___sanananaunan ___gsayesagsana• […] ___•ou•atanana ___sananaunana |
L'aspect général est moins rude que ce que DS avait obtenu pour l'anglais phonétique, mais il n'y a rien de convaincant. Circonstance aggravante : on ne trouve que deux occurrences de esu (en dehors des mentions en clair de JESUS), et deux de gui qui est le trigramme le plus fréquent en chamorro. Reste une impression de déjà vu : les répétitions de p89 ou p129 rappellent étrangement, dans le manuscrit Voynich , les séries du genre de
chotchol daiin cthol doiin daiin (chotchol daiin cthol doiin daiin) ou
qokeody ykedy chkedy qokedy chedy qokedy (qokeody ykedy chkedy qokedy chedy qokedy).
La lecture de The Black Border - Gullah Stories of the Carolina Coast , publié en 1922 par Ambrose Elliott Gonzales (on peut lire ou télécharger cet ouvrage à cette adresse [⇒]) apporte un éclairage particulier. En effet, on avait pu noter que la citation d'un extrait du Livre de l'Exode (dans le feuillet p10) comportait trois erreurs : FARTHER au lieu de FATHER , ONR au lieu de OUR et AGIN au lieu de AGAIN . Or le livre d'A. E. Gonzales mentionne
• dans son lexique, FARRUH comme équivalent de father (l'auteur transcrit par uh le son [ə], notamment
___dans les finales en -er ) ;
• cette phrase, dans l'un des récits (The Wonderful Tar-Baby Story , p. 347) :
___Ef you don't lemme loose, I'll knock you agin (si tu ne me lâches pas, je vais te frapper à nouveau)
NB- la traduction du Nouveau Testament , elle, emploie gin .
Ainsi, deux des erreurs de Hampton pourraient être des traces de gullah traduisant sa connaissance de cette langue.
Malheureusement pour nous, la comparaison entre le hamptonien et le gullah est plus difficile qu'avec l'anglais (corpus limité, absence d'outils dédiés) et même qu'avec le chamorro : ce dernier jouit d'un statut officiel et d'une certaine standardisation par l'écrit ; il en va autrement du gullah, longtemps mal considéré, rarement étudié et tardivement écrit ; on peut distinguer quatre sources disponibles :
___• les contes transcrits par A. E. Gonzales (dont il vient d'être question), rassemblés au début du XXème siècle ;Abondance de biens ne devrait pas nuire, mais en l'occurrence, elle complique plutôt les choses. Quelques exemples :
Gonzales | Turner | De N. T. | A. Brown | Certaines différences sont triviales, comme [ə] écrit uh par Gonzales et Brown, a dans De N. T. . Mais d'autres sont plus gênantes : Dans ces conditions, faire une moyenne entre tous les résultats (comme pour l'anglais et le chamorro) semble peu rationnel. Reste donc à choisir une source. | ||
water | watuh | ? | wata | wahtuh | ||
father | farruh | ? | fada | fadduh | ||
brother | bredduh | ? | broda | brudduh | ||
God | Gawd | ? | God | Gawd | ||
I | Uh | ? | A | Ie / Uh | ||
a | uh | ? | a | uh | ||
and | en' | ? | an | 'n |
Les textes d'A. Brown formant un corpus trop réduit, il faut choisir entre The Black Border et De Nyew Testament . La présence, dans ce dernier, d'une traduction du Livre de l'Apocalypse (De Revelation ) a conduit à y recourir pour les comparaisons entre le début de ce livre dans diverses langues (comme dans le cas des n-grammes), mais les principes suivis pour la transcription éloignent nettement l'écrit de l'oral ; si le travail de A. E. Gonzales n'est pas vraiment scientifique d'un point de vue linguistique, il n'en vise pas moins à restituer les spécificités du gullah, quand De Nyew Testament tend au contraire à les gommer (14).
Pour cette analyse des fréquences, le corpus a donc été constitué à partir des textes en gullah présents dans les premiers récits de The Black Border ; mais si James Hampton avait appris cette langue, ce ne pouvait être que sous forme parlée ; c'est pourquoi les extraits ont été transcrits pour mieux correspondre à la phonétique : remplacement de uh et u par [ə], de a + consonne + e par [e] + consonne , etc.
Les fréquences des principaux sons s'établissent comme il est indiqué dans la colonne BlkBdr du tableau ci-contre ; à titre de vérification, j'ai utilisé une méthode passablement artificielle : prendre un texte anglais en alphabet phonétique (le début d'Alice au Pays des Merveilles ) et le modifier selon les spécificités du gullah (remplacement de [ð] par [d], des terminaisons en -er par [ə], etc.) ; les fréquences sont dans la colonne Alice ; les résultats des deux méthodes ne sont pas identiques, mais ils débouchent sur la même conclusion : aucun son gullah n'approche les 21,6 % de v v ; mais la situation change si l'on regroupe [ə] et [e] d'une part, [t] et [d] de l'autre. | ST James | BlkBdr | Alice | |
% | % | % | ||
vv 21,6 Y3 15,3 Ki 7,3 P 6,3 14 4,7 GG 4,5 | e 13,8 ə 10,8 ə 10,9 e 10,2 n 7,6 t 9,8 t 6,4 d 8,1 i 5,6 n 8,0 a 5,0 a 4,5 ================ eə 24,7 eə 21,0 dt 11,2 dt 17,9 n 7,6 n 8,0 i 5,6 a 4,5 m 5,0 w 4,3 a 5,0 i 4,1 ================ |
Les valeurs observées pour v v et Yr se trouvent alors dans la fourchette des deux autres résulats, ce qui revient à établir que v v représenterait les diverses variantes du son [e], et Yr, les occlusives dentales ; les fréquences correspondent bien pour le son suivant : 7,6 et 8 % pour [n] dans les textes phonétiques face aux 7,3 % de K î. Au-delà, les fréquences du hamptonien s'accordent mieux avec celles des textes de Gonzales ; on peut donc prendre comme hypothèse P ba [o],___iiii ba [i],___GG ba [m] et uL ba [a].
Au final, on obtient un texte du même genre que celui qui a été évoqué plus haut à propos du chamorro. Comme précédemment, voici le début de la première page et quelques extraits :
noen•m•••aime •••na••••••• •e•ea••tte• •t••••a•••i• ••e•m••tmet noe•m••aeai •me••••t••t •me••enent•m •me•••••••e ••e•••nnnn• •an•oet•••i•e | p86 - l. 10 ___aeaneteo••nnte p89 - l. 7 ___oeaeateteaeteme | p129 - l. 5 à 12 ___oetetete•tet ___•oe•moe•oete• ___•oennteme•• ___tt•••eoete• ___•nnoete•e•et ___m••te•ete• ___•i••eaetete ___oetete•tete |
Certes, décider si une série de lettres peut ou non correspondre à la transcription phonétique de mots gullah (qui plus est, tels que James Hampton les aurait entendus) peut paraître risqué.
Pourtant, la recherche du nom de Jésus apparaît au premier abord nettement plus ouverte que pour le chamorro : le nom gullah s'écrit Jedus et doit se prononcer [dʒɪdəs] ; dans l'hypothèse suivie ici, les trois caractères du milieu se transcriraient ite. Or ce trigramme se rencontre plus de cent soixante-dix fois dans le carnet ; mais quand on ajoute au motif les deux consonnes initiale et finale, l'éventail se referme pour ne laisser que deux pentagrammes Y3 14 Y3 vv qL3 (qui correspondrait d'ailleurs à [titəs]) et 2 14 Y3 vv GG, avec quatre occurrences pour chacun, ce qui semble bien faible.
Reste alors une dernière hypothèse à envisager, pour le gullah : que v v représente un séparateur de mots ; les fréquences des lettres restantes seraient alors plus proches de ce que l'on observe pour les sons du gullah – même si l'usage d'espaces dans un texte écrit directement en phonétique peut paraître peu naturel. En fait, seuls les trois premiers sons peuvent être attribués avec un minimum de certitude puisque [t] et [o] d'une part, [m] et [a] d'autre part ont des fréquences quasiment identiques ; toutefois, chacun des deux groupes comprend une voyelle et une consonne ; or les lettres corrrespondantes du hamptionien se répartissent aussi entre une voyelle et une consonne, dans les travaux de S&L aussi bien que de DS ; il paraît donc raisonnable de prendre comme hypothèse Yr ba [e], ___K î ba [ə], ___GG ba [n], ___ur ba [t],___iiii ba [o], LL ba [i] ___c%î ba [m],___76 ba [a]___P ba [d]. | BlkBdr | ST James | |||
% | % | ||||
e ə n t o i m a d | 13,8 10,9 7,6 6,4 6,4 5,6 5,0 5,0 4,8 | Y3 Ki GG 14 qL3 LL Gi 76 P | 15,6 9,3 6,0 5,7 4,9 4,5 4,1 3,9 3,8 |
œd œ•••••to• •••ət••••••• • • t••ee • •ea•••t•••oi •• ••••e• e əd ••••t to •• ••••e•ie •• •• ə əe•• •• •••••i• •• •••əəəə• •tə•d e•••o• | p86 - l. 10 ___t tə e d•məəe p89 - l. 7 ___d t te e t e • | p129 - l. 5 à 12 ___d e e e ie e ___md a•d md e • ___•d əəe • i• ___eea•i d e i ___•əəd e m m e ___•aie • e i ___•oi• t e e ___d e e ie e |
Rien de plus concluant que précédemment, d'autant que le trigramme central correspondant à Jésus ([idə]) n'apparaît qu'une seule fois, et encore en début de ligne.
Cela dit, quel que soit le système de correspondance retenu, les K î K î K î K î de la ligne 10 de cette première page, ou les Yr v v Yr v v Yr v v Yr v v Yr v v (que l'on rencontre à trois reprises dans le texte) auront du mal à se rattacher à une langue quelconque, même transcrite phonétiquement.
Items | nombre de n-grammes répétés différents | 9 tétragrammes [•ant, •mur, uran, ris•, rant, _____________Pari, mura, aris, •Par] | |
Maximum | nombre d'occurrences du n-gramme le plus fréquent | 3 [pour •ant et •mur] | |
Total | somme des occurrences de tous les items | 20 | |
Rapport T/I | nombre moyen d'occurrences | 2,22 | |
Alpha6 | nombre de signes différents (taille de l'alphabet ) | 10 signes [P a i m n r s t u •] | |
apparaissant dans les six n-grammes les plus fréquents |
En comparaison avec | le Carnet de James Hampton | ||
• | le début de l'Apocalypse de Jean en cinq langues | anglais (KJV dans la version de 1769) gullah (trad. de la Sea Island Translation Team pour l'A.B.S., publiée en 2005) français (traduction de Louis Segond parue en 1910) latin (la Vulgate ) ponapéen (traduction de la Bible Society of the South Pacific, publiée en 2006) | |
• | trois textes laïcs | Alice au Pays des Merveilles pour l'anglais le début de L'Assommoir pour le français le début de Lucius ou les Mémoires d'un âne d'Apulée pour le latin | |
• | quatre textes expérimentaux | version tamisée d'Alice au Pays des Merveilles (sans ponctuation ni espaces, majuscules tranformées en minuscules) début d'Alice au Pays des Merveilles suivant les principes de LdV (pas d'espaces, alphabets initial et ultérieur, signe de répétition, etc.) version aléatoire du Carnet (reprenant les 29297 signes mais placés dans un ordre quelconque) texte aléatoire (29297 caractères d'un alphabet de 67 signes, disposés au hasard). |
Comme cet écran n'a que deux dimensions, il faut placer taille et mesures sur la même abscisse ; le graphique ci-dessous regroupe donc, pour chacune des cinq mesures, les résultats correspondant aux trois tailles.
NB1- en plaçant le curseur sur le graphique, on peut afficher la distribution par taille.
NB2- Dans chaque colonne, le rectangle jaune délimite la zone des langues naturelles (les huit textes non expérimentaux). NB3- Les valeurs de Total pour Digrammes et de Rapport pour Octogrammes sont toutes très proches les unes des autres ; pour rendre le graphique lisible, l'ordonnée 0 correspond à la valeur la plus faible, et non au zéro absolu.
NB4- Le texte aléatoire est absent de certaines colonnes correspondant à l'octogramme parce qu'il n'en contient aucun.
Légende (rappel) | |||||||||||||
Carnet | KJV | gullah | Segond | Vulgate | ponapéen | Alice | Zola | Apulée | tamisé | Ldv | mélangé | hasard |
Ce graphique permet d'observer que
α) le plus souvent (11 cas sur 15), le Carnet se situe en dehors de la zone des langues naturelles (ou dans deux cas près du bord), ce qui laisserait à penser que le texte de James Hampton ne s'y rattache pas ;
β) les proximités entre le Carnet et le texte aléatoire sont rares, rendant peu vraisembable l'idée d'un texte alignant des caractères au hasard ;
γ) par contre, dans la moitié des cas, les résultats sont proches du Carnet mélangé , ce qui n'est pas extraordinaire puisque les fréquences des divers signes restent identiques, mais suggère que ces fréquences ont plus de poids que l'organisation même des signes.
Ces mesures permettent donc de préciser la nature du texte, mais pas d'en percer le mystère. (cc)
ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Et comment les entendons-nous dans notre propre langue à chacun, dans notre langue maternelle ? Parthes, Mèdes, Élamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l'Asie, la Phrygie, la Pamphylie, l'Égypte […] |
Mais nous sommes loin de la solitude quotidienne dans laquelle travaillait James Hampton.
Mais d'autres traits éloignent son cas de celui de James Hampton :
• elle était médium, et la majeure partie des textes a été produite pendant des séances de spiritisme alors qu'elle se trouvait en état de transe somnambulique, se voyant sur la planète Mars en conversation avec certains de ses habitants ;Les conditions sont donc trop dissemblables pour éclairer le hamptonien, mais on peut au moins constater qu'une personne sans compétence linguistique particulière peut créer un langage et une écriture puis les utiliser plusieurs années durant de façon cohérente.
• le dernier type est à la limite du langage ; on en trouve des exemples intéressants dans un article de Patrick Williams consacré à « la glossolalie des Tsiganes pentecôtistes » et intitulé de façon éclairante UNE LANGUE POUR NE RIEN DIRE ; l'auteur rapporte avoir entendu, au milieu des cantiques d'une cérémonie religieuse, un des participants s'écrier kuéyokotkologuirakadoririkereguiguivé ; il cite également André Hajdu qui rend compte en ces termes des chants polyphoniques des Rom Kalderaš :La loki djili kalderaš apparaît comme virtuellement dépourvue de paroles intelligibles. […] De quoi sont donc remplis verbalement ces chants souvent assez longs ? En premier lieu, il faut considérer les interjections et les onomatopées. La partie refrain comporte rarement autre chose que des interjections telles que jaj, haj, šavale, romale , etc., si ce ne sont des onomatopées dépourvues de toute signification : ra-ra-ra ou ja-ja-ja ou ro-ma-ro-ma-ro-ma , etc. |
(traduction) | de cette copla flamenca | devenant, une fois chantée, |
Et pourquoi me mets-tu Tant d'entraves sur mon chemin Quand tout peut s'arranger | Y porque me pone Tanta trabita en mi camino Cuando puede ser remedio | Y porque me pone-ei Porque me pone-ei Tanta trabita en mi caminico Cuando puede ser reme Tanta trabiti yenmiguita miniquico Queco-cuando-yo-pueeco-osereme |
Certes, les sources d'inspiration sont différentes, mais elles ont au moins trois points de rencontre : l'influence religieuse, la musique et le langage répétitif à la limite du sens (comment lire ro-ma-ro-ma-ro-ma ou tiritiritiriayayayayay sans penser à vv Y3 vv Y3 vv Y3 vv Y3 vv Y3 (15) ?)
Pour boucler la boucle
John Bunion Murray
C'est l'une des premières références citées par DS dans ses Ideas . Et assurément, l'auteur du Carnet avait plus de points communs avec John Murray (dont la vie et le travail sont présentés notamment dans un article de William Arnett intitulé The Handwriting on the Wall, dont on peut trouver la source complète à cette adresse [⇒]) qu'avec Hélène Smith ou même les Manouches.
NB- quand deux éléments sont séparés par ♦, le premier se rapporte à J. B. Murray, le second à James Hampton.
mêmes origines |
|
même culture |
|
visions |
|
créations ___comparables |
|
Mais leurs chemins divergent ensuite :
___John B. Murray | ___James Hampton | ||
résidence | a passé toute sa vie dans sa ferme | a vécu à Washington, avant et après un séjour ___de quelques années dans le Pacifique | |
scolarité | se présentait comme illettré | alphabétisé | |
foyer | marié, a eu onze enfants ___(avant que toutes ne le quittent) | après avoir partagé l'appartement de son frère, ___a toujours vécu seul | |
sociabilité | a connu une certaine célébrité qui a attiré des ___visiteurs et fait de lui le centre d'un film | seuls quelques proches ont pu voir le Trône, ___de son vivant | |
but | protéger des mauvais esprits | préparer le retour de Jésus | |
textes | liés à des dessins ou des jeux graphiques | autonomes | |
signes | systèmes différents d'un texte à l'autre | système unique pour tous les écrits |
Il ne peut donc pas y avoir eu entre eux ni emprunt ni même influence. Pourtant, quand William Arnett écrit, à propos des tableaux peints par Murray :
Les inscriptions semblent avoir eu pour lui une signification particulière, quand il les a écrites. Il y a quelque cohérence dans son écriture, à commencer par un noyau de signes, et peut-être, dans le futur, ces signes seront-ils partiellement déchiffrés. Il est tout-à-fait possible que Murray ait pu lire une partie ou même la totalité de ses « écrits ». |
Actuellement, il est généralement admis que l'écriture [de James Hampton] est l'équivalent d'une glossolalie ou bien une variante de la tradition d'écriture spirituelle d'origine africaine, reconnue mais pas nécessairement lisible (au sens occidental classique) par ceux qui font l'objet d'une vocation spirituelle de même nature. |
Mais plusieurs traits les séparent :
langue | langage sacré Aladura | medefaidrin |
créée par / révélée à | Josiah Ọṣitelu | Michael Upkọn (scribe : Akpan Udọfia) |
ethnie (lieu) | Yoruba (État d'Ogun, au sud-ouest) | Ibibio (État de Cross River, anciennement Eastern State , au sud-est) |
Église | The Church of the Lord (Aladura) Worldwide | Obẹri Ọkaimẹ (ou Obɛri Ɔkaimɛ) |
expansion de l'Église | Ghana, Libéria, Sierra-Léone, Bénin, Allemagne, Grande-Bretagne, États-Unis (*) | sud-est du Nigéria |
expansion de la langue |
|
|
s'était répandu dans plusieurs églises méthodistes et baptistes à Atlanta, Philadelphie et New-York, avec réunions hebdomadaires et congrès annuels. Entre septembre 1956 et décembre 1957, il y eut outre-mer dix-huit cas recensés de guérison par la prière. |
Assurément, le cas de James Hampton ressemble plus à celui d'Ọṣitelu – mais ce n'est pas ce qui nous aidera beaucoup, car les documents à propos de son langage sont très réduits ; on peut déjà observer que le site officiel [⇒] de l'Église du Seigneur (Aladura) ne mentionne aucun langage secret ni dans la page consacrée à son fondateur [⇒] ni dans celle qui présente le Tabieorar , regroupement annuel mi-festival mi-pèlerinage (les textes cités sont soit en anglais soit en yoruba). Donc, bien peu de traces.
Il ne fait guère de doute qu'il s'agit, ici encore, de coïncidences ; mais si elles ne permettent pas d'établir un lien entre les deux langages, elles peuvent être la marque d'une affinité, d'un esprit commun ; on peut supposer que James Hampton a, en quelque sorte, réagi de la même façon à une même expérience mystique – la révélation à la fois de commandements et d'un langage d'origine divine. De ce point de vue, l'auteur du Livre des Sept Dispensations et le Prophète Fondateur de l'Église du Seigneur (Aladura) Pour le Monde entier sont incomparablement plus proches l'un de l'autre que d'Hélène Smith, des chants manouches, de John B. Murray ou même de l'Obẹri Ọkaimẹ.
Nous sommes donc sans doute arrivés au plus près de James Hampton – si ce dernier n'a pas cherché à cacher son texte, mais l'a simplement livré dans l'état qui lui paraissait convenir à sa mission. Mais alors, le plus sage n'est-il pas de reconnaître notre impuissance ? Rufus Ọṣitelu nous a bien prévenus, à propos des écrits son père :
un locuteur yoruba n'en comprendra pas un seul mot, à l'exception de celles et ceux à qui Dieu a donné le pouvoir de les comprendre et de les traduire. Et comme il n'y a guère de raisons pour que nous fassions jamais partie des élues…
Reste donc une hypothèse – peu probable, mais pas impossible : que James Hampton ait volontairement rendu son texte illisible pour nous en cacher le sens, comme les parents mettent les médicaments sous clé pour que leurs enfants n'en fassent pas un mauvais usage (ou bien comme il en aurait reçu l'ordre).
Dans ce cas, le regret peut le céder au soulagement, |
Il existe quelques variations quant à la nature (ultra-dispensationalisme ) et au nombre (de deux à huit) de ces dispensations, mais l'usage le plus répandu en distingue sept :
Nom habituel | commence | adressée | |
1 | de l'Innocence | à la Création | à Adam |
2 | de la Conscience | à la Chute | |
3 | du Gouvernement Civil | au Déluge | à Noé |
4 | de la Promesse | à l'instauration des Patriarches | à Abraham |
5 | de la Loi | au Buisson ardent | à Moïse |
6 | de la Grâce | à la Pentecôte | aux Apôtres |
7 | du Millenium | à la Grande Tribulation et au retour de Jésus | aux Élus |
Nous serions donc dans la sixième dispensation, en attente de la septième (dont, lors de leur création, les Mormons aussi bien que les Témoins de Jéhovah annonçaient qu'elle arriverait avant la fin du XIXème siècle). James Hampton se place nettement dans cette vision de l'Histoire, en préparant son Trône pour le retour de Jésus.
On notera que, dans le titre du carnet, 7 est écrit en chiffre et DISPENSATION , au singulier ; ce peut être un oubli ou un hamptonisme (sur l'autre couverture, TEN COMMANDMENT n'a pas non plus de S ) ; mais on pourrait aussi interpréter le 7 comme valant septième .
Précisons pour terminer que, quand on parle ici d'autre transcription , il s'agit toujours de la seule première étape ; les points de désaccord que l'on peut avoir avoir le travail de S&L pour l'étape w sont très limités et sans influence sur les statistiques de l'ensemble du texte.
Si l'on compare q à w, l'anglais présentera en w une fréquence nettement supérieure du s (pluriels, troisième personne du sg.) et du d (prétérit et participe passé) ; en français, entre autres choses, le z fera un bond (grâce à la deuxième personne du pluriel). Mais c'est bien sûr entre q et e que l'écart peut être le plus grand : en q , zython « rapportera » à z , y et h autant que de « rapportera » à e , alors qu'en e , on rencontrera des milliers de de avant de trouver un zython .
Comme nous ne disposons évidemment d'aucune des deux premières sources pour le hamptonien, il est normal de partir également de textes pour l'anglais.
(10) Il est plus difficile de déterminer la fréquence des phonèmes que celle des lettres, parce que les textes en alphabet phonétique sont limités ; ce tableau des sept phonèmes les plus usités en anglais affiche les moyennes entre les valeurs présentées par Doug Blumeyer dans le blog cmloegcmluin.wordpress.com et celles que j'ai trouvées pour le début d'Alice au Pays des Merveilles (environ quatre mille deux cents octets) a a a Aux 11 % de ə, on pourrait toutefois ajouter les 2 % de ʌ. | ə t n r ɪ d s | 11,0 7,8 6,7 6,5 5,4 4,7 4,5 |
S&L semblent cependant moins affirmatifs, puisqu'ils considèrent que leur analyse laisse une vingtaine de lettres dans l'incertitude (the remaining 22 symbols cannot be assigned to either state ), contrairement au même travail mené sur des textes en anglais, où virtually all symbols are assignable to one state or the other .
Au rang des curiosités, on peut placer une analyse intitulée "Hamptonese"[…] Complete N-gram analysis.
que l'on peut trouver à cette adresse [⇒] ;
dans la présentation, l'auteur précise qu'il a traité la transcription de S&L (Text source is a transcription by Mark Stamp and Ethan Le ) après l'avoir normalisée (from the normalized corpus ) ; et il décrit ainsi cette opération (correspondant à ce que j'appelle plus haut tamiser un texte )_______aaa ___Si l'on reprend le processus (à reculons), il s'est agi de |
• supprimer les espacesa | prenons l'exemple de la l. 19 de p65 dd | Pour s'en tenir au plus simple, le groupe souligné en vert contient trois digrammes gg : d'abord le signe g avec la première moitié de GG, ensuite ce signe lui-même et enfin, la seconde partie de GG avec le début de g î. C'est assez rude. | |
dans S&L, elle se lit a après normalisation, _____on obtient a |
Il faut encore mentionner que, si les chiffres ont été enlevés, les [ et ] (qui encadrent les mots en anglais), les mots anglais eux-mêmes ainsi que les caractères * (= signe indécidable) et # (placé devant un signe incertain) ont été pris en compte, ce qui vaut un trigramme [St (pour la mention ST JAMES) et un pentagramme *#nn* issu de * 14 #nn * (p84, l. 14) qui transcrit un signe indécidable +iiii+ un signe n n incertain + un autre signe indécidable.
Restent les informations fournies par ce processus ; il s'agit d'une liste commençant par
> JJ (52*2) > Gi (50*2) > GG (49*2) > dc (48*2) > EE (46*2) > LL (44*2) > qL (42*2) > vv (40*2) > Ki (35*2) | À première vue, cette liste répond à ce qui est annoncé dans l'introduction :
La longueur du n-gramme est facile à vérifier, et correspond à ce qui est attendu (même si voir vv ou Ki classés comme digrammes fait un peu tiquer). Par contre, le premier nombre laisse perplexe : le travail présenté plus haut a montré que le digramme le plus fréquent dans la transcription de S&L (Y3 vv) apparaissait 2367 fois ; au sens de l'analyse dont il est question ici, le digramme vv représente le signe v v dont S&L ont relevé 6318 occurrences dans le Carnet . |
D'où proviennent alors ces valeurs aussi basses – 40 occurrences pour vv ? Il semble que la réponse soit dans le libellé de la présentation : Determination of all lexical items (types) and their occurrence frequencies (tokens) from the normalized corpus by (non-reduplicative) N-gram analysis.
Le début de la phrase repose sur la distinction habituelle (aussi importante que difficile à exprimer) entre type = mot considéré comme une entrée de dictionnaire et token = mot limité par deux espaces ou signes de ponctuation ; mais c'est la parenthèse finale qui change tout : non-reduplicative ; cela veut (sans doute) dire que les éléments comptés dans un n-gramme (le plus long) ne sont pas comptés dans les sous-n-grammes ; par exemple, une fois le n-gramme vvYvvYvvKiKiPvvYvvYvvG relevé, les six digrammes vv qu'il contient ne sont plus pris en compte ; ainsi, les quarante vv du début de la liste représentent-ils (sans doute) ceux qui ne figurent dans aucun n-gramme de plus de deux caractères.
Un dernier point épineux : l'introduction mentionne : The output even contains "single-word" unigram items ! . Que désigne l'expression "single-word" unigram items ? Logiquement, unigram item devrait renvoyer à un monogramme, une lettre seule ; mais la liste n'en contient aucun ; par contre, elle se termine par une série de quarante-huit digrammes (comme qK ou e*), trois trigrammes ([St, SL# et o*I), un pentagramme ([CHRS) et un hexagramme ([John]) présentés comme n'apparaissant qu'une fois ; la logique du système n'est pas patente ; en effet, vvYvvYvvYvvYvvYvv est répertorié comme n-gramme de 17 caractères, apparaissant trois fois – c'est clair ; le principe de non-reduplicative suppose que les trois occurrences sont suivies chacune d'une dix-huitième lettre différente (sinon elle serait la dernière d'un n-gramme de 18 caractères) ; pourquoi ces trois mots de dix-huit lettres ne sont-ils pas listés parmi ceux qui n'apparaissent qu'une fois ? Sans doute faut-il comprendre que le programme, après avoir relevé le n-gramme de 17 caractères, l'a ôté du texte et, dans ce qui restait, a cherché les n-grammes de 16 caractères, comme YvvYvvYvvGGvvYvv, dont il a alors enlevé pareillement les trois occurrences, etc. jusqu'aux digrammes dont il a (relevé et) effacé ceux qui se répétaient ; ne restaient alors que les n-grammes (di- pour la plupart) orphelins ; ce mécanisme descendant (en partant de la valeur maximale de x, si un ensemble de x caractères apparaît plus d'une fois, il est considéré comme type et supprimé du texte, excluant toute analyse de son contenu) pourrait expliquer la présence un peu surprenante de [CHRS (1*5) à côté de [CHRIST]F (2*9) face à l'absence de [CHR (3*4), quand même attendu. (cc)
Avant d'envisager une (nouvelle) conclusion, il reste à comparer d'un côté les trois versions du texte de C, T et M et, de l'autre, le Carnet proprement dit (en ajoutant quelques autres textes qui sont dans des rapports équivalents).
NB1- pi transcrit le signe et • représente l'espace ;
NB2- la ligne fréquences ne contient que les six lettres les plus fréquentes de chaque texte.
couv4 (C) | p9 (T) | p10 (M) | le Carnet | |
longueur | 89 car. | 88 car. | 106 car. | 29297 car. |
alphabet | 28 signes | 29 signes | 31 signes | 67 signes |
fréquences | pi 13,5 o3 11,2 76 06,7 S 06,7 ee 06,7 Ki 05,6 | pi 11,4 o3 09,1 76 06,8 ee 06,8 S 05,7 Ki 05,7 | T 10,4 o3 07,5 M 07,5 ee 07,5 P2 05,7 pi 05,7 | vv 21,6 Y3 12,1 Ki 07,3 GG 04,6 14 04,4 qL3 03,6 |
écart-type | 4,0 | 3,1 | 2,9 | 7,8 |
I. de Jaro-W. | 0,30 | 0,30 | 0,31 | 1 |
diversité | 35,6 | 38,5 | 39,2 | 73,1 |
parenté 6 | 2 | 2 | 1 | 6 |
parenté α | 40 | 42,4 | 45,5 | 100 |
parenté Fr | 78,2 | 78,2 | 83,2 | 100 |
N-gramme Tétragramme | 4 1 | 4 1 | 4 2 | 29297 |
Oreste | Le mur | L'Assommoir | TdM |
55 car. | 40 car. | 29297 car. | |
18 signes | 13 signes | 69 signes | |
• 18,2 s 14,5 t 09,1 e 09,1 u 07,3 n 05,5 | r 17,5 • 15,0 u 10,0 m 10,0 a 10,0 n 07,5 | • 16,7 e 11,6 a 06,8 s 06,5 t 05,5 u 05,1 | |
5,7 | 4,7 | 5,2 | |
0,43 | 0,42 | 1 | 0,51 |
19,5 | 27,2 | 42,5 | |
4 | 3 | 6 | 5 |
25 | 17,6 | 100 | 45,5 |
76 | 72 | 100 | 96,3 |
8 33 | 9 22 | 29297 | 36 125 |
E.A. Poe | Exode | Apocalypse | |
116 car. | 101 car. | 29297 car. | |
28 signes | 21 signes | 57 signes | |
• 19,0 e 14,7 h 6,9 w 5,2 o 5,2 t 4,3 | • 18,8 n 9,9 e 9,9 a 9,9 t 6,9 h 5,9 | • 19,4 e 10,1 t 07,9 h 07,0 a 06,5 n 05,9 | |
6,5 | 5,4 | 6,2 | |
0,41 | 0,48 | 1 | |
28,8 | 38,7 | 40,1 | |
4 | 5 | 6 | |
46,2 | 35,7 | 100 | |
95,3 | 88,7 | 100 | |
12 30 | 14 39 | 29297 |
Quelques précisions sur la composition du tableau :
Une première différence est prévisible : le texte du Carnet étant trois cents à quatre cents fois plus long que celui de T, C et M, rien d'étonnant à ce que l'alphabet de ce dernier soit entre le tiers et la moitié de l'autre ; s'il ne contient pas de caractère supplémentaire, trois signes présentent cependant des particularités :
Et la différence que l'on constate dans l'indice de diversité s'explique de la même manière.
Plus inattendues, les variations des fréquences des signes – qui sont normalement moins sensibles à la longueur du texte ; bien sûr, dans un passage assez court comme T, C et M, le sujet abordé peut avoir une influence importante (imaginons une lettre relatant un voyage de Zanzibar au Zambèze via le Zimbabwe) ; c'est particulièrement net dans la phrase du mur des Fermiers Généraux, dont les indices de parenté (3/6 pour les six premiers caractères, 72 % pour les fréquences) sont les plus bas de tous le lot ; mais le hamptonien s'en approche pour les fréquences (autour de 80 % pour C, T et M contre plus de 90 % pour les extraits de Poe et de l'Exode ) et va au-delà pour l'indice de proximité 6 : seul vv/pi est commun aux deux listes des six lettres les plus fréquentes de M et du Carnet .
Le constat est de même nature pour l'écart-type et l'indice de Jaro-Winkler : la tendance est la même dans les textes en hamptonien que dans ceux des textes en anglais ou en français, mais avec une force accentuée ; ainsi, pour ce dernier indice, les quatre textes en langue naturelle varient de 0,4 à 0,45 alors que C, T et M tournent autour de 0,3.
Mais le trait le plus surprenant vient sans doute des n-grammes. Si la différence de longueur entre les textes exclut la comparaison du nombre de n-grammes à l'intérieur de chacun, il est possible de chercher, pour deux textes donnés,
Autant les résultats des textes en anglais ou français paraissent logiques (les 39 tétragrammes de l'Exode dans l'Apocalypse traduisent la proximité des deux extraits de la KJV , les autres groupes affichant des valeurs moindres, de 33 à 22), autant ceux des textes en hamptonien montrent un éloignement inattendu de C, T et M avec le Carnet : la chaîne de signes la plus longue ne dépasse pas quatre caractères (contre 8 à 14 pour les textes en anglais ou en français) ; et encore C et T n'ont-ils qu'un tétragramme commun avec le Carnet (A- Ki Ki vv), qui ne se rencontre qu'une fois (en p106 à la ligne 18). Certes, la présence de caractères indécidables et de taches peut avoir fait disparaître quelques n-grammes, mais l'écart est trop grand pour être justifié ainsi. Comment expliquer que des textes écrits à deux siècles d'intervalle dans des genres différents (comme la tragédie de Racine et le roman de Zola) aient plus de similitudes que deux textes du même auteur, dont l'un figure sur la couverture de l'autre ? Si l'on admet que les textes de James Hampton ont une signification (et il me paraît raisonnable de le penser), la solution va dans le même sens que ce que faisait supposer l'ajout ou la substitution de T dans le texte de p10 : une écriture par idéogrammes ou au moins condensée, où un signe ne correspond pas à une lettre ou un son mais à un concept, une idée ou un individu.
Pour conclure cette nouvelle série d'analyses des écrits en hamptonien, on doit constater qu'elle n'en a pas percé le mystère, mais qu'elle a du moins permis de modifier le curseur des hypothèses
• en faisant reculer la possibilité d'une substitution (même homophonique) ou celle d'un chiffrement du type Vigenère (incompatibles avec la fréquences de certains signes) ;
• en renforçant la probabilité d'un texte pourvu de sens (variantes de p9, p10 et de la couverture) ;
• en suggérant à plusieurs reprises qu'il s'agit soit d'une langue particulière (en partie glossolalique, peut-être révélée), soit d'une écriture mixte comprenant une vingtaine de signes alphabétiques (lettres ou sons de l'anglais ou du gullah) et trente à quarante signes de type idéogrammes .
La possibilité de déchiffrer le texte apparaît donc hautement improbable, et, une fois encore, c'est sans doute le mieux.
NB- Ce qui n'interdirait pas d'entreprendre une nouvelle série d'analyses si un nouvel angle d'approche apparaissait.(cc)