♣_______Page mise à jour le 11 mars 2018 vers 21h20 TUC |
Traduction des notes prises par les secrétaires de Joseph Smith les 22 et 23 mai 1844, comprenant entre autres les propos tenus par des Amérindiens de la nation Sauk et Meskwaki (1) venus lui rendre visite.
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Mercredi 22 mai 1844
À la maison, en train de guetter, car les officiers de police venus de Carthage étaient à ma recherche (2).
À dix heures du matin, une quarantaine d'Indiens sont venus devant la Résidence (3). Quatre ou cinq à cheval, parmi lesquels il y avait le frère de Faucon noir (4), Kiskishki, etc. J'ai dû leur envoyer un mot leur disant que je ne pouvais pas les voir maintenant. Ils ont dressé leur camp l'après-midi dans la Chambre du Conseil. Cette nuit, de service avec la police, car des individus rôdaient dans les environs. Loveland (5) et d'autres. Journée très agréable.
Jeudi 23 mai 1844
Avec ma famille à lire de l'hébreu avec Neibaur et à discuter avec divers amis. Emma va un peu mieux.
10 heures, réunion du Tribunal municipal sous la présidence de N. K. Whitney ; mais, comme le quorum n'était pas atteint, ajournement à la semaine prochaine.
À une heure de l'après-midi, j'ai eu une conversation avec les Indiens Sauk et Meskwaki dans mon arrière-cuisine. Ils m'ont dit : « [Joseph,] vous êtes un grand chef. Nous sommes les fils d'hommes et de prêtres aussi grands qu'il y en a jamais eu parmi les habitants de cette terre. Vous prêchez beaucoup ce que l'on appelle le Grand Esprit, vous êtes aussi grand et bon que nos pères le veulent. Notre culte est différent, mais nous sommes aussi bons que tous les autres hommes. Avant que notre nation ait fréquenté les hommes blancs, ils étaient des hommes aussi grands qu'il en a jamais vécu sur la rivière. Maintenant, ils vivent sur le territoire de Desmoines (6). Il y a vingt ans, il y avait six mille des nôtres ; maintenant, nous sommes une petite nation. Trois villes, deux pas au-delà d'hier. Ils parlent avec le grand esprit. Cette terre nous a appartenu. Neohope est un de nos hommes essentiels. Nous souhaitons être amis avec tous les hommes. Nos chefs ont eu tort de vendre notre pays.
« Le frère de Faucon noir, Maquisto, de la nation des Meskwaki, est vénéré sur ce morceau de terre. Quand nos Pères sont venus ici, le pays était habité par les Espagnols. Quand ceux-ci ont été chassés, les Français sont venus, puis les Anglais ; et les Américains parlent beaucoup avec le Grand Esprit. Nous sommes d'une couleur différente, mais il n'y a pas de différence. Nous sommes tous des hommes bons. Un autre a dit que nous avons vu beaucoup de plaisir sur ce morceau de terre. Nos pères sont vénérés sur ce morceau de terre. Les Anglais étaient très amicaux. Ça se passait bien. Nous avons chassé une nation qui était sur leur rivière. C'est le meilleur pays que nos pères aient jamais vu. Les pères des deux vieillards étaient prêcheurs. Ils voulaient que Joseph soit aussi bon qu'eux. Les deux nations sont sœurs. Ils voulaient que Joseph dise la vérité, qu'il soit notre grand chef. Les hommes blancs portent des chapeaux. Les Indiens sont nus. Anglais, Français, Indiens, tous sont frères. N'envisagez pas de vivre longtemps. Ne vous souciez de rien, seulement de quelque chose à manger, etc. Visite amicale. Deux jours. Le chef Sauk a de nouveau vendu leurs terres et ils iraient dans le Missouri dans deux ans. Nous sommes très pauvres. Les Blancs nous trompent. Mais il n'y a pas de différence, peu de temps à vivre. Nous voulions vous faire savoir que nous étions un peuple chrétien ».
J'ai répondu : « Nous savons que vous avez été lésés, mais nous avons acheté cette terre et l'avons payée avec notre argent. Je vous conseille de ne plus vendre de terre. Cultivez la paix avec tous les hommes, avec les différentes tribus. Le Grand Esprit veut que vous soyez unis et que vous viviez en paix. J'ai trouvé un livre (et j'ai montré le Livre de Mormon ) qui m'a parlé de vos pères (7), et le Grand Esprit m'a parlé (8). Vous devez l'envoyer à toutes les tribus que vous pouvez et leur dire de vivre en paix et, quand l'un d'entre nous vient vous voir, le traiter comme nous vous traitons. »
À trois heures de l'après-midi, les Indiens a commencé une danse de guerre devant mon ancienne maison (9). Nos concitoyens ont commencé à jouer de la musique et tirer au canon. Après la danse, qui a duré environ deux heures, les tirs de canon ont clos l'exercice, et avec notre musique nous sommes revenus vers le bureau. Avant qu'ils ne commencent à danser, les Saints ont collecté neuf dollars quarante-cinq cents pour leur procurer de la nourriture. Juste après le début de la danse, A. A. Lathrop (10) est venu voir mon secrétaire, le docteur Richards (11), et lui a dit qu'un officier de police était en route, avec un document pour lui ; il était venu de Carthage en deux heures et demie pour apporter la nouvelle. Le docteur Richards est venu chez moi et y est resté toute la nuit. Aaron Johnson est arrivé de Carthage et a dit que Foster avait juré que j'avais juré la déclaration sous serment qui avait permis l'arrestation de Simpson, etc. J'ai chargé Johnson et Rockwell d'aller à Carthage le matin et de l'accuser de faux témoignage, parce que je n'ai jamais juré pour cette plainte (12).
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Notes ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ | |||
(1) Sauk et Meskwaki est le nom officiel actuel de la nation issue de deux tribus, appelées ordinairement (comme dans le texte anglais) Sac and Fox. Ces deux tribus se désignent dans leurs langues (deux dialectes algonquins)
À l'origine, elles semblent avoir vécu au Canada, le long du Saint-Laurent [1]. | |||
Mais la poussée des Iroquois les rejeta au-delà du lac Michigan [2a=Sakiwaki/ 2b=Meskwaki], puis celle des Hurons, vers l'Illinois et l'Iowa [3]. En 1804, elles vendent leurs terres aux États-Unis ; après le traité de 1815, elles vont dans le nord-est de l'État du Missouri [4] ; en 1824, elles sont déplacées dans la Platte Valley [5] puis, en 1831, vers le Mississippi [6]. En 1832, le chef Sauk Makataimeshekiakiak (ce qui signifierait sois le faucon noir, simplifié en Black Hawk ) entre en guerre contre les États-Unis ; après sa défaite à Bad Axe River [7], les survivants (moins de deux cents personnes) sont déplacés à plusieurs reprises, jusqu'au Kansas [8], dans les années 1840 ; pour ceux qui s'adressent à Joseph Smith, le dernier déplacement datait de 1843. Par la suite, les deux tribus seront confinées en partie dans une réserve de l'Oklahoma, en partie dans le Nebraska. | |||
Aujourd'hui [placer le curseur sur la carte pour afficher l'état actuel ], leur descendants se trouvent essentiellement
NB- Les informations précédentes (et les localisations sur la carte) doivent être regardées comme indicatives, car
(2) Le combat policier et judiciaire qui aboutira à l'emprisonnement de Joseph et Hyrum Smith avait déjà commencé entre les Mormons et leurs adversaires (notamment certaines autorités de Carthage, chef-lieu du comté de Hancock où se trouve Nauvoo). (3) Depuis septembre 1843, la famille Smith habitait Mansion House ; voir Fin de soirée mondaine [⇒]. (4) HoC corrige en Black Hawk le manuscrit du journal qui a Blakhook (= crochet noir). (5) Il s'agit certainement de Chester Loveland, capitaine dans la Légion de Nauvoo, cité ici parce qu'il faisait partie de la police, pas des rôdeurs. (6) Des Moines est la capitale de l'Iowa. (7) Selon le Livre de Mormon, les Amérindiens sont les descendants de Laman, fils de Lehi (conduits par Dieu de Jérusalem en Amérique au VIème siècle avant notre ère). (8) La traduction du Livre de Mormon est considérée comme une révélation de Dieu faite à Joseph Smith. (9) Old House, celle qu'habitaient les Smith de l'autre côté du carrefour, avant d'emménager dans la Résidence. (10) Le Journal de Joseph Smith ne mentionne pas son nom (quelqu'un) ; en dehors de ce passage, il n'est question de lui qu'une fois dans HoC : en octobre 1843, Joseph Smith lui avait envoyé William Clayton pour lui emprunter cinquante dollars dont Smith avait besoin « pour racheter une propriété valant cinq mille dollars à Rhodes. » Mais Lathrop avait refusé, et Joseph Smith avait regretté avec amertume que « les frères fassent preuve d'un esprit aussi avare, alors qu'ils affirment être guidés par les révélations que le Seigneur leur donne à travers moi. » Finalement, Joseph Smith s'était engagé à rembourser Lathrop dans les quarante-huit heures, et celui-ci avait prêté l'argent. (11) Willard Richards était effectivement aussi médecin ; en tant que secrétaire de Joseph Smith, c'est lui qui tenait son journal, à cette époque-là. (12) Il s'agit là d'une suite de l'affaire Sympson-Badham-Smith, à laquelle est consacrée cette page [⇒]. |