♣_______Page mise à jour le 12 mars 2018 vers 00h10 TUC |
A} traduction d'une lettre d'Alexander Sympson publiée le 7 février 1844 dans le journal Warsaw Message______et précédée ici d'une (courte) biographie de l'auteur ;B} tableau synoptique mettant en parallèle le récit des événements tels qu'ils sont présentés• d'une part dans cette lettre d'A. Sympson • et de l'autre dans les déclarations de Joseph Smith (notamment son discours du 26 mai) ; C} Annexe I___qui essaie d'en faire la synthèse et d'en dégager une interprétation ;D} Annexe II.__consacrée aux affidavits ;E} Annexe III__rapportant une anecdote assez caractéristique de l'esprit et l'humour mormons. |
A} Lettre d'Alexander Sympson au…Le bandeau ci-contre est une reconstitution simplifiée. NB- Le texte original de la lettre figure notamment ______sur le site d'Oncle Dale à cette adresse. [⇒] |
Biographie d'Alexander Sympson Les informations ci-dessous proviennent essentiellement de quatre sources :
Il en ressort qu'Alexander est né de William Sympson et Rebecca Clendenin le 8 novembre 1807 dans le comté de Green (Kentucky), en même temps qu'un jumeau prénommé Samuel, dans une fratrie qui comptera au total quatorze enfants nés entre 1790 et 1816. Dans son enfance, il est l'un des meilleurs amis du jeune Abraham Lincoln. Puis la famille quitte le Kentucky ; en 1829, il épouse Nancy Caster et, en 1837, vient s'établir dans l'Illinois comme fermier, sur une terre donnée à un certain Thomas Kenney, en récompense de son engagement dans la guerre de 1812. Il tient ensuite un hôtel à Monmouth (à quelques dizaines de kilomètres de Nauvoo). Tels sont les éléments connus pour la période précédant la publication de la lettre. Plus tard dans l'année, à une date exacte inconnue, il va s'établir à Carthage ; fin mars, il y attaque en justice Joseph Smith (voir la note (18)) ; le 26 juin, il accompagne l'officier de police Bettisworth (de Carthage) pour se faire remettre les prisonniers (Joseph et Hyrum Smith, ainsi que trois autres Mormons), mais le gardien de la prison refuse. Le 29 juin, le shérif Backenstos (de Nauvoo) le cite parmi les (nombreux) participants à l'émeute au cours de laquelle les frères Smith sont tués. Plus tard encore, dans les années 1855, il devient major dans la milice locale et reçoit à plusieurs reprises Abraham Lincoln quand celui passe à Carthage pour des campagnes électorales. En 1861, il est engagé volontaire dans les troupes de l'Union, durant la guerre de Sécession. Il meurt le 15 août 1867, laissant au moins un fils (Coleman) et une fille (Mary). |
Un autre Outrage Mormon
Au directeur du Message de Warsaw (1) :
Cher Monsieur,
Dans les colonnes de votre journal, je tiens à faire une relation complète et exacte d'un événement à propos duquel j'ai été confronté au prophète mormon, Joseph Smith, à Nauvoo. Je sollicite votre patience pendant que j'en expose les détails, car je veux que cet événement parvienne aux yeux du monde sous ses vraies couleurs.
Le 17 du mois dernier, j'ai été abordé dans le magasin de Mr Davis (2), commerçant de la place, par un Mr Roundy (3) de Nauvoo me demandant de venir immédiatement rencontrer le Prophète chez lui, parce qu'il avait une affaire importante à traiter avec moi. Je lui ai demandé s'il savait ce qu'il me voulait – il m'a répondu qu'il ne le savait pas. Je suis allé avec lui pour voir ce que me voulait le prophète. En arrivant chez lui, on nous a dit qu'il était parti à sa ferme dans la campagne. On m'a alors demandé d'aller voir un certain M. Phelps (4) qui était son secrétaire ; il pourrait certainement me dire ce qu'il voulait.
Quand j'arrivai chez Phelps, il ne put rien me dire sur l'affaire pour laquelle on m'avait envoyé chez lui. Je suis alors allé à l'Hôtel du Bateau à Vapeur (5), où j'étais descendu ; j'y ai pris mon repas, et revenais à mon travail dans le bureau du Dr R. D. Foster (6), près du temple. En chemin, je fus de nouveau accosté par ce M. Roundy, qui m'a informé que le prophète avait transmis l'affaire à un certain colonel Dunham (7), et qu'il m'attendait à son bureau, et qu'il souhaitait que je vienne le voir immédiatement. J'ai de nouveau demandé s'il savait ce qu'il voulait ; il m'a assuré qu'il n'en savait rien.
Nous sommes allés au bureau. Dunham n'était pas là ; après avoir attendu et cherché Dunham pendant une heure environ, je lui ai dit que je pouvais pas rester plus longtemps. Il m'a dit : « Attendez encore quelques minutes, j'ai envoyé chercher Dunham, et je vois l'homme que j'ai envoyé traverser la rue en courant : c'est certainement qu'il l'a vu, et qu'il sera ici avec lui dans quelques minutes. » J'ai donc attendu quelque vingt ou trente minutes ; comme ils ne revenaient pas, je lui ai dit que je devais partir, qu'il n'avait qu'à dire à Dunham qu'il pouvait me trouver au bureau du Dr Foster à tout moment ce soir-là.
Je me préparais à partir quand il m'a dit : « Vous ne pouvez pas rester plus longtemps ? je dois alors vous informer que je dois vous arrêter au nom du peuple de l'État de l'Illinois. » Je lui ai demandé pourquoi il ne m'avait pas parlé ainsi dès le début, et de ne pas jouer avec moi de cette façon ; « et où est votre autorité et pour quelle raison suis-je détenu ? » Il a répondu qu'il n'avait pas reçu d'ordre, qu'il était officier de police et que, selon les ordonnances de la ville, il pouvait m'arrêter aussi bien sans qu'avec un ordre ; et que j'étais accusé de tentative de meurtre et de vol sur la personne de M. Badham (8), qui habite à une dizaine de kilomètres de la ville, sur la route de Carthage ; et que le prophète (et maire) lui avait dit ce matin de m'arrêter.
J'ai demandé qui avait porté plainte. Il m'a dit (9) qu'[il] était au bureau de Monsieur Johnson (il était maintenant trois heures de l'après-midi) et j'ai demandé les papiers. Il (Johnson) m'a montré une déclaration sous serment et un mandat d'arrêt en blanc, et a dit qu'il avait eu l'ordre de rédiger ces papiers ce matin, et qu'un M. Dunham venait de quitter le bureau pour trouver un homme qui devait prêter serment pour les compléter ; et que, s'il ne pouvait pas le trouver, il reviendrait jurer lui-même. J'ai vu que, si Dunham pouvait recruter un homme pour jurer un f–tu mensonge, il le ferait, mais que sinon, il ferait lui-même la besogne.
À ce moment, il y a eu plusieurs personnes appelées pour voir le prisonnier. J'ai parlé librement des procédés employés, et du pouvoir usurpé par le prophète ; ce qui n'a pas vraiment plu. Le prophète a été appelé pour mettre les choses au point. Il m'a dit pourquoi il m'avait appréhendé : qu'on lui avait dit j'étais l'homme, et il pensait que c'était son devoir de maire de me faire juger ; et qu'ils avaient le droit d'arrêter un homme sans mandat dans cette ville ; et il m'a dit « M. Sympson, vous savez que je suis un homme qui ne garde rien par-devers lui. M. Badham vous a vu, et il dit que vous êtes en tous points l'homme qui l'a poignardé et dépouillé ; et il m'a dit de vous arrêter – ce que j'ai fait. »
J'ai été détenu de force jusqu'à sept heures, ou un peu plus tard. Ni Dunham, ni l'homme qui était allé le chercher n'étaient encore revenus. Le Prophète Smith a alors fait une déclaration sous serment, qu'il croyait réellement que j'étais l'homme qui a poignardé et volé M. Badham, le dix décembre dernier (ou dans ces environs). Le mandat a été signé et exécuté à sept heures et demie du soir. Nous sommes allés ensuite au tribunal. Monsieur R. D. Foster (10) a été appelé pour assister Monsieur Johnson. M. et Mme Badham et le prophète, Joseph Smith, ont prêté serment au nom de l'État (11) M. Badham a été interrogé en premier.
Monsieur le colonel Higbee (12) le (13) désigna du doigt et demanda :
Je lui ai alors demandé s'il m'avait déjà vu auparavant. Il a dit qu'il ne se souvenait pas de m'avoir vu. Je lui ai demandé s'il avait envoyé au Prophète une déclaration affirmant qu'il m'avait vu, que j'étais l'homme qui avait commis l'acte, et qu'il voulait que je sois arrêté.
Réponse – NON, JAMAIS !
Mme Badham a assuré que je n'étais pas l'homme, et que je ne lui ressemblais en rien. Venant alors à la barre, Sa sainteté (14), le prophète, a demandé à raconter sa propre histoire sans qu'on lui pose aucune question. Après qu'il a eu terminé, j'ai fait savoir à la cour que je voulais poser quelques questions au témoin. L'autorisation m'en a été accordée.
Q. – Croyez-vous, si peu que ce soit, en ce moment, que je suis l'homme qui a commis l'acte dont je suis accusé ?
R. – Non, monsieur, je ne le crois pas actuellement, et je ne l'ai jamais cru !
Q. – Pourquoi l'avez-vous juré dans votre déclaration ?
R. – Je ne l'ai pas juré !
Je répondis : vous l'avez fait, monsieur. Il dit qu'il ne l'avait pas fait. Je lui dis à nouveau qu'il l'avait fait. La déclaration a été ensuite lue, et il a vu trop clairement que la déclaration n'était pas d'accord avec son témoignage dans l'affaire. Il dit, en tendant la main vers Monsieur Johnson qui venait de lire la déclaration sous serment : Donnez-moi ce papier. Le tribunal a hésité. Il a renouvelé sa demande ; il a dit qu'il en avait le droit ; que c'était à lui, et que ç'avait été rédigé dans des termes plus forts que ce qu'il avait l'intention de jurer.
M. Higbee, mon avocat, a déclaré qu'il espérait que le tribunal ne le lui donnerait pas ; que c'était une partie du dossier, et qu'il (Smith) n'y avait aucun droit.
Smith a dit alors que ce n'était pas ce qu'il avait juré ; qu'il l'avait signé, mais que le serment ne lui avait pas été demandé. (C'est-à-dire entre lui et son juge, Monsieur Johnson) (15).
Smith a poursuivi en disant que ce qu'il avait fait l'avait été par amitié envers moi – qu'il savait que je serais acquitté honorablement, et que je m'en trouverais mieux que jamais auparavant !!!! (Que le Seigneur me délivre de tels amis !!)
J'ai alors été acquitté par les magistrats.
Ensuite, j'ai fait savoir à Monsieur Johnson que je voulais une copie des documents, et lui ai demandé d'en faire une copie et de la certifier ; il y a consenti à contre-cœur. Mais après l'avoir contacté plusieurs fois pour obtenir ces papiers, il m'a dit que je ne pouvais pas en disposer. Je lui ai demandé ses raisons pour ne pas m'en donner une copie, et il m'a répondu qu'il n'avait pas à me donner ses raisons (16).
Je destinais ces documents (17) à la publication, et je n'ai pas le moindre doute que ses raisons sont qu'ils ne veulent pas que le public les voie ; mais j'espère pouvoir produire ces documents, un jour ou l'autre.
Dans tout ce qui précède, j'ai fait une narration exacte, complète et sans fard des faits tels qu'ils se sont produits, et je demande une lecture sincère dans une réflexion commune. S'agissant du préjudice que cela peut me causer là où je suis connu, je ne m'en inquiète pas. Mais je ne sais pas où je peux être envoyé, et si je devais jamais être montré du doigt comme quelqu'un ayant été naguère jugé dans l'Illinois pour tentative de meurtre et de vol, je vous en supplie, ne vous hâtez pas de me condamner, comme c'est trop souvent le cas dans ce pays. Dans le Kentucky, l'État où je suis né et où j'ai grandi, aucun de ceux qui me connaissent ne croirait cela une seule seconde. Je ne pense pas un seul instant qu'il y ait un homme dans l'Illinois, ou ailleurs, qui, me connaissant, peut douter un instant de mon innocence. Non – pas même le prophète immaculé lui-même ! Où ai-je été accusé et jugé ? A Nauvoo. Par qui ? Voyons ! par un homme se disant prophète du Seigneur, Joseph Smith. Considérez ne serait-ce qu'un instant son témoignage dans l'affaire : d'abord, dans son témoignage sous serment, il affirme croire en vérité que je suis l'homme qui a commis le crime – et trois heures plus tard, il jure devant une cour de justice qu'il ne le croyait pas alors et ne l'avait jamais cru ! Est-ce que cela ne se suffit pas à soi-même ?
Je n'ai qu'une demande à présenter au public – et c'est celle-ci : examinez et étudiez cette affaire, et ensuite décidez de la crédibilité de l'accusation portée par Smith, mon accusateur. Faites-le, et je ne crains pas le résultat. J'ai l'intention de porter l'ensemble de la question devant une cour de justice loyale (18). Nous devons savoir qu'il n'a pas à jurer ce qu'il veut et s'en tirer en toute impunité. Prophète (comme il prétend l'être), il doit s'avancer jusqu'au champ (19)
Bien à vous,______ALEX. SYMPSON (20)
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Notes ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ (1) Warsaw est (avec le chef-lieu Carthage et Nauvoo) l'une des principales agglomérations du comté de Hancock ; c'était aussi l'une de celles où le sentiment anti-mormon était le plus vif. (2) Il s'agit d'Amos Davis, venu s'installer à Commerce (ancien nom de Nauvoo) en 1836, avec diverses activités commerciales (dont une épicerie et une taverne). Baptisé en 1840. En 1841, une révélation reçue par Joseph Smith (D&A, section 124) ordonnait 111 — […] que mon serviteur Amos Davies verse des actions entre les mains de ceux que j'ai désignés pour construire un hôtel, la Maison de Nauvoo. 112 — Et qu'il fasse cela s'il veut avoir un revenu ; et qu'il écoute les instructions de mon serviteur Joseph et travaille de ses propres mains, afin d'obtenir la confiance des hommes. (traduction affichée par le site lds.org ) (3) Shadrach Roundy avait aidé les Mormons fuyant le Missouri à s'installer dans l'Illinois. A Nauvoo, membre de la Légion (et de la Loge maçonnique), il était lieutenant de la police recrutée par Joseph Smith en décembre 1843 (le quatrième dans la hiérarchie, sous les ordres du « capitaine » Dunham). (4) D'autres pages ont donné l'occasion de rencontrer William Wines Phelps, l'un des dirigeants mormons d'Independence avant leur expulsion du comté de Jackson, imprimeur officiel de l'Église. Excommunié en 1838 (en même temps que Oliver Cowdery et David Whitmer), il s'était réconcilié avec l'Église en 1841. En 1843, il est nommé secrétaire de Joseph Smith, et assistant de John Taylor pour la publication des journaux mormons (Times & Seasons, Nauvoo Neighbor ) aussi bien que de Willard Richards pour la rédaction de HoC. (5) Le nom semble assez répandu (un peu comme l'hôtel de la Gare sous d'autres cieux), mais je n'ai pas trouvé d'information sur celui de Nauvoo. (6) De lui aussi il est question dans plusieurs autres pages de ce site, et notamment à propos de son article dans le Nauvoo Neighbor [⇒]. Médecin de profession, c'était un Mormon de relativement fraîche date – qui n'avait connu ni Kirtland ni le Missouri, mais avait été baptisé et ordonné Aîné en 1839 à Nauvoo. En 1841, la suite de la révélation citée dans la note (1) le visait : 115 — […] si mon serviteur Robert D. Foster veut obéir à ma voix, qu'il bâtisse une maison pour mon serviteur Joseph, selon le contrat qu'il a fait avec lui, selon que la porte lui sera ouverte de temps en temps. 116 — Qu'il se repente de toute sa folie, se revête de la charité, cesse de faire le mal et mette de côté tous ses durs discours. […] 119 — Et il s'en trouvera bien pour toujours et à jamais. J'ai dit. Amen. (traduction affichée sur le site lds.org) Il est ensuite devenu chirurgien de la Légion de Nauvoo, régent de l'Université et (bien sûr) membre de la Loge maçonnique de Nauvoo. Mais ses rapports avec Joseph Smith et ses fidèles se sont rapidement détériorés. Quelques mois plus tard, il sera excommunié, en même temps que les frères Law, qu'il suivra dans leur tentative de créer une Église concurrente. NB– le bureau de R. D. Foster dont il est question ici n'était vraisemblablement pas son cabinet médical, et Alexander Sympson est très discret sur la nature de son travail chez ou pour Foster. (7) Jonathan Dunham avait été baptisé, ordonné Aîné et nommé au Collège des Soixante-dix en 1836. Il avait ensuite mené des missions auprès des Amérindiens, et dirigé les troupes mormones au Missouri (avant la guerre de 1838). À Nauvoo, il est à la fois colonel (puis général) dans la Légion, capitaine de la police municipale et chef des policiers recrutés en décembre 1843 (dont fait partie S. Roundy). (8) Né en 1794 en Angleterre ,Richard Badham avait une ferme dans les environs de Nauvoo. On trouvera au début du tableau B} le récit de l'agression dont il avait été victime. (9) Toute la fin du paragraphe est bizarre :
(10) Ainsi, l'assesseur du tribunal chargé de juger A. Sympson est-il son propre employeur. Mais comme le juge Aaron Johnson, de son côté, est membre du Collège des Soixante-dix, a été ordonné grand prêtre et est (selon une chronique familiale) « un ami dévoué » de Joseph Smith, on reste entre soi… (11) Autrement dit, comme témoins de l'accusation. (12) Francis Marion Higbee était avocat (d'où son intervention) mais aussi aide-de-camp dans la Légion de Nauvoo (d'où le titre de colonel). Son frère Chauncey avait été excommunié en 1842 ; lui-même sera de la charrette qui devait emporter les frères Law et Foster en avril-mai. (13) Le texte anglais a bien Col. Higbee, Esq., pointed out to him . Or il n'y a aucune raison pour que Higbee désigne du doigt Badham, à qui il s'adresse. Sympson reprend-il ici un compte-rendu d'audience en oubliant de changer la personne grammaticale ? (14) On peut rappeler que Joseph H. Jackson utilisera la même expression (His Holiness ) dans son article du Warsaw Signal (de début juin) et dans ses Aventures… (publiées en 1846). Dans le même ordre d'idées, le poème satirique dénonçant le système des « épouses spirituelles » (publié dans le même numéro du Warsaw Message que cette lettre et traduit sur ce site dans cette page [⇒]) le désigne une fois comme « notre Pape (our POPE). (15) Le début du paragraphe est clair, mais pas la fin : selon l'original, Joseph Smith aurait déclaré que the oath was not administered to him . Faut-il comprendre qu'il a signé une simple déclaration sans serment ? ou que ladite déclaration a bien été faite sous serment mais par quelqu'un d'autre ? Et que recouvre exactement la parenthèse finale : with him and his Justice ? s'il s'agit de dire que le juge Johnson ne l'avait pas fait jurer, la tournure est étrange : d'abord, elle ne fait que répéter la phrase précédente ; ensuite, on peut s'interroger aussi bien sur la valeur de with que sur l'emploi de his, qui ne pourrait être qu'ironique. (16) On peut hésiter entre comique de répétition et mise en abîme. (17) Le seul document crucial est la déclaration sous serment de Joseph Smith. On pourra observer que Sympson ne la reproduit pas, même en résumé (il indique seulement qu'elle a été lue par le juge Johnson). Quant à la version des faits qu'en donne Joseph Smith dans son sermon du 26 mai, elle n'est pas de nature à éclairer la question (voir dans cette page [⇒]). (18) (18) À la fin du mois de mars, lorsque le Tribunal de District (Circuit Court ) siégera à Carthage, Sympson déposera plainte contre Joseph Smith pour dénonciation calomnieuse et faux témoignage, mais en demandant que le procès soit délocalisé à Quincy. La mort de Joseph Smith mettra fin à cette action (comme à plusieurs autres). (19) Les tout derniers mots ne sont pas clairs : he must walk up to tract . Qu'on lise {walk up} to tract (monter vers…) ou walk {up to tract} (marcher jusqu'à…), la signification de tract pose problème (à titre indicatif, c'est le seul exemple de cette expression référencé aussi bien par Google que par Bing ). À moins d'y voir une coquille pour track (mais l'image n'est alors guère plus satisfaisante). (20) Sympson ou Simpson ? Les quatre documents mentionnés dans la biographie écrivent SYMPSON, comme dans le journal ; mais quelques sources extérieures ont SIMPSON. Le cas de HoC est plus complexe ; on trouve en effet
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NB- Le texte de History of the Church (désigné ici par HoC ) ___peut être consulté notamment à cette adresse [⇒]. Carte schématique des lieux évoqués___a a a dans l'affaire Sympson-Badham-Smith_____ NB- l'ensemble de la zone située dans l'Illinois fait partie du comté de Hancock Pour faciliter la présentation et la lecture,
Ⓑ AS désigne Alexander Sympson et JS, Joseph Smith ; ___FH représente Francis Higbee et CH, son frère Chauncey ; ___RF désigne Robert D. Foster ; ___les autres sont désignés par leur patronyme ; ___l'abréviation d/s indique une déclaration sous serment _____(affidavit ) ; |
les faits implicites ou déplacés sont entre crochets.
vers le dix décembre 1843 Badham (qui a une ferme sur la route de Carthage) a été poignardé et volé. | (1) | nuit du 10 au 11 décembre 1843 deux inconnus viennent chez Richard Badham, lui volent quelques dollars, le menacent de mort et le poignardent au ventre ; dans la journée, il est soigné par le Dr Bernhisel. |
17 janvier 1844 [AS est à l'hôtel Steam Boat / interpellé chez Davis] [AS sera interpellé par Roundy] | (2) (3) (4) | un jour de l'hiver 1843-1844
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(6) (7) |
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| (8) | JS va voir le juge Johnson. |
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| (10) (11) |
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| AS se dit convaincu par la déclaration de JS. | |
[ultérieurement] | ||
23-24 mai - Johnson est au tribunal à Carthage ;
| α β (13) γ δ ε ζ |
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| ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Notes ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ (1) Les deux récits concordent pour l'essentiel. Une particularité cependant : HoC et le journal de Joseph Smith mentionnent deux agresseurs, alors que le même Joseph Smith dans son discours, tout comme Sympson dans sa lettre, ne parle que d'un ; il est surprenant que les Mormons n'aient pas cherché à savoir par Sympson (quand ils le croyaient ou disaient coupable) le nom de son complice, et que la suite n'en fasse jamais mention. (2) Si la date de l'agression dont Badham est victime est nette, celle de cette arrestation l'est beaucoup moins. Ⓐ Sympson, dans sa lettre, parle de On the 17th day of last month ; comme la lettre est parue dans le journal du 7 février, on peut penser qu'il s'agit du 17 janvier ; pourtant, il ne serait pas impossible que Sympson ait rédigé sa lettre plus tôt, fin janvier ; auquel cas les événements se placeraient en décembre (une semaine après l'agression) ; mais d'abord la police spéciale (où l'on retrouve notamment Dunham, Roundy et Lytle) a été créée le 29 décembre ; ensuite (et surtout) Joseph Smith mentionne Orrin Rockwell à deux reprises dans son discours ; or celui-ci n'est revenu du Missouri à Nauvoo que vers Noël. Le 17 janvier paraît donc logique. Ⓑ Du côté de Joseph Smith, la date est beaucoup plus vague (Last winter) ; mais ce qui surprend le plus, c'est qu'on ne trouve aucune mention de sa visite à la ferme, ce jour-là ; habituellement, son journal et HOC gardent trace de ses moindres déplacements ; mais, pour le 17 janvier (tout comme le 17 décembre précédent, d'ailleurs), il est noté qu'il a passé toute la journée chez lui, ce que confirme le journal de William Clayton. Les deux éléments les plus proches sont
(3) Il n'y a évidemment aucune allusion à ce début de récit dans la lettre ; puisqu'il s'agit de partir à la campagne, on peut penser que c'est dans la matinée – ce que semble confirmer le fait qu'Alexander Sympson parle de son déjeuner quelques heures plus tard. (4) Andrew Lytle et John Lytle étaient tous deux policiers municipaux, avant de faire partie (sans grade particulier) des quarante recrutés de décembre 1843. L' Annexe III rapporte une anecdote hors sujet mais qui les concerne. (5) La mention explicite de l'arrestation vers 15 h permet aussi de placer ces événements le matin, mais au moins une heure après le départ de Joseph Smith pour sa ferme. (6) Retour en cours ou fin d'après-midi ? (7) Dans son discours, Joseph Smith dit (en parlant de Joseph Jackson) he went and supped with me. Comme cet épisode a lieu avant la confrontation entre Sympson, Badham et Smith, il est probable qu'il s'agit de la fin de l'après-midi ou du tout début de la soirée. (8) L'arrivée de Joseph Smith chez le juge Johnson concorde dans les deux récits ; mais les explications que Sympson fait donner par Smith ne correspondent évidemment pas aux récits de ce dernier, qui affirme au contraire les avoir répétées sans modificiation devant le tribunal. (9) Dans le récit de Sympson, il y a deux lieux successifs : le bureau du juge Johnson puis le tribunal ; le récit de Joseph Smith n'indique pas ce changement, se bornant à un vague After a while. (10) L'ellipse est compréhensible dans le discours de Joseph Smith mais un peu déroutante chez Sympson, qui n'a nulle part donné précédemment la version des faits par Joseph Smith, et n'en donnera que des morceaux par la suite, quand il présentera les reculs successifs du Prophète. (11) Belle (et rare) unanimité. (12) Francis Higbee, aide de camp dans la Légion de Nauvoo et avocat de son métier, était encore membre de l'Église mormone, en janvier 1844 (il sera excommuné en mai). (13) Il s'agit de Chauncey Higbee, frère de Francis ; il avait été excommunié en 1842. |
À la lecture de la lettre de Sympson, on décèle facilement des enchaînements familiers : un subalterne qui croit devoir faire du zèle en l'absence du grand chef, une erreur de procédure qui entraîne des réactions mal maîtrisées – une tragi-comédie qui serait somme toute assez banale, s'il l'un des acteurs n'en avait pas été Joseph Smith, avec ce qu'il était et ce qu'on en pensait. Voici donc une chronologie possible des événements. Presque comme dans le tableau précédent, on trouvera
mais on trouvera aussi
Pour ce qui est de la chronologie : |
9 h 9 h 30 | un Anglais demande à Joseph Smith d'arrêter Sympson, en qui il voit l'agresseur de Badham ; Joseph Smith le renvoie aux juges et le laisse avec le policier Lytle. au lieu de l'emmener chez un juge, Lytle le conduit dans le bureau de la police spéciale ; là, l'Anglais redit ce qu'il a déclaré à Joseph Smith ; |
10 h | l'Anglais s'en va ; oubli des policiers ? faux bond de l'Anglais ? ce dernier ne confirme pas son accusation par une déclaration sous serment devant un juge. Les policiers se trouvent dans une situation délicate : difficile de demander un mandat d'arrêt (a writ ) tant qu'il n'y a pas de déclaration sous serment (affidavit ), mais impossible d'attendre sans bouger puisque Joseph Smith est au courant de l'affaire. |
11 h 30 12 h 30 13 h 30 15 h 17 h 30 18 h 19 h 19 h 30 19 h 45 20 h 20 h 30 21 h | Roundy va voir Sympson chez Davis, l'emmène chez Joseph Smith puis chez Phelps ; Sympson déjeune ; Sympson, sur le chemin du bureau de Foster, est abordé par Roundy et conduit dans le bureau de la police spéciale pour voir Dunham, qui est absent ; Sympson veut partir, Roundy le met en état d'arrestation ; Joseph Smith revient à Nauvoo ; discussion avec Joseph Jackson ; ils soupent ensemble ; dans le même temps, Sympson est conduit dans le bureau du juge Johnson où ils attendent le retour de Dunham ; Joseph Smith arrive dans le bureau de Johnson ; Johnson rédige la déclaration sous serment de Joseph Smith que ce dernier refuse de signer ; Johnson signe le mandat d'arrêt ; au tribunal : Johnson, juge et Foster, assesseur Sympson, accusé et Higbee, son avocat Smith et les Badham, témoins de l'accusation ; Badham puis sa femme innocentent Symspon ; Joseph Smith présente sa version des faits ; Joseph Smith affirme qu'il n'a jamais cru Sympson coupable ; discussion sur la déclaration sous serment de Joseph Smith ; Sympson est acquitté. |
Cette chronologie respecte la vraisemblance et satisfait aussi bien au récit de Sympson qu'à celui de Joseph Smith. Cela étant, l'affaire Sympson-Badham-Smith imbrique (assez logiquement) deux affaires différentes :
Ⓐ l'affaire Sympson-Badham ; elle est facile à résumer d'une façon que toutes les parties auraient pu accepter :
Accusé d'avoir agressé R. Badham dans sa ferme en décembre 1843, A. Sympson est arrêté et jugé ; au cours du procès, il est confronté avec les époux Badham, qui ne reconnaissent pas en lui le coupable ; A. Sympson est acquitté.
Ⓑ l'affaire Sympson-Smith
Elle naît en fait du premier mot de la phrase précédente, accusé : accusé par qui et comment ? Et c'est là que tout dérape, laissant plus ou moins en suspens deux points névralgiques :
a | Commençons par une ironie de l'histoire : pour décider Joseph Smith à intervenir contre Sympson, l'Anglais dit à Smith : « Il faut arrêter cet homme, ou bien il s'enfuira. » Or Roundy trouvera bien Sympson, par deux fois, mais c'est l'Anglais que Dunham sera incapable de retrouver ; | |
b | S'agissant du récit de Joseph Smith, on bute sur une alternative : | |
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Pour simplifier les choses, les tableaux- ci-dessus consisidèrent que l'Anglais avait reconnu en Sympson l'agresseur de Badham ; mais les propos exacts de Joseph Smith sont moins simples que cela. • la rencontre : l'Anglais vient chez Joseph Smith et demande à avoir a private conversation ; comme Smith refuse, l'Anglais rétorque : I demand one of you! (demand est plus fort que demander en français ; c'est plutôt exiger) ; et Smith d'expliquer à ceux qui écoutent son récit : Such a one I am bound to obey anyhow. Imaginons la scène : Joseph Smith prêt à partir avec ses enfants et, à ses côtés, son garde du corps, Orrin Porter Rockwell (l'Ange de la Vengance, qui vient de passer neuf mois dans une prison du Missouri pour tentative d'assassinat). Et le Prophète, Lieutenant Général de la Légion de Nauvoo et premier citoyen de la ville, se sent contraint d'obéir à un inconnu, étranger à plus d'un titre ? • la conversation : l'Anglais aurait dit « Je veux un mandat (a warrant ) contre l'homme qui a poignardé Frère Badham. » Et Smith d'ajouter que l'Anglais « a dit que c'était un homme qui était descendu chez Davis. Il a dit que c'était Mr Simpson. » | ||
l'identité de l'Anglais : dans la partie rapportée au discours direct, l'Anglais appelle Richard Badham Frère Badham, ce qui pourrait donner à penser qu'il est lui-même mormon ; comment Joseph Smith peut-il encore ignorer, plusieurs mois après l'affaire, le nom de ce Frère (dont il sait en revanche qu'il est anglais) ? On peut bien sûr envisager que Joseph Smith connaisse son identité, mais ne souhaite pas révéler son nom, pour le protéger après le fiasco de la dénonciation infondée ou pour toute autre raison. ___Petit bonus pour les esprits imaginatifs et les écrivaines en mal d'inspiration : et si le mystérieux inconnu était Sampson Avard – dont nous avons fait la connaissance à propos du Manifeste danite [⇒] ? ___Né dans les Îles anglo-normandes, Mormon à Far West pendant quelques années, parti s'installer à Edwardsville (dans le sud de l'Illinois) après son excommunication en 1839, il pouvait avoir un compte à régler avec Alexander Sympson (lui-même arrivé dans cet État deux ans plus tôt). Ainsi s'expliqueraient
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l'accusation : sur quoi l'Anglais se fonde-t-il pour accuser Sympson ? Les propos de Joseph Smith sont pour le moins flous : He said it was Mr. Simpson–it answered his description. = Il a dit que c'était Mr Simpson – cela répondait à sa description. Mais qu'est-ce qui répondait à la description de qui ? et comment l'Anglais le sait-il ?
___Là aussi, la présence de Sampson Avard apporterait quelques explications :
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c | À propos de Sympson, justement : sa lettre ne parle pas explicitement de cet Anglais (ce qui n'a rien de surprenant) ; mais en parle-t-elle indirectement ? on peut en effet s'interroger sur le sens d'une phrase qu'il prête au juge Johnson : a Mr. Dunham had just left the office to find a man that would swear to it; and if he could not find him, he would return and swear to it himself. Comme c'est de bonne guerre, Sympson interprète cette phrase (et en particulier les expressions mises ici en jaune) comme étant l'annonce de faux serments : un certain Mr Dunham vient de quitter le bureau à la recherche d'un homme [= n'importe qui] pour qu'il signe la déclaration [a faux serment] et, s'il ne peut pas en trouver un, il reviendra et la [= la déclaration de l'Anglais] signera lui-même [a faux en écriture]. un certain Mr Dunham vient de quitter le bureau pour trouver un homme [= l'Anglais] pour qu'il signe la déclaration [a oubli d'un policier] et, s'il ne peut pas le trouver, il reviendra et la [= quelqu'un a dit avoir reconnu l'agresseur en Sympson] signera lui-même [a chef couvrant l'erreur d'un subordonné] Mais l'équité oblige à faire état d'une autre interpétation possible, plus favorable à Dunham ; Bien sûr, une telle déclaration aurait eu moins de poids devant un grand jury (cf. l' Annexe II), mais elle aurait sans doute été suffisante pour qu'un juge bien disposé (comme A. Johnson…) signe un mandat d'arrêt, et elle n'aurait pas constitué un faux serment. Et ce qui est vrai au conditionnel pour Dunham l'est tout autant pour Joseph Smith – et à l'indicatif, comme le montre la suite. |
Tout aurait dû se passer comme Joseph Smith dit l'avoir indiqué à l'Anglais : celui-ci va voir un juge (ou un clerk assermenté) qui enregistre et valide sa déclaration ; après quoi un juge (éventuellement le même que précédemment), s'il estime les charges suffisantes, délivre un mandat d'arrêt (writ ) que la police est chargée d'exécuter en attendant la comparution devant un tribunal.
Dans notre affaire, le mandat sera signé vers 19 h 30 par le juge Aaron Johnson et exécuté sur le champ – il n'y a rien d'autre à dire de cette seconde partie de la procédure.
Mais auparavant, l'Anglais a disparu sans avoir signé d'affidavit ; c'est alors Joseph Smith qui s'en charge (ou en est chargé ?). Il est évident que cela change la donne, d'autant plus qu'à l'incertitude sur le contenu de la déclaration s'ajoute celle qui porte sur sa validité même.
En toute théorie, on a donc quatre possibilités correspondant aux deux alternatives :
________la déclaration est a Joseph Smith y déclare d | complète et dans les formes | incomplète ou non signée | Pour nous, l'une des difficultés est que nous ne disposons pas du document (déchiré ou brûlé selon les versions), et que ni Joseph Smith ni Alexander Sympson n'en donnent le contenu exact ; nous ne pouvons donc le reconstituer qu'à partir des réactions qu'il suscite chez les uns et les autres. • Les adversaires des Mormons sont constants : tous font état d'une version {A+}, pendant le procès à Nauvoo comme en mai à Carthage. | |
avoir reçu la visite d'un Anglais qui a accusé Sympson | {V+ | {V-} | ||
accuser Sympson | {A+ | {A-} |
En quittant J. Jackson, Smith lui dit qu'il va voir le juge Johnson et faire enregistrer ce que l'Anglais lui a dit. Arrivé chez le juge, il fait une déclaration (purement orale), demandant au juge de mentionner qu'il croyait Sympson innocent.
Cela correspond clairement aux versions {V}.
Le juge va ensuite rédiger l'affidavit et revient le lire. Joseph Smith refuse alors de le signer et dit à Johnson de déchirer le document.
Cette réaction ne peut s'expliquer que si le juge avait rédigé non pas la version {V} demandée, mais une version {A}.
Alors, qu'a fait Johnson entre le refus de JS et le procès ? Trois hypothèses semblent envisageables :
Il n'a bien sûr aucun répondant chez Alexander Sympson puisque les faits évoqués sont postérieurs de plus de trois mois à la lettre. Le seul recoupement possible se fait avec les notes du Journal de Joseph Smith (reprises dans HoC , et avec, pour certaines, un écho dans le Journal de sa mère Lucy Mack Smith).
NB- ici encore, le récit est en ocre, les commentaires, en jaune foncé.
Le terme affidavit peut avoir en anglais un sens plus large qu'en français. Pour ce qui nous occupe, il s'agit d'un document en deux parties reposant chacune sur un serment :
Bizarrement, la forme que peut prendre le document est variable d'un juge à l'autre et même d'une déclaration à l'autre chez un même juge.
NB- dans les exemples ci-dessous, la partie du déclarant est en bleu, celle du juge, en jaune foncé.
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Ⓐ la déclaration du juge peut suivre celle du déclarant : | |
Benj. A. Gallop, after being duly sworn, deponeth and saith : That […]. BENJ. A. GALLOP. Sworn to and subscribed before me, this 13th day of August, A. D. 1844. ROBT. F. SMITH, J. P. [L. S.] | |
___ou alors l'encadrer : | |
Personally appeared before me, an acting Justice of the Peace, in and for the county aforesaid, Alexander Barnes, and after being first duly sworn, deposeth and saith, that […] Sworn to and subscribed before me, this 13th day of August, A. D. 1844. R. F. SMITH, J. P.- [L. S.] | |
Ⓑ La partie du déclarant peut être à la première personne | |
We the undersigned citizens of the town of Dixon, county of Lee, State of Illinois, being duly sworn according to law, depose and say that we have seen […] | |
___ou à la troisière personne | |
On the 8th day of December, 1843, came Willard Richards and Philip B. Lewis before me, Joseph Smith, Mayor of said city, and after being duly sworn, depose and say that they have been informed […] | |
___ou parfois mêler les deux | |
[…] Harmon T. Wilson, who being sworn, deposeth and says : That in the latter part of the winter, and early in the spring of 1842, he had several conversations […] to which proposition I assented. | |
Ⓒ Un cas particulier : l'inclusion | |
Dans le cas où le déclarant rapporte les propos d'autrui, ces propos (eux) ne sont pas produits sous serment. Ainsi, quand Thomas Barnes déclare sous serment : John Finch, Esq., informed me that he was present and in company with Jackson when he (Jackson) was shot at; la véracité de la partie en italiques ne fait l'objet d'aucun serment, c'est une simple conversation. |
Dans le cas dont il est question dans cette page, si Joseph Smith jure qu'un Anglais lui a dit avoir reconnu en A. Sympson l'agresseur de R. Badham, il est visible que l'accusation proprement dite est portée par un anonyme qui n'était lié par aucun serment. C'est dire le peu de poids d'une telle déclaration, quelle que soit la confiance que l'on puisse accorder par ailleurs au déclarant.
Pour rester dans les affaires de police et de justice, voici la traduction d'un court extrait de HoC (l. 7, ch. XXXIV). En octobre 1845, deux policiers de Nauvoo, du nom de Harmon et Lytle (nous avons croisé ce dernier plus haut), furent jugés sous l'accusation d'avoir participé à la destruction de la presse du journal Nauvoo Expositor en juin 1844. | ||
Rollison était le principal témoin à charge, et il fit une relation détaillée de la manière dont le problème avait été résolu, et il déclara que M. Harmon était alors à la tête des forces de police. Quand on lui demanda si c'était Appleton M. Harmon ou Jesse P. Harmon, il répondit que c'était le policier ; et quand on lui dit que les deux étaient policiers, il se troubla et dit qu'il ne pouvait pas dire lequel c'était. On demanda alors au témoin s'il s'agissait de John Lytle ou d'Andrew Lytle. Il répondit que c'était le Lytle policier. Quand on l'informa que les deux étaient dans la police, il répondit que c'était le Lytle forgeron. Et quand on lui dit qu'ils étaient l'un et l'autre forgerons, il déclara ne pas pouvoir les identifier. Le jury les déclara « non coupables », et ils furent donc acquittés. | ||
De quoi rendre jaloux les Dupond-t (ces doublement faux Frères ). |