♣_______Page mise à jour le 11 mars 2018 vers 21h10 TUC |
Cette page contient la traduction de deux textes courts :
GENERAL JOSEPH SMITH'S APPEAL TO THE GREEN MOUNTAIN BOYS est un texte publié en décembre 1843 dans Times & Seasons (revue mormone). NB1- Ce texte peut se trouver en divers endroit sur Internet. On citera ici
C'est pourquoi la traduction ci-dessous a été faite (et les phrases non anglaises ont été recopiées) à partir de l'édition « officielle ». NB2- Pour améliorer la lisibilité,
NB3- Rappelons que la traduction entre parenthèses qui suit chaque phrase en langue étrangère est la traduction en français de la traduction anglaise figurant dans le texte de Times & Seasons – donc pas nécessairement celle de la phrase étrangère elle-même (indiquée éventuellement en note). |
Si j'étais chaldéen (2), je m'écrierais : Keed'nauh ta-meroon le-hoam elauhayauh dey-shemayauh veh aur'kau lau gnaubadoo, yabadoo ma-ar'gnau oomeen tehoat shemayauh alah. (Vous leur parlerez ainsi : Les dieux qui n'ont point fait les cieux et la terre / Disparaîtront de la terre et de dessous les cieux).
Si j'étais égyptien (3) : Su-e-eh-ni (Qui d'autre est-ce ?) ; grec (4) : Diabolos bassileuei (Le diable règne) ; français (5) : Messieurs sans Dieu (Gentlemen without God ) ; turc (6) : Ain shems (La fontaine de lumière) ; allemand (7) : sie sind unferstandig (Quelle ignorance !) ; syrien (8) : Zaubok (Sacrifice !) ; espagnol (9) : Il sabio muda conscio, il nescio no (Un homme sage réfléchit, pas un imbécile) ; samaritain (10) : Saunau ! (O Étranger !) ; italien (11) : Oh tempa ! oh diffidanza ! (O temps ! O méfiance !) ; hébreu (12) : Ahtauh ail rauey (Toi, Dieu, tu me vois) ; danois (13) : Hvnd tidende ! (Quelles nouvelles !) ; saxon (14) : Hwæt riht ! (Quel droit !) ; suédois (15) : Hvad skilia ! (Quelle habileté !) ; polonais (16) : Navyen-shoo bah pon na Jesu Christus (Béni soit le nom de Jésus-Christ !) ; indien de l'ouest (17) : She-mo-kah She-mo-keh teh ough-ne gab (L'homme blanc, ô l'homme blanc, lui très incertain) ; romain (18) : Procul, o procul este profani ! (Loin d'ici ! loin d'ici ! vous les profanes !). Mais tel que je suis, j'ajouterai seulement (19) : Quand le méchant domine, le peuple gémit. (20)
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(1) Les Green Mountain Boys étaient les soldats d'une milice locale du Vermont, fondée en 1760 par Ethan Allen (dont il sera question dans l'article B}), qui s'était illustrée durant la guerre d'Indépendance (sous la conduite d'Allen) puis la guerre de 1812 (sans lui). Joseph Smith était né dans le Vermont (à Sharon), et y avait vécu jusque vers douze ans. Mais la plus grand partie du texte de cet appel a été rédigée par William W. Phelps (voir l'article de Samuel Brown paru dans le Journal of Mormon History, Vol. 34, No. 1 [hiver 2008], pp. 26 - 62). (2) Le terme est ambigu : → pour l'Histoire, il désigne les habitants de l'empire central mésopotamien, dont le chef le plus connu fut Nabuchodonosor II (qui prit Jérusalem et en détruisit le Temple) ; → mais dans le domaine des langues (notamment bibliques), il désigne communément l'araméen ; c'est à ce dernier sens que se réfère Joseph Smith. Mes connaissances en chaldéen (ou même en araméen) ne me permettent pas de juger de ce texte, mais on y retrouve des graphies chères à Joshua Seixas, le professeur dont Joseph Smith (et d'autres Mormons) avaient suivi les cours d'hébreu à Kirtland (notamment gn et au ). Voici d'ailleurs la transcription du texte hébreu de ce verset, telle que la donne le site biblehub.com :
La traduction anglaise qu'en donne l'auteur suit le texte de la King James' Version pour le livre de Jérémie, chapitre 10, verset 11 – à l'exception du mot even , supprimé (il est en italiques dans la KJV, et Joseph Smith avait pour habitude d'omettre les termes en italiques). Ici, la traduction en français reprend le texte de Louis Segond. (3) À l'époque où il « traduisait » le Livre d'Abraham, Joseph Smith avait commencé une grammaire et un lexique de l'égyptien, rédigés par William W. Phelps et Warren Parrish. Selon Charles M. Larson, dans By His Own Hand Upon Papyrus (au chapitre 11 de la 4ème partie), la phrase égyptienne est tirée directement de cet Egyptian Alphabet and Grammar. (4) Deux remarques mineures sur le texte grec : 1- on attendrait l'article ο devant διαβολος ; 2- le verbe n'a qu'un σ : βασιλευει ; certaines éditions ont bssileuei, ce qui explique peut-être la confusion. (5) La traduction entre parenthèses est la traduction anglaise que l'auteur donne du texte français. Si le sens en est évident, l'origine de l'expression paraît obscure, tant en français qu'en anglais. (6) On trouve çeşme (avec un s doté d'une cédille) pour désigner la fontaine. (7) Un peu surprenant : Joseph Smith avait appris l'allemand depuis 1841 (avec Alexander Neibaur) ; dans son discours du 7 avril 1844, il se réfère à plusieurs reprises à sa vieille bible allemande et assure : « Les Allemands savent que je lis correctement l'allemand. » Pourtant, la forme exacte est unverständig (de verstehen, comprendre) - dans lesquelle, c'est vrai, le v se prononce f (et le ä comme é en français). Autre source d'étonnement : sur un site mormon en allemand consacré au Livre d'Abraham et où ce texte est cité, Sie sind unferstandig! est « retraduit » par (Welche vollendete Unwissenheit !) On peut enfin noter que la traduction anglaise du texte original a une forme grammaticale inusuelle et une double coquille, puisqu'on peut lire What consu mmat ignorance! quand on attendrait What a consummate ignorance! (8) Syrien ou syriaque ? (9) Seul sabio paraît vraiment espagnol : les deux articles définis doivent se lire el et les autres mots sont introuvables (conscio et nescio sont deux verbes latins signifiant je sais et je ne sais pas ). (10) Les habitants de la Samarie forment un peuple différent des Hébreux, même s'ils ont en commun le Pentateuque. Le dictionnaire mormon des termes bibliques mentionne que stranger est utilisé pour désigner les non Juifs séjournant en Israël – ce qui peut en effet correspondre à un Samaritain. Pour ce qui est de la langue, il existait un hébreu-samaritain (pour le culte) et un araméen-samaritain (pour la vie courante). Pas de trace de Saunau (on notera l'affection de l'auteur pour la diphtongue au quand il s'agit des langues orientales). (11) Tempa ressemble à un croisement entre l'italien tempi (pluriel de tempo ) et le latin tempora (même sens). Mais o tempora ! appelle bien sûr o mores ! , remplacé ici par ce qui est (en italien standard) diffidenza. (12) Il est un peu étrange que l'hébreu vienne si tard (ou si tôt). Mais cette expression appelle trois remarques : • la première est banale : il s'agit d'un extrait du Livre de la Genèse, chapitre 16, verset 13. L'expression citée par Joseph Smith reprend exactement la traduction de la KJV ; • la seconde a trait à l'insertion de l'expression dans le verset lui-même, et là, les choses se compliquent un peu. En effet, Agar (ou Hagar), la servante de Sarah et d'Abraham, vient de recevoir la visite d'un ange et remercie Dieu ; en s'inspirant de la version d'André Chouraqui, on peut traduire le début du verset par Elle crie le nom du Seigneur qui lui parle : – suit la citation, qui est donc à la fois un nom propre (ou un titre), celui qu'Agar donne à Dieu, et une proposition simple (Toi, Dieu, tu me vois ) ; c'est pourquoi certains traducteurs conservent tels quels ces trois mots hébreux. Voici un tableau synoptique de divers traitements :
• la troisième remarque est d'un tout autre ordre, et il suffit d'avoir lu le nom d'Agar pour s'en faire une idée ; rappelons que Sarah, n'ayant pas pu donner d'enfant à Abraham, demanda à sa servante Agar de la suppléer, en devenant la deuxième épouse d'Abraham ; tout se passe comme prévu : Agar attend bientôt un enfant d'Abraham, mais elle reproche cette situation à ses maîtres, et s'enfuit ; c'est sur sa route qu'un ange vient lui dire de retourner auprès de Sarah, Dieu ayant béni ce mariage à trois (il en naîtra Ismaël ; puis, la nature ayant horreur du vide, Sarah aura finalement elle aussi un fils, Isaac). C'est évidemment l'un des principaux passages de la Bible sur lesquels les Mormons fondaient leur doctrine du mariage plural. (13) Les deux mots existent en danois, et l'expression est attestée. Mais c'est l'expression anglaise What tidings qui est la plus reconnaissable, car il s'agit du début du refrain d'un chant de Noël (dont le texte remonte au XVème siècle : What tidings bringest thou, messenger ? (= quelles nouvelles apportes-tu, messager ?) ; on observera qu'en anglais comme en danois, l'expression s'emploie plus dans une tournure interrogative qu'exclamative. (14) Saxon désigne ici le vieil Anglais (l'individu aussi bien que la langue), d'avant l'arrivée des Normands. Le passage de Hwaet riht à What right est simple. On pourra observer que cette expression Hwaet riht est attestée dans les homélies de Wulfstan, évêque anglais du début du XIème siècle, dont le sujet de prédilection était le retour de l'Antéchrist et la fin du monde (les Derniers Jours ). (15) Le suédois est bien sûr proche du danois ; aujourd'hui, l'interrogatif s'écrit vad. Skilia est moins clair ; on y retrouve l'anglais skill, mais le mot ne semble pas attesté dans le suédois moderne ; on en trouve bien quelques emplois dans Herr Ivan (traduction en suédois du Chevalier au lion de Chrétien de Troyes) ou chez sainte Brigitte - deux textes du XIVème siècle ; mais dans les deux textes, il s'agit d'un verbe, signifiant séparer (les noms abstraits ont généralement un suffixe -het ). (16) Comme pour Dane ou Sweede (et même Spaniard ), l'auteur n'utilise pas le terme habituel (en -ish ) mais un mot plus archaïque (un peu dans le genre des Lusitaniens pour les Portugais). Nous retrouvons une expression religieuse ; sa version en anglais n'apparaît pas dans la KJV, mais elle fait partie des Louanges divines de l'Église catholique, et peut être employée comme introduction ou conclusion solennelle. Quant à la phase en polonais, elle ne correspond à rien de repérable ; pour prendre un seul exemple, comme le russe, le polonais est une langue à déclinaison ; quel que soit le mot choisi pour traduire nom, de Jésus-Christ prend la forme Jezusa Chrystusa, loin de Jesu Christus (qui serait plus proche du latin Jesu Christi ). (17)(17) Il s'agit bien sûr d'un Amérindien, que le Livre de Mormon fait descendre des Lamanites, eux-mêmes d'origine hébraïque. Les Mormons avaient envoyé plusieurs missions dans les terres indiennes, et des Indiens étaient venus à Nauvoo (voir Le frère de Faucon noir chez le Prophète [⇒]) ; on peut donc supposer que le texte amérindien cité et sa traduction sont exacts, aux erreurs de transcription près. (18) Pour une fois, la citation ne se réfère pas à la Bible, mais à l'héritage gréco-romain classique, puisqu'il s'agit d'un extrait du vers 258 du livre VI de l'Énéide, de Virgile, où la Sibylle renvoie Énée et ceux qui l'accompagnent pour faire place à la déesse Hécate. (19) Retour à la Bible ; cette phrase apparaît dans l'introduction au chapitre 29 du Livre des Proverbes, dans l'édition mormone de la KJV (où chaque chapitre est précédé d'un résumé en italiques), et apparaît avec une légère différence au verset 2. (20) À l'arrivée, on peut constater que, sur les dix-sept langues utilisées,
Au total, une moitié est bonne, un quart moyen, un quart non fiable. De ce point de vue, on comprend que les partisans de Joseph Smith trouvent quelques arguments pour le défendre. Mais (pour retourner à l'envoyeur une argumentation que les Mormons affectionnent), là n'est pas l'essentiel. La seule question qui vaille est de savoir à quoi cette débauche linguistique (fût-elle exacte à cent pour cent) pouvait servir. En effet, on comprendrait la démarche si la suite de ces phrases formait un ensemble cohérent - mais l'impression reste celle d'une belle pagaille :
Un éclairage intéressant est fourni dans un message posté en 2008 par Seth R. qui rappelle une remarque de Richard L. Bushman dans Rough Stone Rolling : Joseph Smith ne manquait pas une occasion de se vanter d'être plus compétent (grâce à ses révélations) que tout médecin, avocat, universitaire ou autre expert. Bushman parle ailleurs du plaisir un peu pervers que ces Américains de la « frontière » pouvaient prendre à moucher les gens de l'Est. Il y a certainement dans cette débauche linguistique (tout comme dans les discussions sur Bereshith ou Yakobos dans le discours du 7 avril 1844 [⇒]) une volonté de revanche sur la bonne société lettrée de la Nouvelle-Angleterre – que ce soit en la heurtant (la polygamie) ou en la débordant. |
Ce deuxième texte forme une (brève) réponse parodique au précédent, parue dans le numéro du 7 février 1844 du Warsaw Message. NB1- on peut trouver ce texte sur le site d'Oncle Dale, à cette adresse [⇒]. NB2- la traduction reprend les mêmes conventions de mise en page que le texte précédent. |
L'appel aux Garçons de la Montagne Verte : pour qu'ils viennent aider à « écrabouiller » les Missouriens, lancé par Joe Smith il y a un mois ou deux, on le trouvera dans une autre colonne. Aucun doute que tous les Ethan Allen (1) et généraux Stark (2) de l'État du Vermont seront bientôt « sur leur chemin sinueux » (3) pour aider leur frère estimé !
Pour montrer notre grande érudition, à la manière de l'« Appel », si nous étions du Vermont(4) : Boowoo waugh ! Josephi (Tu ne peux pas venir, Jo) ; si nous étions turcs, nous dirions (5) : Noah shah Mahomet (Tu ne peux pas jouer les Mahomet), ou un Indien de l'Ouest(6), nous crierions : Che-mo-ko-mon, Jo-Smith-e-kuk hah ug ! (Homme blanc, Joe Smith, très inçartin (7)). Mais, tels que nous sommes, nous disons seulement : Certains hommes sont des imbéciles par nature ; et d'autres sont des imbéciles pour l'argent.
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(1) Comme indiqué plus haut, Ethan Allen a créé les Green Mountain Boys vers 1760 pour défendre les intérêts du Vermont, au départ contre l'administration coloniale de la Grande-Bretagne. (2) John Stark a participé à la guerre d'Indépendance et s'est illustré à la bataille de Bennington, mais en refusant toujours d'être placé sous les ordres de généraux de l'armée fédérale (Continental Army ). (3) Cette expression est tirée de I See Them on Their Winding Way, titre d'une chanson du début du XIXème siècle dont le texte est dû à Reginald Heber (évêque anglais et anglican) ; sur le site JScolarphip , elle est classée dans les catégories soldats / parades militaires / à cheval / nuit / campagnes et batailles / victoires. Tout un programme… (4) On trouve, dans un journal de la côte est des années 1830, un article ponctuant ses doléances de Bow! wow! et se terminant par un cri unanime de la Géorgie jusqu'au Maine : « Bow! wow! wow! Boo! woo'woo! Waugh! waugh! waugh! », le waugh final étant attribué à un petit chien. Josephi se rencontre comme nom de famille (c'est aussi le génitif du latin Josephus ). (5) L'auteur de l'article reprend le turc sans doute en raison du lien avec l'Islam et Mahomet. Le parallèle entre Joseph Smith et Mahomet est fréquent, et assez naturel : tous deux se sont proclamés prophètes, tous deux ont voulu appliquer la parole de Dieu dans un système religieux nouveau, tous deux ont eu une visée théocratique ; à cela s'ajoute évidemment le parallèle entre le mariage plural de l'un (entre autres avec Helen Mar Kimball, quatorze ans) et la polygamie de l'autre (Aïcha, dont le mariage fut consommé quand elle avait neuf ou dix ans selon la plupart des sources, quatorze ou quinze ans selon les plus prudes). Prenons l'exemple de Mormon Portaits, ouvrage de Wilhelm Ritter von Wymetal (un journaliste autrichien, non mormon, correspondant de presse aux États-Unis pendant une dizaine d'années), publié en 1886. On y trouve un sous-chapitre intitulé The Modern Mahomet et la citation d'une lettre de 1842 présentant Joseph Smith comme « a Mahomet every inch of him ». Mais la comparaison ne se rencontre pas que chez les Gentils ; ainsi Thomas Marsh, qui avait été président du Quorum des Douze (avant de quitter l'Église puis de la rejoindre une vingtaine d'années plus tard), écrit en 1838 : « J'ai entendu le Prophète dire que [...] si on ne le laissait pas seul [= tranquille], il serait un second Mahomet pour cette génération, et qu'il ferait un bain de sang des Montagnes rocheuses à l'Atlantique ; que, comme Mohamet dont la devise quand il s'agissait de faire la paix était le Coran ou l'épée, il en serait ainsi en fin de compte avec nous :Joseph Smith ou l'épée ». Propos confirmés par John Corrill. Et G. Hinkle écrit avoir entendu Joseph Smith dire « qu'il croyait que Mahomet était un homme de bien. » NB- précisons que Corrill et Hinkle (qui ont joué un rôle non négligeable avant et pendant la guerre mormone de 1838) ont quitté l'Église ou été excommuniés par la suite. On peut noter pour finir que Hugh Nibley (qui était professeur à l'Université Brigham Young, et dont nul ne saurait mettre en doute la fidèle orthodoxie) fait état de ce parallèle dans son livre The World and the Prophets, en le considérant cependant comme très superficiel. Pour ce qui est de la phrase donnée par le journal, elle semble totalement fantaisiste (d'ailleurs, même si certains considèrent que la forme européenne Mahomet vient du turc, le nom du Prophète n'a jamais été tel en turc : on trouvait Mehmet, Mehemmet et aujourd'hui Muhammed ). La parodie consiste ici à faire de Joseph Smith un « homme blanc » et à lui appliquer le jugement défavorable que celui-ci réservait implicitement aux Gentils. (7) Dans la traduction de la phrase amérindienne en anglais, l'auteur de l'article déforme uncertain en unsartin, visiblement pour transcrire une prononciation défectueuse des voyelles des deux dernières syllabes - un peu comme Hergé fait dire Missié aux petits Congolais quand ils s'adressent à Tintin. On retrouvera cette même graphie dans le Warsaw Signal (successeur du Warsaw Message ) du 21 février 1844 : « Trust not a fool, for like the Indian's white man, he is very "unsartin" » (= ne faites pas confiance à un imbécile, car, comme l'homme blanc de l'Indien, il est très « inçartin ») Pourtant, en dehors de ces deux occurrences, le mot apparaît essentiellement prêté à des locuteurs afro-américains (pour employer une terminologie anachronique). Voir la mise à jour à la fin de cette note. Par exemple, un pamphlet publié sans nom ni date (mais le texte est de Francis C. Adams et est paru en 1878) a pour objet la faillite d'une banque (la Freedmen's Bank ), orchestrée, selon l'auteur, par certains responsables du Parti républicain au détriment de déposants en majorité noirs. Et l'auteur explique que cette affaire est « une illustration remarquable de ces paroles banales si fréquentes chez les esclaves du Sud avant la guerre, et que j'ai placées en tête de cet article » ; et la première de ces deux phrases est WHITE MAN BERY UNSARTIN ; on retrouve la même forme (et le même remplacement de v par b ) chez le même auteur dans Our World : Autre emploi à noter : la chanson Aunt Harriet Becha Stowe (1853) dont le texte est dû à Charles Soran et qui se veut une charge contre les abolitionnistes en général et l'auteur de La Case de l'Oncle Tom en particulier ; un esclave marron rapporte ce que lui avait dit son vieil Oncle Tom :
On trouve encore ce mot dans un roman de 1873 intitulé Tempest and Sunshine, or Life in the Kentucky, de Mary J. Holmes. L'action se passe avant la guerre de Sécession (et un des personnages, Jim Crow, est un jeune esclave noir dont les premiers mots cités sont I begs marster's pardon berry much). Mais c'est un WASP, Mr Middleton qui, faisant le compte des candidats à son école, déclare : « Fifteen sartin and five unsartin. » Plus largement, quelques décennies plus tard, on peut lire dans le titre d'un article du Cambridge Sentinel du 24 septembre 1904 : DOUBTFUL THINGS ARE "unsartin." (le Cambridge en question est une ville du Massachusetts proche de Boston ; le mot est entre guillemets dans l'original) et, quasi à l'identique, dans une chanson d'Oscar Brand (parolier et chanteur canadien de la première moitié du XXème siècle) : Doubtful things are most unsartin - ce qui laisse à penser qu'il s'agit d'une sorte de proverbe en forme de lapalissade digne de Quand j'étais petit, je n'étais pas grand, accent ethnique en plus. Plus près de Joseph Smith dans le temps mais plus loin dans l'espace, William Carr, dans The Dialect of Craven, in the West-Riding of the County of York publié en 1828 (le comté d'York en question est dans le nord-ouest de l'Angleterre) fait dire à l'un de ses personnages que la vie est vara unsartin. Mise à jour : les deux pages consacrées au gullah-selon-A.E.Gonzales (Lexique [⇒] et Récits [⇒]) contiennent d'autres informations sur la façon dont les descendants d'Africaines prononçaient (ou avaient assimilé) certains mots anglais ; si Gonzales transcrit l'équivalent de very par berry , pour uncertain , il note onsaat'n . Cela dit, il est très probable que le journaliste de l'Illinois ignorait jusqu'à l'existence du gullah. |