| ♣_______Page mise à jour le 11 mars 2018 vers 21h40 TUC |
A} Discours de Joseph Smith « à propos de King Follett »
| | Traduction (annotée) du discours-sermon prononcé par Joseph Smith le 7 avril 1844, quelques semaines après la mort accidentelle de King Follet (1) Signification des couleurs (en dehors de ce qui est indiqué dans la page générale) : apaiser les vents les Saints dans la chair en dehors de aucun homme | | traduction de la version établie par J. Grimshaw (version 2) (2a) passage ajouté dans la publication officielle (version 3) (2b) traduction suivant le texte établi par Stan Larson (version 4) (2c) traduction s'éloignant quelque peu de l'original en anglais (périphrase, mot ajouté) traduction mot-à-mot (sens mal discerné) |
La [numérotation des paragraphes] n'existe dans aucune version ; elle a été ajoutée pour faciliter les références. |
Caractère et nature de Dieu - Création - Salut des morts - Le Péché Impardonnable -
Résurrection - Baptême de l'Esprit, etc.
Discours du Président Joseph Smith, Prononcé à l'Assemblée tenue près du Temple, à Nauvoo,
le 7 avril 1844, rapporté par T. Bullock, W. Richards, W. Woodruff, et W. Clayton,
figurant aux pages 1 à 11 du 6ème volume du Journal of Discourses
et aux pages 302 à 317 du volume 6 de la Documentary History of the Church.
[1] Saints bien-aimés, je veux attirer l'attention de cette assemblée alors que je m'adresse à vous sur le sujet qui a occupé la première partie de cette réunion. Comme le vent souffle violemment, il me sera impossible d'être entendu de vous tous si vous ne me prêtez pas toute votre attention. C'est un sujet de la plus grande importance, et le plus grave de tous ceux qui peuvent retenir votre attention, et c'est le sujet de la mort. Le décès de notre frère bien-aimé, l'Aîné King Follett, qui a été écrasé dans un puits par la chute d'un bac de roches, m'a plus immédiatement amené à ce sujet. J'ai été prié de prendre la parole par ses parents et amis, mais dans la mesure où un grand nombre d'autres personnes dans cette assemblée, vivant dans cette ville aussi bien qu'ailleurs, ont perdu des amis, je me sens disposé à m'exprimer sur le sujet en général, et à vous offrir mes idées, pour autant que j'en aie la capacité et que je sois inspiré par le Saint-Esprit pour traiter largement de ce sujet.
[2] Je veux vos prières, la foi, l'inspiration du Dieu Tout-puissant, et le don du Saint-Esprit, afin de pouvoir énoncer des choses qui sont vraies et qui peuvent être facilement comprises par vous, et qui apporteront le témoignage dans vos cœurs. Je prie le Seigneur de renforcer mes poumons, d'apaiser les vents, et que les prières que les saints adressent au ciel se manifestent, pour qu'elles puissent arriver aux oreilles du Seigneur des armées, car les prières efficaces du juste ont beaucoup de poids. Ce n'est pas la force qui manque ici, et je crois sincèrement que vos prières seront entendues.
[3] Avant d'entrer pleinement dans l'étude du sujet qui se trouve devant nous, je tiens à ouvrir la voie et aborder le sujet dès le début, de sorte que vous puissiez le comprendre. Je vais commencer par quelques préliminaires, afin que vous puissiez comprendre le sujet quand j'y arriverai. Je n'ai pas l'intention de combler vos oreilles avec des mots superflus ou des beaux discours, ou avec un long enseignement, je ne me livre à aucun calcul si ce n'est celui de contribuer à votre édification à l'aide des vérités simples venues du ciel.
[4] En premier lieu, je tiens à revenir au commencement, à l'aube de la création. C'est là que se trouve notre point de départ pour regarder, afin de comprendre et de connaître parfaitement l'esprit, les buts et les décrets du grand Élohim, qui siège dans les cieux là-haut. Pour envisager les choses en commençant à la création, nous devons avoir une compréhension de ce qu'était Dieu lui-même au commencement. Si nous nous engageons dans la bonne direction, il est facile d'aller dans la bonne direction tout le temps ; mais si nous partons dans une mauvaise direction, nous risquons de nous tromper, et il sera bien difficile de retrouver le bon chemin.
[5] Il n'y a que très peu de gens au monde qui comprennent correctement le caractère de Dieu. Pour ce qui est sa relation à Dieu, la grande majorité de l'humanité ne comprend rien, que ce soit pour ce qui est passé ou pour ce qui est à venir. Ils ne connaissent ni ne comprennent la nature de cette relation ; et, par conséquent, ils ne savent que peu de choses de plus que n'en sait la bête brute, en dehors de manger, boire et dormir. C'est tout ce que l'homme connaît de Dieu ou de son existence, à moins que cela ne lui soit donné par l'inspiration du Tout-Puissant.
[6] Si un homme n'apprend rien de plus que manger, boire et dormir, et ne comprend aucun des desseins de Dieu, la bête comprend la même chose. Elle mange, boit, dort, et ne sait rien de plus au sujet de Dieu : elle en sait déjà autant que nous, à moins que nous ne soyons capables de comprendre par l'inspiration de Dieu Tout-Puissant. Si les hommes ne comprennent pas le caractère de Dieu, ils ne se comprennent pas eux-mêmes. Je veux revenir au commencement, et ainsi élever vos esprits jusque dans une sphère plus élevée et une compréhension plus remplie d'exaltation que ce à quoi l'esprit humain aspire généralement.
[7] Je veux demander à cette assemblée (à chaque homme, à chaque femme et à chaque enfant) de répondre à cette question dans leur propre cœur : quel sorte d'être Dieu est-il ? Posez-vous la question ; retournez vos pensées dans vos cœurs, et dites si l'un d'entre vous l'a vu, l'entendu, ou a conversé intimement avec lui. C'est une question qui peut occuper votre attention pendant longtemps. Je répète la question : Quel genre d'être Dieu est-il ? Y a-t-il un homme ou une femme qui le sache ? L'un de vous l'a-t-il vu, l'a-t-il entendu, ou a-t-il conversé intimement avec lui ? Telle est la question qui, à compter de maintenant, occupera (qui sait ?) désormais votre attention. Les Écritures nous apprennent que «
la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. »
(3) [8] Si quelqu'un ne connaît pas Dieu, et demande quel genre d'être est Dieu, s'il interroge avec diligence son propre cœur - si les déclarations de Jésus et des Apôtres sont vraies - il se rendra compte qu'il n'a pas la vie éternelle ; car il ne peut y avoir de vie éternelle sur aucun autre principe.
[9] Mon premier objectif est de trouver le caractère du seul sage et vrai Dieu, et quel genre d'être il est ; et si je suis assez heureux pour être l'homme capable de comprendre Dieu, pour expliquer ou transmettre les principes à vos cœurs, de telle sorte que l'Esprit les scelle sur vous, - alors que tous les hommes et toutes les femmes restent désormais assis en silence, mettent leurs mains sur leur bouche, et n'élèvent jamais ni les mains ni la voix ou ne disent plus jamais quoi que ce soit contre l'homme de Dieu ou les serviteurs de Dieu. Mais si je n'arrive pas à le faire, il sera de mon devoir de renoncer à toutes les autres prétentions à des révélations, des inspirations, ou à être un prophète , etc. Si je devais le faire, ne serais-je pas aussi mauvais que tout le reste des faux enseignants de la terre ? Ils seront tous aussi mal lotis que moi. Ils diront tous que je dois être condamné. Il n'y a pas un homme ou une femme qui ne me lancerait d'anathème à la tête s'ils savaient que je suis un faux prophète. Certains se sentiraient le droit de m'ôter la vie, mais vous pourriez tout autant prendre la vie d'autres faux enseignants que la mienne, si j'étais un imposteur. Si un homme est autorisé à m'ôter la vie parce qu'il pense et dit que je suis un faux enseignant, alors, selon le même principe, nous devrions être en droit d'enlever la vie à tous les faux enseignants ; et où le sang s'arrêterait-il de couler ? Et qui n'en serait pas la victime ?
[10] Mais n'intervenez pas auprès de quelqu'un du fait de sa religion ; et tous les gouvernements devraient permettre à chaque homme de profiter de sa religion sans être inquiété. Aucun homme n'est autorisé à ôter la vie à la suite de la différence de religion, que toutes les lois et tous les gouvernements doivent tolérer et protéger, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Chaque homme a un droit naturel et, dans notre pays, un droit constitutionnel à être un faux prophète, aussi bien qu'un vrai prophète. Si je montre, vraiment, que j'ai la vérité de Dieu, et montre que quatre-vingt-dix-neuf pour cent des ministres du culte qui enseignent sont de faux enseignants, n'ayant aucune autorité, alors qu'ils prétendent détenir les clefs du royaume de Dieu sur la terre, et si je devais les tuer parce qu'ils sont faux enseignants, le monde entier serait inondé d'un déluge de sang.
[11] Je prouverai que le monde est mauvais, en montrant ce que Dieu est. Je vais poser des questions à propos de Dieu, car je veux que vous le connaissiez, et que vous soyez familiers avec lui ; et si je peux vous permettre de mieux le connaître, toutes les persécutions contre moi doivent cesser. Vous saurez alors que je suis son serviteur ; car je parle en tant que voix autorisée.
[12] Je veux revenir au commencement, avant que le monde soit, pour montrer quel genre d'être est Dieu. Quelle sorte d'être Dieu était-il au commencement ? Ouvrez vos oreilles et écoutez, vous tous, les extrémités de la terre, car je vais vous le prouver par la Bible, et vous dire les desseins de Dieu par rapport à la race humaine, et pourquoi il intervient dans les affaires de l'homme.
[13] Dieu lui-même a été ce que nous sommes maintenant,
(4) et c'est un Homme
parvenu à l'exaltation, et il siège sur un trône dans les cieux là-haut. C'est le grand secret. Si le voile était déchiré aujourd'hui, et que le grand Dieu qui maintient notre monde dans son orbite, et qui soutient tous les mondes et toutes choses par son pouvoir, doive se rendre visible - je le dis, si vous deviez le voir aujourd'hui, vous le verriez sous l'apparence d'un homme, identique à vous, dans toute sa personne, son image et sa forme en tous points semblable à un homme ; car Adam a été créé exactement de la même façon, à l'exacte image, et à l'exacte ressemblance de Dieu ; et il a reçu des instructions de lui, et marché, parlé, et conversé avec lui, comme un homme parle et discute avec un autre.
[14] Afin de comprendre le sujet de la mort, pour la consolation de ceux qui pleurent la perte de leurs amis, il est nécessaire de comprendre la nature et l'être de Dieu, et comment il est venu à être ainsi, car je vais vous dire comment Dieu en est venu à être Dieu. Nous avons imaginé et supposé que Dieu était Dieu de toute éternité ; je vais réfuter cette idée, et j'enlèverai et ferai disparaître le voile, de sorte que vous puissiez voir.
[15] Ce sont des idées
qui paraîtront incompréhensibles à certains, mais elles sont simples. C'est le premier principe de l'Évangile de connaître avec certitude le caractère de Dieu et de savoir que nous pouvons converser avec lui comme un homme converse avec un autre homme, et qu'il
a été un homme comme nous ; oui ! Dieu lui-même, notre Père à tous, a demeuré sur une terre, tout comme l'a fait Jésus-Christ lui-même dans la chair et comme nous ; et je vais le montrer à partir de la Bible. Je souhaiterais être dans un endroit approprié pour le dire, et avoir la trompette d'un archange, pour pouvoir raconter l'histoire de telle manière que la persécution cesse à tout jamais. Qu'a dit Jésus ? (Notez-le,
Frère Rigdon) Les Écritures nous apprennent que Jésus a dit : « Tout comme le Père a le pouvoir en lui-même, de même le Fils a le pouvoir »
(5) De quoi faire ? Voyons ! ce que le Père a fait. La réponse est évidente : en quelque sorte, de déposer son corps et de le reprendre. Jésus, que vas-tu faire ? « Déposer ma vie, comme mon Père l'a fait, et la reprendre. »
(6) Croyez-vous cela ? Si vous ne le croyez pas, vous ne croyez pas la Bible. Les Écritures le disent, et je défie tout le savoir, la sagesse et toutes les puissances assemblées de la terre et de l'enfer de prouver le contraire.
[16] C'est ici, alors, la vie éternelle - connaître le seul Dieu sage et vrai ; et vous avez appris à connaître comment être des Dieux vous-mêmes, et à être des rois et des sacrificateurs pour Dieu, la même chose que tous les Dieux ont faite avant vous, à savoir en passant d'un petit degré à l'autre, et d'une petite capacité à une grande, de grâce en grâce, d'exaltation en exaltation, jusqu'à ce que vous atteigniez la résurrection des morts, et soyez en mesure de demeurer dans les flammes éternelles et d'être assis dans la gloire, comme le font ceux qui sont assis sur le trône de la puissance éternelle. Et je veux que vous sachiez que Dieu, dans les derniers jours, tandis que certains proclament son nom, ne se moque ni de vous ni de moi.
[17] Ce sont les premiers principes de la consolation. Quelle consolation pour les affligés, quand ils sont appelés à se séparer d'un mari, d'une épouse, d'un père, d'une mère, d'un enfant, ou d'un parent cher, de savoir que, bien que le tabernacle terrestre soit déposé et dissous, ils ressusciteront, pour demeurer dans les flammes éternelles dans la gloire immortelle, sans plus pleurer, souffrir ou mourir ; mais ils seront les héritiers de Dieu, et cohéritiers avec Jésus-Christ
(7). De quoi s'agit-il ? D'hériter de la même puissance, la même gloire et la même exaltation, jusqu'à ce que vous arriviez au rang de Dieu et montiez sur le trône du pouvoir éternel, les mêmes que ceux qui nous ont précédés. Qu'a fait Jésus ? « Voyons, je fais les choses que je vis mon Père faire quand les mondes
apparurent et commencèrent à tourner. »
Voir le Père faire quoi ? « J'ai vu le Père élaborer son royaume dans la crainte et le tremblement, et je dois faire de même ; et quand je recevrai mon royaume, je le présenterai à mon Père, afin qu'il puisse obtenir royaume sur royaume, et il en sera exalté dans la gloire. Il obtiendra ensuite une exaltation plus grande, et je prendrai sa place, et j'aurai moi-même droit à l'exaltation. » Ainsi Jésus marche-t-il sur les traces de son Père et hérite ce que Dieu a fait avant
(8) ; et Dieu est ainsi glorifié et exalté dans le salut et l'exaltation de tous ses enfants. C'est d'une clarté qui rend vaine toute contestation ; et vous apprenez ainsi quelques-uns des premiers principes de l'Évangile, dont il a été dit tant de choses.
[18] Lorsque vous montez sur une échelle, vous devez commencer en bas, et monter échelon après échelon jusqu'à ce que vous arriviez au sommet ; il en va donc de même avec les principes de l'Évangile : vous devez commencer par le premier, et aller jusqu'à ce que vous appreniez tous les principes de l'exaltation. Mais ce ne sera qu'un bon moment après avoir traversé le voile que vous finirez de les apprendre. Tout ne peut pas être compris dans ce monde : ce sera un grand travail que d'apprendre notre salut et l'exaltation, au-delà même de la tombe. Je suppose que je ne suis pas autorisé à poursuivre mon enquête sur tout ce qui ne figure pas dans la Bible. Si je le faisais, je pense qu'il y a tant d'hommes trop sages ici qu'ils crieraient « trahison » et me mettraient à mort. Je vais donc aller à la vieille Bible et me faire aujourd'hui commentateur.
[19] (9)Je vais commenter dans la Bible le tout premier mot hébreu -
BERESHITH. Je vais faire un commentaire sur la toute première phrase de l'histoire de la création :
« Au commencement... ». Je veux analyser le mot
BERESHITH. Be
- dans, en, par, à travers, et tout le reste.
Rosh - la tête.
ITH. D'où cela vient-il ? Quand l'homme inspiré l'a écrit, il n'a pas mis
la première partie, le
Be ici. Mais
un homme, un vieux Juif, sans aucune autorité, l'a mis là. Il pensait que c'était trop mal de commencer par parler de la tête de quelqu'un ! Cela se lisait d'abord «
Celui des Dieux qui était à leur tête fit sortir les Dieux. » C'est le vrai sens des mots.
ROSHITH signifie la Tête des Elohim a fait sortir les Elohim (10). Si vous ne le croyez pas, vous ne croyez pas
celui que Dieu a instruit. Les savants ne peuvent pas vous en apprendre plus que ce que je vous ai dit. Ainsi, le Dieu de tête fit sortir les Dieux
[pour les réunir] dans le grand conseil.
[20] Je vais transposer cela plus simplement en langue anglaise. Oh ! vous, les avocats, vous, les docteurs et vous, les prêtres qui m'avez persécuté, je tiens à vous faire savoir que le Saint-Esprit sait quelque chose aussi bien que vous. Le chef des Dieux convoqua les Dieux et les grands conseillers s'assirent en tête en un grand conseil dans les cieux là-haut pour produire le monde, et ils contemplèrent la création des mondes qui furent créés à ce moment. Quand je dis les docteurs et les avocats, je veux dire les docteurs et les avocats des Écritures. J'ai procédé ainsi jusqu'ici sans donner d'explication, pour laisser les avocats flotter, et tout le monde se moquer d'eux. Certain savant docteur pourrait avoir l'idée de dire les Écritures disent ceci ou cela, et il faut croire les Écritures, il n'y a pas à les modifier. Mais je vais vous montrer une erreur dans leur contenu.
[21] J'ai une vieille édition du Nouveau Testament en hébreu, en latin, en allemand et en grec. J'ai lu la version allemande, et je trouve que c'est la traduction la plus correcte, qui correspond au plus près des révélations que Dieu m'a données durant les quatorze dernières années. Elle parle de JAKOBUS, le fils de Zébédée. Cela signifie Jacob. Dans la version anglaise du Nouveau Testament, c'est traduit par James. Maintenant, si Jacob avait les clés, vous pourriez parler de James d'éternité en éternité, et ne jamais obtenir les clés. Dans le verset 21 du quatrième chapitre de Matthieu, ma vieille édition allemande donne le mot Jacob à la place de James.
[22] Les docteurs (je veux dire docteurs de la loi, pas les médecins) disent : « Si vous prêchez quoi que ce soit qui s'écarte de la Bible, nous crierons à la trahison. » Comment pouvons-nous échapper à la damnation de l'enfer, si Dieu n'est pas avec nous et ne se révèle pas à nous ? Les hommes nous lient avec des chaînes. Le latin dit IACOBUS, ce qui signifie Jacob ; l'hébreu dit YA'AQOB, ce qui signifieJacob ; le grec dit IAKOBOS - Jacob, et l'Allemand dit Jacob.
Extrait de l' évangile selon Matthieu (ch. IV, v. 21) dans la [Biblia Polyglotta Complutensis]. [Complutum] : [Arnaldo Guillén de Brocar], 1514-1517. Universitätsbibliothek Basel, -, http://dx.doi.org/10.3931/e-rara-46695 [⇒]/ Marque du Domaine Public 1.0 | | |
Ici, nous avons le témoignage de quatre contre un. Je remercie Dieu d'avoir eu ce vieux livre ; mais je le remercie plus encore pour le don du Saint-Esprit. J'ai obtenu le plus ancien livre du monde, mais j'ai obtenu le plus vieux livre dans mon cœur, le don même du Saint-Esprit.J'ai ici tous les quatre témoignages : grec, hébreu, allemand et latin. Venez ici, vous les savants, et lisez, si vous le pouvez. Je n'aurais pas présenté ce témoignage, s'il n'y avait pas à sauvegarder le mot Rosh, la tête, le père des Dieux. Je ne l'aurais pas présenté juste pour montrer que j'ai raison.
[23] Au début, le chef des Dieux convoqua un conseil des Dieux ; et ils se réunirent et élaborèrent un plan pour créer le monde et le peupler. Lorsque nous commençons à apprendre de cette façon, nous commençons à apprendre le seul vrai Dieu et quel sorte d'être il nous a été donné d'adorer. Ayant une connaissance de Dieu, nous commençons à savoir comment l'aborder et comment demander pour recevoir une réponse.
[24] Lorsque nous comprenons le caractère de Dieu et savons comment venir à lui, il commence à dérouler les cieux vers nous et à tout nous dire à ce sujet. Lorsque nous sommes prêts à venir à lui, il est prêt à venir à nous.
[25] Maintenant, je demande à tous ceux qui m'écoutent : pourquoi les savants qui prêchent le salut disent-ils que Dieu a créé les cieux et la terre à partir de rien ? La raison en est qu'ils sont ignorants dans les choses de Dieu et n'ont pas le don du Saint-Esprit. Ils accusent de blasphème quiconque contredit leur idée. Si vous leur dites que Dieu a fait le monde en partant de quelque chose, ils vous traiteront de fou. La raison en est qu'ils sont ignorants, mais j'ai appris, et j'en sais plus que tout le monde mis ensemble. Le Saint-Esprit agit, de toute façon ; et il est en moi, et comprend plus que tout le monde ; et je veux m'y associer.
[26] Vous demandez aux savants docteurs pourquoi ils disent que le monde a été fait à partir de rien ; et ils vont répondre : « La Bible ne dit-elle pas qu'Il a créé le monde ? » Et ils déduisent, à partir du mot créé, que le monde doit avoir été fait à partir de rien. Maintenant, le mot créer vient du mot BARA, qui ne signifie pas créer à partir de rien ; cela veut dire organiser - comme un homme organiserait des matériaux pour construire un bateau. C'est pourquoi nous en déduisons que Dieu avait des matériaux pour organiser le monde à partir du chaos, une matière de chaos, qui est l'élément, et dans lequel réside toute la gloire. L'Élément a une existence à partir du moment qu'Il l'a eue. Les principes purs de l'élément sont des principes qui ne peuvent jamais être détruits : ils peuvent être organisés et réorganisés, mais pas détruits. Ils n'eurent pas de début, et ne peuvent pas avoir de fin.
[27] J'ai un autre sujet sur lequel je dois insister, qui vise à exalter l'homme. Mais il m'est impossible de m'étendre sur ce sujet. Je vais donc juste l'effleurer ; car le temps ne me permet pas de tout dire. C'est en liaison avec la résurrection des morts, à savoir l'âme, l'esprit de l'homme, l'esprit immortel. D'où cela est-il venu ? Tous les savants et les docteurs en théologie disent que Dieu l'a créé au commencement. Mais il n'en est rien. L'idée réduit grandement l'homme, à mon avis. Je ne crois pas cette doctrine. Entendez, vous, toutes les extrémités de la Terre ; je sais mieux [qu'eux], car Dieu me l'a dit ; et si vous ne me croyez pas, cela ne fera pas la vérité sans effet. Je ferai passer un homme pour fou avant d'en terminer, s'il ne croit pas cela. Je vais dire des choses plus nobles.
[28] Nous disons que Dieu lui-même est un être existant en soi. Qui vous a dit cela ? C'est assez correct, mais comment est-ce arrivé dans votre tête ? Qui vous a dit que l'homme n'existait pas de la même manière sur le même principe ? L'homme existe bien sur les mêmes principes. Dieu a fait un tabernacle et y a mis un esprit, et c'est devenu une âme vivante. [En se référant à la vieille
Bible.] Comment cela se lit-il en hébreu ? Il n'est pas dit en hébreu que Dieu a créé l'esprit de l'homme. Il est dit: « Dieu a fait sortir l'homme de la terre, et mis en lui l'esprit d'Adam, et il est ainsi devenu un corps vivant.
(11) »
[29] L'esprit ou l'intelligence que l'homme possède est égal avec Dieu lui-même. Je sais que mon témoignage est vrai ; c'est pourquoi, quand je parle à ces personnes en deuil, qu'ont-elles perdu ? Leurs parents et amis ne sont séparés de leur corps que pour une courte saison : leurs esprits qui existaient avec Dieu n'ont quitté le tabernacle d'argile que pour un petit moment, pour ainsi dire ; et ils existent maintenant dans un endroit où ils se parlent de la même façon que nous le faisons sur la terre.
[30] J'insiste sur l'immortalité de l'esprit de l'homme. Est-il logique de dire que l'intelligence des esprits est immortelle, et que pourtant elle a eu un commencement ? L'intelligence des esprits n'a pas eu de commencement, et elle n'aura pas de fin. C'est une bonne logique. Ce qui a un début peut avoir une fin. Il n'y a jamais eu de moment où il n'y ait pas eu d'esprits ; car ils sont co-égaux avec notre Père dans les cieux.
[31] Je veux raisonner plus longuement sur l'esprit de l'homme, car j'insiste sur le corps et l'esprit de l'homme, sur le thème de la mort. Je prends mon anneau de mon doigt et le compare à l'esprit de l'homme - la partie immortelle, parce qu'il n'a pas de commencement. Supposons que vous le coupiez en deux ; il a alors un début et une fin ; mais réunissez-le, et il continue une ronde éternelle. Il en est ainsi de l'esprit de l'homme. Aussi vrai que le Seigneur est vivant, si cet esprit a eu un début, il aura une fin. Tous les imbéciles et les savants et les sages depuis le début de la création, qui disent que l'esprit de l'homme a eu un commencement, prouvent qu'il doit avoir une fin ; et si cette doctrine est vraie, alors la doctrine de l'anéantissement serait vraie. Mais si j'ai raison, je pourrais avec hardiesse proclamer sur les toits que Dieu n'a jamais eu du tout le pouvoir de créer l'esprit de l'homme. Dieu lui-même n'a pas pu se créer.
[32] L'intelligence est éternelle et existe selon un principe existant en soi. C'est un esprit qui se maintient d'âge en âge, et on ne peut pas parler de création à son propos. Toutes les formes d'esprits que Dieu a jamais envoyés dans le monde sont capables de grandir.
[33] Les premiers principes de l'homme sont coexistants avec Dieu. Dieu lui-même, trouvant qu'il était au milieu des esprits et de la gloire, parce qu'il était plus intelligent, a cru bon d'instituer des lois de sorte que le reste puisse avoir le privilège d'avancer comme lui. La relation que nous avons avec Dieu nous place dans une situation de progresser dans la connaissance. Il a le pouvoir d'instituer des lois pour instruire les intelligences plus faibles, de sorte qu'elles puissent être exaltées avec lui-même, afin qu'elles puissent avoir une gloire après l'autre, et toute cette connaissance, puissance, gloire et intelligence qui est nécessaire pour les sauver dans le monde des esprits.
[34] C'est une bonne doctrine, qui a bon goût. Je peux goûter les principes de la vie éternelle, et vous aussi le pouvez. Ils me sont donnés par les révélations de Jésus-Christ ; et je sais que quand je vous dis ces paroles de vie éternelle comme elles me sont données, vous les goûtez, et je sais que vous les croyez. Vous dites que le miel est sucré, et moi aussi. Je peux aussi goûter l'esprit de la vie éternelle. Je sais qu'il est bon ; et quand je vous dis ces choses qui me sont donnés par l'inspiration du Saint-Esprit, vous êtes obligés de les recevoir comme douces, et je me réjouis de plus en plus.
[35] Je veux en dire plus sur la relation de l'homme à Dieu. Je vais ouvrir vos yeux quant à vos morts. Tout ce que Dieu dans son infinie sagesse a cru juste et approprié de nous révéler, alors que nous demeurons dans l'état de mortels, à l'égard de nos corps mortels, se révèle à nous dans l'abstrait et l'indépendant de l'affinité de ce tabernacle mortel, mais se révèle à notre esprit avec précision, comme si nous n'avions pas de corps du tout ; et les révélations qui sauveront notre esprit sauveront notre corps. Dieu nous les révèle pour que nous échappions à la dissolution éternelle du corps, ou tabernacle. D'où la responsabilité - la terrible responsabilité qui nous incombe à l'égard de nos morts ; car tous les esprits qui n'ont pas obéi à l'Évangile dans la chair doivent ou bien lui obéir dans l'esprit ou bien êtres damnés. Pensée grave ! Pensée terrible ! N'y a-t-il rien que l'on puisse faire ? Aucune préparation, pas de salut pour nos pères et nos amis qui sont morts sans avoir eu l'occasion d'obéir aux décrets du Fils de l'homme ? Plût à Dieu que j'aie quarante jours et quarante nuits pour tout vous dire ! Je voudrais que vous sachiez que je ne suis pas un « prophète déchu ».
[36] Quelles promesses sont faites ayant trait au salut des morts ? Et quel genre de personnages sont ceux qui peuvent être sauvés, même si leurs corps sont moisis et en décomposition dans la tombe ? Lorsque ses commandements nous enseignent, c'est en vue de l'éternité ; car nous sommes vus par Dieu comme si nous étions dans l'éternité. Dieu habite dans l'éternité, et ne considère pas les choses comme nous le faisons.
[37] La plus grande responsabilité que Dieu nous a imposée dans ce monde est de rechercher nos morts. L'Apôtre a dit: «
Sans nous, ils ne peuvent pas
arriver à la perfection »
(12) car il est nécessaire que le pouvoir de scellement soit dans nos mains pour sceller nos enfants et nos morts pour la plénitude de la dispensation des temps - une dispensation pour tenir les promesses faites par Jésus-Christ avant la fondation du monde, pour le salut de l'homme.
[38] Maintenant, je vais parler d'eux. Je vais rencontrer Paul à mi-chemin. Je vous le dis, Paul, vous ne pouvez pas être parfait sans nous. Il est nécessaire que ceux qui sont partis avant nous et ceux qui viendront après nous partagent notre salut ; et c'est pourquoi Dieu l'a imposé à l'homme. Ainsi Dieu a dit : «
Je vous enverrai Élie, le prophète, avant que le jour de l'Éternel arrive, Ce jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères à leurs enfants, Et le cœur des enfants à leurs pères, De peur que je ne vienne frapper le pays d'interdit.(13) ».
[39] J'ai une déclaration à faire sur les dispositions que Dieu a prises pour répondre aux conditions de l'homme, prises dès avant la fondation du monde. Qu'est-ce que Jésus a dit ? Tous les péchés et tous les blasphèmes, et toutes les transgressions dont l'homme peut se rendre coupable, peuvent être pardonnés - à une exception près ; et, que ce soit dans ce monde ou dans le monde à venir, il y a un salut pour tous les hommes qui n'ont pas commis le péché impardonnable, puisqu'il y a une disposition, que ce soit dans ce monde ou le monde des esprits. Ainsi Dieu a arrêté une disposition pour que chaque esprit dans le monde éternel puisse être découvert et sauvé, à moins qu'il n'ait commis le péché impardonnable qui ne peut lui être remis ni dans ce monde ni dans le monde des esprits. Dieu a élaboré un salut pour tous les hommes, à moins qu'ils n'aient commis un certain péché ; et tout homme qui a un ami dans le monde éternel peut le sauver, sauf s'il a commis le péché impardonnable. Et ainsi vous pouvez voir à quel point vous pouvez être des sauveurs.
[40] Un homme ne peut pas commettre le péché impardonnable après la dissolution du corps, et il y a une voie possible pour y échapper. La connaissance sauve l'homme, et dans le monde des esprits, aucun homme ne peut être exalté si ce n'est par la connaissance. Aussi longtemps qu'un homme ne prêtera pas attention aux commandements, il doit rester privé du salut. Si un homme a la connaissance, il peut être sauvé, bien que, s'il s'est rendu coupable de grands péchés, il doive les expier. Mais quand il consent à obéir à l'Évangile, que ce soit ici ou dans le monde des esprits, il est sauvé.
[41] L'homme est son propre bourreau et son propre accusateur. D'où la citation : ils iront dans l'étang de feu et de soufre.
Je ne crains nullement le feu de l'enfer, qui n'existe pas, mais le tourment et la déception dans l'esprit de l'homme sont aussi agréables qu'un lac ardent de feu et de soufre
(14). Je le dis, tel est le tourment de l'homme.
[42] Je connais les Écritures et je les comprends. J'ai dit qu'aucun homme ne pourrait commettre le péché impardonnable après la dissolution du corps, ni dans cette vie jusqu'à ce qu'il reçoive le Saint-Esprit ; mais ils doivent le faire dans ce monde. Ainsi le salut de Jésus-Christ a été forgé pour tous les hommes, afin de triompher du diable ; car si le salut ne l'atteint pas en un endroit, ce serait dans un autre ; car il s'est levé comme Sauveur. Tous souffriront jusqu'à ce qu'ils obéissent au Christ lui-même.
[43] La lutte était dans le ciel - Jésus dit qu'il y aurait certaines âmes qui ne seraient pas sauvées ; et le Diable dit qu'il pouvait les sauver toutes, et il exposa ses plans devant le grand conseil, qui ont accordé leur vote à Jésus-Christ. Alors le diable entra en rébellion contre Dieu, et il a été abattu, avec tous ceux qui ont levé la tête pour lui.
[44] Tous les péchés seront pardonnés sauf le péché contre le Saint-Esprit, car Jésus sauvera tous les hommes, sauf les fils de perdition. Que doit faire un homme pour commettre le péché impardonnable ? Il doit recevoir le Saint-Esprit, avoir les cieux ouverts devant lui, connaître Dieu - et ensuite pécher contre lui. Une fois qu'un homme a péché contre le Saint-Esprit, il n'y a pas de repentance pour lui. Il en est arrivé à dire que le soleil ne brille pas alors qu'il le voit ; il en est arrivé à renier Jésus-Christ, alors que les cieux se sont ouverts pour lui, et à refuser le plan de rédemption, les yeux grand ouverts sur la vérité de celui-ci ; et à partir de ce moment, il commence à être un ennemi. C'est le cas avec beaucoup d'apostats de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Ils vont trop loin, et l'Esprit les quitte.
[45] Quand un homme commence à être un ennemi de ce travail, il me prend en chasse, il cherche à me tuer, et ne cesse d'avoir soif de mon sang. A lui l'esprit du diable, le même esprit qu'avaient ceux qui ont crucifié le Seigneur de la Vie - le même esprit qui pèche contre l'Esprit Saint. Vous ne pouvez pas sauver de telles personnes, vous ne pouvez pas les amener à la repentance : ils sont en guerre ouverte comme le Diable, et terrible en est la conséquence.
[46] Je vous conseille à tous de faire attention à ce que vous faites, ou il se pourrait que vous découvriez bientôt que vous avez été trompés. Restez vous-mêmes, ne cédez pas, ne prenez pas de mesures hâtives : vous pouvez être sauvés. Si un esprit d'amertume est en vous, ne cédez pas à la précipitation. Vous pouvez dire que l'homme est un pécheur. Eh bien, s'il se repent, il lui sera pardonné. Soyez prudents : attendez ! Lorsque vous trouvez un esprit qui veut l'effusion de sang - le meurtre, il n'est pas de Dieu, mais il est du Diable. C'est de l'abondance du cœur de l'homme que la bouche parle.
[47] Les meilleurs hommes produisent les meilleures œuvres. L'homme qui vous dit des paroles de vie est l'homme qui peut vous sauver. Je vous mets en garde contre tous les personnages diaboliques qui pèchent contre le Saint-Esprit ; car il n'y a pas de rédemption pour eux dans ce monde ni dans le monde à venir.
[48] Je pourrais revenir en arrière et retracer tous les sujets d'intérêt concernant la relation de l'homme à Dieu, si j'en avais le temps. Je peux entrer dans les mystères, je peux entrer largement dans les mondes éternels, car Jésus a dit : «
Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Si cela n'était pas, je vous l'aurais dit. Je vais vous préparer une place. » (
Jean, 14
ème chap., 2
ème v.). Paul dit : «
Autre est l'éclat du soleil, autre l'éclat de la lune, et autre l'éclat des étoiles; même une étoile diffère en éclat d'une autre étoile. Ainsi en est-il de la résurrection des morts. » (
1 èreép. Cor., 15
ème chap., 41
ème verset
(15) ) Qu'avons-nous à nous consoler par rapport aux morts ? Nous avons raison d'avoir, pour nos morts, le plus grand espoir et les plus grandes consolations de tous les peuples de la terre ; car nous les avons vus marcher dignement au milieu de nous, et les avons vus tomber endormis dans les bras de Jésus ; et ceux qui sont morts dans la foi sont maintenant dans le royaume céleste de Dieu. Et donc, c'est la gloire du soleil.
[49] Vous qui pleurez, voici l'occasion de vous réjouir (en parlant de la mort de King Follett) ; car votre mari et père est parti attendre la résurrection des morts, la perfection du reste ; car, lors de la résurrection, votre ami se lèvera en parfaite félicité et ira à la gloire céleste, alors que beaucoup doivent attendre des myriades d'années avant de recevoir des bénédictions comparables ; et vos attentes et vos espoirs sont bien au-dessus de ce que l'homme peut concevoir ; car pourquoi Dieu nous l'a-t-il révélé ?
[50] JE SUIS AUTORISÉ à vous dire, à vous mes amis, par l'autorité du Saint-Esprit, que vous n'avez pas lieu de craindre, car il est parti à la maison du juste. Ne vous lamentez pas, ne pleurez pas. Je le sais par le témoignage du Saint-Esprit qui est en moi ; et vous pouvez attendre que vos amis viennent vous rencontrer dans le matin du monde céleste.
[51] Réjouis-toi, ô Israël ! Vos amis qui ont été assassinés par amour de la vérité dans la persécution triompheront glorieusement dans le monde céleste, tandis que leurs assassins se traîneront durant des siècles dans les tourments, jusqu'à ce qu'ils aient payé le tout dernier centime. Je dis cela pour le bénéfice des étrangers.
[52] Je laisse ce sujet. J'ai un père, des frères, des enfants
(16), et des amis qui sont passés dans le monde des esprits. Ils ne sont absents que pour un temps. Ils sont dans l'esprit, et nous nous retrouverons bientôt. Le temps va bientôt arriver où la trompette sonnera. Quand nous partirons, nous saluerons nos mères, nos pères, nos amis, et tous ceux que nous aimons qui se sont endormis en Jésus. Il n'y aura pas à avoir peur de la foule, des persécutions ou des poursuites judiciaires et des arrestations des méchants, mais il y aura une éternité de bonheur.
[53] Une question peut être posée : « Est-ce que les mères auront leurs enfants dans l'éternité ? » Oui ! Oui ! Mères, vous aurez vos enfants, car ils auront la vie éternelle ; car leur dette est payée. Il n'y a pas de damnation qui les attende, car ils sont dans l'esprit. Au contraire, quand un enfant meurt, il doit nécessairement ressusciter d'entre les morts, et sera pour toujours vivant dans l'apprentissage de Dieu. Il ne grandira jamais : il sera toujours l'enfant, exactement dans la même forme qu'il avait avant de mourir dans les bras de sa mère, mais possédant toute l'intelligence d'un Dieu. Les enfants vivent dans les demeures de gloire et sont dotés de pouvoir, mais ils apparaissent sous la même forme que lorsqu'ils étaient sur terre. L'éternité est remplie de trônes, sur lesquels se trouvent des milliers d'enfants régnant sur des trônes de gloire, sans que leur taille ait augmenté d'une coudée.
[54] Je vais laisser ce sujet ici, et faire quelques remarques au sujet du baptême. Le baptême d'eau, sans le baptême de feu et la présence du Saint-Esprit, n'est d'aucune utilité : les deux sont nécessaires et indissociables. Un individu doit être né de l'eau et de l'esprit pour entrer dans le royaume de Dieu. En allemand, le texte me confirme la même chose que les révélations que j'ai données et enseignées pendant les quatorze dernières années sur ce sujet. J'ai le témoignage à mettre dans leurs dents. Mon témoignage a été vrai tout le temps. Vous le trouverez dans la déclaration de Jean-Baptiste. [Lecture de l'allemand.] Jean dit : « Je vous baptise avec de l'eau, mais quand Jésus viendra, lui qui a le pouvoir (ou les clés), il administrera le baptême de feu et du Saint-Esprit. » Grand Dieu ! Où est maintenant tout le monde des sectes ? Et si ce témoignage est vrai, ils sont tous condamnés aussi clairement que l'anathème peut le faire. Je sais que le texte est vrai . Je demande à tous les Allemands parmi vous qui savent que c'est vrai de dire oui. [Grands cris de oui.]
[55] Alexander Campbell
(17), comment allez-vous sauver les gens avec de l'eau seulement ? Car Jean a déclaré que son baptême n'était bon à rien sans le baptême de Jésus-Christ.
« C'est pourquoi, [ne] laissant [pas] les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait, sans poser de nouveau le fondement du renoncement aux œuvres mortes, de la foi en Dieu, de la doctrine des baptêmes, de l'imposition des mains, de la résurrection des morts, et du jugement éternel. C'est ce que nous ferons, si Dieu le permet. » ( Hébr. chap. 6, versets 1 à 3) (18).
[56] Il y a un seul Dieu, un seul Père, un seul Jésus, un seul espoir pour notre appel, un seul baptême. Ces trois baptêmes ne font qu'un. Beaucoup parlent du baptême comme n'étant pas essentiel au salut : mais ce type d'enseignement permettrait de jeter les bases de leur damnation. J'ai la vérité, et je mets le monde au défi de me contredire s'ils le peuvent.
[57] J'ai maintenant prêché un peu de latin, un peu d'hébreu, de grec et d'allemand ; et j'ai tout respecté. Je ne suis pas un aussi fou que beaucoup l'ont cru et dit. Les Allemands savent que je lis correctement l'allemand.
[58] Entendez cela, vous tous, extrémités de la terre, vous tous, prêtres, vous tous, pécheurs, et tous les hommes. Repentez-vous ! Repentez-vous ! Obéissez à l'Évangile. Tournez-vous vers Dieu, car votre religion ne vous sauvera pas, et vous serez damnés. Je ne dis pas dans combien de temps. Il y a eu des remarques faites laissant entendre que tous les hommes seront rachetés de l'enfer, mais je dis que ceux qui pèchent contre le Saint-Esprit ne peuvent pas être pardonnés dans ce monde ni dans le monde à venir : ils mourront de la seconde mort. Ceux qui commettent le péché impardonnable sont condamnés à GNOLAUM, condamnés à demeurer dans l'enfer, mondes sans fin. Comme ils concoctent des scènes d'effusion de sang dans ce monde, ils devront se relever pour cette résurrection qui est semblable à l'étang de feu et de soufre. Certains ressusciteront pour la combustion éternelle de Dieu, car Dieu demeure dans des flammes éternelles, et certains se relèveront pour la damnation de leur propre souillure, qui est aussi un tourment aussi agréable que l'étang de feu et de soufre.
[59] J'ai préparé mes remarques pour tous, riches et pauvres, esclaves et libres, grands et petits, je n'ai aucune inimitié contre aucun homme. Je vous aime tous, mais je déteste certains de vos actes. Je suis votre meilleur ami, et si certains manquent leur but, c'est de leur propre faute. Si je reprends un homme et qu'il me déteste, c'est un imbécile ; car j'aime tous les hommes, et ceux-ci en particulier, mes frères et sœurs.
[60] Je me réjouis d'entendre le témoignage de mon vieil ami. Vous ne me connaissez pas - vous ne me connaîtrez jamais. Vous n'avez jamais connu mon cœur. Aucun homme ne connaît mon histoire. Je ne peux pas faire cela. Je ne l'entreprendrai jamais. Je ne vous blâme pas de ne pas croire mon histoire. Si je n'avais pas vécu ce que j'ai vécu, je n'y aurais pas cru moi-même. Je n'ai jamais nui à un homme depuis que je suis venu au monde. Ma voix est toujours en faveur de la paix.
[61] Je ne peux pas me reposer jusqu'à ce que tout mon travail soit terminé. Je ne pense jamais aucun mal, ni ne fais quoi que ce soit au préjudice de mon prochain. Quand je serai appelé par la trompette de l'archange et pesé dans la balance, alors, vous me connaîtrez. Je n'ajoute rien. Que Dieu vous bénisse tous. Amen.
Joseph Smith
| | ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Notes ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
(1) Né en 1788, King Follett ( King est bien son prénom, pas un surnom) avait été baptisé en 1831 et était devenu Aîné ( Elder ) en 1836 puis Grand Prêtre l'année suivante ; après la guerre mormone, il avait été incarcéré, avant de venir à Nauvoo, où il avait servi comme garde-du-corps de Joseph Smith puis comme constable ; en mars 1844, il avait été écrasé par un rocher alors qu'il creusait un puits. (2a) On peut distinguer quatre versions de ce discours : 3- celle qui figure aujourd'hui sur divers sites Internet (notamment la reproduction d' Ensign d'avril et mai 1971, à lire à cette adresse [⇒]) ; elle reprend la précédente, mais avec plusieurs ajouts ;
4- une version établie en 1978 par Stan Larson (des Church Translations Services ), sous le titre King Follett Discourse: A Newly Amalgamated Text (= Le Discours sur King Follett : un texte nouvellement fusionné) - à partir des mêmes sources que Grimshaw, mais selon une méthodologie différente ; elle est disponible à cette adresse [⇒].
(3) La citation est extraite de l' évangile selon Jean, chapitre 17, verset 3 ; Joseph Smith suit le texte de la King James' Version ( KJV ), et la traduction est celle de Louis Segond. (4) Rappelons seulement les mots de Lorenzo Snow : As man now is, God once was // As God now is, man may be.= Ce qu'est l'homme, Dieu le fut // Ce qu'est Dieu, l'homme peut l'être. Cf. plus bas le paragraphe A) 2- un Homme parvenu à l'exaltation (5) cf. l' évangile selon Jean, chapitre 5, versets 26 et 27 : 26 For as the Father hath life in himself; so hath he given to the Son to have life in himself; 27 And hath given him authority to execute judgment also, because he is the Son of man. (texte de la KJV ) 26. Oui, comme le père a la vie en lui-même, ainsi donne-t-il au fils d'avoir la vie en lui-même. 27. Il lui donne la puissance de faire le jugement, parce qu'il est fils d'homme. (traduction d'André Chouraqui) (6) cf. l' évangile selon Jean, chapitre 10, versets 17 et 18 17 Therefore doth my Father love me, because I lay down my life, that I might take it again. 18 No man taketh it from me, but I lay it down of myself. I have power to lay it down, and I have power to take it again. This commandment have received of my Father. (texte de la KJV ) 17. Aussi mon père m'aime, parce que je donne mon être pour le prendre à nouveau. 18. Personne ne me l'enlève ; mais moi, je le donne de moi-même. J'ai pouvoir de le donner et pouvoir de le prendre à nouveau. J'ai reçu cet ordre de mon père. (traduction d'André Chouraqui) (8) Dans cette vision passablement anthropomorphique, Jésus apparaît ici un peu comme un jeune dieu qui habite encore chez ses parents (du moins chez son père), en attendant de recevoir sa planète à lui. Deux questions, alors : • si la Création se répète de Dieu en Dieu, est-ce toujours selon le même schéma (révolte des anges déchus sous la conduite d'un Satan ; chute des premières créatures humaines ; rédemption) ou existe-t-il des Créations sans Diable et/ou sans chute (donc sans sacrifice rédempteur) ? • Joseph Smith et les siens expliqu[ai]ent la polygamie par la nécessité pour l'homme exalté d'avoir un grand nombre d'épouses spirituelles lui permettant de créer le plus d'êtres possible (anges ou humains), une fois devenu Dieu ; il ne semble pas que Jésus s'y soit particulièrement préparé. (9) Les paragraphes 19 et 20 (puis, plus brièvement, 21 et 22) sont commentés plus bas dans la partie B}. (10) Pour la phrase en vert, les versions 1 à 3 ont : Baurau signifies to bring forth = Baurau signifie faire sortir(ce qui est manifestement une interpolation ; cf. le § [26]) ; malheureusement, le texte proposé par Stan Larson n'est guère plus satisfaisant, notamment du fait de la confusion dans l'emploi des crochets : ROSHITH [BARA ELOHIM] signifies [the head] to bring forth the Elohim= ROSHITH [BARA ELOHIM] signifie [la tête] pour faire sortir les Elohim. La traduction suit donc l'hypothèse proposée par Kevin L. Barney dans un article intitulé Joseph Smith's Emendation of Hebrew Genesis 1:1 (on peut trouver un lien vers cet article, en même temps qu'une étude de l'ensemble de cette hypothèse dans la deuxième partie de cette page). (11) Il semble que ce soit une réécriture du verset 7 du chapitre 2 du Livre de la Genèse, que la KJV formule ainsi : And the Lord God formed man of the dust of the ground, and breathed into his nostrils the breath of life; and man became a living soul. (12) L' épître aux Hébreux, chapitre 11, verset 40 dit, selon la KJV : God having provided some better thing for us, that they without us should not be made perfect.Traduction correspondante de Louis Segond : Dieu ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu'ils ne parvinssent pas sans nous à la perfection. (13) Fin du livre de Malachie, chapitre 4, versets 5 et 6, reprenant le texte de la KJV à quelques détails près. (14) Allusion à deux passages de l' Apolcalypse : • chapitre 19, verset 20 : into a lake of fire burning with brimstone.• chapitre 20, verset 10 : into the lake of fire and brimstone. (15) Citation conforme au texte de la KJV. La derrnière phrase citée est la première du verset 42. (16) Joseph Smith père était mort en 1840, Alvin Smith (l'aîné de la fratrie) en 1823, et les trois premiers enfants de Joseph et Emma Smith étaient morts dans les heures qui avaient suivi leur naissance, en 1828 et 1831. (17) D'abord membre de l'Église baptiste, Alexander Campbell (1788-1866) est, à partir des années 1835, à l'origine du Mouvement de Restauration ( Restoration Movement ), qui se proposait de rassembler l'ensemble des églises chrétiennes et accordait une place primordiale au baptème par immersion. (18) La partie en vert ne se trouve pas dans Times & Seasons ; elle pose un problème particulier, en donnant comme début de la citation de l' épître aux Hébreux : Therefore, not leaving the principles of the doctrine of Christ, let us go on unto perfection […]alors que la KJV (à l'image des autres traductions) indique à l'inverse Therefore leaving the principles of the doctrine of Christ, let us go on unto perfection […]. On notera toutefois que, dans la version du site lds.org (les deux pages empruntées à Ensign ) le mot not est en italiques, alors que le reste de la citation est en caractères droits. Parmi les quatre scribes, ce passage n'apparaît que chez Willard Richards, sous la forme : Leaving the principles of doctrine of baptism &c Quant au texte établi par Stan Larson, il termine le paragraphe en suivant W.Richards :
Leaving the principles of the doctrine of baptism, etc. mais il reste difficile de savoir si le etc. est de W. Richards ou de Joseph Smith. |
B} Bereshith - étude des §§ 19 et 20 du discours et de leurs analyses
Sommaire :
Quelques préliminaires
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A Du texte au dogme | 1) le texte et sa traduction 2) Dieu a été un homme 3) Polythéisme et correction de la Bible
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B La glose | 1) analyse de Berosheit 2) la traduction de Joseph Smith 3) trois tours de passe-passe ?
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C Les conjectures… | 1) Ehat et Cook (Rosh shît ) 2) Lance Owens (la Kabbale ) 3) Kevin Barney (la Grammaire de J. Seixas) 4) Deux voies, une même démarche
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D … à l'épreuve des textes | 1) Un vieux Juif mal inspiré 2) Par mégarde ou de propos délibéré ? 3) Du défi à la bravade 4) From a small capacity to a great one |
Notes |
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Annexe I | Les infortunes du texte
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Annexe II | Étude des §§ 21 et 22 du discours
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Annexe III | Une seule épouse ou dix vierges ? |
Quelques préliminaires
Dans sa lettre à John Wentworth (citée au chapitre XXXI du volume 4 de HoC ), Joseph Smith écrit :
Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu, pour autant qu'elle soit correctement traduite.
Il se propose donc, dans les paragraphes 19 et 20 de son discours, de corriger le texte hébreu du premier verset de la Genèse. On trouvera ci-dessous un commentaire libre de ce passage, d'un point de vue linguistique et historique - libre en ce sens que ce n'est pas un travail scientifique, mais la réflexion de qui espère se montrer « un honnête homme » dans les deux domaines de la langue et de l'Histoire, à partir des données que chacune peut trouver sur Internet.
Au premier rang de ces données, deux articles publiés dans la revue Dialogue - A Journal of Mormon Thought, l'un par Lance S. Owens en 1994 (1), l'autre par Kevin L. Barney en 1997 (2).
Ce sont leurs hypothèses (divergentes) qui seront d'abord exposées et discutées ici. Il est juste de mentionner que l'article de K. Barney a fourni, en plus de son analyse elle-même, divers éléments de documentation (notamment à propos de l'enseignement de Joshua Seixas), ainsi que le cadre initial de cette étude.
Nota bene :
aa Comme nous aurons l'occasion de le rappeler, il n'est bien sûr pas question ici de l'aspect religieux du discours, mais seulement de philologie, en confrontant les affirmations de l'orateur quant au dévoiement du texte hébreu avec ce que la langue et l'histoire des manuscrits permettent de juger.
aa On trouvera à plusieurs reprises
« traduction » ou
« traduit », placés entre guillemets ; il ne faut pas voir dans ces guillemets un jugement de valeur ; ils servent seulement à donner au mot le sens particulier convenant à la méthode utilisée par Joseph Smith
(3). Dans le même esprit, l'expression
livres « inspirés » désigne les ouvrages formant (avec
la Bible […] quand elle est traduite correctement ) le corpus canonique mormon.
aa Les contraintes d'édition de cette page rendent difficile l'emploi de l'alphabet hébreu ; il a donc fallu recourir à une transcription en caractères latins ; mais celles que l'on peut rencontrer varient d'une source à l'autre, et celle qu'emploient Joseph Smith et Jonathan Grimshaw (suivant l'enseignement de Joshua Seixas) est assez atypique ; c'est pourquoi
• toutes les citations du discours reprennent la graphie de J. Seixas,
• celles du commentaire suivent une sorte de
voie moyenne, dans laquelle le premier verset de la
Genèse se présente ainsi :
bεrešîth bârâ elôhîm ath hašâmayîm vε'ath hâ'ârez.
(4) aa On retrouvera dans ce commentaire certains passages de la traduction proposée plus haut, mais d'autres ont dû être retraduits parce que correspondant à une version différente du discours ; d'autre part, il ne semble pas que les travaux de K. Barney ou de L. Owens aient été traduits en français ; les traductions ci-dessous sont donc, elles aussi, personnelles ; le texte anglais (parfois renvoyé en note) accompagne toujours la traduction, pour permettre d'éventuelles mises au point ; en revanche, pour les extraits des ouvrages « inspirés », dont on peut trouver une traduction sur le site lds.org, seul le texte français canonique a été mentionné.
aa L'usage des couleurs est différent de ce que l'on trouve dans le reste de cette page (et dans les autres) ; il sert essentiellement à marquer la concordance (ou, au contraire l'opposition) entre divers mots dans un passage donné.
A Du texte au dogme
1) Texte et traduction | | Illustration du début du Livre de la Genèse sur le site beithazohar.com |
Ce discours n'a évidemment pas le monopole de la difficulté d'établissement d'un texte, mais il faut reconnaître que les obstacles se sont accumulés pour perturber la transmission des paroles prononcées par Joseph Smith en cet après-midi venteux d'avril 1844, et c'est encore plus vrai pour ce passage. Parce que la question est à la fois importante et complexe, on pourra trouver un exposé plus détaillé de la situation dans l'annexe I, avec quelques exemples précis. Mais puisqu'au départ de cette étude était l'article de K. Barney, il a semblé normal de partir du même point que lui : la version « officielle » établie par Jonathan Grimshaw. En voici donc le texte original :
I shall comment on the very first Hebrew word in the Bible; I will make a comment on the very first sentence of the history of the creation in the Bible - Berosheit. I want to analyze the word. Baith - in, by through, and everything else. Rosh - the head. Sheit - grammatical termination. When the inspired man wrote it, he did not put the baith there. An old Jew without any authority added the word; he thought it too bad to begin to talk about the head! It read first, "the head one of the gods brought forth the gods." That is the true meaning of the words. Baurau signifies to bring forth. If you do not believe it, you do not believe the learned man of God. Learned men can teach you no more than what I have told you. Thus the head God brought forth the Gods in the grand council.
que l'on peut traduire ainsi :
[19] Je vais commenter le tout premier mot hébreu dans la Bible ; je veux faire un commentaire sur la toute première phrase de l'histoire de la création dans la Bible - Berosheit. Je veux analyser le mot. Baith - en, par, à travers, et tout le reste. Rosh - la tête. Sheit - terminaison grammaticale. Quand l'homme inspiré a écrit cela, il n'a pas mis là le baith. Un vieux Juif sans aucune autorité a ajouté le mot ; il pensait que c'était trop mal de commencer par parler de la tête ! Cela se lisait d'abord « Celui-de-tête des Dieux fit sortir les Dieux. » C'est le vrai sens des mots. Baurau signifie faire sortir. Si vous ne le croyez pas, vous ne croyez pas celui que Dieu a instruit. Les savants ne peuvent pas vous en apprendre plus que ce que je vous ai dit. Ainsi, le Dieu de tête fit sortir les Dieux dans le grand conseil.
2) »» Pour comprendre l'enjeu de ce passage (et sans se lancer dans l'analyse de l'ensemble du discours), il est bon d'en rappeler les prémisses : au début du paragraphe [13], Joseph Smith a révélé un premier élément de doctrine :Dieu lui-même a été ce que nous sommes maintenant, et c'est un Homme parvenu à l'exaltation.
On pourra noter que Joseph Smith ne donne pas de référence scripturaire ; il ne fera allusion que plus tard à un passage de l'évangile selon Jean, mais à propos de Jésus. Comme Brigham Young (5) puis Lorenzo Snow (6) le préciseront, cette doctrine implique que, du temps où il vivait sa vie humaine, Dieu adorait et servait (sur une autre planète, comme Joseph Smith l'indique au paragraphe [15]) le Dieu qui l'avait créé. Ce Dieu qui lui-même… etc.
3) »» Ce dogme de Dieu comme Homme parvenu à l'exaltation débouche donc sur une vision polythéiste.
Or même les moins au fait des doctrines religieuses savent que la Bible (Tanakh pour les Israélites, Ancien et Nouveau Testaments pour les Chrétiens) ne permet guère de mettre en doute la croyance en un Dieu unique et éternel (au double sens d'incréé et d'immuable). ___Joseph Smith doit donc affirmer que la Bible n'est pas correcte (c'est-à-dire que le texte que nous en avons n'exprime pas la vérité) quand elle enseigne ou implique qu'il n'y a qu'un Dieu ; ce qui est bien le cas, dans les versions habituelles, de la première phrase du Livre de la Genèse, ainsi que le montrent ces divers extraits___a a a | | |
B La glose
1) »» Joseph Smith se propose donc (nous reviendrons plus bas sur ce choix) de montrer comment le texte de ce premier verset biblique a été corrompu. Ainsi passons-nous de la théologie (et, répétons-le, nous n'aurions rien à dire, étudier ou commenter quand il s'agirait de savoir si le monde a été créé par un Dieu unique ou au contraire organisé par un consortium de Divinités) à la linguistique et la paléographie. Comme l'écrit Kevin Barney, la démarche de l'orateur se veut ici essentiellement normative and rational .
Il nous faut donc voir comment la phrase dictée selon lui par Dieu à l'homme inspiré, à savoir
___Le chef des Dieux rassembla les Dieux et ils organisèrent le ciel et la terre
est devenue le texte canonique actuel : Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.
L'orateur fait tout partir du premier mot de la Bible canonique : Bεrešîth (écrit Berosheit suivant l'enseignement de Joshua Seixas), qu'il décompose en ses trois éléments ; pour varier, nous le recomposerons :
- à la base, le nom Roš/Reš, qui signifie la tête, pouvant prendre (comme dans nombre de langues) le sens figuré de chef, capitaine (le changement de voyelle o/e peut dépendre à la fois de la fonction du nom dans la phrase et du système de transcription adopté) ;
- à cette base s'ajoute ici un suffixe -îth (que Seixas appelait grammatical termination et écrivait sheit ), servant à créer des noms féminins abstraits (ou des adjectifs au féminin) ; rešîth (ou Rosheit ) signifie donc [le] commencement (ou [la] première) ;
- et ici, ce nom est précédé de la préposition bε (dont Joseph Smith indique les principaux sens), soudée au nom qu'elle introduit ; il s'agit de la lettre ב (beth, écrite baith par J. Seixas), accompagnée dans l'écriture massorétique d'une voyelle variable notée par des points ou des traits sous la lettre elle-même (ici un ševah na', sorte de voyelle muette).
2) »» L'assertion de Joseph Smith est donc que cette préposition a été ajoutée à tort, lors d'une copie ultérieure du texte ; le paragraphe D1) reviendra sur l'acte lui-même – considérons-le pour l'instant comme acquis ; on a donc d'une part le texte hébreu restant :
[a] rešîth bârâ elôhîm ath hašâmayîm vε'ath hâ'ârez
et de l'autre ce que Joseph Smith donne comme traduction :
[b] The head one of the Gods brought forth the Gods
Il est clair que la phrase [b] correspond seulement au début du texte hébreu corrigé ; mais jusqu'où ? parmi les sept mots de la phrase hébraïque, lesquels sont repris par les dix mots anglais ? C'est là-dessus que tout se joue, selon l'analyse de Kevin L. Barney. Le paragraphe [19] ne donne pas de réponse explicite, mais si l'on prend en compte la fin du paragraphe (Baurau signifies to bring forth ), il semble logique de mettre en parallèle
The head one | of the Gods | brought forth | the Gods |
reš | [elôhîm] | bârâ | elôhîm |
3) »» Mais cette interprétation du texte conduit à imputer à Joseph Smith trois « tours de passe-passe » :
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• | la première difficulté s'attache au tout premier mot hébreu dans la Bible : Joseph Smith évoque ici The head one , plus bas The head God , et au paragraphe [22], the head, the father of the Gods ; il semble donc que, selon lui, Berosheit doive être réduit à Rosh, et que sheit/-îth fasse partie de ce que le vieux Juif sans autorité a ajouté ; pourquoi n'est-ce pas mentionné ? peut-être le nom de terminaison grammaticale que J. Seixas donne au suffixe a-t-il conduit à considérer que c'était une sorte de déclinaison du nom Rosh/reš, et que, si l'on enlevait la préposition, la terminaison devait disparaître (un peu comme, en latin, in cordeacor ) ; nous considérerons donc pour la suite que le premier mot se réduit à reš. |
• | Les deux autres problèmes viennent de la différence entre cette traduction au paragraphe [19] et ce que l'orateur reprend au paragraphe suivant : [19] The head one of the Gods brought forth the Gods (= le Dieu de tête fit sortir les Dieux ) [20] The head God called together the Gods and sat in grand council to bring forth the world (= le Dieu de tête rassembla les Dieux et ils s'assirent en un grand conseil pour faire sortir le monde ) Selon toute apparence, la phrase du paragraphe [19] correspond aux trois premiers mots du verset quand celle du paragraphe [20] correspond à l'ensemble de ce même verset. Mais alors |
| • | qu'est-ce qui, dans la phrase hébraïque, correspond à la fin de la phrase du paragraphe [20] ? On a sans doute […] to bring forth the world […] ___bârâ____ath hašâmayîm vε'ath hâ'ârez mais bârâ est « déja pris » dans la première moitié de la phrase pour brought forth the Gods (Barney parle de mots cannibalisés, comme précédemment pour elôhîm) ; |
| • | dernière difficulté : le verbe bring forth, qui avait comme complément d'objet the Gods au paragraphe [19], est remplacé au paragraphe [20] par called together en se retrouvant avec comme complément d'objet the world ; on a donc, en quelque sorte : The head God called together the Gods and sat in grand council to bring forth the world. ___reš__elôhîm___bârâ______elôhîm__vε____?_______?_____?___bâra___ath hašâmayîm vε'ath hâ'ârez Ce qui est sans doute plus satisfaisant en anglais, mais loin d'être rationnel (comme le déclarait Barney) : - si l'on peut choisir de traduire bârâ par created (comme dans la KJV ), brought forth (comme au § [19]) ou organized (comme au § [26]), le sens de called together (= convoqua, rassembla) paraît exclu ;
- comment les deux parties du verset s'articulent-elles (= qu'est-ce qui équivaut à to, qui a ici une valeur finale) ?
|
À ce point, l'alternative paraît claire :
- ou bien Joseph Smith a effectivement prononcé les paroles qui lui sont prêtées par la version officielle du discours telle qu'elle a été établie par J. Grimshaw – et alors, il a triplement enfumé son auditoire,
- ou bien ses propos ont été mal compris et/ou mal enregistrés ; on ne peut alors lui reprocher les dysfonctionnements de sa démonstration, mais ses paroles redeviennent silence tant qu'on n'a pas restitué un discours plus cohérent.
La simple honnêteté intellectuelle conduisant à envisager la deuxième hypothèse, on doit alors chercher une interprétation du texte offrant aux paroles de Joseph Smith plus de rigueur. C'est ce que se proposent de faire les différentes « conjectures » qui suivent.
C Les conjectures…
1) »» Une première hypothèse a été proposée par Andrew R. Ehat et Lyndon W. Cook, qui ont publié divers documents sur ce discours (dont les notes prises par les scribes) dans The Words of Joseph Smith. Leurs propositions sur ce passage particulier ne manquent pas d'ingéniosité, mais sont passablement complexes, pour un bénéfice somme toute limité ; prenons un seul exemple, assez significatif : pour eux, Joseph Smith n'a pas fait disparaître la terminaison de Rosheit, mais a réanalysé le mot en Rosh shît – où shît est le verbe dont Rosh est le sujet (et Elohim le complément d'objet) ; cette interprétation a évidemment le mérite de supprimer le tour de passe-passe sur sheit et de « libérer » doublement le verbe baurau (puisqu'il n'a plus à signifier que produire ou organiser, avec le ciel et la terre comme seul complément d'objet). Mais cette hypothèse se heurte à plusieurs obstacles :
- le sens de shît (placer ) ne convient guère ni pour bring forth ni pour call together ;
- la forme grammaticale devrait être shât ;
- la structure d'ensemble de la proposition (sujet + verbe + complément d'objet) n'est pas la plus attendue (verbe + sujet + particule + c.o.) ; et, de toutes les façons, elle ne résout qu'une partie du problème, puisqu'il faudrait encore annexer le nom Elohim de la seconde partie du verset. Pour plus de précisions, on pourra se reporter aux pages 119 à 123 de l'article de K. Barney (7)
2) »» La seconde conjecture est de nature totalement différente. On la doit à Lance S. Owens, qui la présente dans son article Joseph Smith and Kabbalah: The Occult Connection. Reliant la doctrine exposée par Joseph Smith à l'interprétation des textes bibliques par la Kabbale, elle s'appuie en fait sur deux arguments :
- le premier est d'ordre assez général et tient à une série de coïncidences. Comme la démonstration repose sur une longue chaîne de faits, leur exposé fait l'objet de la note (8), et nous n'en garderons ici que l'ossature :
- à partir de 1841, Joseph Smith a eu l'occasion de travailler avec Alexander Neibaur, un Juif venu d'Allemagne et converti au mormonisme ;
- dans un article publié dans Times & Seasons (9), A. Neibaur cite de nombreux textes consacrés à la Kabbale ;
- d'où sa conclusion : il semble inconcevable qu'il n'y ait pas eu alors des discussions sur la Kabbale (9b). Et Owens ajoute : Qui donc, connaissant l'histoire et la personnalité de Joseph Smith – le prophète qui a restauré la connaissance et les rituels secrets transmis à Adam, qui a traduit les paroles d'Abraham, d'Énoch et de Moïse, et qui a retraduit la Genèse – qui donc pourrait douter de son intérêt pour la version originale de la tradition juive occulte ? (10) ; il existe assurément des affinités entre les révélations mormones et les enseignements de la Kabbale, mais la simple chronologie (11) donne raison à K. Barney quand il objecte : Il se peut que Neibaur ait vu le Zohar [livre de la Kabbale, voir le paragraphe ci-dessous] comme allant dans le sens de la vision de Joseph et la confirmant, mais Joseph est arrivé à cette vision indépendamment de la Kabbale. (12)
- Le second argument (qui fait l'objet de la dernière partie de son article) est plus ciblé, puisqu'il porte précisément sur ce discours, et notamment sur son paragraphe [19]. L'auteur met en avant la ressemblance entre la doctrine que Joseph Smith y dévoile et ce que l'on peut trouver dans le Sefer Ha Zohar (= Livre de la Splendeur ), que Wikipédia présente comme l'un des ouvrages majeurs de la Kabbale, […] rédigé par Moïse de León ou par son entourage entre 1270 et 1280. Selon L. Owens, Gershom Scholem (historien et philosophe du XXème siècle, spécialiste de la Kabbale) aurait expliqué ainsi l'interprétation que le Zohar donne des trois premiers mots de la Bible :
Bereshith – par l'entremise du « commencement » [Hokhmah, ou la Sagesse,
________________________l'image primordiale de Dieu le Père dans le Sefiroth de la Kabbale]
bara créa, c'est-à-dire le Rien caché (qui forme le sujet du verbe bara) exhala ou déploya,
Elohim. C'est-à-dire que son émanation est Elohim. Ce dernier [Elohim] est l'objet, et non le sujet de la phrase.
(le texte original ne contient ni italiques ni couleurs ni sauts de ligne) (13)Owens y voit une exégèse […] qui correspond mot pour mot avec la lecture de Joseph (14). Il existe en effet deux points communs :
- Elohim est le complément du verbe bârâ, et non pas son sujet,
- Elohim est un nom de sens pluriel (15).
Mais le début (le premier mot de la Bible ) paraît moins concordant : pour Gershom Scholem,
aa si bereshith marque plus le moyen ou la manière que le temps, le mot demeure un complément circonstanciel, en rien le sujet de bârâ ;
aa ce sujet, justement, est le Rien caché (16), un élément qui n'apparaît pas dans le discours de Joseph Smith, puisque c'est Rosh qui remplit cette fonction. Il semble qu'Owens l'ait pressenti, puisqu'il juge nécessaire d'ajouter : Au moyen d'un chiffrage des lettres propre à la Kabbale (une technique utilisée dans la Kabbale pour cacher plus profondément les significations ésotériques) le Zohar explique que le mot Reshith « est par anagramme Rosh (la tête), le commencement qui découle de Reshith.(17) »Mais on peut remarquer avec K. Barney qu'il n'est nul besoin de numérologie et d'anagramme pour remonter de Reshith à Rosh, puisque le premier est un simple dérivé lexical du second. Il est clair que Joseph Smith a choisi ici une mise en scène (analyse étymologique de Berosheit+ erreur du copiste) nettement différente de ce que peut suggérer la Kabbale (avec ses quatre niveaux de lecture de plus en plus profondément et volontairement cachés).
3) »» Venons en donc à ce que Kevin Barney appelle A NEW CONJECTURE – une conjecture assez audacieuse ; pour lui, il faut voir l'intuition initiale de Joseph Smith sous cette forme :
The head one of the Gods brought forth the Gods and the Elohim brought forth the world
____reš________îth________________________________bârâ elôhîm ______ ath hašâmayîm vε'ath hâ'ârez
Ainsi, tout ce que l'orateur ajoute au texte canonique (après avoir gommé Bε ) procéderait en quelque sorte du seul rešîth/Rosheit. Cette hypothèse a plusieurs mérites :
- elle supprime les tours de passe-passe que nous avons rencontrés à l'étape B 3) : îth a sa place dans l'interprétation, la seconde partie du verset est conservée intacte et le verbe brought forth du paragraphe [19] est indépendant de bârâ ;
- elle reste dans l'esprit de Joseph Smith :
- si l'on se réfère aux manuscrits « traduisant » le Livre d'Abraham, on peut constater que d'un simple caractère hiéroglyphique, Joseph Smith a parfois tiré un verset entier de plusieurs lignes ; et le Livre d'Abraham est le seul texte « inspiré » faisant état d'une « pluralité des Dieux » (They, the Gods, chapitre 4, versets 1 à 4) (18).
- K. Barney s'appuie de façon très détaillée sur les leçons de Joshua Seixas, que Joseph Smith a pu suivre à Kirtland.
4) »» Conjecture audacieuse, soigneusement documentée ; en même temps …
D'abord, on ne peut qu'être frappé par une similitude de méthode avec l'analyse de Lance Owens. Pour l'un comme pour l'autre, il s'agit (après la suppression du Bε initial) d'ajouter un certain nombre de mots au texte canonique pour le faire correspondre à ce que Joseph Smith donne comme traduction ; dans l'hypothèse de L. Owens, ces mots découlent de la Kabbale et du Zohar ; dans celle de K. Barney, ils viennent de Joshua Seixas et de sa Grammaire hébraïque (et Barney a raison en ce sens : un manuel de grammaire est plus normatif et rationnel que le traité d'un kabbaliste) ; mais, dans un cas comme dans l'autre, cela revient à (re)traduire en hébreu ce que Joseph Smith révèle en anglais ; il ne s'agit donc plus de corriger la traduction mais en fait de récrire le texte de la Bible. Pour s'en faire une idée, on peut comparer le texte anglais (tel que Joseph Smith le présente aux paragraphes [19] et [20]) d'une part à ce que proposent L. Owens puis K. Barney (19), de l'autre au texte communément admis de la Torah :
[19] The head of the Gods brought forth._the Gods____.___in the grand council.
[20] _The head God______called together the Gods and sat in grand council to bring forth the world.
LO-______reš________._.__:___bârâ____[ath] elôhîm____________________bârâ elôhîm ath hashamayim…
KB-__roš__ith__ha'elohim_____hebî_____eth ha'elohim___________!_______bara elohim eth hashamayim…
To- bεrešîth________________bârâ________elôhîm_______________________________ath hašâmayim…
Notons au passage qu'il faudrait aussi se pencher sur l'articulation entre les deux parties du verset, devenues indépendantes, et sur le fait que, dans la seconde partie, le verbe bârâ se retrouve avec un sujet elôhîm interprété comme un pluriel (en anglais, au prétérit, created , organized ou brought forth valent aussi bien pour un Dieu unique que pour plusieurs Elohim ; l'hébreu bârâ, lui, demande un sujet au singulier).
Mais le plus important n'est pas là.
D … à l'épreuve des textes
1) »» Il existe un autre point commun aux deux commentateurs : s'ils se sont longuement attachés au début et à la fin du paragraphe, ils ont peu considéré une phrase qui, pourtant, a de quoi retenir l'attention. Pour être sûr de ne pas trahir les propos de l'orateur, en voici les diverses versions :
Thomas Bullock | | a man, a Jew without any authority thought…… |
William Clayton | But a Jew put it there. It read in the first the head…… |
Wilford Woodruff | an old Jew added the word Bath, it red [sic] the head…… |
Times & Seasons | A man, a Jew without any authority thought……. It read first the head…… |
Jonathan Grimshaw | An old Jew without any authority added the word; he thought……. It read first the head…… |
Stan Larson | but a man, an old Jew without any authority, put it there. He thought…….It read in the first the head…… |
NB-___thought…… the head…… | = thought it too bad to begin to talk about the head = the head one of the Gods brought forth the Gods |
Si les mots peuvent varieer d'une transcription à l'autre, il y a unanimité quant à l'affirmation de Joseph Smith : c'est l'ajout par un copiste de la préposition bε (ou de la lettre ב) qui a fait disparaître la pluralité des Dieux.
Bien que cela n'ait pas de rapport immédiat avec la Bible, je ne peux pas, à la lecture de cette phrase, ne pas penser au début de L'Aventure ambiguë, où Cheikh Hamidou Kane met en scène Thierno, le Maître de l'école coranique, et un petit talibé :
Ce jour-là, Thierno l'avait encore battu. Cependant, Samba Diallo savait son verset.
Simplement sa langue lui avait fourché. Thierno avait sursauté comme s'il eût marché sur une des dalles incandescentes de la géhenne promise aux mécréants.
Et ce n'était qu'un enfant (pas un copiste d'âge mûr) ; et ce n'était qu'un verset parmi tant d'autres de la sourate (pas le premier mot de Dieu aux hommes) ; et ce n'était que de la récitation (pas cette écriture qui permet à l'humain de se rapprocher de l'Éternel). Pour revenir à la Bible, quand on sait le soin et les scrupules avec lesquels elle était copiée (par exemple par les Massorètes), il paraît difficilement imaginable qu'un Juif (fût-il vieux et sans autorité ) ait ainsi changé délibérément (he thought it too bad… ) la Parole sacrée qu'il avait pour mission de copier.
Mais admettons l'impensable, supposons que ce coup de folie ait eu lieu, et revenons à notre auteur inspiré ; il n'a pas mis son livre sous un boisseau ou au fond d'un placard : les prêtres l'ont lu dans le Temple, des Hébreux l'ont appris par cœur et récité (si un Israélite ne doit retenir qu'un verset dans tout le Tanakh, n'est-ce pas de celui-là ?) ; comment imaginer un instant que personne ne se soit aperçu du surgissement de cette incorrection impie ? Et quand bien même, par quelle aberration ce texte corrompu se serait-il imposé comme la Vraie Parole ?
Encore un détail qui prend ici toute son importance : depuis la traduction des Septante, nous désignons les livres de la Bible par un titre (la Genèse, l'Exode, le Lévitique, etc.) mais les Hébreux les appelaient (et les Israélites les appellent) par le premier mot du premier verset ; ainsi le quatrème livre, que nous appelons Les Nombres, s'appelle-t-il Sefer Bamidbar (en quelque sorte le livre qui commence parDans le désert ) ; si la supposition de Joseph Smith était vraie, c'est le titre même du premier des livres sacrés que notre vieux Juif sans autorité aurait changé, transformant le Sefer Rosh en Sefer Berosheit - sans que quiconque y vît malice, là encore.
Pour en finir avec cette phrase (et on voudra bien me pardonner de me mêler de ce qui ne me regarde assurément pas), il semble bien que Dieu ne plaisante pas vraiment quand il s'agit de Sa parole et de Son enseignement. Rappelons, à simple titre de comparaison qu'au début de juin 1828, Martin Harris égara les feuillets contenant la traduction du début du Livre de Mormon ; dans les semaines qui suivirent, Dieu fit savoir à Joseph Smith ce qu'il devait faire pour réparer cette faute (c'est la section 10 des Doctrine et Alliances ) ; et pourtant, il ne s'agissait que de la chronique familiale des Lehi. Bien difficile alors de croire qu'Il ait laissé dénaturer les premiers mots de Son message et attendu plus de vingt-cinq siècles (20) avant d'assurer leur restauration.
Dans ces conditions, les conjectures supposant des modifications encore plus profondes du premier verset semblent encore moins recevables, et l'on peut rester perplexe quand K. Barney écrit, vers la fin de sa démonstration :
« L'idée était que la phrase qu'il imaginait en hébreu avait été l'original mais qu'elle avait été altérée par les copistes jusqu'au point où il n'en restait plus que le mot Bereshith actuel. » (21) (c'est moi qui souligne).
2) »» Ainsi le constat paraît-il clair :
- justifier la pluralité des Dieux simplement en enlevant une lettre au texte biblique n'est pas plausible ;
- imputer cette modification à l'erreur (consciente ou non) d'un copiste n'est pas plausible.
Alors, pourquoi Joseph Smith l'affirme-t-il ? S'agit-il, de sa part, d'une erreur involontaire (étourderie ou risque mal calculé) ou d'une embardée délibérée ? Nous l'avons déjà vu, l'orateur a de bonnes bases en hébreu (Barney rappelle un passage des Papers of the Prophet Joseph Smith où leur auteur note qu'il doit préparer la traduction de dix versets de l'Exode pour le cours du lendemain) ; il ne manque certes pas non plus de connaissances sur le monde biblique (après avoir « traduit » le Livre de Mormon…) ; par ailleurs, comme mentionné précédemment au paragraphe C3), cette image d'un Dieu de tête présidant à l'action des Dieux est déjà présente dans le Livre d'Abraham (« traduit » à partir de 1835 et publié en 1842) ; voici par exemple le début du chapitre 4 :
1 Alors le Seigneur dit : Descendons. Et ils descendirent au commencement, et ils, c'est-à-dire les Dieux, organisèrent et formèrent les cieux et la terre.(18)
Il semble donc difficilement concevable que Joseph Smith se soit lancé dans une telle démarche par inadvertance. La comparaison des commentaires de L. Owens et de K. Barney en donne d'ailleurs un indice supplémentaire : au-delà de l'opposition culturelle entre Kabbale et grammaire de l'hébreu, leurs deux versions diffèrent sur le sens à donner au verbe brought forth dans la première phrase du paragraphe [19] : pour Barney (comme pour Ehat et Cook), il s'agit de convoquer, rassembler ; ainsi, comme dans le texte canonique, le verset 1 raconte-t-il toujours comment notre monde est apparu (organisé par plusieurs Dieux, à la place d'être créé par l'Unique) ; au contraire, pour Owens, il s'agit bien du sens habituel de bârâ : exhaler, créer - et le verset raconte comment les Dieux sont apparus.
Qui, d'Owens ou de Barney, a raison sur ce point ? Il semble que Joseph Smith lui-même ait brouillé les pistes. Pour ne pas risquer de l'en soupçonner à tort, comparons d'abord les différentes versions manuscrites de cette phrase :
- "the head one of the gods brought forth the gods" is the true meang. of the word (T. Bullock)
- the head one of the Gods brought forth the Gods–is the true meaning (W. Clayton)
- the head one of the Gods, broat[sic] forth the Gods (W. Woodruff)
Les trois versions concordent pour témoigner que Joseph Smith a employé le verbe bring forth. Or une deuxième comparaison est aussi instructive : celle des différentes versions (déjà mentionnées en B3)) que Joseph Smith donne lui-même de cette phrase, au fil de son discours :
19-a The head one of the Gods brought forth the Gods
19-b The head God brought forth the Gods in the grand council
20 The head God called together the Gods and sat in grand council to bring forth the world.
Étrange glissement :
- au début, en 19-a, l'orateur emploie brought forth seul – dont le sens naturel est produire (soit un document soit un végétal ou un animal), dans l'esprit de ce qu'évoque Lance Owens ;
- puis il reprend l'expression en 19-b, en ajoutant in the grand council ; du coup, le sens de produire, engendrer ne va plus, et il faut imaginer quelque chose comme faire sortir [de chez soi] ;
- la mue est achevée au paragraphe [20], où brought forth est purement et simplement remplacé par called together, qui rejoint l'interprétation de Kevin Barney, convoquer, rassembler ; pourquoi alors ne trouve-t-on pas called together dès le paragraphe [19] ? Simple lapsus dû à l'influence de bârâ voisin ? Ou volonté de délivrer deux messages conjoints : pluralité des Dieux dans le grand conseil, mais aussi annonce de ce qui sera développé plus loin aux paragraphes [26] et [28] : les Dieux eux-mêmes (ne serait-ce qu'en tant qu'hommes exaltés ) ont été créés (à partir d'intelligences – qui, seules, sont éternelles) ?
3) »» Quand on regarde l'ensemble de ce discours du 7 avril, il apparaît bien que Joseph Smith a conçu son sermon comme une suite de défis théologiques : Dieu comme Homme parvenu à l'exaltation, pluralité des Dieux, rejet de la création ex nihilo, existence éternelle de l'homme (à travers les intelligences ), baptême des morts - autant de dogmes dont il doit savoir que l'affirmation suscitera des réactions hostiles en dehors de l'Église mormone (et peut-être même quelques réticences à l'intérieur). Il ne s'agit pas là de provocation, dans la mesure où le provocateur a pour but de choquer (le moyen d'y parvenir étant secondaire) alors que, pour Joseph Smith, l'essentiel est à coup sûr l'enseignement de la doctrine (les réactions étant, elles, accessoires) ; en d'autres termes, Joseph Smith prêche malgré les remous prévisibles. Mais il en va autrement dans les paragraphes [19] à [22] ; on rencontre d'ailleurs au paragraphe [20] une phrase très significative quand il explique parler comme il le fait to let the lawyers flutter, and everybody laugh at them
= pour laisser les hommes de lois s'agiter, et tout le monde se moquer d'eux.
Nous sommes bien ici à la limite de la provocation, dans ce que l'on pourrait qualifier de bravade ; et c'est de cette façon que l'on peut aussi entendre l'ensemble de ces quatre paragraphes (l'Annexe II contient un commentaire plus succinct des paragraphes [21] et [22]).
4) From a small capacity to a great one
Simple conjecture, évidemment (quand on n'est pas Historian of the Church, une telle lecture n'engage personne d'autre – quelle chance !), mais qui peut paraître en accord avec le caractère et l'être de l'orateur :
- Joseph Smith sait bien que l'on ne peut pas faire dire au premier verset de la Bible Le Dieu de tête fit sortir les Dieux et ils organisèrent le ciel et la terre, simplement en enlevant une lettre ;
- il sait bien que ce premier verset n'a pas pu être corrompu par la simple erreur d'un copiste ;
- et pourtant il affirme l'un et l'autre, parce que
- pour lui, l'essentiel est dans le défi théologique : l'essentiel est de révéler et d'enseigner que Le Dieu de tête fit sortir les Dieux, pour organiser le ciel et la terre - et c'est dit et répété sous diverses formes ; (22)
- et puis, quelle belle occasion, au paragraphe [22], de braver ces docteurs de la loi qui le menacent :
Si vous prêchez quoi que ce soit qui s'écarte de la Bible, nous crierons à la trahison.
Or ici, on est bien loin au-dessus de quoi que ce soit, puisqu'il s'agit de réfuter l'unicité de Dieu ; et bien loin au-delà de s'écarter de la Bible, puisque le propos est d'en récrire complètement le premier verset. Occasion unique, pour et par un texte unique ! Braver les docteurs de la loi - mais aussi les ridiculiser, pour que tout le monde se moque d'eux : que vaut leur croyance en un Dieu Unique et Créateur - quand elle ne tient qu'à une lettre de l'alphabet et un vieillard borné ?
Dernier indice que la véracité historique de ce ב / baith rajouté compte peu dans l'esprit de Joseph Smith : quelques paragraphes plus tard, il reformule (une quatrième fois) cette vision :
In the beginning, the head of the Gods called a council of the Gods; […]
= Au commencement, la tête des Dieux convoqua un conseil des Dieux ; […]
Et voilà ! jeté par la porte avec des hauts cris au paragraphe [19], Au commencement / In the beginning / Bereshit revient sans bruit par la fenêtre au paragraphe [23]. Pour dire les choses un peu crûment, était-ce bien la peine d'accuser le vieux Juif d'avoir remplacé la Tête par Au commencement, si c'est pour retrouver quelques minutes plus tard à la fois Au commencement et la Tête (23) ?
Mais, final de compte, peu importe si les assertions ne sont guère vraisemblables, peu importe si l'argumentation des paragraphes [19] et [20] est pulverisée quelques minutes plus tard - l'effet désiré sera obtenu : les auditeurs auront ri, tandis que les réticents ne pourront que s'empêtrer dans des considérations grammaticales inaudibles - un peu à l'image de ce qui précède dans cette page.
Et à qui pourrait trouver que pareille démarche siérait mieux à un homme politique (voire un politicien ) qu'à un Prophète, rappelons qu'en ce printemps 1844, ledit Prophète était aussi maire de Nauvoo, et candidat déclaré à la Présidence des États-Unis d'Amérique.
Bien sûr, Joseph Smith aurait pu simplement révéler ce dogme de la pluralité des Dieux, comme il le fait pour l'expérience humaine de Dieu (au paragraphe [13]) ou l'éternité des intelligences (aux paragraphes [27] et suivants) - ou encore comme l'Église elle-même l'a fait quand il s'est agi de passer de la monogamie au mariage plural et vice-versa (voir l'Annexe III). Mais on ne peut s'empêcher de repenser à celui qui, quelques mois plus tôt, faisait publier un numéro spécial de Times & Seasons avec ce titre :
GENERAL JOSEPH SMITH'S
APPEAL
TO THE
GREEN MOUNTAIN BOYS
Maire et général ici, savant hébraïste là, que de chemin parcouru pour le petit money-digger de Palmyra.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Notes ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
(1) L'article intitulé
Joseph Smith and Kabbalah: The Occult Connection se trouve aux pages 131 à 208 du numéro
Automne 1994 (vol. 27, n° 3) ; pour le télécharger, on peut se rendre
à cette adresse [⇒] puis chercher la ligne
131___Owens, Lance S.___Joseph Smith and Kabbalah: The Occult Connectionet cliquer sur la petite icône
PDF dans la colonne de droite. Il est également possible de télécharger l'ensemble du numéro (mais il est passablement volumineux).
(2) L'article intitulé
Joseph Smith's Emendation of Hebrew Genesis 1:1 se trouve aux pages 115 à 135 du numéro
Hiver 1997 (vol. 30, n° 4) ; pour le télécharger, on peut se rendre
à cette adresse [⇒] puis chercher la ligne
115___Barney, Kevin L.___Joseph Smith's Emendation of Hebrew Genesis 1:1et cliquer sur la petite icône PDF dans la colonne de droite.
(3) Dans l'introduction du
Livre de Mormon, il est mentionné que les plaques d'or ont été traduites (de l'égyptien réformé en anglais)
par le don et le pouvoir de Dieu ; et le site officiel
The Joseph Smith Papers précise :
that is, by a revelatory or inspired process and not by natural means.
=
c'est-à-dire par un processus de révélation ou d'inspiration, et non par des moyens naturels.
On pourrait donc parler de traduction inspirée, révélée par la voyance.
(4) Dans cette transcription, l'accent circonflexe indique une voyelle longue,
ε équivaut à un
sheva na' (sorte de voyelle silencieuse),
š à
ש (
ch en français),
z à
ז et l'apostrophe à un
א intervocalique.
(5) Voir
Teaching of Presidents of the Church - Brigham Young p. 29 ; Brigham Young succédera à Joseph Smith comme Prophète-Président.
(6) Voir
Teaching of Presidents of the Church - Lorenzo Snow p. 83 ; Lorenzo Snow sera le cinquième Prophète-Président.
(7) Il semble que les travaux de A. Ehat et L. Cook ne soient pas disponibles sur Internet. On ne trouvera donc ici que ce que l'article de K. Barney permet d'en connaître.
(8) (8) Alexander Neibaur était né en 1808 près de Coblence (ville alors française, à l'apogée du Premier Empire) dans une famille juive originaire de Prusse orientale ; son itinéraire géographique a suivi son cheminement religieux : converti au protestantisme, il est allé vivre en Angleterre puis, devenu mormon en 1838, il a émigré aux États-Unis et est venu habiter Nauvoo en 1841 ; outre ses compétences professionnelles (en tant que chirurgien-dentiste), Neibaur était versé aussi bien dans les langues que dans la théologie ; à Nauvoo, il s'était lié avec Joseph Smith, à qui il donna des leçons d'allemand et peut-être aussi d'hébreu ; quand l'orateur dit au paragraphe
[57] :
The Germans know that I read the German correctly , c'est peut-être à Alexander Neibaur qu'il pense, et certainement à lui qu'il le doit. Par ailleurs, Owens cite une série d'extraits du
journal de Joseph Smith mentionnant des rencontres avec Neibaur, dont le plus précis paraît être
23 May, "reading hebrew with neibaur".
D'un autre côté, L. Owens produit une liste (assez impressionnante) d'ouvrages liés à la Kabbale qu'Alexander Neibaur avait cités dans un article intitulé The Jews, publié dans les numéros du 1er puis du 15 juin 1843 de Times & Seasons (voir la note suivante) ; il est donc possible qu'Alexander Neibaur les ait eus (pour certains du moins) dans sa bibliothèque.
(9) (9) Times and Seasons était un bimensuel publié par l'Église mormone à Nauvoo depuis 1839. En 1844, il était dirigé par John Taylor (qui a supervisé l'édition de ce discours) et Wilford Woodruff (l'un des scribes).
(9b) It seems inconceivable that discussions of Kabbalah did not take place. (10) Can anyone familiar with the history and personality of Joseph Smith – the prophet who restored the secret knowledge and rituals conveyed to Adam, translated the works of Abraham, Enoch, and Moses, and retranslated Genesis - question that he would have been interested in the original version of this Jewish occult tradition? (11) La
restauration des connaissances et des rituels (
the Restoration of the Gospel ) remonte à la publication du
Livre de Mormon en 1830 ; la traduction des paroles de Moïse date de l'année suivante et celles d'Abraham, de 1836 ; seules les paroles prêtées à Énoch (dans le
Livre de Moïse ) peuvent (au moins en partie) être postérieures.
(12) Neibaur may have seen
the Zohar as supportive and confirming of Joseph's view, but Joseph arrived at that view independent of the Kabbalah.
(13) Bereshith - through the medium of the "beginning," [Hokhmah, or "wisdom," the primordial image of the Father God in the Kabbalistic Sefiroth] - bara, created, that is to say, the hidden Nothing which constitutes the grammatical subject of the word bara, emanated or unfolded, - Elohim, that is to say, its emanation is Elohim. It [Elohim] is the object, and not the subject of the sentence.
(14) an exegesis which was a basic precept of Jewish Kabbalah from the thirteenth century on and which agrees, word for word, with Joseph's reading.
(15) C'est un débat récurrent de l'exégèse biblique ; il suffit d'entrer
Elohim dans un moteur de recherche pour obtenir un nombre pléthorique de références. Sa discussion (le pluriel grammatical
Elohim désigne-t-il un être unique ou multiple ?) pouvant difficilement s'abstraire de considérations théologiques, il n'en sera pas question ici.
(16) Sauf interprétation erronée de la pensée de Gershom Sholem, la façon dont il explique que les trois premiers mots (
bεrešîth bârâ elôhîm / complément circ. + verbe + complément d'objet) sont en réalité
c. circ. + verbe +sujet+ c. d'objet ne manque pas d'intérêt : puisqu'il s'agit du
Rien caché, indicible et invisible par nature, le sujet ne peut être exprimé que par sa propre absence.
(17) By a Kabbalistic cipher of letters-a technique used in Kabbalah to conceal deeper esoteric meanings-the Zohar explains that the word Reshith "is anagrammatically rosh (head), the beginning which issues from reshith."
(18) (18) L'image reste assez imprécise, et il ne semble pas impossible que
The Gods désigne ici (seulement)
Dieu le père et
Jésus, limitant la pluralité à sa plus simple expression.
(19) Le travail est facile dans le cas de K. Barney puisqu'il propose lui-même quatre phrases au choix, le sens global restant le même. C'est la première qui figure ci-dessus, mais les mots ont été placés dans l'ordre de l'anglais pour rendre les parallèles plus visibles. Dans l'article original, la phrase est
[hêbî'] rô'š [hâ'ëlôhîm 'ê]t [hâ'ëlôhîm] .
(20) Le
Livre de Moïse (le premier des ouvrages composant
La Perle de Grand Prix) se présente comme une « retraduction inspirée » des premiers chapitres de
la Genèse ; on peut y lire, au début du chapitre 2 :
verset 1 Et il arriva que le Seigneur parla à Moïse, disant : Voici, je te révèle ce qui concerne ce ciel et cette terre ; écris les paroles que je dis. Je suis le Commencement et la Fin, le Dieu Tout-Puissant ; j'ai créé ces choses par mon Fils unique ; oui, au commencement, je créai le ciel et la terre sur laquelle tu te tiens.(c'est moi qui souligne ; comme déjà indiqué, le texte français est celui que l'on trouve sur le site
lds.org aussi bien que dans l'édition imprimée de ce livre).
Dieu oublie-t-il de mentionner ses confrères Elohim et de préciser qu'il a seulement organisé notre monde ? ou bien n'a-t-il pas encore jugé sage de révéler à Joseph Smith la manipulation du vieux Juif ?
(21) The idea was that his conjectured Hebrew phrase had been original, but was altered by scribes until all that remained was the extant word bεrešît.
(22) On pourrait même penser à un prestidigitateur : comme lui, Joseph Smith attire l'attention de tous sur un détail (
bεrešîth et le vieux Juif) pour pouvoir développer plus librement le cœur de sa pensée (la pluralité et la temporalité des Elohim). On rejoint donc les
tours de passe-passe évoqués à la fin de
B2) – mais dans un esprit bien différent.
(23) Joseph Smith reviendra sur l'interprétation de ce premier verset en deux endroits de son
discours du 16 juin [⇒] ; voici les deux passages, tels qu'ils figurent dans
HoC (vol. 6, début du chapitre XXIII)
au § [9] : "in the beginning the head of the gods brought forth the gods", or, as others have translated it, "the head of the gods called the gods together."
au § [13] : In the beginning the heads of the Gods organized the heavens and the earth.
Trois observations simples (anticipant sur l'étude du discours de 16 juin) :
- les deux passages réintègrent In the beginning – tournant le dos à l'analyse de bεrešîth (bien que l'orateur la cite apparemment au cours du § [9]) ;
- le premier extrait reprend d'abord la formulation initiale du paragraphe [19] puis y ajoute celle du paragraphe [20] en l'introduisant par comme d'autres l'ont traduit ; pourtant, dans ce discours du 7 avril, les deux « traductions » sont présentées comme venant du seul et même Joseph Smith ;
- le second extrait se rapproche du texte canonique (tel qu'on peut le lire dans la KJV ), en remplaçant toutefois créer (created) par organiser (organized), et Dieu par un double pluriel : les Têtes des Dieux. Sur ce pluriel assez inattendu, voir la note (17) [⇒] dans la page consacrée au discours du 16 juin.
Annexe I - Les infortunes du texte
Ⓐ Du discours, en général
Pour qui le lit, un discours peut être regardé comme un texte banal si l'une au moins de ces trois conditions est remplie :
- l'auteure a rédigé son discours au préalable, et le lit (ou le prononce de mémoire) ; c'est le cas, par exemple, lors d'une réception à l'Académie française ;
- le texte a été révisé avant publication ; c'est le cas des discours de César dans La Guerre des Gaules ;
- un moyen technique (magnétophone, sténotypie, sténographie) a permis d'en faire une copie perenne.
Malheureusement, l'Histoire n'a accordé aucune de ces aides au texte qui nous occupe :
- il n'était ni dans le caractère ni dans les habitudes de Joseph Smith de préparer ses sermons par écrit, surtout quand ceux-ci reprenaient des idées qui lui étaient familères ;
- c'est dans les mois suivants que l'Histoire va s'emballer (avec la destruction de la presse du Nauvoo Expositor et la proclamation de la loi martiale), mais dès 1843, les rapports entre les Mormons de Nauvoo et leurs voisins (de l'Illinois et du Missouri) s'étaient dégradés ; or, en plus de sa charge de Prophète-Président, Joseph Smith devait se consacrer à des affaires politiques, militaires, voire judiciaires ;
- même la sténographie était encore inconnue sur les bords du Mississippi, du moins chez les Mormons ; le discours a donc simplement été pris en notes par les quatre scribes chargés de cette mission.
Ⓑ Les scribes
- Thomas Bullock, le meilleur spécialiste : il utilisait un système d'abréviations lui permettant de ne pas se laisser distancer ; il faut dire que, selon certains témoins, Joseph Smith parlait assez lentement ; de plus, il avait à se faire entendre (en plein air et sans micro…) de plusieurs centaines de personnes ;
- William Clayton, plus classique dans son modus operandi, mais assez efficace lui aussi ;
- Willard Richards : son cas est différent ; c'est lui qui tenait le journal (diary) de Joseph Smith à cette époque ; il pouvait donc avoir à s'intéresser plus aux circonstances qu'aux propos eux-mêmes ;
- Wilford Woodruff : autre cas un peu particulier ; son manuscrit n'est pas la prise de notes elle-même, mais une mise au propre qu'il en avait faite dans son journal (ce qui n'exclut pas quelques fantaisies orthographiques).
Ⓒ Les versions publiées
- dans les semaines qui suivent le discours, T. Bullock et W. Clayton se rencontrent à plusieurs reprises pour mettre au point une version à publier ; ils sont rejoints par John Taylor, du collège des Douze (proche de Joseph Smith ; il sera le troisième Prophète-Président) ; le résultat de leurs travaux est publié dans le numéro du 15 août 1844 de Times & Seasons (voir la note (9) plus haut) ;
- en 1855, Jonathan Grimshaw fusionne (par amalgamation ) le texte de Times & Season avec les notes de W. Richards et le journal de W. Woodruff, pour donner la version officielle, celle que l'on peut trouver sur les sites Internet de l'Église ;
- en 1978, Stan Larson reprend les quatre manuscrits pour établir A Newly Amalgamated Text.
Les liens vers ces différentes versions se trouvent plus haut.
Ⓓ Un cas particulier : les paragraphes 19 et 20
Aux obstacles généraux évoqués ci-dessus s'est ajoutée ici une difficulté spécifique : l'hébreu. Joseph Smith avait suivi pendant plusieurs mois les cours du professeur Joshua Seixas, à Kirtland, en 1836 ; il avait eu l'occasion de revenir à la lecture de l'hébreu avec Alexandre Neibaur, à partir de 1841 (voir la note (8) plus haut) ; sans être un spécialiste en la matière, il avait donc des connaissances de base certaines.
Par contre, ce n'était le cas d'aucun des quatre scribes ; s'agissant des citations en hébreu, ils ont donc noté, pour les mots, ce qu'ils entendaient et, pour le raisonnement, ce qu'ils en comprenaient. Comme il est très peu probable qu'ils aient reçu des informations avant le discours, c'est après que les prises de notes relatives aux mots hébreux ont pu être modifiées – essentiellement sur les conseils de John Taylor (qui connaissait cette langue, mais l'avait apprise en dehors de l'Église et n'avait pas suivi l'enseignement de J. Seixas) et peut-être de W. W. Phelps (qui, lui, avait été le condisciple de Joseph Smith à Kirtland).
A titre d'exemple, voici le paragraphe [19] tel qu'il a été publié dans Times & Seasons, en distinguant
a ce qui est commun (T. Bullock, W. Clayton et édition imprimée),
a ce qui est propre à T. Bullock (soit que W. Clayton n'ait rien noté soit qu'il l'ait noté autrement),
a ce qui est propre à W. Clayton (vice-versa),
a ce qui a été modifié ou ajouté dans l'édition imprimée.
[19] I shall comment on the very first Hebrew word in the Bible; I will make a comment on the very first sentence of the history of creation in the Bible, Berosheit. I want to analyze the word; Baith, in, by through, in, and every thing else. Rosh, the head. Sheit, grammatical termination. When the inspired man wrote it, he did not put the baith there. A man a Jew without any authority, thought it too bad to begin to talk about the head. It read first, "the head one of the gods brought forth the gods," that is the true meaning of the words. Baurau, signifies to bring forth. If you do not believe it, you do not believe the learned man of God. No man can learn you more than what I have told you. Thus the head God brought forth the Gods in the grand council.
La deuxième version est plus complexe puisqu'elle superpose l'intégralité des trois textes précéents, en biffant ce qui, dans les notes de l'un ou de l'autre, a été laissé de côté ou modifé :
[19] I shall go to comment on the very first Hebrew word in the Bible; I will make a comment on the very first sentence of the history of creation in the Bible, In the beginning–Berosheat Berosheit. I want to analyze the word; -Be- Baith, in, by through, in, and every thing else. Roshed Rosh, nxt (a) the head. Sheit, -where do it come from- grammatical termination. When the inspired man wrote it, he did not put the 1st pt. to it Be baith there. But A man a Jew without any authority, thought it too bad to begin to talk about the head of any man. It read in the first, "the head one of the gods brought forth the gods," that is the true meaning of the words. Rosheet Baurau, signifies to bring forth the Eloheim. If you do not believe it, you do not believe the learned man of God. Learned men cannt learn any No man can learn you more than I do what I have told you. Hence Thus the head God brought forth the head God Gods in the Head grand council.
| | ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Note ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ (a) Le relevé des manuscrits indique ici un mot indéchiffrable (indecipherable) ; comparé au reste des notes prises par W. Clayton, il semble que la première lettre soit un n, la dernière, un t, avec entre les deux un a ou un x ; Stan Larson paraît y avoir lu next, qu'il déplace devant Rosh. |
Deux points peuvent être relevés :
- la complémentarité entre les deux manuscrits : si, au début du paragraphe, T. Bullock omet les premières phrases de l'analyse de Berosheit, il note avec plus de précision ce qui a trait à l'erreur du « vieux Juif » ; autre comparaison instructive dans la dernière phrase : W. Clayton répète the Head God au lieu de the Gods, tandis que T. Bullock remplace the grand Council par the Head Council (obsession du mot Tête ?)
- ce qui ne se trouve dans aucun des deux manuscrits : il peut y avoir des raisons stylistiques (go to remplacé par comment on) ; mais on peut aussi déceler l'influence de John Taylor ou de W. W. Phelps quand Be est remplacé par Baith ou quand l'enregistrement de W. Clayton (Rosheet signifies to bring forth the Elohim ) cède la place à Baurau signifies to bring forth – les deux variantes faisant d'ailleurs problème.
Annexe II : commentaire des paragraphes 21 et 22
Dans son entreprise de prouver que les traductions de la Bible peuvent être incorrectes, et après l'exemple « lourd » de Berosheith, Joseph Smith en choisit un autre plus anecdotique : celui du (pré)nom Jacob, qui occupe, dans le discours, le paragraphe [21] et le début du paragraphe [22]. Le texte de l'édition de Grimshaw n'étant pas très satisfaisant (à commencer par une forme Jacoboy que l'on ne trouve nulle part ailleurs), on se référera ici à celui qu'a établi Stan Larson :
[21] I have an old book (New Testament) in the four languages: Latin, Greek, Hebrew, and German. I have been reading the German. I find it to be the most correct that I have found and find it corresponds the nearest to the Revelation that I have received and given the last fourteen years. What does this text say? It tells about JAKOBUS, the son of Zebedee, which means Jacob. In the English New Testament it says James, the son of Zebedee, but this says Jacob, the son of Zebedee. Now, if Jacob had the keys, you might talk about James through all eternity and never get the keys. Matthew 4:21 gives the testimony that it is the word of Jacob, instead of James.
[22] The doctors (I mean doctors of law, not of physic) say, "if you say anything not according to the bible, we will cry treason." How can we escape the damnation of hell, unless God be with us and reveal it to us. Men bind us with chains. The Latin says IACOBUS, which means Jacob; the Hebrew says YA'AQOB, which means Jacob; the Greek says IAKOBOS - Jacob; and the German says Jacob. […]
c'est-à-dire (la traduction ci-dessous différe légèrement de celle qui figure plus haut puisque le texte en anglais n'est pas exactement le même) :
[21] J'ai un vieux livre (le Nouveau Testament) dans les quatre langues : latin, grec, hébreu et allemand. J'ai lu la version allemande. Je trouve que c'est la plus correcte que j'aie pu trouver et je trouve qu'elle correspond au plus près à la Révélation que j'ai reçue et donnée durant les quatorze dernières années. Que dit le texte ? Il parle de JAKOBUS, le fils de Zébédée, ce qui veut dire Jacob. Dans la version anglaise du Nouveau Testament, il est dit Jacques, le fils de Zébédée. Maintenant, si Jacob avait les clés, vous pourriez parler de Jacques d'éternité en éternité, et ne jamais obtenir les clés. Matthieu 4:21 témoigne que c'est le mot de Jacob, à la place de Jacques.
[22} Les docteurs (je veux dire les docteurs de la loi, pas les médecins) disent : « Si vous dites quoi que ce soit qui s'écarte de la Bible, nous crierons à la trahison. » Comment pouvons-nous échapper à la damnation de l'enfer, si Dieu n'est pas avec nous et ne le révèle pas à nous ? Les hommes nous lient avec des chaînes. Le latin dit IACOBUS, ce qui signifie Jacob ; l'hébreu dit YA'AQOB, ce qui signifie Jacob ; le grec dit IAKOBOS - Jacob, et l'Allemand dit Jacob. […]
En fait, comme on le sait, il existe deux séries de personnages bibliques dont le nom est en hébreu Ya'aqob (pour reprendre la transcription de Stan Larson), l'un (très) antérieur à Jésus, les autres, contemporains ; si on fait un tableau de la dénomination de ces personnages dans diverses langues, on trouve à peu près ceci :
| Genèse, 25:27
| | Matthieu, 4:21
| |
Hébreu | יעקב | | יעקב |
Codex de Léningrad (XIème s.)
| | Habrit Hakhadasha / Haderekh
|
Ya'aqob | | Ya'aqob |
Transcription de S. Larson (1978) |
Grec | Ιακωβ | | Ιακωβος |
Trad. des Septante (IIIème s. av. J.-C.) | | Myriobiblos – κατα Ματθαιον |
Latin | Jacob | | Jacobus |
Traduction de Jérôme de Stridon (Vulgate, IVème siècle) |
Allemand | Jakob | | Jakobus |
Traduction de Martin Luther (Lutherbibel, XVIème siècle) |
Anglais | Jacob | | James |
Traduction dite du roi Jacques (KJV, XVIIème siècle) |
Français | Jacob | | Jacques |
Traduction de Louis Segond (fin du XIXème siècle)
|
Ia'acob | | Ia'acob |
Traduction d'André Chouraqui (fin du XXème siècle) |
On peut constater que
- le personnage de la Genèse est appelé partout Iakob (aux variantes orthographiques près) ;
- le contemporain de Jésus ne s'appelle Iakob que
• dans la traduction du Nouveau Testament en hébreu,
• dans la transcription de Stan Larson,
• dans la traduction d'André Chouraqui,
trois versions cherchant à remonter à une forme primitive, pour des raisons faciles à comprendre. Tous les autres traducteurs ont désigné le futur apôtre par la forme de son nom dans la langue cible. Si le nom du fils de Zébédée est plus proche de celui du fils d'Isaac dans la vieille Bible allemande (vraisemblablement la traduction de Luther) que dans la KJV, c'est simplement parce que la langue allemande a moins modifié certains prénoms chrétiens (Jakobus, Johannes, Paulus ) que l'anglais (James, John, Paul ), le français (Jacques, Jean, Paul ) ou l'espagnol (Jaime/Iago, Juan, Pablo ). Et même en allemand (s'il s'agit bien de la Lutherbibel – quelle qu'en soit l'édition), le frère de Jean s'appelle Jakobus - et non Jakob, nom réservé à celui d'Ésaü. L'argumentation de Joseph Smith repose donc à nouveau sur ce qui s'apparente à un tour de passe-passe.
Annexe III - Une seule épouse ou dix vierges ?
Bien évidemment, nous ne discuterons pas du fond de la question (qu'il s'agisse de la place de la polygamie dans la Bible ou des raisons de sa résurgence à Nauvoo), mais regarderons seulement comment ont été présentées les instructions interdisant ou préconisant ce mariage plural.
1) »» Quand le Livre de Mormon paraît en 1830, il n'est question que de monogamie ; sauf erreur, tous ses personnages (même les plus dépravés des Lamanites) ont une seule épouse ; d'ailleurs, après la mort de son frère Nephi, Jacob (homonyme des personnages évoqués ci-dessus) met en garde son peuple (Livre de Jacob, chapitre 2, verset 27) :
| | C'est pourquoi, mes frères, entendez-moi, et écoutez la parole du Seigneur : car aucun homme parmi vous n'aura plus d'une épouse ; et de concubines il n'en aura aucune. |
Et c'est Dieu lui-même qui parle, au verset 24 :
| | Voici, David et Salomon avaient, en vérité, beaucoup d'épouses et de concubines, ce qui était abominable devant moi. |
2) »» Mais le Livre de Mormon n'est pas le seul livre « inspiré », les Doctrine et Alliances (Doctrine and Covenants ) partagent ce statut. Or la section 132 des D&A est introduite ainsi :
| | Révélation donnée par l'intermédiaire de Joseph Smith, le prophète, à Nauvoo (Illinois), mise par écrit le 12 juillet 1843, relative à la nouvelle alliance éternelle, y compris l'éternité de l'alliance du mariage, ainsi que la pluralité des épouses (History of the Church, vol. 5, pp. 501-507). Bien que la révélation ait été mise par écrit en 1843, il apparaît clairement dans les documents historiques que le prophète connaissait depuis 1831 les points de doctrine et les principes contenus dans cette révélation. |
Et l'on peut y lire :
| | verset 1 En vérité, ainsi te dit le Seigneur, à toi, mon serviteur Joseph : puisque tu m'as consulté pour savoir et comprendre en quoi, moi, le Seigneur, j'ai justifié mes serviteurs Abraham, Isaac et Jacob, ainsi que Moïse, David et Salomon, mes serviteurs, à propos du principe et de la doctrine qui leur permettaient d'avoir beaucoup d'épouses et de concubines : […] verset 38 David reçut également beaucoup de femmes et de concubines, ainsi que Salomon et Moïse, mes serviteurs, de même qu'un grand nombre d'autres de mes serviteurs, depuis le commencement de la création jusqu'à ce jour; et ils ne péchèrent qu'en ces choses qu'ils n'avaient pas reçues de moi (a). […] verset 52 Que ma servante, Emma Smith (b), reçoive toutes celles qui ont été données à mon serviteur Joseph, et qui sont vertueuses et pures devant moi ; et celles qui ne sont pas pures et ont dit qu'elles étaient pures seront détruites, dit le Seigneur Dieu. […] verset 61 Et de plus, à propos de la loi de la prêtrise : si un homme épouse une vierge et désire en épouser une autre, et que la première donne son consentement, et s'il épouse la deuxième, et qu'elles sont vierges et n'ont fait de vœu avec aucun autre homme, alors il est justifié ; il ne peut commettre l'adultère car elles lui sont données ; car il ne peut commettre l'adultère avec ce qui lui appartient, à lui et à personne d'autre. verset 62 Et si dix vierges lui sont données par cette loi, il ne peut commettre l'adultère, car elles lui appartiennent et elles lui sont données ; c'est pourquoi il est justifié. verset 63 Mais si l'une ou l'autre des dix vierges, après qu'elle l'ait épousé, va avec un autre homme, elle a commis l'adultère et sera détruite […] |
Rappel : les textes ci-dessus sont la traduction proposée par le site lds.
Au passage, on notera l'emploi, à la fin du verset 61, du pronom neutre avec ce qui lui appartient (with that that belongeth unto him), ainsi que la répétition du verbe appartenir (belong) aux versets 61 et 62.
Mais, pour ce qui nous intéresse ici, on doit observer que cette nouvelle alliance éternelle (comme elle est appelée au verset 4 : a new and an everlasting covenant) ne fait aucune allusion à l'ordre (pourtant absolu) contenu dans le Livre de Jacob ni à la condamnation de David et Salomon par la parole même de Dieu.
3) »» Bien qu'il soit postérieur de près d'un demi-siècle au sermon (et à la mort) de Joseph Smith, le troisième épisode ne manque pas d'être également significatif : en 1890, le quatrième Prophète-Président, Wilford Woodruff (l'un des scribes de notre discours…) publia un texte connu sous le nom de Manifeste (The Manifesto ), qui figure lui aussi dans les D&A, mais après toutes les sections et sous le titre de Déclaration officielle n° 1. On peut y lire :
| | […] en ma qualité de président de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, je déclare, par la présente, de la manière la plus solennelle, que ces accusations sont fausses. Nous n'enseignons pas la polygamie, ni le mariage plural, et nous ne permettons à personne de se livrer à sa pratique. […] |
Ce texte est suivi (toujours dans la Déclaration officielle n° 1) par des Extraits de trois discours du président Wilford Woodruff concernant le Manifeste ; nous en retiendrons ces passages :
| | […] J'ai eu récemment quelques révélations, des révélations qui étaient très importantes pour moi, et je vais vous communiquer ce que le Seigneur m'a dit.[…] Le Seigneur, par la vision et la révélation (c), m'a montré très exactement ce qui se produirait si nous n'arrêtions pas cette pratique. ___Si nous ne l'avions pas arrêtée, […] toutes les ordonnances (d) seraient arrêtées dans tout le pays de Sion. La confusion régnerait partout en Israël […] Et le Dieu Tout-Puissant avait décrété que le diable ne le contrecarrerait pas. Si vous pouvez comprendre cela, c'est la clef de toute l'affaire. |
Là encore, aucune allusion à la section 132, qui pourtant instituait une loi éternelle, ni même au Livre de Mormon, qui pourtant va dans le sens du Manifeste. Aujourd'hui encore, les trois textes coexistent (à défaut de dialoguer) au sein des « livres inspirés ».
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Notes ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
(a) C'est-à-dire qu'ils ont péché uniquement quand ils ont pris épouses et concubines en dehors des
beaucoup de femmes et de concubines que Dieu leur avait octroyées.
(b) Emma Hale était l'épouse légitime de Joseph Smith ; elle ne s'est jamais montrée favorable à la polygamie, ni doctrinalement ni dans la pratique.
(c) Le titre complet de Joseph Smith était
Prophète-Président, Voyant, Révélateur et Traducteur (
Prophet-President, Seer, Revelator and Translator). Ses successeurs ont abandonné le dernier qualificatif.
(d) Les ordonnances font allusion aux cérémonies qui ne peuvent se dérouler que dans un Temple (baptême des morts, mariage céleste, ordination des Aînés, etc.) ;
Sion et
Israël désignent ici les communautés mormones.
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