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Oyiwen ed tanemert_______Page mise à jour le 11 mars 2018 vers 23h40 TUC    

Discours et plaidoyer pro domo

  

Traduction annotée du discours prononcé par Joseph Smith le dimanche 26 mai 1844 – son avant-dernier sermon. Contrairement à ceux du 7 avril et du 16 juin, ce discours consacre peu de place à l'enseignement et à la doctrine, et son intérêt paraît essentiellement de nature documentaire et psychologique.

NB- On peut trouver le texte original dans History of the Church  (HoC ), volume 6, pages 408 à 412,
______par exemple à cette adresse  [⇒].

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  • les textures de fond du bandeau viennent du site fr.freepik.com ;
  • les signatures d'Emma et de Joseph Smith proviennent de Wikipédia ;
     
  • le titre du journal est extrait du fichier cité dans plus bas dans l'Annexe II

Mon propos est de vous faire savoir que je me trouve ici à l'endroit précis où j'ai l'intention de me tenir. Comme Paul, j'ai connu des périls, et plus souvent que n'importe qui de cette génération. Alors que Paul s'en glorifiait, j'ai souffert plus que Paul n'a fait. Je serais comme un poisson sorti de l'eau, si je devais ne plus subir de persécution. Peut-être mes frères pensent-ils qu'il faut bien tout cela pour que je reste humble. Le Seigneur m'a fait si curieusement que c'est dans la persécution que je trouve ma fierté. Je suis loin d'être aussi humble que si je n'étais pas persécuté. Si l'oppression rend fou l'homme sage, elle rend encore beaucoup plus fou l'insensé. S'ils veulent qu'un garçon imberbe fouette le monde entier, je monterai tout en haut d'une montagne et je chanterai comme un coq : je les battrai toujours. Lorsque les faits seront prouvés, la vérité et l'innocence finiront par l'emporter. Mes ennemis ne sont pas des philosophes : ils pensent que quand ils m'auront coincé un bras, ils me maintiendront à terre ; mais c'est bon pour les imbéciles, je tiendrai bon et je leur passerai par-dessus.

Dieu parle encore, un murmure doux et léger  (1). Dans toutes ces déclarations sous serment (2), ces actes d'accusation, tout vient du diable, tout n'est que corruption. Venez donc, vous, les procureurs ! vous, les parjures ! Que l'enfer tout entier déborde ! Vous, montagnes de feu, répandez votre lave ! Car c'est moi qui aurai le dessus à la fin. J'ai lieu de m'enorgueillir plus que jamais aucun autre homme. Je suis le seul homme qui ait jamais été en mesure de garder rassemblée toute une église, depuis les temps d'Adam (3). Une grande partie de l'ensemble a résisté à mes côtés. Ni Paul, ni Jean, ni Pierre, ni Jésus n'ont jamais fait cela. Je suis fier que personne n'ait jamais accompli une œuvre égale à la mienne. Les disciples de Jésus se sont éloignés de Lui en courant (4) ; mais les Saints des Derniers Jours ne m'ont encore jamais abandonné (5). Chaque jour, vous me voyez marcher et vous discutez avec moi. Je suis dans le giron d'un peuple vertueux et bon. Comme j'aime à entendre hurler les loups ! Quand ils pourront se débarrasser de moi, le diable sera de la partie. Pour les trois dernières années, j'ai un enregistrement de tout ce que j'ai fait et de la façon dont cela a été fait, car j'ai gardé en permanence à mon service plusieurs secrétaires compétents, fidèles et efficaces (6): ils m'ont accompagné partout, et ont consigné mon histoire avec soin, et ils ont écrit ce que j'ai fait, où j'ai été, et ce que j'ai dit ; mes ennemis ne peuvent donc pas m'accuser pour telle date, tel moment ou tel lieu, mais ce que j'ai écrit est un témoignage pour prouver mes actions ; et mes ennemis ne peuvent pas prouver quoi que ce soit contre moi. Ils ont obtenu des merveilles dans le pays de Cham (7). Je pense que le grand jury a recraché la petite bête et avalé la grosse (8).

Un homme du nom de Simpson dit que j'ai fait une déclaration sous serment contre lui, etc. (9) M. Simpson dit que je l'ai fait arrêter. Je n'ai jamais fait arrêter Mr Simpson dans toute ma vie. Il dit que j'ai fait une déclaration sous serment contre lui. Je n'ai jamais fait de déclaration sous serment contre lui dans toute ma vie. Je le prouverai devant un tribunal. Je vais vous dire comment les choses se sont passées : l'hiver dernier, je me suis préparé avec mes enfants (10) pour aller à la ferme tuer des porcs. Orrin P. Rockwell (11) devait nous y conduire. Un Anglais est venu, souhaitant avoir une conversation privée avec moi. Je lui ai dit que je refusais les conversations privées. « J'en exige une de vous ! » Je ne pouvais qu'obéir, de toutes manières. Il dit : « Je veux un mandat d'arrêt contre l'homme qui a poignardé frère Badham (12). » Selon lui, c'était un homme qui était en pension chez Davis. Il a dit que c'était Mr Simpson – cela répondait à sa description. J'ai dit que je n'avais aucune autorité en dehors de la ville. Il a répondu : « Il faut arrêter cet homme, ou bien il partira au loin. » Je lui ai dit : « Vous devez aller voir MM. Wells, Johnson, ou Foster (13). » Mr Lytle (14) est intervenu et a dit : « Je suis policier. » J'ai sauté dans ma voiture, et je suis parti.

Quand je suis revenu, j'ai rencontré Mr Jackson (15). Il m'a dit : « Vous avez eu tort d'arrêter Mr Simpson. » Je lui ai dit que je ne l'avais pas fait. Je suis allé m'asseoir et lui ai rapporté l'affaire. Il a fait demi-tour et a dit : « Mr Smith, je n'ai rien contre vous, je suis convaincu. » Il est allé souper avec moi. Il a déclaré en présence de témoins qu'il n'avait rien contre moi. Je lui ai alors dit : « Je vais aller voir Mr Johnson (16), et faire enregistrer ce que l'Anglais m'a dit. » Je lui ai dit de ne pas mentionner que je crois qu'il est l'homme, mais que je crois qu'il est innocent. Je ne veux pas jurer qu'il est l'homme. MM. Coolidge, Rockwell, Hatfield et Hawes étaient présents.

Mr Johnson en rédigea une [une plainte]  en bonne et due forme, et je m'assis dans le même affairement que quand l'un de mes secrétaires m'apporte un acte à signer. Johnson la lut. Je lui dis : « Je ne peux pas signer cette déclaration sous serment ; je n'y crois pas ; déchirez ce papier. » Mr Simpson fut d'accord de se présenter devant Badham et de s'en occuper. Je ne l'ai pas signée.

Un peu plus tard, le Dr Foster (17) et d'autres sont venus. Ils m'ont appelé à témoigner. J'ai dit exactement ce que je dis ici. Mr Simpson s'est levé et m'a demandé : « Maintenant, croyez-vous que je suis l'homme qui a poignardé Mr Badham ? » Je lui ai répondu : « Non, monsieur, je ne le crois pas maintenant, et ne l'ai jamais cru : le juge dit que je ne l'ai pas juré. » Il a réfléchi, et a fait une déclaration publique comme quoi je l'avais convaincu.

Aaron Johnson est allé devant le grand jury et a juré que je n'avais pas acquiescé sous serment. A ce moment, le Dr Foster va jurer que j'avais signé cette plainte, et qu'il était dans la pièce alors qu'il n'était pas là. Chauncey (18) voulut que je reste et aie une conversation avec lui. Le Dr Foster demanda à Aaron Johnson le mandat d'arrêt et la déclaration sous serment. Il les remit au Dr Foster, qui les lut, et les jeta au feu. Je lui dis : « Docteur, vous n'auriez pas dû les brûler, ce papier m'appartenait. » Le Dr Foster va devant le grand jury et jure qu'il n'en a pas brûlé un seul ; mais j'affirme qu'il a brûlé les deux. C'est juste un échantillon de ce que l'on est en train de jurer contre moi.

Le dernier acquittement était le quarantième ; maintenant les quarante-et-unième, quarante-deuxième, quarante-troisième ; des mensonges d'un bout à l'autre. Les questions de fait sont aussi bénéfiques que l'Évangile, et c'est ce que je peux prouver. Vous saurez alors qui sont les menteurs, et qui dit la vérité. Je veux conserver votre amitié pour de saints motifs.

Un autre acte d'accusation a été dressé contre moi. Il semble qu'un saint prophète ait surgi (19), et qu'il ait témoigné contre moi : la raison en est qu'il est tellement saint. Le Seigneur sait que je ne m'inquiète pas de savoir combien il y a d'églises dans le monde. Autant que l'on peut m'en croire, peut-être. Si la doctrine que je prêche est vraie, l'arbre doit être bon. J'ai prophétisé des choses qui se sont réalisées, et peuvent encore se réaliser (20).

Dans la mesure où il y a une nouvelle église, il doit en être une vieille, et bien sûr nous devons être notés comme orthodoxes. A partir de maintenant, que toutes les églises cessent de persécuter l'orthodoxie. Je n'ai jamais construit sur les fondations de quelqu'un d'autre. Je n'ai jamais dit à un vieux catholique qu'il était un vrai prophète déchu. Dieu sait alors que les accusations portées contre moi sont fausses.

Je n'avais pas été marié depuis cinq minutes (21), et n'avais pas commencé à annoncer l'Évangile, qu'on avait rapporté que j'avais sept femmes (22). J'entends vivre et proclamer la vérité aussi longtemps que je le pourrai.

Ce nouveau saint prophète (23) est allé à Carthage et a juré que je lui avais dit que j'étais coupable d'adultère. Ce fameux épousage spirituel (24) ! Voyons ! un homme n'ose pas parler ou cligner de l'œil, de peur d'en être accusé.

William Law a témoigné devant quarante policiers, et une salle de réunion remplie de témoins, qu'il avait témoigné sous serment qu'il n'avait jamais vu ou entendu ou su rien d'immoral ou criminel qui puisse m'être reproché. Il a déclaré sous serment qu'il était mon ami, et pas le « Brutus » (25). On s'est demandé qui était le « Brutus ». Je n'avais pas prophétisé contre William Law. Il a juré sous serment qu'il était convaincu d'être prêt à donner sa vie pour moi, et il jure que j'ai commis un adultère.

Je souhaite que le grand jury veuille bien me dire qui ils sont, que ce soit pour moi une malédiction ou une bénédiction. Je suis un peu las d'être interrogé par des imbéciles.

Un homme m'a demandé si l'ordre avait été donné à un homme de pouvoir avoir sept femmes (26) ; et maintenant le nouveau prophète m'a accusé d'adultère. Je n'ai jamais eu d'histoires avec ces hommes jusqu'à ce que la Société féminine de Secours fasse sortir le papier contre les maris et épouses adultères (27).

Le Dr Goforth (28) a été invité dans la clique des Laws, et le Dr Foster et la clique étaient mécontents de ce document, et ils se précipitent dehors et abandonnent l'Église, et conspirent pour m'ôter la vie ; et parce que je ne veux pas tolérer une telle vilenie, ils proclament que j'ai été un vrai prophète, mais que je suis maintenant un prophète déchu (29).

Jackson (15) est coupable de meurtre, de vol et de parjure ; et je peux le prouver par une demi-douzaine de témoins. Jackson s'est levé et a dit: « Par Dieu, il est innocent » et maintenant, il jure que je suis coupable. Il m'a menacé de mort.

Il y a un autre Law (30), pas le prophète, failli pour malhonnêteté et pour avoir volé le gouvernement. Wilson Law jure aussi que je lui ai dit que j'étais coupable d'adultère . Frère Jonathan Dunham (31) peut jurer le contraire. J'ai été enchaîné (32). J'ai secoué les chaînes avant dans un cachot par amour de la vérité. Je suis innocent de toutes ces accusations, et vous pouvez témoigner de mon innocence, car vous me connaissez vous-mêmes.

Quand j'aime les pauvres, je ne demande aucune faveur aux riches. Je peux aller sur la croix, je peux donner ma vie ; mais ne m'abandonnez pas. Je veux l'amitié de mes frères. – Enseignons les choses de Jésus-Christ. L'orgueil précède la ruine, et l'arrogance précède la chute.

Soyez doux et humbles, droits et purs ; rendez le bien pour le mal. Si vous causez votre propre ruine, je vais protester. Il n'est pas bon pour l'homme de toujours présenter son cou à l'oppresseur. Soyez humbles et patients dans toutes les circonstances de la vie ; nous triompherons alors avec plus de gloire. Quelle affaire, pour un homme, d'être accusé d'avoir commis l'adultère, et d'avoir sept épouses, quand je ne peux en trouver qu'une !

Je suis le même homme, et aussi innocent que je l'étais il y a quatorze ans ; et je peux prouver que tous sont des parjures. Je me suis moi-même donné de la peine pour ces apostats jusqu'à ce que je sois à bout de toute forme de patience ; puis j'ai envoyé mon frère Hyrum (33), qu'ils ont pratiquement mis à la porte.

J'ai ensuite envoyé M. Backenstos (34), quand ils ont déclaré qu'ils étaient mes ennemis. J'ai dit à M. Backenstos qu'il pourrait dire aux frères Law que, s'ils avaient un grief contre moi, j'irais devant l'Église l'avouer au monde entier. Il [William Law]  a été invité à maintes reprises, mais a refusé de venir. Le Dr Bernhisel et frère Rigdon (35) savent que je dis la vérité. Je vous renvoie au capitaine Dunham, à MM. Johnson et Wells (36), à frère Hatfield et d'autres, pour qu'ils confirment la véractité de ce que j'ai dit. Et je l'ai dit pour que mes amis sachent que j'ai raison.

A mesure que je vieillis, mon cœur s'attendrit à votre égard. Je suis à tout moment prêt à renoncer à tout ce qui est mauvais, car je souhaite que ce peuple ait un chef vertueux, j'ai ouvert votre esprit à la liberté en vous permettant de connaître les choses du Christ Jésus. Quand je ne me déroberai pas à vous défendre, me rejetterez-vous pour un homme nouveau qui vous calomnie ? Je vous aime pour m'avoir reçu. Vous ai-je demandé de votre argent ? Non ; vous le savez mieux que quiconque. J'en appelle aux pauvres. Je leur dis : Maudit soit l'homme ou la femme qui dit que j'ai pris de votre argent injustement. Frère Babbitt (37) va s'adresser à vous. Je n'ai dans le cœur que de bons sentiments.


  
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Notes ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
 (1)  L'expression est empruntée au premier livre des Rois, chapitre 19, verset 12.
 (2)  Le terme anglais (ou latin, au choix) est affidavit ; il s'agit d'une déclaration faite sous serment devant un juge de paix ou un clerk ; ces affidavits constituent une part non négligeable de HoC, au moins pour le volume 6.
 (3)  Sans doute faut-il voir dans cette expression un équivalent imagé de depuis la création de l'Homme. On laissera à l'orateur la responsabilité de son jugement sur la contre-performance  de Jésus, mais il est surprenant qu'il semble oublier le Livre de Mormon, où Néphi (le premier comme le second) aussi bien qu'Alma s'enorgueillissaient d'avoir créé ou conduit une Église du Christ sur des périodes dépassant une quinzaine d'années.
 (4)  Sans doute Joseph Smith fait-il allusion aux heures qui ont suivi la dernière Cène (avec le reniement de Pierre) ; ou peut-être s'agit-il, de façon plus symbolique, de l'abandon de Jésus représenté par la grande Apostasie.
 (5)  Par définition, si un « saint des Derniers Jours » quitte l'Église en courant, il ne fait plus partie des saints des Derniers Jours... mais il est un peu paradoxal d'entendre Joseph Smith proclamer cet attachement unanime et indéfectible tout en s'en prenant aux apostats  (dont le plus célèbre avait été son bras droit pendant plusieurs années ; voir ci-dessous les notes (17)  et suivantes).
 (6)  Notamment Willard Richards, Thomas Bullock et William Clayton.
 (7)  Certains textes bibliques identifient le pays de Cham à l'Égypte ; mais le texte fondateur présente une situation plus complexe (Genèse, chapitre 9, versets 25 et sqq) : Noé avait trois fils – Sem, Cham et Japhet ; Cham avait lui-même quatre fils, dont Canaan ; lors d'un épisode peu reluisant pour Noé, Cham se moqua de son père, qui fut secouru par ses deux autres fils ; en conséquence de quoi Noé maudit... Canaan, décrétant qu'il serait l'esclave de ses oncles et cousins. Le pays de Canaan était en Asie (ce sont ses frères qui gouvernaient l'Égypte ou la Libye), mais le texte permit à certains de prétendre que le pays de Cham était l'Afrique (noire), que Noé avait maudit l'un comme l'autre, et en avait fait des esclaves. Cette thématique peut se croiser avec une autre malédiction biblique réinterprétée par Joseph Smith : celle de Caïn ; pour les Mormons (jusqu'à une période assez récente), Dieu avait puni et marqué la descendance de Caïn en lui assombrissant la peau et, en retour, si un homme avait la peau noire, c'est qu'il avait déplu à Dieu durant sa vie pré-terrestre (pre-earth life ).
 (8)  L'expression imagée vient de l'évangile selon Matthieu, chapitre 23, verset 24 ; elle est un peu l'équivalent de la paille et la poutre (autre métaphore christique...) ou de l'arbre qui cache la forêt ; Louis Segond traduit :
[vous] qui coulez le moucheron, et qui avalez le chameau.
 (9)  Pour toute cette partie exposant ses démêlés avec les Sympson, Highbee et Foster, voir la page consacrée à l'affaire Sympson-Badham-Smith  [⇒].
 (10)  L'orateur peut parler ici de Julia (née en 1831, adoptée par le couple Smith à la mort de sa mère), Joseph (né en 1832, connu plus tard sous le nom de Joseph III Smith ), Frederick (né en 1836) et Alexander (né en 1838) ; Emma Smith avait donné naissance à cinq autres enfants, morts-nés ou décédés en bas-âge (trois avant Joseph, deux après Alexander) ; on peut enfin noter que, depuis février-mars, Emma était enceinte (d'un garçon qui naîtra en novembre et sera prénommé David Hyrum). Après le départ de la plupart des Mormons pour l'Utah sous la conduite de Brigham Young et à l'exception de Frederick (mort à 25 ans, sans avoir été baptisé), tous les fils (restés à Nauvoo) se retrouveront avec leur mère dans la Reorganized Latter Day Saints Church  (ou RLDS, devenue Communauté du Christ).
 (11)  Mormon de la première heure, fermier et éleveur, Orrin P. Rockwell était aussi (comme beaucoup d'autres) membre de la Loge maçonnique de Nauvoo ; il avait été nommé au Conseil des Cinquante ; en 1843, il avait passé plusieurs mois dans une prison du Missouri, accusé d'avoir participé à la tentative d'attentat contre le gouverneur Boggs, avant d'être relâché et de revenir à Nauvoo vers la fin de l'année ; il faisait fonction de garde du corps du Prophète  (pour plus de détails sur lui, on peut se reporter à la traduction des Aventures de Joseph H.Jackson…   [⇒]) .
 (12)  Il s'agit de Richard Badham, fermier vivant dans les environs de Nauvoo, qui avait été attaqué, volé et blessé en décembre 1843.
 (13)  Des juges de paix, dont il sera question individuellement par la suite.
 (14)  Andrew et John Lytle étaient policiers à Nauvoo.
 (15)  (15)  On peut penser qu'il s'agit de Joseph H. Jackson, lié au groupe des frères Law et l'un des principaux accusateurs de Joseph Smith en matière d'adultère et de polygamie – tout en se prévalant de son amitié – et à qui est consacrée toute la première partie de ce site ; voir par exemple cette page  [⇒].
 (16)  Aaron Johnson était juge de paix du comté de Hancock, résidant à Nauvoo ; étrangement, HoC  relate, en date du 13 avril, une discussion orageuse devant le tribunal municipal, opposant (à propos de frais réglés ou à régler) le Dr Foster à Joseph Smith ; et ce dernier demandait (déjà) au juge Johnson de confirmer que lui, Joseph Smith, n'avait pas témoigné sous serment contre Mr Simpson. Plus tard, à la date du 23 mai, on  peut lire ceci : Aaron Johnson est arrivé [à Nauvoo] de Carthage, et a dit que Foster avait juré que j'avais signé la plainte au nom de laquelle Simpson a été arrêté. J'ai donné instruction à Johnson et Rockwell d'aller à Carthage ce matin, et de l'accuser de parjure, puisque je n'ai jamais signé cette plainte.
 (17)  (17)  Robert D. Foster était médecin, membre de la Loge maçonnique de Nauvoo ; il avait été Elder (= Aîné) et chirurgien de la Nauvoo Legion, avant d'être excommunié ; après avoir participé à la création du Nauvoo Expositor, il rejoindra l'Église de William Law, dont il deviendra l'un des douze Apôtres. Brigham Young l'accusera d'avoir fait partie de ceux qui ont attaqué la prison de Carthage le 27 juin.
 (18)  Chauncey L. Highbee fut, lui, aide-de-camp du Major-Général de la Légion, avant d'être excommunié pour adultère ; il participera au Nauvoo Expositor, et Willard Richards l'accusera d'avoir participé à l'attaque de la prison de Carthage ; après la mort de Joseph Smith, il sera élu au Sénat de l'Illinois puis juge. Pour son frère Francis, voir la note  (f)  de l'annexe II.
 (19)  Il s'agit donc de William Law qui, après avoir été conseiller de la Première Présidence  (autrement dit vice-président de l'Église) durant trois ans, avait été excommunié ; il avait alors proclamé Joseph Smith prophète déchu en revendiquant sa succession. Lui aussi était membre de la Loge de Nauvoo, lui aussi participera à la création du Nauvoo Expositor.
 (20)  Si l'on s'intéresse aux prophéties révélées par Joseph Smith, on pourra se reporter à un ou plusieurs de ces sites en  cliquant sur le lien correspondant :
 (21)  Bien sûr, il faut faire la part de l'exagération polémique, notamment dans les cinq minutes  et les sept épouses  – mais l'affirmation reste un peu surprenante : Joseph Smith avait épousé Emma Hale (contre l'avis des parents de la jeune femme) au début de 1827, avant même d'avoir commencé la « traduction » du Livre de Mormon   ; qui, à cette époque, pouvait avoir intérêt à lui nuire ? et surtout de cette façon (qui ne semble pas la première à venir à l'esprit) ?
 (22)  La polygamie est abordée dans l'annexe IV de la page consacrée au discours du 7 avril 1844  [⇒], mais du seul point de vue de la présentation des changements de doctrine ; ici, la question est de nature historique : Joseph Smith a-t-il eu d'autres épouses qu'Emma Hale ? La discussion dépasse évidemment le modeste cadre de ces pages ; on se limitera donc à proposer quatre liens Internet :
 (23)  Le texte comporte ici le mot wifeism, introuvable dans les dictionnaires. L'orateur fait visiblement allusion à l'expression spiritual wifery  utilisée par John Bennett. Voir l'annexe I  à ce sujet.
 (24)  Au début de 1842, plusieurs épouses de Mormons se réunirent pour former The Female Relief Society of Nauvoo  (= La Société féminine de secours de Nauvoo) ; Emma Smith fut élue présidente, Eliza Roxcy Snow, secrétaire (voir les Annexes I  et II  plus bas).
 (25)  Dans la section 132 des Doctrine et Alliances, c'est dix vierges que le saint peut recevoir de Dieu comme épouses sans commettre de péché (il sera justifié,  dit le texte officiel).
 (26)  Joseph Smith avait précédemment qualifié William Law de Brutus  (fils adoptif de César, et l'un de ses assassins) ainsi que de Judas.
 (27)  Voir l'article en question dans l'Annexe II
 (28)  Bien que n'étant pas Mormon, ce médecin faisait partie de l'entourage proche de Joseph Smith ; il a notamment participé à sa campagne électorale pour la Présidence des États-Unis, dans les premiers mois de 1844.
 (29)  Cette accusation de prophète déchu (a fallen prophet ) semble avoir marqué Joseph Smith puisqu'il l'évoquait déjà dans son discours du 7 avril.
 (30)  Wilson Law, précédemment Major Général de la Légion, avait ensuite suivi son frère dans ses diverses actions. Notons au passage que la recherche automatisée sur the Laws  ne donne pas toujours les résultats escomptés.
 (31)  Né à Paris (petite cité de l'État de New-York), Jonathan Dunham a fait une carrière à la fois militaire (colonel puis Major-Général de la Légion, chargé de missions auprès des Indiens) et mormone (membre du Conseil des Soixante-Dix  puis des Cinquante ) ; avec Willard Richards, il convoiera les corps de Joseph et Hyrum Smith de Carthage à Nauvoo.
 (32)  Joseph Smith avait en effet été emprisonné avec Sidney Rigdon et trois autres de leurs compagnons à Liberty (dans le Missouri), fin 1838, au terme de la guerre mormone ; ayant échappé de peu à une exécution sommaire, les prisonniers passèrent quatre mois dans la prison de Liberty puis leur procès fut dépaysé ; ils purent s'enfuir (apparemment avec l'accord de leurs geôliers) pendant leur transfèrement.
 (33)  Frère aîné de Joseph, il était devenu Patriarche  de l'Église après la mort de Joseph Smith père.
 (34)  Comme le Dr Goforth, Jacob Backenstos faisait partie de l'entourage non mormon de Joseph Smith. Membre de la Loge maçonnique de Nauvoo, il fut aide-de-camp dans la Légion ; par la suite, il sera élu député puis shériff du comté de Hancock.
 (35)  Le Dr Bernhisel était le médecin de la famille Smith. Sidney Rigdon, quant à lui, après avoir été prédicateur campbellite, était devenu l'un des premiers disciples de Joseph Smith (et, dans le langage des adversaires des Mormons, son principal complice) ; Conseiller de la Première Présidence, il était également candidat à la vice-présidence des États-Unis, aux côtés de Joseph Smith. Après la mort de ce dernier, Rigdon prétendit lui succéder, mais fut excommunié et alla créer une Église dissidente (sans descendance) à Pittsburg.
 (36)  Daniel Wells était juge de paix du comté de Hancock avant même l'arrivée des Mormons, à l'époque où Nauvoo s'appelait encore Commerce. Sans être mormon, il était réputé leur être favorable (ce que ses adversaires appelaient un Jack Mormon ) ; après avoir aidé à protéger la ville au lendemain de la mort des frères Smith, il sera baptisé en 1846 et occupera des fonctions importantes dans l'Église après son installation dans l'Utah.
 (37)  Mormon de la première heure, Almon Whiting Babbitt eut, dans l'Église, un parcours plutôt sinueux :
  • en 1835, il fait partie du Quorum des Soixante-Dix, et ouvre une mission au Canada ;
  • en 1840, il prend la présidence du Pieu  de Kirtland ;
  • l'année suivante, il est mis à l'écart (disfellowshipped, une sanction intermédiaire entre la mise à l'épreuve et l'excommunication) ; il va alors s'installer à Ramus (autre ville du comté de Hancock) ;
  • en 1843, il est réintégré et nommé président des Aînés de Ramus ;
  • après l'installation des Mormons dans la Salt Lake Valley, il sera à nouveau mis à l'écart en 1849 et 1851 ;
  • il est excommunié en 1854 (à la suite de différends principalement politiques avec Brigham Young, Prophète-Président devenu par ailleurs gouverneur de l'Utah) ;
  • il périt assassiné en 1856 (par des Indiens Cheyennes selon la version officielle ; mais d'autres sources évoquent des Danites  aux ordres de Brigham Young).

Annexe I :John C. Bennett


  

Médecin de profession, méthodiste puis campbellite, Franc-Maçon, John C. Bennett était proche de Sidney Rigdon (et, par lui, de Joseph Smith) dès les années 1830 – mais il ne fut baptisé qu'en 1840 ; sa place dans la vie mormone grandit alors rapidement : ayant joué un rôle important dans l'octroi à Nauvoo d'une Charte particulière (par ailleurs vivement critiquée par le gouverneur Ford), il devint en deux ans Major-Général de la Légion, Maire de Nauvoo (avec Joseph Smith comme adjoint), Chancelier de l'Université de Nauvoo, et Grand Secrétaire de la Loge maçonnique de Nauvoo.

En 1842, il fut excommunié pour adultère et exclu de la Loge. Selon ses accusateurs (ou ses accusatrices), il affirmait aux femmes qu'il cherchait à séduire que Joseph Smith approuvait sa doctrine de spiritual wifery  (= épousailles spirituelles), encore appelée secret wife system  (au demeurant plus proche de l'amour libre que du mariage céleste).

Après son expulsion, John Bennett accusa à son tour Joseph Smith d'adultère et de polygamie (en plus d'avoir tenté d'assassiner le gouverneur du Missouri). La réponse à ces accusations vint en plusieurs temps :

  1. en août, des Mormons firent circuler une pétition réaffirmant que Joseph Smith était un homme bon, moral, vertueux, pacifique et patriote, un défenseur déterminé de la loi, de la justice et de l'égalité des droits, ayant en tout temps soutenu et conservé intactes les Constitutions de cet État et des États-Unis.
  2. De son côté, la « Société de secours des Dames » lança une pétition signée par environ un millier de Dames évoquant en des termes on ne peut plus élogieux la vertu, la philanthopie et la bienveillance de Joseph Smith ; jurant qu'il ne pouvait pas être attaqué, et qu'elles et leurs familles pouvaient avoir le privilège de profiter de leurs droits en paix. (voir Times & Seasons, vol. 3, p. 869).
  3. En octobre, plusieurs Mormons (dont John Taylor et Wilford Woodruff) publièrent une déclaration condamnant les propos de John Bennett et affirmant : Nous déclarons que nous croyons qu'un homme ne doit avoir qu'une épouse, et une femme, un seul mari, sauf en cas de décès, où chacun a la liberté de se remarier.
    Déclaration qui était suivie de ceci : Nous, soussignées, membres de la Société féminine de secours, et femmes mariées, déclarons et assurons n'avoir connaissance d'aucune organisation du mariage pratiquée dans l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours en dehors de celle qui est contenue dans le Livre des Doctrine et Alliances  (a), et nous faisons cette déclaration afin de montrer que le « système des épouses secrètes » de J. C. Bennett n'est que la manifestation de ses propres inventions. (voir Times & Seasons, vol. 3, pp. 939 et 940).
    Ce texte est signé notamment par Emma Smith, mais aussi Eliza Snow (voir la note  (o) de l'Annexe II).

Pour en revenir à John Bennett, après la mort de l'orateur, il rejoindra d'abord l'Église dissidente de George Hinkle puis celle de Sidney Rigdon et enfin celle de James Strang (les Strangérites ), avant d'en être également excommunié ; il se consacrera alors à ses activités médicales (notamment sur l'usage du chloroforme), avicoles (on lui doit quelques nouvelles races de poulets) et militaires (avec les troupes nordistes, durant la guerre de Sécession)  (b).


~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Notes ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
 (1)  La section 132, qui révèle et institue le mariage plural n'a été introduite qu'ultérieurement dans les Doctrine et Alliances. Son chapeau  déclare cependant : Révélation donnée par l'intermédiaire de Joseph Smith, le prophète, à Nauvoo (Illinois), mise par écrit le 12 juillet 1843, relative à la nouvelle alliance éternelle, y compris l'éternité de l'alliance du mariage, ainsi que la pluralité des épouses (History of the Church, vol. 5, pp. 501 à 507). Bien que la révélation ait été mise par écrit en 1843, il apparaît clairement dans les documents historiques que le prophète connaissait depuis 1831 les points de doctrine et les principes contenus dans cette révélation.

Elle est cependant antérieure (et sans doute pas étrangère) à la rédaction et la publication de l'article « The Voice of Innocence from Nauvoo » (voir l'Annexe II ci-dessous).

 (b)  Les Mormons ne l'ont pas totalement oublié, puisqu'Andrew Jenson (qui fut Assistant Historien de l'Église  à la fin du XIXème siècle) décrit ainsi ses derniers jours (dans The Historical Record ) :

Quelques années avant sa mort, il souffrit de crises violentes ; il perdit aussi en partie l'usage de ses membres et de sa langue, et avait de la peine à se faire comprendre. Il traîna une existence misérable, sans quasiment personne pour s'intéresser tant soit peu à son sort, et il mourut sans qu'une seule âme pleurât son départ.

Que la terre lui soit légère, ce nonobstant.


 

Annexe II :  La Voix de l'Innocence


  

Traduction (assez libre mais intégrale) de l'article paru dans le Nauvoo Neighbor  du 20 mars 1844 sous le titre « The Voice of Innocence from Nauvoo »  (a)


LA VERTU TRIOMPHERA

Lors de quatre réunions faisant salle comble des Dames de Nauvoo, membres de la Société féminine de secours (chaque réunion étant composées de personnes différentes pour que toutes puissent avoir l'occasion d'exprimer leurs sentiments) tenues dans la grande salle de réunion chez le Général Smith, les samedis 9 et 16 mars 1844. Le préambule et les résolutions ci-dessous ont été lus et adoptés à l'unanimité à chaque réunion.

DE NAUVOO, LA VOIX DE L'INNOCENCE

L'immoralité haineuse qui s'est manifestée dans une monstruosité tellement horrible lors du procès d'Orsemus F. Bostwick  (b), la semaine dernière, pour avoir diffamé le Président Hyrum Smith et les veuves de la ville de Nauvoo, a réveillé tous les bons sentiments de la bienveillance féminine, de la compassion et de la pitié, poussant le beau sexe à étendre le manteau de la charité pour protéger la personnalité des mères, épouses et filles vertueuses de Nauvoo, contre le souffle destructeur et le contact empoisonné des debauchés, des vagabonds et des dévergondés, qui se sont entassés dans notre ville pour offrir un feu étrange au haut lieu de l'infamie, de la honte et de la dépravation ; comme eux-mêmes et les esprits du même calibre l'ont fait dans toutes les grandes villes à travers le monde, ils ont dévié leurs chemins sur la Terre et conduit la femme, la malheureuse femme sans défense, à l'indignité et à la ruine.

Puisque ce sang immonde commence à présent à souiller les paisibles demeures des Saints et à vicier l'air pur de la seule ville au monde aspirant à œuvrer pour la droiture dans l'unité, condition sine qua non  du bonheur, de la joie et du salut ; et puisque de tels scélérats impies, brûlant et souffrant de la blessure que leur inflige leur propre bassesse, ont sans aucun doute apporté avec eux quelques-uns des misérables pris dans les filets de leurs désordres, dans le dessein de souiller la réputation de cette belle ville, gangrénant l'honneur de nos mères, détruisant la chasteté des veuves et des épouses et corrompant la vertu de nos filles pourtant au-dessus de tout soupçon, il nous revient, pour défendre nos droits, pour la gloire de nos pères, pour l'honneur de nos mères, pour le bonheur de nos maris et pour le bien de nos chers enfants, de réprouver un si grave outrage à la vertu de la société, d'éloigner un tel souffle mortel pour la sainte alliance du mariage et de détourner ces poignards empoisonnés du cœur de nos filles innocentes – pour l'honneur de Nauvoo, et d'écrire à l'encre indélébile sur chacun des ces bandits Vitare perditoris (c) « Prenez garde au scélérat ! » et de placer alors dans la main de chaque femme vertueuse une trique  (d), pour châtier de tels tortionnaires du bonheur familial, en prenant une revanche à travers le monde entier.

Malheur à l'homme qui tourmente la vertu féminine ! malheur à l'homme qui calomnie une femme ! Que la juste indignation de l'innocence et de la vertu profanées le mette au ban de la société ! Que la dignité des mères d'Israël  (e) repousse du pied le proxénète assoiffé de sang loin des murs de l'harmonie sociale. Que les veuves et les épouses qui marchent sur les traces d'Ève, leur royale mère, conduisent de tels rebuts de la Création, comme le fut Caïn, jusque dans la terre de Nod, et que les discrètes filles de Nauvoo redoutent de tels VERS ULCEREUX plus encore que la peste qui s'avance dans l'obscurité, et qu'elles les fuient comme le serpent sur la terre ferme et le requin dans la mer. Mon Dieu ! Mon Dieu ! Les femmes de cette ville n'ont-elles pas assez de vertu et de courage pour laisser de tels lamentables personnages périr sur leur fumier, pour que le bedeau puisse emporter leurs corps putrides au-dehors des limites de la cité et les donner en pâture aux vautours, aux aigles et aux loups ? Refusez-leur l'affabilité féminine ; enlevez-leur le plaisir des communications et des relations familiales ; malheur à la femme qui adresse la parole à une telle chair avariée, si elle sait à qui elle a à faire ; malheur à l'homme qui les hébergera ; et malheur à l'avocat qui flétrira la dignité de son métier pour plaider en leur faveur  (f) : l'apologie du crime n'est pas moins terrible que le crime !

La vertu des femmes est une perle de grand prix  (g), qui devrait scintiller dans les demeures des hommes comme dans les palais du bonheur éternel, pour la gloire et l'honneur de celui dont elles portent l'image et dont elles sont les auxiliaires  (h) ; et toute tentative d'un homme pour tromper cette vertu est, proche d'un meurtre, un vol irréparable.

Si une femme s'écarte des règles de la droiture,
La chute arrive vite, avec l'humiliation ;
Il suffit d'un faux pas : adieu, réputation !
Elle aura beau pleurer cette sombre dérive,
Elle aura beau revoir le passé et ses charmes,
Il lui faudra rester dans l'angoisse et les larmes
Jusqu'à ce que Dieu dise : « Acquittez la captive. » (i)

Nombre de femmes respectables de Nauvoo ont eu du mal à boitiller jusqu'à leur demeure actuelle, à travers persécutions, chagrins et décès, victimes de vols et d'avanies, privées de leurs maris et de leurs enfants par les pouvoirs conjugués des prêtres et de la méchanceté morale en haut lieu. Mais aucune de ces cruautés des hommes n'a frappé le cœur des femmes avec autant de douloureuse intensité que la calomnie pleine de venin de O. F. Bostwick, disant qu'il pouvait « prendre un demi-boisseau de farine  (j), atteindre son but infâme et obtenir ce qu'il voudrait de presque n'importe quelle femme dans la ville ».

Honte au misérable qui peut ainsi prendre le relais des émeutiers ensanglantés du Missouri dans leur entreprise infernale  (k), et répandre ses calomnies sur les rues de Nauvoo, en toute impunité, à ce qu'il doit penser. Honte à l'homme ou à l'avocat qui se salit en défendant les droits de tels corbeaux au cœur pourri ou en les recommandant à la bienveillance de tout être autre que Satan.

Y a-t-il dans cette ville un seul homme ayant une mère ? L'honneur lui dit : « Enlève de tels déchets de devant sa porte. » Un seul homme ayant une épouse ? La bienfaisance murmure : « Attrape de telles bêtes sauvages, qu'elles ne puissent pas troubler le troupeau, ni tuer les agneaux. » Un seul homme ayant une mère devenue veuve ? Les sentiments humains semblent le mettre en garde : « Ta mère est en danger, protège-la de la puanteur d'une telle charogne ! » Un seul homme ayant des filles ? La voix de la raison le pousse à crier : « Il y a un loup sur le chemin, faites attention ! » Un homme ayant des sœurs ? Le sang de la famille lui dit : « Que le mal soit sur celui qui pense à mal » Que toute la vertueuse population féminine de la ville dise d'une seule voix que celui qui corrompt la chasteté des femmes, celui qui calomnie leur naturel, celui qui diffame le tempérament des chefs de l'église, ou encore les vers ulcéreux qui s'attaquent à la paix de nos maris, les prostituées ou leurs proxénètes, même s'ils font partie de l'élite, avocats, docteurs, ou sigisbées – tous ceux-là ne doivent avoir aucune place dans nos maisons, dans notre affection ou dans notre société.

C'est pourquoi,

ceci a été décidé à l'unanimité : Joseph Smith, le Maire de la ville, doit recevoir nos remerciements pour la compétence et la vigueur avec lesquelles il a défendu l'innocence attaquée, lors du récent procès de O. F. Botswick pour diffamation envers le Président Hyrum Smith et presque toutes les femmes de la ville.

Décidé à l'unanimité : nous voyons avec une réprobation et un mépris sans réserve la conduite de tout homme ou toute femme, que ce soit en paroles ou en actes, qui jette le déshonneur sur les mères, veuves, épouses et filles des Saints de Nauvoo, malheureuses victimes de la persécution ; elles n'ont enduré que trop de médisances, de calomnies et d'épreuves ; la patience a cessé d'être une qualité, et la riposte, comme le poignard ou la balle, doit clore les lèvres d'assassins aussi lâches.

Décidé à l'unanimité : accordant foi à l'enseignement de Paul, à savoir que dans le Seigneur, la femme n'est point sans l'homme, ni l'homme sans la femme  (l), nous élevons nos voix et nos mains contre le « système des épouses spirituelles » de John C. Bennett, comme étant le plan de débauchés pour séduire les femmes ; et ceux qui le rabâchent souhaitent le populariser pour satisfaire leur propre concupiscence ; c'est pourquoi, alors que le lit nuptial, immaculé, doit être honoré, puissent la polygamie, la bigamie, la fornication, l'adultère et la prostitution être rejetés du cœur des hommes de bien pour tomber dans l'abîme de la nature déchue, là où la vermine ne meurt jamais et où le feu ne s'éteint pas  (m) ! Et que tous les Saints disent Amen !  (n)

EMMA SMITH, Prés.,

H. M. Ells, Secr. p. i.  (o)


  
 
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Notes ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
 (a)  Le texte a été rédigé (puis lu devant plusieurs dirigeants de l'Église) par William W. Phelps, avant d'être publié sous la signature d'Emma Smith, au nom de la Société féminine de secours.

On peut trouver le texte original à partir de cette adresse  [⇒], dans le fichier 3-20-1844.pdf.

NB1- il s'agit d'une simple photocopie, dont la qualité n'est pas toujours excellente ;
NB2- Selon Wikipedia, Phelps aurait été excommunié en 1848 pour avoir contracté un mariage polygamique non autorisé, puis rebaptisé le surlendemain ; mais la source de cette information n'est pas précisée et il n'y en a pas de trace dans sa biographie sur le site josephsmithpapers.org.
 (b)  Le prénom est tantôt Orsemus, tantôt Orsimus ; le nom est tantôt Bostwick, tantôt Botswick.

Le procès avait eu lieu le 26 février, devant le tribunal municipal présidé par Joseph Smith (en tant que Chief-Justice ), avec pour plaignant le même Joseph Smith (en tant que maire). L'accusé, défendu par Francis Higbee (voir la note (f)) avait été condamné à une amende de cinquante dollars et aux dépens. Higbee avait indiqué son intention de faire appel devant le tribunal d'arrondissement (Circuit Court ), qui devait se réunir à Carthage. Le 19 avril, ce tribunal demanda à la mairie de Nauvoo de lui communiquer les pièces de ce dossier.

 (c)  Citation latine introuvable, et de toutes façons incorrecte ou incomplète. Le texte latin le plus proche est un poème de Hildegard von Bingen où l'on peut lire :
______fuge speluncam antiqui perditoris  (= fuis la caverne de l'antique fléau).
 (d)  Le texte anglais utilise une image passablement osée : put in every virtuous woman's hand a rod.
 (e)  Les Mormons se considèrent comme les (seuls) héritiers de l'Alliance entre Dieu et son peuple.
 (f)  (f)  La diatribe vise Francis M. Higbee (frère de Chauncey, rencontré plus haut), membre de la Loge et aide-de-camp de la Légion de Nauvoo ; il avait été excommunié en même temps que Bennett (et pour les mêmes motifs).
 (g)  Expression tirée d'une parabole figurant dans l'évangile selon Matthieu, chapitre 13, versets 45 et 46.

Plusieurs années après la mort de Joseph Smith, l'Église mormone rassemblera divers textes « inspirés » dans un ouvrage qui reprendra ce titre et formera le troisième ouvrage canonique mormon. Ironie de l'Histoire : l'Église réorganisée  (la RLDS ), dont fera partie Emma Smith, ne considère justement pas cet ouvrage comme « inspiré », pas plus que la section 132 des Doctrine & Covenants.

 (h)  Le texte original est incertain (et la traduction, à l'avenant) ; il semble que l'on doive lire whose help meet she is.
 (i)  La traduction essaie (tant bien que mal…) de suivre le texte du Nauvoo Neighbor. D'où vient cette citation ? Apparemment d'une tragédie anglaise du début du XVIIIème siècle, Jane Shore, de Nicholas Rowe. Mais les deux versions diffèrent – légèrement pour les premiers vers, plus nettement pour les derniers. Voici les deux textes :

Jane Shore de Nicholas Rowe
Nauvoo Neighbor
Ruin ensues, reproach and endless shame,
And one false step entirely damns her fame;
In vain, with tears the loss she may deplore,
In vain, look back on what she was before;
She sets, like stars that fall, to rise no more.
Ruin ensues, reproach and shame
And one false step bedims her fame;
In vain, the loss she may deplore,
In vain, review her life before;
With tears she must in anguish be,
Till God says : « Set that captive free ».

On peut constater

  1. que Rowe écrit en décasyllabes, alors que la version du NN  emploie des octosyllabes (d'où un ou deux mots en plus ou en moins à chaque vers) ;
  2. •  que Rowe utilise à la fin du passage (qui est aussi la fin du premier acte de la tragédie) la même rime sur trois vers consécutifs (il en ira de même à la fin du quatrième acte) ;
    ___•  la version du NN , elle, récrit le cinquième vers pour lui donner une nouvelle rime, qui sera complétée par l'intervention divine au sixième vers (absente de la tragédie, évidemment).

Si l'on trouve facilement des citations de l'original, le texte du NN  semble être un hapax ; peut-être une version mormone de la tragédie (Elizabeth « Jane » Shore avait été l'une des maîtresses du roi Edouard IV d'Angleterre).

NB- dans un article intitulé A Note on Nauvoo Theater, Noel A. Carmack rappelle qu'il existait un théâtre à Nauvoo, dans lequel plusieurs œuvres avaient été jouées entre 1840 et 1844, parfois avec Joseph Smith parmi les spectateurs ; toutefois, pas de trace de Jane Shore  (ni même d'une autre pièce de Rowe) parmi les textes interprétés.
 (j)  Il ne semble pas que l'expression soit une citation biblique : dans la KJV, le mot bushel n'apparaît que dans l'expression de Jésus à propos de la lampe sous le boisseau. C'est donc sans doute ici une simple image.

Resterait à savoir si, dans l'esprit ou les paroles d'O. Bostwick, could  correspond à une accusation précise (il a pu, quand il l'a voulu ) ou un une sorte de conditionnel faisant de toute l'accusation une image (il pouvait, à supposer qu'il le voulût ).

 (k)  Allusion aux adversaires des Mormons qui les avaient combattus et chassés du Missouri en 1838-1839.
 (l)  Citation de la première épître aux Corinthiens, chapitre 11, verset 11.
 (m)  Citation de l'évangile selon Marc, chapitre 9, verset 48 ; elle suit le texte de la KJV, à l'exception des premiers mots : where their  dans la KJV, au lieu de where the ici. La traduction est celle d'André Chouraqui, en remplaçant leur  par la.
 (n)  La dernière réunion de la Société féminine de secours, le 16 mars, s'était achevée sur le souhait de pouvoir disposer d'un local plus vaste (pour ne pas avoir à répéter les assemblées, comme les quatre séances  des 9 et 16 mars) ; mais certains Mormons (dont Brigham Young) ne dirent pas Amen !  à cet appel, et la Société ne se réunira plus jamais, du moins à Nauvoo ou sous la présidence d'Emma Smith.

Dernier avatar : après avoir figuré dans HoC , le texte de l'article en aurait été ôté par Brigham Roberts.

 (o)  (o)    Il s'agit d'Hannah Ells, sec. pro tern, assurant l'intérim de la secrétaire en titre, Eliza Snow.

Faut-il rappeler que, selon Todd Compton aussi bien que George Smith ou Fawn Brodie, Joseph Smith avait fait d'Eliza Snow son épouse spirituelle le 29 juin 1842 ? On comprend qu'elle ait préféré déléguer sa signature.

NB– L'article qui suit immédiatement celui-ci dans le Nauvoo Neighbor  est l'annonce de la mort accidentelle de King Follett, à qui Joseph Smith avait consacré son sermon du 7 avril, traduit et commenté dans cette page  [⇒].

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