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Introduction :  Au début de juin 1844 (donc deux ans plus tôt, et quelques
============= semaines avant la mort de Joseph et Hyrum Smith),
Joseph Jackson avait fait paraître dans le journal Warsaw Signal (très hostile aux Mormons) un article intitulé « Révélations surprenantes » (texte qui sera désigné ci-dessous par les initiales AWS ). L'essentiel de l'article étant repris et détaillé dans le livre, seules les différences entre les deux textes seront mentionnées dans les notes.
On peut observer que l'article rapporte un double « aveu » de Joseph Smith, absent du livre : le Prophète lui aurait déclaré qu'il était athée et que le Livre de Mormon était un faux.
NB1– dans les notes, History of the Church sera désigné par HoC.
NB2– Dans la zone de texte jaune pâle en haut de l'écran,
– les dates provenant d'une source mormone sont en bleu foncé,
– les autres en rouge brique.
NB3– Les numéros de pages sont ceux de l'édition de 1846.
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L'Église mormone avait été fondée vers 1830 dans le nord de l'État de New-York, à Palmyra puis à Fayette.
Au cours des années suivantes, Joseph Smith et les siens s'étaient établis dans le nord de l'Ohio, à Kirtland.
Au début de 1838, une révélation divine s'ajoutant aux mauvaises relations avec leurs voisins, ils vont dans le Missouri à Far West ; c'est là qu'en fin d'année, les choses tournent très mal (on en retrouvera des conséquences dans le récit de Joseph Jackson ; pour plus de détails, voir la note concernant la tentative d'assassinat du gouverneur Boggs).
Les Mormons se réfugient alors dans l'Illinois, d'abord à Quincy puis à Commerce, qu'ils décident de rebaptiser Nauvoo. La ville connaît alors un essor aussi bien démographique (avec 15 000 âmes en 1845, c'est l'une des cités les plus importantes de l'Illinois) que politique (notamment grâce à sa Charte, qui lui donne une large autonomie administrative, judiciaire et militaire).
Aujourd'hui, sa population dépasse à peine le millier d'habitants.
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Sans guillemets ni italiques, l'appellation peut surprendre ; si elle est habituelle chez les Mormons, elle est plus inattendue ici, surtout au tout début d'une introduction s'adressant logiquement à des « Gentils ».
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Étrange conclusion, dont on retrouvera quelques pages plus loin une variante dans la bouche même de Joseph Smith !
Mais, indépendamment de toute considération morale, il ne manquait pas d'« apostats » pour avoir du Mormonisme une connaissance encore plus précise que lui (souvent à leur grand regret).
Comme Joseph Jackson lui-même le montrera plus loin, il fallait plus que des révélations si l'on voulait mettre en difficulté Joseph Smith ; et s'il est une réussite que l'on doit reconnaître au gouverneur Ford, c'est de l'avoir compris, en concentrant son action sur les seuls actes que Joseph Smith ne pouvait pas contester : la destruction de la presse du Nauvoo Expositor et la proclamation de la loi martiale.
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Comme Thomas Ford (et nombre de non Mormons de l'époque), Jackson appelle constamment Joseph Smith « Joe ».
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Le lien entre la mort des frères Smith et la véracité des faits n'est pas évident. L'auteur veut-il dire que Joseph Smith n'est plus là pour reconnaître ses forfaits ? Cela semble bien naïf d'avoir envisagé une telle éventualité.
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affidavit, qui désigne la déclaration faite sous serment (duly sworn) devant un juge ou un agent lui-même assermenté.
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Résumé des épisodes précédents :
| 24 oct. 1838 | des Mormons en armes affrontent les troupes régulières (bataille de Crooked River, au sud de Far West) ; |
| 27 oct. 1838 | Lilburn Boggs, gouverneur du Missouri, publie l'Executive Order n°44 : « Les Mormons doivent être traités comme des ennemis, et doivent être exterminés ou expulsés de l'état si c'est nécessaire pour la paix publique » ; |
| 30 oct.1838 | une vingtaine de Mormons tués par des émeutiers lors d'une attaque à Haun's Mill (est de Far West) ; |
| début 1839 | Joseph et Hyrum Smith, Sidney Rigdon et deux autres dirigeants sont emprisonnés ; |
| avril 1839 | ils s'échappent pendant un transfert ; la majorité des Mormons se réfugie dans l'Illinois (à Quincy puis à Nauvoo) ; |
| 6 mai 1842 | L. Boggs (qui n'est plus gouverneur) est grièvement blessé, atteint de quatre balles durant son sommeil ; |
| juillet 1842 | John Bennett (qui, après son excommunication, a quitté Nauvoo) accuse Orrin P. Rockwell d'avoir tiré, sur ordre de Joseph Smith ; |
| 20 juil. 1842 | un mandat d'arrêt est lancé contre eux deux par les autorités de l'État du Missouri ; |
| 8 août 1842 | les deux hommes sont arrêtés à Nauvoo, mais parviennent à être libérés et à disparaître dans la nature. |
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Il y a ici quelque chose de pathétique : Joseph Smith est sous le coup de deux mandats d'arrêts, d'une condamnation à mort, il a été arrêté et emprisonné à plusieurs reprises – et Joseph Jackson serait suspecté de chercher « des preuves » (et encore le terme anglais evidence peut-il désigner un simple témoignage).
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Les Danites doivent leur nom à la tribu de Dan (des guerriers hébreux). Ils ont fait leur apparition vers 1838 à Far West, d'abord pour lutter contre les « dissidents », puis contre les voisins hostiles, et finalement contre les troupes de l'État du Missouri durant la guerre mormone. Par la suite, l'Histoire officielle de l'Église note que Joseph Smith les condamne comme « société secrète » et que leur créateur et chef, Sampson Avard, est excommunié en 1839.
La même Histoire n'en fait plus mention qu'après l'installation en Utah, avec Brigham Young (en minimisant leur action), mais certains les impliquent dans l'assassinat d'Almon Babbitt (en 1856) ou le massacre de Mountain Meadows (en 1857).
La littérature en a fait parfois une secte exerçant ses méfaits à travers le monde entier (chez A. Conan-Doyle, en particulier).
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Apparemment, il n'y a pas trace de ces événements en dehors de ce récit et de la déclaration de Thomas Barnes. HoC n'y fait aucune allusion.
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1) Le personnage appelé ici Rellison apparaît dans HoC et ailleurs sous les noms de Rollison, Rollinson, Rollason, Rollosson et même Ralston.
2) Selon Thomas Gregg, les deux hommes sont arrivés séparément à Nauvoo fin 1841 ou début 1842 et se sont bientôt associés.
3) Dans HoC, il n'est question d'aucun des deux en 1842 ; mais William H. Rollison apparaît en février 1843 (vol. 5), quand il veut obtenir la gestion du bureau de poste de Nauvoo (sa demande sera rejetée).
4) Selon des journaux, leur magasin est cambriolé en avril 1844.
5) Rollison et Finch sont cités en juin 1844 (HoC, vol. 6) parmi les opposants, avec le Dr Foster.
6) Tous les deux figurent dans les listes des émeutiers du 27 juin établies l'une par Backenstos (shérif de Nauvoo), l'autre par Willard Richards.
7) Ils sont aussi accusés par HoC (vol. 7) d'avoir participé en novembre 1845 à l'attaque d'un fermier mormon.
8) En 1846, ils fonderont le bureau de poste de Dallas City (à la limite nord du comté de Hancock).
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Petite ville à l'extrême sud-est de l'Iowa, sur le Mississippi.
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Dans AWS, l'homme était dans un chariot croisant celui de Jackson.
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Dans AWS, Finch ne joue aucun rôle (il est apparemment resté dans son chariot, qui a continué sa route).
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Joseph Jackson a-t-il conscience d'être un miraculé ? Le pistolet n'était pas à beaucoup plus d'un mètre de lui quand le coup est parti. Ou bien le tireur était particulièrement maladroit, ou bien son but n'était pas vraiment de « s'en prendre à la vie » de l'auteur.
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Apparemment, il n'y a pas trace de ces événements en dehors de ce récit et de la déclararion de Thomas Barnes. HoC n'y fait aucune allusion.
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À coup sûr, la manœuvre est tout-à-fait compréhensible, mais force est de constater qu'elle ne réussit pas ; il est un peu surprenant que Jackson ne cherche pas à en analyser les raisons, notamment en rapport avec la suspicion dont il avait fait l'objet de la part des Danites.
Plus tard, Jackson tentera à nouveau sa chance face à Joseph Smith.
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Carthage est le chef-lieu du comté de Hancock.
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Harmon T. Wilson était, selon les versions (ou les années ?) shérif, deputy sheriff (shérif adjoint), constable (inspecteur de police) ou lawyer (juriste ou avocat) ; pendant toute l'année 1843, il seconde Reynolds (shérif du comté de... Jackson, dans le Missouri) pour faire exécuter le mandat d'arrêt contre Joseph Smith datant de la « guerre mormone » de 1838.
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Il faut bien reconnaître que la suite démentira largement ces considérations avantageuses.
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Il y a un conflit de date : selon Jackson, cette première rencontre entre les deux Joseph a lieu en mars ou (au plus tard) début avril. Selon HoC, elle a lieu le 18 mai, et est notée ainsi (vol. 5) :
« Mr. Joseph H. Jackson, qui disait être prêtre catholique, m'attendait chez moi à mon retour. »
Il n'y a pas d'autre détail sur leur entretien.
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L'expression private room fait problème. En effet, elle correspond bien à Mansion House, une Résidence d'une vingtaine de pièces ; Joseph Smith en avait gardé six pour lui et sa famille, et transformé le reste en hôtel. Mais cette situation ne commence qu'en septembre 1843 ; jusqu'en août, il habite une maison plus petite, entièrement private , même s'il y reçoit des visiteurs (« chez moi », dans HoC ).
Le problème réapparaîtra plus bas, quand Joseph Jackson dira y avoir logé quelques nuits.
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Il s'agit de Heber C. Kimball, qui avait participé aux missions en Angleterre, et était un proche collaborateur de Brigham Young.
NB– Avant (et après) son baptême, il dit avoir eu des visions et des expériences de glossolalie. Il aura en tout quarante-trois épouses, dont six-sept lui donneront des enfants. Après l'établissement dans l'Utah, il sera l'adjoint de Brigham Young aussi bien à la tête de l'Eglise qu'à celle du nouvel État.
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Le livre de Jackson reste très discret quant à la nature de ces activités. Selon certaines sources, elles incluaient (ou même consistaient dans) la fabrication de fausse monnaie.
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Il n'est pas impossible que Jackson se soit fait passer pour un abolitionniste ; sans l'être eux-mêmes, les Mormons avaient vu leurs différends avec les Missouriens accrus du fait de leur opposition à l'esclavage. On pourra se reporter aux pages que Thomas Ford consacre à l'Alton Observer d'Elijah Lovejoy (traduites sur mon blog) pour se faire une idée des tensions et des heurts que la question pouvait susciter. Mais, plus loin, Jackson dira s'être accusé de multiples crimes pour mieux séduire Joseph Smith.
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Orrin Porter Rockwell avait dix-sept ans quand il se convertit ; il accompagna Joseph Smith à Washington en 1840, lui servant de garde du corps. Sans doute plus porté sur l'action que sur la réflexion, c'était l'un des Danites. Après la mort de Joseph Smith, il poursuivra ses activités dans l'Utah. Son personnage se retrouve dans plusieurs films.
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Suites de la tentative d'assassinat du gouverneur Boggs :
| 26 déc. 1842 | Joseph Smith se constitue prisonnier ; | |
| 2 jan. 1843 | il est jugé et libéré sur ordre du juge Pope de Springfield ; | |
| pendant ce temps | ||
| hiver 1843 | Rockwell est à Philadelphie, pour échapper au mandat d'arrêt ; | |
| 5 mars 1843 | il est arrêté à Saint-Louis ; | |
| 11 mars 1843 | il est emprisonné à Independence, en attente de jugement ; | |
| fin mai 1843 | il s'échappe de prison, mais est repris quelques jours après. | |
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AWS donne une version un peu différente : lors de cette première rencontre, Joseph Smith lui aurait seulement demandé de libérer Rockwell ; ce n'est qu'après le retour de ce dernier (à la fin de 1843) que Joseph Smith lui aurait proposé trois mille dollars pour tuer Boggs.
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HoC mentionne que le 19 mai (entre les deux rencontres), Joseph Smith et Jackson ont fait ensemble une promenade à cheval – qui n'est pas évoquée ici.
A la date du 20 mai, HoC indique :
« Mr. Joseph H. Jackson, se disant sans emploi et sans ressources, m'a prié de le prendre à mon service et de le tirer d'embarras. J'ai eu pitié de lui et l'ai embauché comme commis chargé de la vente des terres, de manière à lui donner une chance dans le monde. »
Dans son journal, William Clayton rapporte les mêmes faits, en précisant d'une part que Joseph Smith avait dit de Jackson qu'il semblait quelqu'un de bien (a fine and noble fellow ), d'autre part que Jackson avait assuré qu'il serait baptisé avant longtemps.
Pas facile de concilier ces propos avec ce que rapporte Joseph Jackson...
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Jedediah M. Grant était fermier ; peu après, il ira à Philadelphie pour y présider l'Église, et finira par être Conseiller de Brigham Young (vice-président) à Salt Lake City.
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Si l'on se réfère à ce qu'écrira Joseph Jackson plus loin, il s'agit de l'hôtel (ou de la pension de famille) Snyder. On trouve plusieurs Snyder (ou Snider) à Nauvoo à cette époque.
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Si l'on met en parallèle la chronologie de Joseph Jackson et celle du journal de William Clayton, on trouve :
– le 22 mai, « En compagnie de Jackson, du Président Joseph, de Mr Simson et de quelques autres. »
– le 23 mai (les faits eux-mêmes remontant au 22) : « Le Président m'a déclaré qu'il avait eu un petit problème avec Sœur Emma. Il était en train d'interroger Eliza Partridge sur la conduite de Joseph Jackson durant son absence quand Emma monta l'escalier. Il alla fermer la porte, ne sachant pas qui c'était, et la maintint fermée. Elle arriva à la porte, appela Eliza quatre fois et essaya d'ouvrir la porte de force. Le Président ouvrit et lui donna les raisons, etc. Elle semblait très en colère [ravagée, selon une autre version]. Il dit que Jackson a le cœur pourri. »
Précision : Eliza Partidge était l'une des « épouses spirituelles » de Joseph Smith (depuis le 8 mars).
NB– il n'est plus question de Joseph Jackson dans les textes mormons jusqu'à la fin de novembre.
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Commerçant installé à Nauvoo depuis deux ans, il avait hébergé Joseph Smith l'année précédente et lui servira de garde du corps ; il finira presiding bishop (trésorier de l'Église) dans l'Utah.
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Louis Segond traduit ainsi le début de ce chapitre :
1– L'Éternel me dit : Va encore, et aime une femme aimée d'un amant, et adultère ; aime-la comme l'Éternel aime les enfants d'Israël, qui se tournent vers d'autres dieux et qui aiment les gâteaux de raisins.
2– Je l'achetai pour quinze sicles d'argent, un homer d'orge et un léthec d'orge.
3– Et je lui dis : Reste longtemps pour moi, ne te livre pas à la prostitution, ne sois à aucun homme, et je serai de même envers toi.
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De cinq ans plus âgé que Joseph, Hyrum l'avait aussi précédé dans la franc-maçonnerie ; il a succédé à leur père comme Patriarche en 1840 et, depuis une révélation reçue en 1841, était associé à son frère comme « Prophète, Voyant et Révélateur » de l'Église, et successeur désigné de Joseph.
NB– l'expression Saint Partiarche (Holy Patriarch ) ne se trouve pas dans les textes mormons. Peut-être est-elle ironique (cf. le cheval blanc ; J. Jackson appelle plus loin Joseph Smith « Sa Sainteté »).
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Il s'agit d'Antonio Jose Chavez, qui faisait du commerce entre Santa Fe (alors au Mexique) et le Missouri ; il était parti de Santa Fe en février et se trouvait dans le Kansas quand, le 10 avril, il fut attaqué et assassiné par une bande de Texans (le Texas, terre mexicaine, avait proclamé son indépendance en 1836). Comme l'assassinat d'un citoyen mexicain (et pas n'importe lequel : Chavez était fils d'un ancien gouverneur de Santa Fe) par des Texans sur le sol des Etats-Unis pouvait créer un incident diplomatique, les autorités du Missouri mirent tout en œuvre pour arrêter les meutriers – ce qui fut fait pour la moitié d'entre eux (dont le chef) vers la mi-mai.
NB1– aux États-Unis, le nom de Chavez fut déformé en Chavis, Chauvey et même Jarvis.
NB2– une carte de la « route de Santa Fe » est disponible à cette adresse
File:Map_of_Santa_Fe_Trail-NPS%2Ejpg
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Nouvelle difficulté chronologique : si l'on suit les indications de l'auteur, ce ne peut être au-delà de la mi-avril ; or les meurtriers de Chavez ne seront arrêtés qu'un mois plus tard.
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N'importe quel héros de roman d'aventure aurait sans doute considéré cette situation comme une aide du Ciel permettant d'avoir les coudées franches.
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Un condensé de Joseph Jackson :
– qu'est-ce que Rockwell aurait pu lui confesser ? qu'il était le meurtrier ? qu'il avait agi sur ordre de Joseph Smith ? C'était déjà l'accusation de John Bennett – que le jeune homme réfutait bien sûr de toutes ses forces ;
– pourquoi aurait-il confessé quelque chose à un inconnu ? Jackson écrit « en me présentant moi-même comme étant au service de Joe » ; certes, Rockwell n'était sans doute pas un intellectuel de haut vol, mais il devait avoir appris à se méfier des beaux parleurs ;
– « le dessein que Harmon T. Wilson et moi-même avions en vue » – magie du verbe ! Un peu plus haut, J. Jackson a écrit qu'il avait « fait savoir » à Wilson quels étaient ses projets ; et l'affidavit de Wilson confirmera que Jackson « avait proposé » d'aller à Nauvoo ; nous sommes loin d'un dessein commun ; d'autant plus que (rappelons-le) Wilson travaillait avec Reynolds depuis deux ans sur le « problème mormon ». La suite confirmera d'ailleurs cruellement ce manque de jugement.
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Comme mentionné dans une note précédente, il s'agit de la participation de Joseph Smith et de quatre autres Mormons à des opérations armées contre les troupes de l'État du Missouri, durant ce que l'on a appelé la « guerre mormone ».
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Enfin une touche d'humour.
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Il s'agit de Pointe Coupee Parish (la Paroisse de Pointe Coupée, équivalant à un comté).
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Petite ville du Missouri (moins de 200 habitants actuellement) faisant face à Warsaw ; elle s'appelle aujourd'hui Alexandria.
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Emma Hale avait quitté la maison de ses parents, au début de l'année 1827, pour épouser Joseph Smith ; peu après, elle avait transcrit les premières pages « révélées » du Livre de Mormon. Par la suite, elle s'est opposée (avec plus ou moins de réussite, et peut-être aussi de détermination) à la doctrine du mariage plural et des « épouses spirituelles ». Après la mort de Joseph Smith, elle se remariera avec Lewis Bidamon (non Mormon) et restera avec ses fils dans la Reorganized Latter-Day Saints Church à Nauvoo.
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De l'humour à l'ironie...
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Selon HoC, à Noël de la même année, après le retour de Rockwell à Nauvoo, Joseph Smith prophétisera que, tant qu'il resterait fidèle à l'Église (et ne se ferait pas couper les cheveux), il serait invulnérable. Prophétie en partie réalisée puisque « l'Ange de la Vengeance » mourut à soixante-cinq ans de mort naturelle.
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Si elle est authentique, cette déclaration montre bien la naïveté du « grand dessein » de J. Jackson.
À ce propos, Rockwell, pour prouver qu'il n'était pas le tireur, aurait fait remarquer que Boggs avait été blessé mais n'était pas mort ; alors que lui n'aurait pas manqué sa cible.
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Dans son sermon du 26 mai 1844, Joseph Smith déclarera : « Ni Paul, ni Jean, ni Pierre, ni Jésus n'ont jamais fait cela. Je suis fier que personne n'ait jamais accompli une œuvre égale à la mienne. »
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Joseph Jackson reprend ici la manœuvre qu'il avait tentée au lendemain de l'agression. Sans plus de succès. Mais le plus étonnant reste que l'auteur, au lieu de reconnaître que sa ruse n'a pas marché et que l'on ne peut donc pas se prononcer, n'envisage que la possibilité d'un mensonge : Joseph Smith est forcément coupable...
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Il faut donc comprendre que, de retour du Missouri, Jackson loge dans la maison des Smith (ce qui sera confirmé plus bas).
1) il est surprenant que Joseph Jackson ne fasse pas état explicitement de cet « emménagement », qui n'est pas anodin ;
2) bien qu'il ne soit pas impossible, cet « emménagement » lui-même surprend. Comme mentionné plus haut à propos de l'appartement privé, c'est à partir de septembre 1843 que Joseph Smith habitera Mansion House, dont une partie fait office d'hôtel ; jusque-là, il habite une maison qui a bien un étage, mais est de taille assez modeste ; et, si Joseph Smith y recevait bien ses visiteurs, il semble plus difficile qu'il les ait hébergés pendant plusieurs jours.
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C'est à se demander qui est le plus mégalomane des deux.
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Cornelius P. Lott était Elder, membre du Conseil des Cinquante (et proche des Danites), mais ne semble pas avoir fait partie du Quorum des Douze.
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Peut-être était-ce à cela que Joseph Smith pensait quand il interrogeait Eliza Partridge, quelques jours après l'arrivée « officielle » de Joseph Jackson à Nauvoo.
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A quoi Joseph Jackson fait-il allusion ? Jusqu'alors, le seul plan criminel de Joseph Smith dont il ait fait état est celui qui visait à assassiner le gouverneur Boggs.
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Sans doute (du moins peut-on le souhaiter) Lucy Mack Smith n'a-t-elle jamais lu ce passage ; mais on comprendrait mieux pourquoi, dans ses mémoires (Biographical Sketches of Joseph Smith the Prophet, and His Progenitors for Many Generations ), elle n'épargne pas Joseph Jackson.
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Au cours du Conseil municipal du 8 juin 1844 (qui décida la destruction de la presse du Nauvoo Expositor ), Hyrum Smith déclarera que « Jackson était intéressé à essayer de faire de la fausse monnaie, ce qui était son activité principale. » Et l'on trouve dans le procès-verbal les déclarations de deux témoins impliquant Joseph Jackson dans la contrefaçon.
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D'après l'ensemble des opérations, on peut situer le passage des deux hommes à Nauvoo aux alentours du 15 juin ; la chronologie de l'auteur reste donc de plus d'un mois antérieure à la réalité.
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A cette réquisition des autorités du Missouri (permanente depuis 1839) s'est ajoutée, vers le 18 juin, une réquisition complémentaire du gouverneur de l'Illinois, Thomas Ford.
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La réalité dépasse la fiction ! Joseph Jackson avait donc (selon lui) mis au point avec H. Wilson un plan consistant à aller à Nauvoo gagner la confiance de Joseph Smith et infiltrer l'Église mormone ; au moment prévu, H. Wilson vient à Nauvoo et, quand on lui dit que Joseph Jackson est un homme de confiance du Prophète, il le considère comme perdu, sans même chercher à le voir ? et Jackson (qui doit bien être au courant de la présence du policier de Carthage) ne fait rien pour le rencontrer et dissiper le malentendu ?
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Le 13 juin, Joseph Smith était parti avec sa famille rendre visite à une sœur d'Emma qui habitait près de Dixon, dans le nord de l'Illinois (à environ quatre cents kilomètres de Nauvoo).
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Springfield (à environ trois cents kilomètres au sud-est de Nauvoo) est la capitale de l'Illinois ; « la nouvelle » en est venue par James Adams, qui y exerçait la fonction de juge au Tribunal des successions (probate court ) ; converti en 1835, Franc-Maçon organisateur de la Loge de Nauvoo, c'était un intime de Joseph Smith (il avait notamment participé au mariage de Joseph Smith avec Eliza Partridge). Dans l'affaire présente, il avait prévenu Joseph Smith le 16 juin en lui envoyant à Dixon un courrier (arrivé le 18), et il se rendra lui-même à Nauvoo le 23.
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HoC note que, le dimanche 25 juin vers dix heures du matin, Hyrum Smith avait informé ses proches du retour de William Clayton aux alentours de deux heures et avait demandé qu'une compagnie aille secourir son frère.
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HoC écrit que Hyrum Smith « fit appel à des volontaires, plus de trois cents se proposèrent, dont ils choisirent ce qui était nécessaire. » Y aurait-il eu des volontaires malgré eux ?
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A la date du 27 juin, on trouve dans HoC la copie du récit de l'expédition fait par l'un de ses membres, Peter W. Conover. La compagnie était placée sous les ordres de C. Rich et W. Law. Il apparaît bien qu'elle s'est divisée, C. Rich gardant trente-cinq hommes, William Law (qui était accompagné de son frère Wilson) continuant avec le reste ; plus tard, dix d'entre eux partiront en éclaireurs (Conover en donne la liste exhaustive), et rencontreront Stephen Markham qui les mènera au groupe Smith-Reynolds-Wilson ; des ordres seront envoyés aux autres morceaux de la compagnie pour qu'ils rejoignent le groupe ou attendent son passage.
Il n'est nulle part question ni de Joseph Jackson ni de Robert Foster ni de La Harpe (tous les hommes étant arrivés aux environs de Peoria ou de Monmouth, loin au-delà des limites du comté de Hancock).
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En dehors même du récit de Joseph Jackson, tout cet épisode de Dixon a des airs de mascarades : pour approcher et interpeller Joseph Smith à Dixon, Wilson et Reynolds se font passer pour des prêcheurs mormons ; à peine ont-ils arrêté Joseph Smith que le shérif local les arrête pour abus de pouvoir et les envoie en prison ; mais ils s'en sortent en prenant une ordonnace d'habeas corpus à leur propre bénéfice ; du coup, le shérif de Lee veut conduire à Carthage Reynolds et Wilson qui eux-mêmes conduisent Joseph Smith ; mais, en chemin, ils sont déroutés vers Nauvoo ; et là, comme on l'a vu, Joseph Smith est libéré par le Tribunal municipal, qui ordonne l'arrestation de Wilson et Reynolds – mais ceux-ci réussissent à quitter la ville et gagner Carthage.
Un an plus tard, le souvenir de cet imbroglio influera certainement sur le comportement du gouverneur Ford (lui-même ancien juge).
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Le récit d'AWS est différent : ce second voyage dans le Missouri a pour destination Independence, où Joseph Jackson doit « faire ce que Rockwell n'avait pas pu faire » ; de plus, cet épisode y est placé « après le retour de Rockwell » – donc au plus tôt fin décembre.
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Le texte dit On the morning of the fourth, I started [...] Le propos de Joseph Smith sur « une journée de fête » peut laisser à penser qu'il s'agit de la fête de l'Independence Day, le 4 juillet (on arrive justement à cette date en suivant la chronologie de HoC – mais pas celle de Joseph Jackson jusque-là).
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C'est-à-dire à une petite cinquantaine de kilomètres de Nauvoo et environ quatre cents de Liberty...
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Nul ne pourra reprocher à Joseph H. Jackson d'être un entêté.
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Sans doute l'un des passages les plus inquiétants du livre, d'un strict point de vue historique : on ne trouve pas trace d'un « général Donethan ». Par contre, il y a un Alexander W. Doniphan (parfois Doniphon), officier dans l'armée du Missouri. Et Joseph Smith était bien placé pour le connaître puisque Doniphan lui avait sauvé la vie en 1838, en refusant d'exécuter les cinq Mormons condamnés par un tribunal d'exception. C'est encore lui qui défendait Orrin Rockwell à Independence et (superbe ironie de l'Histoire !) finira par le faire libérer en décembre 1843. Brigham Young lui rendra hommage par la suite. Comment peut-on imaginer un instant que Joseph Smith ait eu l'intention de le faire tuer ?
Il semble donc que Jackson ait entendu parler d'un général dont il a mal compris le nom et encore plus mal le rôle, et qu'au moment où il avait besoin d'un nom pour sa petite histoire, il l'ait ressorti.
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Une chance pour le général Donethan ? Mais, si l'on reprend l'ensemble des deux « missions », du seul point de vue du « grand dessein » de Joseph Jackson, force est de constater
– qu'il lui faut environ trois semaines, en mai, pour apercevoir pendant quelques instants Orrin Rockwell ;
– qu'il perd une voiture et renonce à son plan, à peine franchie la frontière entre l'Iowa et le Missouri, en juillet.
Comme il l'écrit dans son texte, My luck, however, was bad.
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Un peu plus haut, Joseph Jackson avait indiqué que la mise en route de la contrefaçon et l'épisode de Dixon étaient simultanés ; or Joseph Smith est resté absent de Nauvoo pendant pratiquement deux semaines, du 13 au 26 juin ; les « promenades quasi-quotidiennes » ont dû s'espacer.
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Distinction étrange dans la bouche de Joseph Smith ! Qu'il ait été sincère ou non, il a toujours fait du mariage (plural ou non) une condition nécessaire pour que les relations sexuelles échappent à l'adultère (la « fornication »).
Tout ce qui précède fait évidemment penser à une mère maquerelle faisant visiter sa maison close à un futur client. Mais cette liberté sexuelle correspond plus à ce que John Bennett entendait par spiritual wifery – et ce pour quoi il avait été excommunié un an plus tôt.
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Officiellement, l'Esprit d'Élie est « l'esprit de parenté et d'unité de la famille », celui qui pousse les Mormons à rechercher leurs ancêtres pour les baptiser ou à « sceller les enfants aux pères et les pères aux enfants ».
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Officiellement, jusqu'au départ des Mormons de Nauvoo, l'expression ne s'est appliquée qu'à des femmes exceptionnelles par leur foi et leur action pour l'Église, avec deux exemples : Lucy Mack Smith (la mère de Joseph et Hyrum, qui demanda et reçut ce titre, un an après leur mort) et Eliza Snow (sœur du futur Prophète-Président Lorenzo Snow ; elle n'avait pas d'enfant, mais était l'une des épouses plurales de Joseph Smith depuis juin 1842).
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Peut-être s'agit-il d'Agnes Taylor, la mère de John Taylor (qui deviendra le troisième Prophète-Président) ; elle était alors âgée d'une soixantaine d'années.
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Quel parcours ! Née Elizabeth Davis en 1791, elle est élevée dans la religion presbytérienne, et se marie en 1811. Vers 1818, elle devient méthodiste, et (étant veuve) se remarie. En 1831, elle est baptisée et, à nouveau veuve, épouse Jabez Durfee (ou Durfy) en 1834.
Elle suit alors l'Église à Far West, Quincy puis Nauvoo. Selon Todd Compton, elle épouse (en polygamie + polyandrie, cette fois) Joseph Smith, au printemps 1842 ; puis, un an plus tard, conduit Emily Partidge à épouser à son tour le Prophète.
Après l'attaque de la prison de Carthage, elle épouse (en mariage polygamique), Cornelius Lott (que nous avons croisé plus haut) ; on la rencontre ensuite dans le Nebraska, à nouveau à Quincy, à Salt Lake City en 1855, puis dans le Missouri, retour à Salt Lake City, puis à nouveau le Missouri, en Californie en 1865, dans l'Utah en 1868, enfin dans le Kansas, où elle rejoint la RLDS et meurt en 1876.
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Patty Bartlett, sage-femme, quarante-huit ans à l'époque ; elle avait épousé David Sessions en 1812 et, en mars 1842, était devenue épouse plurale de Joseph Smith, juste un mois après sa fille Sylvia (alors âgée de vingt-quatre ans) – toujours selon Todd Compton. Elle enterrera tous les Mormons de la première heure en vivant jusqu'à quatre-vingt-dix-sept ans.
NB1– On peut trouver un « tableau chronologique des actes polygamiques de Joseph Smith », disponible à cette adresse [lien obsolète] ; ce passage du livre y figure comme l'une des sources confirmant la doctrine polygamique de Joseph Smith.
NB2– On pourra trouver assez inélégant le qualificatif de « vieille » employé par Joseph Jackson pour deux femmes d'une cinquantaine d'années.
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Les deux n'allaient pas forcément ensemble : une femme pouvait être scellée à un homme « dans le temps » (auquel cas l'union prenait fin à la mort de l'un des deux époux) et/ou « dans l'éternité » (à partir de la mort, ad vitam aeternam).
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Là encore, c'est John Bennett qui a mis le feu aux poudres en révélant une lettre où Martha Brotherton (une jeune Anglaise de dix-huit ans venue avec ses parents et ses sœurs s'installer à Warsaw puis à Nauvoo) déclarait sous serment
1) que Brigham Young (déjà marié) lui avait demandé de l'épouser,
2) que Joseph Smith lui avait dit avoir eu une révélation selon laquelle Dieu permettait à une femme d'épouser un homme déjà marié.
Les deux sœurs et le beau-frère de Martha Brotherson affirmèrent haut et fort qu'elle avait « inventé délibérément des mensonges », et William Smith (le frère cadet de Joseph) publia, dans son journal The Wasp, un article où il traitait John Bennett de « chef-proxénète de misérables prostituées comme Martha Brotherson. »
Pour finir tout en élégance, précisons qu'en août 1870, quatre ans après la mort de Martha, Brigham Young « se fit sceller pour l'éternité » avec elle, sa sœur Elizabeth (devenue entre temps l'épouse plurale de Parley Pratt) tenant sa place pour la cérémonie.
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Quelques différences avec l'affaire précédente : Nancy Rigdon était la fille de Sidney – ami de quinze ans de Joseph Smith et son Conseiller (vice-président de l'Église) ; la demande en mariage émanait de Joseph Smith lui-même ; un face-à-face orageux opposa les deux hommes (Joseph Smith commençant par nier et traiter Nancy de menteuse, puis disant avoir voulu tester la vertu de la jeune femme) ;
Mais aussi bien des points communs : l'intervention de John Bennett (qui avait mis en garde Nancy), l'âge de la victime, la demande en mariage polygamique, les mesures de rétorsion (Nancy sera présentée comme « une malheureuse et misérable fille venue du bourbier de la prostitution »).
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Petite ville située à l'est de Springfield.
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À l'origine, le Quorum (ou Collège) des Douze avait pour mission de gérer l'Église en dehors de son centre (Kirtland, Far West puis Nauvoo) ; après la mort de Joseph Smith, son rôle s'élargira ; depuis Brigham Young, c'est son Président qui devient Prophète-Président de l'Église à la mort du Prophète en titre.
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Frère de Parley (qui était lui-même l'un des Apôtres), Orson avait intégré le Quorum des Douze en 1835 et avait été en mission au Canada et en Angleterre. Il avait été excommunié en août 1842 avant d'être réintégré (y compris comme Apôtre) en janvier 1843.
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Malgré l'erreur sur son prénom, il s'agit encore de Heber C. Kimball, membre du Quorum des Douze depuis 1835.
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John Farnham Boynton (un autre Apôtre depuis 1835, un des rares dirigeants mormons passés par l'Université) s'opposa à Joseph Smith en 1837 après la faillite de la Banque de Kirtland (cf. plus bas). Il fut excommunié en même temps qu'Oliver Cowdery et d'autres en 1838.
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Lyman Wight habitait le Missouri de 1833 à 1839. Membre des Danites, il avait été emprisonné en même temps que Joseph Smith à Liberty. Il deviendra membre du Quorum des Douze en 1841, et sera excommunié en 1848.
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Oliver Cowdery (parfois écrit Cowdrey) est l'un des premiers Mormons : principal scribe du Livre de Mormon (dont il est l'un des trois « Témoins »), premier à partager avec Joseph Smith la prêtrise et certaines visions, il a fait figure pendant un temps de numéro deux de l'Église. En 1837, il est élu juge de paix à Kirtland. L'année suivante, avec d'autres (dont David Whitmer, un autre « Témoin » du Livre de Mormon ), il est excommunié, notamment sous l'accusation d'avoir fabriqué de la fausse monnaie ; il rejoint alors l'Église méthodiste.
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À l'automne 1836, Joseph Smith avait voulu créer une banque appelée « Société de secours de Kirtland » ; mais un imbroglio financier (qui n'incluait pas la création de fausse monnaie) mena l'établissement à la faillite l'année suivante.
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Il n'y a pas de comté de Yates dans l'Illinois, mais
– une (petite) ville de ce nom dans le comté de Knox, à une centaine de kilomètres au nord-est de Nauvoo ;
– un comté de Yates dans l'État de New-York.
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Joseph Jackson avait déjà employé cette expression dans AWS (mais au tout début de l'article, quand il racontait la surveillance dont il avait fait l'objet à l'automne 1842).
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William Law était, depuis 1841, Conseiller de la Première Présidence (vice-président de l'Église) ; il sera question plus tard des relations entre le couple Smith et le couple Law. En janvier 1844, il est démis de ses fonctions de Conseiller puis excommunié en avril.
Frère de William, Wilson était notamment major-général de la Nauvoo Legion ; excommunié en avril 1844.
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Robert Foster était notamment chirurgien de la Nauvoo Legion et régent de l'Université de la ville ; il faisait aussi fonction de juge de paix ; excommunié en avril 1844.
Son frère, Charles A. (et non F. M. – prénoms d'un Higbee) sera l'un des directeurs du Nauvoo Expositor ; il fera paraître dans le Sagamon Journal du 27 juin un article accusant Joseph Smith d'avoir commandité l'assassinat de L. Boggs où il s'appuie sur le témoignage de Joseph Jackson ; excommunié en avril 1844.
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Chauncey L. Higbee, jadis aide-de-camp de la Légion, avait été excommunié en mai 1842 pour adultère. Il ne semble donc pas visé ici.
Son frère, Francis Marion (F. M. ), lui aussi aide-de-camp de la Légion, sera excommunié en mai 1844.
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Il s'agit certainement d'Austin Cowles, Conseiller de W. Marks au Pieu de Nauvoo en 1841. Sa fille, devenue Mme Holmes en décembre 1842, avait épousé Joseph Smith en juin 1843.
Farouche opposant à la polygamie, il sera excommunié en mai 1844 en même temps que Francis Higbee.
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Lors de la Conférence (sorte d'A. G.) du 6 avril 1843, Hyrum Smith déclara qu'il y avait une bande d'hommes (dont certains se disaient Mormons mais étaient des hypocrites et d'autres qui avaient quitté l'Église) professant qu'il est juste de voler un non-Mormon pourvu qu'on consacre un tiers du vol à la construction du Temple. Et il ajoutait : « Ils font aussi de la fausse monnaie. »
Il ne semble pas y avoir d'accusation plus précise.
HoC note que, le 18 avril 1844, Robert D. Foster, Wilson Law, William Law and Jane Law, de Nauvoo, et Howard Smith du comté de Scott, dans l'Illinois, ont été excommuniés pour « comportement non chrétien » (unchristian-like conduct).
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C'est aussi à cette époque-là que Joseph Jackson réapparaît dans HoC. A la date du 29 novembre, il est indiqué que Joseph Smith a fait une promenade à cheval avec lui (sans plus de précisions).
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Cet épisode est raconté dans HoC (vol. 6, à partir du 6 décembre) :
– le 19 novembre, Philander Avery est enlevé près de Bear Creek (au sud-ouest de Carthage) par Ebenezer Richardson, avec l'aide de Joseph McCoy, et emprisonné à Monticello (Missouri) ; Mark Childs l'accuse d'avoir volé à Richardson un cheval et un pistolet ;
– le 2 décembre, Daniel Avery, son père, est enlevé à son tour à peu près au même endroit ; il rejoint son fils avant d'être emprisonné en divers lieux, sur accusation de son fils (accusation extorquée sous la menace d'un couteau, selon ce dernier) ;
NB– Richardson résidait à Montrose, dans l'Iowa. Daniel Avery avait organisé la communauté mormone de cette ville, entre 1839 et 1841 (il semble qu'il se soit ensuite établi dans l'Illinois, hors du comté de Hancock) ;
– vers le 14 décembre, Philander parvient à s'échapper ;
– le 24 décembre, Joseph Smith reçoit la visite de Richardson qui vient « s'excuser » et assure qu'il fera tout pour aider les Avery.
– le 25 décembre, Daniel Avery est libéré et rentre à Nauvoo.
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John Eliott avait été désigné comme l'un des auteurs de l'enlèvement de Daniel Avery. Il est arrêté (par King Follett) le 18 décembre et jugé par le Tribunal municipal, qui décide de le déférer devant le Tribunal de District (Circuit court ).
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Le 18 décembre, Willard Richards avait déclaré avoir été informé « que la paix de ladite ville était en danger du fait d'un rassemblement émeutier à Warsaw [...] et que des messagers avaient été envoyés dans le Missouri pour inciter les Missouriens à se joindre aux émeutiers de ce comté, avec le dessein de marcher sur ladite ville [...] »
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Le 12 décembre 1843, le Conseil municipal créa une force de police, que le maire fut chargé de constituer.
Ce fut chose faite le 28 décembre ; HoC (vol. 6) en donne la liste exhaustive ainsi que le contenu (non exhaustif, sans doute) du serment ; ces hommes juraient donc de « soutenir la Constitution des États-Unis et celle de l'État de l'Illinois, d'obéir aux arrêtés de la ville et aux instructions du Maire, du mieux qu'ils le pourront. »
Le chef en était le capitaine Jonathan Dunham (qui était par ailleurs colonel de la Légion de Nauvoo) ; premier adjoint : Charles Rich ; deuxième adjoint : Hosea Stout (aucun des autres hommes ne se retrouve dans la « bande des sept », si Joseph Jackson n'a pas fait d'erreur sur un nom ou un prénom).
NB– L'auteur parle de forty horse and forty footmen, soit quarante cavaliers (horsemen) et autant de fantassins ; HoC ne fait jamais état que de quarante hommes en tout.
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Bien sûr, l'expression n'est pas à prendre au jour près, mais elle paraît situer l'action dans les jours qui ont suivi la constitution de la police (« La police fut maintenue en place durant quelques jours [...] C'est alors que... »), les derniers jours de décembre 1843 ou les premiers de janvier 1844 ; or, à cette date, les deux Avery étaient libres et de retour dans l'Illinois, et Richardson avait rencontré Joseph Smith.
Il reste un élément de datation dans HoC, qui apparaîtra plus tard mais qui conduit à penser que cette action se situe le 20 décembre.
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Ebenezer Clawson Richardson était né en 1815 dans l'État de New York ; il s'y était marié en 1833 avec Angelina King, dont il avait eu une fille l'année suivante. Sa famille se convertit en 1834 et va s'installer à Kirtland puis au Missouri et enfin à Montrose, où son père meurt en 1842. Ebenezer avait été baptisé le 22 octobre 1839 par Joseph Smith lui-même. En novembre de cette année 1843, il avait épousé Polly Ann Child (en mariage polygamique, célébré par... Joseph Smith) ; en 1848, il épousera Phoebe Wooster Child (la sœur de Polly) et en 1860, Elizabeth Gilson. Il aura au total onze enfants. Après la mort de Joseph Smith, la famille s'établira dans l'Utah, avec les sacrements et scellements requis.
NB– Selon sa famille, jusqu'à sa mort en avril 1842, Josiah Richardson était Aîné (Elder ) ; il devait donc bien connaître Daniel Avery. Toutefois, d'après d'autres documents, il n'aurait été baptisé qu'après sa mort. Y a-t-il eu friction entre Daniel Avery et Josiah Richardson ? ou bien son fils avait-il des motifs personnels (éventuellement contre Philander) ?
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Comme mentionné dans une note précédente, Mark Childs était le principal témoin de l'accusation. Malheureusement, à l'inverse de Richardson, ses traces sont effacées.
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Reynolds Cahoon, après le Missouri, s'était installé dans l'Iowa ; depuis 1841, il était garde dans la Légion de Nauvoo, et Danite.
Hosea Stout : d'origine Quaker, il prit part à la guerre contre Faucon Noir (Black Hawk War) puis (converti par C. Rich) à la guerre mormone de 1838 ; officier de la Légion de Nauvoo, chef de la police municipale, garde du corps de Joseph Smith, et Danite. Il a tenu un journal personnel très instructif.
Allen J. Stout : frère du précédent, de cinq ans son cadet, dont il avait été séparé durant une partie sa jeunesse après la mort de leur mère. Capitaine de la Légion, garde du corps de Joseph Smith. D'après son propre journal, il avait quitté Nauvoo à la fin de l'été 1843 (pour aller rassembler des matériaux pour le Temple) et n'y était revenu qu'en mars 1844. Danite.
W. Karnes : aucune trace sûre.
Scoville Smoot : on connaît un Abraham Owen Smoot, qui faisait partie des quarante policiers recrutés fin décembre, et avait habité Montrose et Keokuk.
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Première question sur ce récit : où leur bateau s'amarre-t-il ? En effet, il ne s'agit pas d'une simple barque – puisqu'il transporte aussi cinq chevaux en plus des sept hommes. Un quai de Montrose, pour pouvoir accoster et décharger ? Ou alors plus au nord, juste en face de Nauvoo ? En tous cas, à moins d'un kilomètre de la ville, comme le montrera la fuite de Richardson.
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Une quinzaine de kilomètres, dans le quart nord-ouest de Montrose (à l'est, c'est le Mississippi [le fleuve] ; au sud-ouest, le Missouri [l'État]).
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Il s'agit donc de Lowly Foote Richardson, âgée de soixante-cinq ans à l'époque. Son aversion pour les Mormons ne coïncide pas avec l'image de mormone fidèle qu'en donnent les sources familiales.
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Baptisé en 1832, Charles Coulson Rich avait participé à la bataille de Crooked River, en 1838. A Nauvoo, il occupa les fonctions de Brigadier Général puis de Major Général de la Légion et siégea au Haut Conseil pour l'Intérieur (Standing High Council ). Six mariages polygamiques lui donnèrent cinquante-et-un enfants.
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Variante du reniement de Pierre ?
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Ville de l'Iowa, dans le comté de Des Moines, juste au nord du comté de Lee (où se trouvent Fort Madison et Montrose).
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Après le reniement, le rachat ? Ou, du moins, une lueur d'un rachat futur.
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Le plan se réalisera donc au-delà des espérances de son auteur.
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Il est probable que cette expression (the Old Barracks ) désigne l'ancien Fort Des Moines (première construction de l'endroit), situé au bord du fleuve, à l'entrée nord de la ville.
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C'est cette phrase qui permet de dater l'expédition du 21 décembre ; en effet, dans HoC (vol. 6), on peut lire :
« Vers une heure du matin, j'ai été alerté par des coups de fusil, je me suis levé et je suis descendu au bord du fleuve voir les gardiens et leur en demander la cause. A ma grande surprise, il n'avaient rien entendu, quoique j'aie été certain que l'on avait tiré des coups de fusil à Montrose. Le matin confirma mon jugement : des voyous à Montrose avaient tiré au fusil pendant la nuit. »
Cela correspond bien au récit de Jackson, à la différence d'horaire près (trois heures entre les deux) et, bien sûr, des circonstances annexes.
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Pourtant, trois jours plus tard, Richardson viendra de lui-même discuter avec Joseph Smith (alors que Daniel Avery était toujours incarcéré dans le Missouri) sans être inquiété.
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Nous avons vu que la date à laquelle Joseph Jackson situait « l'aventure » de l'enlèvement de Richardson (tout derniers jours de décembre 1843) était déjà un peu trop tardive. On peut donc supposer que la date du 15 janvier 1844 correspond à sa conversation avec Joseph Smith plutôt qu'à l'expédition manquée.
Mais elle est inconciliable avec le récit de la réunion du Conseil municipal (page 25), qui s'est tenue le 3 janvier.
On notera au passage qu'à la date du 5 janvier, le journal de Joseph Smith indique : « Frère Phelps a transmis une commission pour Joseph H. Jackson et Mariner J. Eaton, pour qu'ils deviennent mes aides-de-camp en tant que Lieutenant-Général. »
Donna Morley ajoute ce commentaire : « Joseph Jackson et Mariner Eaton étaient tous les deux des faussaires. Leurs noms ont été enlevés de l'Histoire de l'Église. » Et en effet, il n'y a pas trace de cette proposition dans HoC, et il est difficile d'en connaître le résultat. Mais c'est la dernière allusion à Joseph Jackson avant que celui-ci ne soit présenté comme un ennemi, à partir de mars.
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Certaines sources extérieures corroborent (au moins en partie) les accusations de Joseph Jackson :
– William Clayton note, à propos de Joseph et Emma Smith : « Il savait qu'elle était prête à se venger de lui pour certaines choses. Elle pensait que s'il cédait à ses passions, elle le pouvait aussi. »
– L'un des principaux intéressés, William Law écrira plus tard que « Joseph a proposé d'offrir à sa femme Emma son remplaçant pour compenser le fait qu'il l'ait négligée – à condition qu'elle cesse définitivement son opposition à la polygamie, lui permette de profiter en paix de ses jeunes épouses, accepte certaines d'entre elles dans sa maison et qu'elles soient bien traitées [...]
– Il notera par ailleurs dans son journal (en mai 1844, après sa rupture avec l'Église) que Joseph Smith « avait récemment essayé de séduire [s]a femme, et qu'il avait trouvé en elle une femme vertueuse. »
– À la même époque, Alexander Neibaur (un ami proche et sûr de Joseph Smith) enregistre dans son journal que Jane William avait déclaré à son mari que Joseph Smith voulait l'épouser.
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On a peu de traces précises des relations entre Joseph Jackson et Thomas Ford entre janvier et fin juin 1844, et celles que l'on possède viennent des Mormons. Selon John Taylor,
– Jackson était (avec les Law, Foster et Higbee) aux côtés du gouverneur lors de leur première entrevue du 22 juin ;
– il était aussi au Halmilton, l'hôtel où se trouvaient les Mormons, le 25 juin.
De l'autre côté, Thomas Ford ne cite pas son nom dans son Histoire de l'Illinois ; mais d'autres sources le placent, avec Thomas Sharp et Levi Williams, parmi ceux qui étaient recherchés pour leur participation à l'attaque de la prison de Carthage.
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L'emploi du présent (the object which I have in view) est assez surprenant : quel « grand dessein » Joseph Jackson pouvait-il avoir, deux ans après la mort des deux frères Smith ?
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Il y a quelques nuances entre la chronologie de Jackson et celle de l'Église :
– William Law a été démis de ses fonctions de Conseiller de la Première Présidence le 8 janvier ;
– le 24 mars, Joseph Smith dénoncera, dans un sermon, un complot mené entre autres par les Laws et Joseph Jackson ;
– le 18 avril, William, Jane et Wilson Law seront excommuniés.
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Il semble que Joseph Jackson confonde deux choses différentes : la police créée en décembre 1843 (dont il a été question plus haut) et les Danites (alias Daughter of Zion), dont la création remontait à 1838. Certains ont pu appartenir aux deux (Hosea Stout, par exemple), mais les Danites ont dépassé la centaine, alors que la police était de quarante individus.
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Là encore, il s'agit du serment prêté par les Danites. Selon Schindler, il se présentait ainsi :
« Au nom de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, je promets et jure ici, en toute vérité et loyauté, sans aucune réserve, de servir le Seigneur de tout mon cœur et de toute ma volonté, me consacrant totalement et sans restriction, dans ma personne et mes actes, à l'établissement de Son royaume sur terre, selon la volonté qu'il a révélée. En outre, je promets et jure de considérer le PREMIER PRÉSIDENT DE L'ÉGLISE DE JESUS-CHRIST DES SAINTS DES DERNIERS JOURS comme le CHEF SUPRÊME DE L'ÉGLISE sur terre, et de LUI OBÉIR comme au Dieu suprême, DANS TOUTES LES RÉVÉLATIONS ÉCRITES introduites par cette formule solennelle Ainsi parle le Seigneur, et de TOUJOURS SOUTENIR LA PRÉSIDENCE, QU'ELLE AIT RAISON OU QU'ELLE AIT TORT.
En outre, je promets et jure de ne jamais toucher une fille d'Adam à moins qu'elle m'ait été accordée par le Seigneur. En outre, je jure de ne jamais laisser aucun Gentil approcher des secrets de cette SAINTE INSTITUTION ou participer à ses bénédictions. En outre, je promets et jure d'aider la Fille de Sion à détruire complètement les apostats et à aider à mettre en place le royaume de Daniel dans ces derniers jours, par le pouvoir du Très Haut et l'épée de sa puissance.
En outre, je jure de ne jamais communiquer les secrets de cet ordre à quiconque du monde connu, si ce n'est à un frère vrai et loyal. Je m'y engage SOUS PEINE D'AVOIR MON SANG RÉPANDU, PAS MOINS.
Que Dieu m'aide et me garde dans la foi.
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William Marks était un proche de Sydney Rigdon, qu'il avait défendu contre les critiques de Joseph Smith en octobre 1843. Après avoir présidé le Pieu (sorte d'évêché) de Kirtland, il était était président de celui de Nauvoo, ainsi que magistrat municipal.
Comme Sidney Rigdon, il était opposé à la polygamie.
Après la mort de Joseph Smith, Emma proposa qu'il prenne la succession de son mari – en vain, comme on sait. En 1859, il rejoignit la RLDS, où il devint Conseiller de la Première Présidence.
NB– contrairement aux Law ou Higbee, il n'a jamais été excommunié de l'Église centrale (malgré les efforts de Brigham Young).
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Même information dans Wife No. 19 d'Ann Eliza Webb Young,
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On a quand même du mal à imaginer Joseph Smith soumettant la vie de l'Église et la volonté de Dieu au bon vouloir de Joseph Jackson.
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Le journal de William Clayton place Henry O. Norton parmi les ennemis responsables de la mort de Joseph Smith et Hyrum Smith. En effet, c'est lui qui a fait la déclaration sous serment ayant conduit à l'incarcération de Hyrum Smith.
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Cette affaire de Judas (et de Brutus) a occupé les esprits pendant un temps : le 29 décembre 1843, dans son discours à la police nouvellement créée, Joseph Smith déclare :
« Ma vie a plus à craindre du petit cerveau ramolli d'un imbécile dans cette ville que de tous mes ennemis nombreux et déterminés, au-dehors [...] et si je peux échapper à la traîtrise ingrate des assassins, je pourrai vivre comme César aurait pu vivre s'il n'avait pas eu un Brutus pour bras droit [...] Judas était l'un des Douze Apôtres [...] – et c'est sa trahison qui a mené à la crucifixion ; et nous avons un Judas parmi nous. »
NB– Pour le reste, il n'y a pas de trace de cette « visite » des frères Law aux frères Smith.
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Suite : le 3 janvier (donc avant le 15 que Joseph Jackson indique plus haut), au cours d'un Conseil municipal, William Law dit avoir eu vent de ce discours et ajoute qu'il s'agissait, selon le Prophète, de quelqu'un « proche de lui ; il faut s'en méfier [...] C'est non seulement un cerveau ramolli et un traître, comme Judas, mais aussi un assassin, comme Brutus. »
Quand on lui demanda de qui il tenait cette information, Law répondit que c'était d'Eli Norton, qui la tenait de Daniel Carn.
a) cet Eli Norton était membre du Haut Conseil (présidé par W. Marcks) ; interrogé, il déclara n'avoir rien dit à William Law, mais déduit des propos de Carn qu'il s'agissait bien de lui ;
b) Daniel Carn était effectivement l'un des quarante policiers, et même sergent ; il déclara avoir seulement avoir supposé que le « cerveau ramolli » (dough-head) était William Law.
NB– selon Brigham Young, « Law affirme que le policier (et ancien Danite) Daniel Carn a dit qu'ils avaient l'ordre de le tuer. L'évêque Carn prend la défense du Danitéisme et critique le rejet par Law de la polygamie. »
– Joseph Smith fera encore allusion à ce Brutus dans son sermon du 26 mai 1844.
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D'après HoC, le Conseil municipal convoqua Jonathan Dunham qui, à son tour, fit venir les policiers et leur demanda s'ils avaient eu à prêter un serment privé. « Tous dirent Non ! »
D'après Brigham Young, « la police s'avança et témoigna sous serment, de façon unanime, que les affirmations de Law étaient fausses. »
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Est-il besoin de préciser qu'on ne trouve pas trace de cette colère imprécatrice dans HoC ?
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Selon HoC, « le résultat ne révéla rien d'autre qu'une chimère, née des conjectures de Daniel Carn ; là-dessus, Law se dit rassuré, échangea une poignée de main avec [Joseph Smith], déclarant qu'il ne croyait pas un mot de l'histoire ; et il dit qu'il serait à [ses] côtés jusqu'à la mort. »
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C'est en effet à partir de février-mars 1844 que Joseph Jackson sera considéré par les Mormons comme faisant partie des adversaires de l'Église, au même titre que les Law ou les Foster.
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Mercy Rachel Fielding était née en Angleterre en 1807. Elle avait émigré au Canada, où elle avait été baptisée en 1836. Elle était ensuite venue habiter Kirtland et y avait épousé Robert Thompson, qui mourut en 1841. En août 1843, elle avait été mariée ou scellée pour le temps à Hyrum Smith. Elle mourra à Salt Lake City à l'âge de quatre-ving-six ans.
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L'expression est à prendre au sens littéral : Mary Fielding était la sœur aînée (de six ans) de Mercy Thompson, née comme elle en Angleterre. En 1837, elle avait épousé Hyrum Smith, dont la première femme (Jerusha Barden) venait de mourir en laissant six enfants. Elle lui en donnera deux autres, dont Joseph Fielding Smith (qui sera le sixième Prophète-Président).
Quelques mois après la mort de Hyrum, elle deviendra l'une des (nombreuses) épouses de Heber C. Kimball – dont il a été question dans les premières pages du récit.
NB– les deux femmes dorment côte-à-côte pour l'éternité (mais sans Hyrum entre elles), dans un cimetière de Salt Lake City.
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On connaît trois épouses spirituelles à Hyrum Smith ;
outre Mercy Thompson,
– Catherine Phillips, née en 1819, épousée en même temps que Mercy en août 1843 (mariages célébrés par Joseph Smith); vers la fin de l'année, elle quitte Nauvoo pour Saint-Louis, « en raison du fort sentiment manifesté à cette époque contre le mariage plural » ; en 1907, elle signera une déclaration sous serment attestant de ce mariage « pour que [son] témoignage dans la rectitude et le caractère divin du mariage plural puisse vivre après [sa] mort. »
– Lydia Dibble Granger : née en 1790, elle était veuve d'Oliver Granger depuis 1841 ; après la mort de Hyrum, elle épousera John Taylor (devenu plus tard le troisième Prophète-Président).
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C'est bien ce qu'essaya de faire William Law après son excommunication, en se proclamant Prophète-Président et en déclarant Joseph Smith a fallen prophet.
Il faut croire que l'accusation n'avait pas laissé Joseph Smith indifférent, puisqu'il s'en défendra assez longuement dans son sermon du 7 avril 1844 et encore dans celui du 26 mai.
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Willard Richards, médecin, a accumulé les emplois de secrétariat – jusqu'à devenir sécrétaire particulier de Joseph Smith et Historien de l'Église ; on lui doit les premiers volumes de HoC jusqu'aux événements de l'année 1838.
Il sera l'un des quatre Mormons enfermés dans la prison de Carthage lors de l'émeute, et le seul à en sortir indemne.
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Pas de problème de chronologie, puisque Rockwell était arrivé à Nauvoo dans les derniers jours de décembre 1843, après sa libération.
Mais un gros problème narratif : la détention d'Orrin Rockwell dans le Missouri a été l'un des éléments moteurs d'une des premières parties du récit ; rappelons que Joseph Smith avait pris la peine de choisir un cheval et un harnachement puis d'aller emprunter de l'argent pour que Joseph Jackson puisse aller à Independence libérer Rockwell. Or voilà Rockwell de retour non seulement à Nauvoo mais aussi dans le livre, et l'auteur n'a pas un mot pour relier cet épisode à l'autre, pour le « mettre en perspective » – que ce soit avec ironie, indignation ou philosophie.
Seul élément amusant : l'Ange de la Vengeance en technicien de surface.
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Les faits sont un peu différents, selon le journal de Joseph Smith : depuis septembre 1843, la famille Smith occupait Mansion House, dont le bâtiment principal venait d'être terminé ; le 22 juin 1844, il loue à Ebenezer Robinson (pour mille dollars par an) la résidence, à charge pour lui de gérer l'hôtel ; les Smith gardent l'usage de trois (ou six) pièces. Il n'y a bien sûr aucune allusion à des locataires mis(es) dehors.
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Il a déjà été question des Law, Foster et Higbee, considérés comme « dissidents » (dissenters), qui était déjà excommuniés ou le seront dans les mois suivants ;
– David W. Kilbourne s'était installé dans l'Iowa, d'abord à Fort Des Moines (qui deviendra Montrose) puis à Fort Madison. Des problèmes fonciers l'avaient opposé à certains Mormons qui avaient acheté des terres dans l'Iowa, en 1839 ; il était alors devenu un farouche opposant ;
– Fleak : il s'agit de Laban B. Fleak , établi à Keokuk en 1839 et nommé régisseur du bureau de poste en 1841. En 1842, il écrit à Thomas Reynolds (gouverneur du Missouri ayant succédé à Lilburn Boggs ; à ne pas confondre avec Joseph H. Reynolds, shérif du comté de Jackson [eux-mêmes prêtant à confusion avec notre Joseph H. Jackson...]) pour lui annoncer triomphalement l'arrestation de Joseph Smith (à Dixon).
Fait très étrange : dans une note attachée à cette lettre, Warren A. Jennings (de l'Université Brigham Young) écrit :
« Fleak déclara par la suite que Boggs lui avait envoyé un émissaire particulier dont le nom a été perdu par la suite ; après discussion, il fut décidé que l'émissaire irait à Nauvoo et se ferait passer pour ami des Mormons. Il devint prétendument un membre de l'Église et réussit tellement bien dans sa tromperie qu'il devint un ami de confiance du prophète. » Qui a copié sur qui ?
– Thomas C. Sharp est venu s'installer à Warsaw en 1840 ; il rachète le journal local, qu'il rebaptise Warsaw Signal et dont il fait la principale voix anti-mormone ; il doit le revendre en 1842, mais le reprend en février 1844 ; il sera l'un des cinq accusés jugés (et acquittés) en octobre pour le meutre de Joseph Smith. Dans les années 1850, il sera élu maire de Warsaw.
– Levi Williams : il s'était établi comme fermier dans les environs de Warsaw, vers 1830. Opposant déterminé à l'installation des Mormons, il était colonel d'un régiment des forces de l'État (Illinois militia). Lui aussi fut accusé er acquitté à Carthage en octobre 1844.
– Harmon T. Wilson : il en a été question à plusieurs reprises, et il est l'un des témoins de l'Appendice.
– A. Simpson : il s'agit d'Alexander Sympson, qui se trouvait à Nauvoo à la mi-janvier. Le 17, il avait été plus ou moins accusé par Joseph Smith d'être l'agresseur de Richard Badham (un fermier mormon qui avait été attaqué le 11 décembre 1843) ; on trouvera à cette adresse la traduction du discours où Joseph Smith raconte sa version des faits et à cette adresse celle de la lettre ouverte au Warsaw Message où Sympson raconte la sienne. Par la suite, fin mars à Carthage, Sympson a porté plainte contre Joseph Smith pour faux témoignage, mais en demandant la délocalisation du procès.
En dehors de cela, on peut noter que le 26 juin (la veille de la mort des frères Smith), Sympson a accompagné l'officier de police Bettisworth à la prison de Carthage pour se faire remettre les mormons détenus (mais le geôlier a refusé).
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Cela pourrait correspondre à la fin de février ou au début de mars ; la première attaque officielle de Joseph Smith contre Jackson est dans son discours du 24 mars.
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Née en 1827, Lavina (ou Lovina) Smith était la fille aînée de Hyrum et Jerusha Barden (morte en 1837). Dans une intervention devant le Conseil municipal le 8 juin, Hyrum affirmera que Jackson lui avait demandé la main de sa fille, qu'il avait refusé et que Jackson l'avait alors menacé et avait ensuite prévu d'enlever la jeune fille.
Ces faits se retrouvent dans le Journal de Lucy (Lucy Mack Smith, la grand-mère de Lavina) qui ajoute que Jackson avait demandé (en vain) à Joseph Smith d'intervenir en sa faveur – et que c'était à cette occasion que Jackson s'était rapproché des Law.
Toutefois ni Hyrum ni sa mère ne précisent quand avait eu lieu cette demande en mariage.
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William Smith était le frère de Joseph et avait six ans de moins que lui. Leurs relations ont été souvent tendues, parfois violentes.
En 1833, il épouse Caroline Amanda Grant dont il a deux filles, nées en 1834 et 1836 (il aura cinq autres enfants de mariages ultérieurs, en partie polygamiques, dont certains du vivant de Caroline). En 1835, Joseph l'impose comme l'un des Douze Apôtres, au détriment de Phinéas Young (frère de Brigham et soutenu par la majorité des autres dirigeants).
En 1842, William publie le journal The Wasp, ancêtre du Nauvoo Neighbor. Puis, ainsi que l'indique Jackson, il siège en 1842-1843 comme représentant à la Chambre de l'Illinois (élu contre Thomas Sharp). Ensuite, il va en mission dans les États de l'est. Retour à Nauvoo en avril 1844 puis nouveau départ vers Philadelphie (où, semble-t-il, sa femme était restée) début juin.
Caroline mourra en 1845. En 1847, William épousera (officiellement) la sœur cadette Roxie Roxanna, mais ils divorceront quelques années plus tard (non sans avoir eu deux enfants).
Il ne semble pas y avoir de trace de ce qu'évoque ici Jackson ; la dernière rencontre avec Joseph a effectivement été houleuse, mais pour des raisons financières et mobilières.
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Il s'agit de Lucy Smith, la plus jeune de la fratrie de Joseph et Hyrum Smith. Née en 1821, elle avait épousé en 1840 Arthur Milliken, qui avait été blessé à la bataille de Crooked River et était alors capitaine de la Légion de Nauvoo.
Dans le Warsaw Message du 7 février (le même qui publie la lettre d'Alexander Sympson), on trouve un poème satirique attaquant Joseph Smith notamment sous l'angle de la polygamie ; or une strophe est consacrée à une sister ; selon qu'on donne au mot le sens général de « sœur biologique » ou celui de « sœur en religion mormone », le texte peut annoncer ou non celui-ci.
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Les biographies de William Smith mentionnent bien ses missions à Philadelphie, mais aucune ne précise qu'il y aurait été nommé président de branche.
En tout état de cause, la mention de leur différend donne à penser qu'il s'agit du deuxième départ de William, en juin. Mais à cette époque, Joseph Jackson était assurément persona non grata à Nauvoo !
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Les premières éditions du Journal de Joseph Smith (et même de HoC) contiennent plusieurs enregistrements attestant que le Prophète prenait quelques libertés avec la Parome de Sagesse.
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Le journal de William Clayton est l'une des principales sources quant aux « épouses spirituelles » de Joseph Smith, mais aussi (comme le mentionne Jackson) quant aux siennes. Il était effectivement marié avec deux sœurs, et souhaitait épouser la troisième ; mais Joseph Smith avait aussi des vues sur la (très) jeune fille...
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Géorgie, Californie, Missouri, Joseph Jackson a bien de l'expérience.
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À la date du 20 février 1844, HoC note :
« J'ai donné instruction aux Douze Apôtres d'envoyer une délégation et de rechercher des emplacements en Californie et dans l'Oregon, et de débusquer un bon endroit; où nous pourrons nous retirer quand le temple sera terminé, et où nous pourrons bâtir une cité un jour, et avoir un gouvernement à nous, monter dans les montagnes, et d'où le diable ne pourra pas nous chasser. »
Le lendemain, le Quorum des Douze se réunit et lance un appel à candidatures : Jonathan Dunham, Phineas H. Young, David D. Yearsley et David Fullmer se portent volontaires ; Alphonzo Young, James Emmett, George D. Watt, et Daniel Spencer sont désignés pour les accompagner.
Le 23, nouvelle réunion des Douze, en présence de Joseph et Hyrum Smith et de Sydney Rigdon. George D. Watt, Samuel Bent, Joseph A.
Kelting, David Fullmer, James Emmett, Daniel Spencer, Samuel Rolfe, Daniel Avery, et Samuel W. Richards se portent volontaires.
Le lendemain, Seth Palmer, Amos Fielding, Charles Shumway et John S. Fullmer les rejoignent.
Le 4 mars, dans une lettre au général Arlington Bennett, Willard Richards évoque cette mission. Il en est encore question (de façon plus diluée) dans deux lettres d'Orson Hyde des 25 et 26 avril.
Il en sera encore question dans la réunion du Conseil municipal du 8 juin (qui décide la desruction de la presse du Nauvoo Expositor.
Après, l'Histoire tournera.
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Inutile de préciser que rien, dans HoC n'évoque un tel rôle. Pourtant les dates concordent à peu près : la bascule entre le Jackson compagnon et le Jackson ennemi (debut mars) se produit bien après les dernières réunions consacrées à l'expédition (fin février) ; mais l'hypothèse de Jackson tient du marteau-pilon pour tuer une mouche.
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Joseph Jackson aura déciément plus de chance que Lilburn Boggs...
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On peut penser qu'à partir de début avril, la présence de Joseph Jackson devient périlleuse.
Le 21 juin, HoC note que la rumeur de la présence de Joseph Jackson s'est répandue à Nauvoo et que Dunham a envoyé des policiers pour l'arrêter (mais ils ne l'ont pas trouvé).
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Il est probable que Joseph Jackson se place au moment où il écrit, soit en 1846 (et il s'agit de l'été 45) soit en 1845 (et il s'agit de l'été 44).
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À la fin de janvier 1844, Joseph Smith avait annoncé sa candidature à la Présidence des États-Unis, et exposé ses vues début février ; Sidney Rigdon était candidat à la vice-présidence ; comme le Préseident et le Vice-Président devaient venir de deux États différents, Rigdon s'était installé à Pittsburg.
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Willard Richards enregistre bien ce qui suit dans le journal de Joseph Smith, à la date du 8 janvier 1843 (le texte contient beaucoup d'abréviations et d'incertitudes) :
« à 8 heures, traversé à cheval Geneva, au-delà de Beardstown, franchi la rivière Illinois sur la glace et arrivés à Rushville à quatre heures de l'après-midi. Peu après, un homme, Mr Royalty, deux mètres de haut, nous a appelés pour nous voir. Après le souper, nous nous sommes allés chez Mr Brown et avons chanté le jubilé mormon.
M. Brown nous a fait part de son innovation pour la défense nationale, mais peu de chance pour que le pays l'adopte. Un bateau invulnérable. Un feu grec [ou bien discours en faveur ?]. Contre la destruction, immédiatement fermé. Il a attiré mon attention sur les opérations de terrain, une composition par une flamme minérale de trente-cinq mètres ou des engins à vapeur, [de quoi révolutionner la guerre pour les] trois cents ans [à venir]. Certains plans et diagrammes [montraient les forces] derrière des batteries mobiles avec des canots et sur roues mues par la vapeur si dénivelé.
Il avait obtenu la confiance de quelqu'un à Saint-Louis. Il proposé une opération dans les provinces sud et nord du Mexique, avec une petite force si ce n'était pas en relation avec les Étas-Unis. Une autre puissance l'exploitera elle-même. Le navire contient un mécanisme que les balles ne peuvent pas atteindre. La balle du canon détruira une centaine de mètres par voie terrestre par parapets.
Selon ses explications, Colt [*], à New York, a proposé la même chose à Mr Madison [**]. Services de Rand. Faire exploser le dépôt par conduction. Pour déterminer avec précision la méthode pour déterminer quand le navire est au-dessus du magasin – des explosions sur terre. Cela n'affectera pas notre navigation mais notre ennemi. Observation au télescope. Rencontrer une armée. Batterie déplacée, faire exploser, approcher notre ennemi sous la protection de sacs de sable. Une machine pour assiéger une ville défendue par de la gomme indienne, etc.
Joseph a dit qu'il aurait pensé que le Seigneur avait prévu cet équipement pour quelque dessein plus fastueux que la défense des nations. »
NB– Cet Uriah Brown avait de la constance, puisqu'il avait commencé à promouvoir son invention après la guerre de 1812 ; il s'agissait essentiellement d'une part d'une sorte de sous-marin propulsé par des batteries et de l'autre d'une arme projetant un feu liquide ; certains s'y étaient intéressés, mais elle était toujours restée au stade de projet.
Bien que n'étant pas mormon, il fera partie du Conseil des Cinquante.
[*] Samuel Colt, créateur du pistolet qui porte son nom.
[**] John Madison était président des Étas-Unis lors de la guerre de 1812.
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Trente ans, selon les documents gouvernementaux.
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Il n'y a pas trace de ce déménagement de Rushville à Nauvoo.
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On trouve en effet dans HoC, au début d'octobre 1843, la copie d'une déclaration parue dans Times & Saisons :
« NOMINATION D'UNE MISSION EN RUSSIE
À tous les Saints et gens honorables de la terre à qui le Seigneur a accordé généreusement des biens de ce monde, salut.
Notre valeureux Frère, l'Aîné Georges J. Adams, a été désigné par la Première Présidence de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours à Nauvoo pour leur présenter l'importance, aussi bien que les choses se rapportant à sa mission en Russie, de présenter la plénitude de l'Évangile au peuple de ce vaste empire, et aussi auxquelles sont attachées quelques-unes des choses les plus importantes concernant la progession et la construction du royaume de Dieu dans les derniers jours, qui ne peut pas être exposé maintenant. Mais comme cette mission suppose de grands frais, tous ceux qui se sentent disposés à donner autant que Dieu les a bénis recevront les bénédictions du Dieu d'Israël , et il leur sera rendu au décuple, avec les prières de Saints de Dieu. »
Il n'y en a pas de trace ultérieure.
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Thomas Ford est arrivé à Carthage le 21 juin au matin ; on sait (par John Taylor) que Joseph Jackson assistait à l'entrevue entre le gouverneur et les deux envoyés mormons, le 22 juin. Sa présence à Carthage est confirmée les jours suivants.
Le gouverneur Ford, lui, ne parle nulle part de Jackson dans son Histoire de l'Illinois. Pourtant, il l'avait placé parmi les cinq hommes qu'il voulait voir jugés et condamnés pour le meutre des frères Smith.
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Le gouverneur mentionne en effet avoir eu cette intention (aux alentours du 23 juin, semble-t-il) mais dit y avoir renoncé parce q'il ne disposait pas de troupes suffisantes, et préférait attendre l'arrivée de renforts. Ce n'est finalement que le 27 juin qu'il ira à Nauvoo.
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De qui s'agit-il ? Comme on peut s'y attendre, le gouverneur Ford n'en parle pas.
Simple coïncidence : Alexander Sympson (le Simpson dont il a été question plus haut) s'était établi à Carthage, et l'on sait qu'Abraham Lincoln lui a rendu plusieurs fois visite ; les dates connues sont postérieures, mais sait-on jamais ?
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Ici encore, Jackson semble mélanger deux choses : la première idée du 23-24 juin, restée sans suite ; ensuite, la marche du 27 juin : Ford est parti avec les troupes dont il disposait (sauf les Gris, chargés de protéger la prison) ; mais, après quelques kilomètres, il a renvoyé chez elles les milices, à l'exception de quelques dizaines d'hommes avec qui il continua jusqu'à Nauvoo.
Dans son Histoire, Thomas Ford indique bien qu'il était parti avec l'intention d'enquêter sur les crimes et délits imputés aux Mormons, notamment la fausse monnaie – mais qu'en cours de route, il avait décidé de rester le moins de temps possible à Nauvoo pour regagner Carthage le soir même, en remettant à plus tard ses investigations.
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On peut s'interroger sur l'intérêt de ces affidavits. On s'attendrait en effet à des témoignages prouvant l'implication de Joseph Smith dans la contrefaçon ou la polygamie. Or rien de tout cela : à l'exception de deux passages des déclarations de M. et T. Barnes, il s'agit essentiellement de prouver que Joseph Jackson n'était pas un Mormon, pas même un « Jack Mormon » (sorte de compagnon de route), mais bien, dès le début, un infiltré.
Certes, les dates entrent en ligne de compte : début juin 1844, quand il fait publier AWS, Joseph Jackson insiste sur le fait qu'il a seulement joué la comédie à Nauvoo.
Mais depuis l'article, il y avait eu l'affaire du Nauvoo Expositor, la venue du gouverneur Ford et surtout l'attaque de la prison de Carthage – et s'il est bien un point sur lequel Mormons et anti-Mormons pouvaient être d'accord en 1846, c'est que Joseph Jackson était un ennemi (quand ce n'était pas L'Ennemi) de l'Église mormone.
Jackson répondrait-il (par avance, l'Histoire de T. Gregg a été éditée en 1880) à ce qu'écrit de lui Thomas Gregg, qu'il « devint un intime du prophète et des dirigeants ; après quoi il se retourna contre eux. »
De toutes façons, en quoi sa propre histoire prouverait-elle la véracité de ses accusations ?
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George Rockwell était pharmacien à Warsaw, membre de la milice de la ville et opposant aux Mormons. Dans une lettre, il explique pourquoi les hommes de Warsaw ont attaqué la prison le 27 juin ; il est possible qu'il en ait fait partie.
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Michael Barnes était un Gris, lieutenant de la milice de Carthage ; il sera en service le 27 juin 1844 ; l'année suivante, il sera inspecteur de police (constable) de la ville et ira à Nauvoo pour arrêter les responsables de la destruction de la presse du Nauvoo Expositor.
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Plutôt léger pour prouver que « les affirmations contenues dans cet ouvrage reposent sur la vérité ».
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Il s'agit donc bien de l'agression quand Jackson se trouvait avec Finch. Mais
– Jackson n'a jamais affirmé que Joseph Smith lui avait tiré dessus, mais fait tirer dessus ;
– de son propre aveu, Jackson n'a pas pu retrouver la piste de son agresseur et que Joseph n'a jamais reconnu sa responsabilité dans l'attaque.
Stricto sensu, ou bien Jackson a menti à Barnes ou bien Barnes fait un faux serment.
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Robert Smith était juge de paix et capitaine des Gris ; c'est lui qui, le 25 juin, avait fait arrêter et emprisonner Joseph et Hyrum Smith (qui étaient jusqu'alors en résidence surveillée).
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Rien de sûr à propos de Benjamin Gallop ; on trouve trace d'un homme de Dieu ayant procédé à un mariage dans le comté de Hancock, en 1843.
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Thomas Barnes (sans doute le frère de Michael) était médecin-légiste ; lui aussi figure sur la liste du shérif Backenstos, avec comme profession « charlatan ». Pourtant, dans des lettres, il nie être anti-Mormon ; d'ailleurs, il avait cotoyé la famille Smith lorsque celle-ci s'était installée dans l'Illinois. Mais à deux reprises, il accompagne des policiers de Carthage venus à Nauvoo arrêter des Mormons ; de plus, deux Mormons l'accusent d'avoir tenu des propos menaçants, le 17 juin, en compagnie de Joseph Jackson. C'est lui qui donnera les premiers soins à John Taylor, dans la prison de Carthage.
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Au début de son récit, Jackson situe l'agression en novembre.
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Pas d'indications sur ce troisième Barnes.
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Il y a eu une première édition de ce texte, datée de 1844. En 1960, Karl Yost a reproduit ce texte (dont il ne reste semble-t-il que deux exemplaires) de la façon suivante :
« Tout le pamphlet original a été recomposé, ligne par ligne, dans une typographie aussi proche de l'original que les polices de caractères disponibles le permettent. La page de titre de l'original a été reproduite par fac-similé. La disposition des pages est exactement la même. »
1) À propos du titre : alors qu'en 1846, on a Adventures and Experience..., la page de 1844 a A Narrative of the Adventures and Experience... (= un récit des aventures et de l'expérience...) ;
2) le texte de l'édition de 1846 semble identique à celui de l'édition de 1844 ;
3) pour la réimpression, K. Yost a corrigé diverses erreurs purement typographiques.
NB– étant donné la présence des affidavits, cette édition ne peut dater que des derniers mois de 1844.